MOTO LEGENDE 2014 : LES MOTARDS DE DIJON…

 

 

Moto Légende est évidemment un des rendez vous immanquables de l’année, sur le circuit de Dijon, d’où mon titre très humour de garçon de bain…

Le pèlerinage s’est déroulé en deux actes.

D’abord la route pour aller au circuit, avec vingt de mes confrères, invités par Yamaha Classic Service, qui fête son premier anniversaire, sur vingt motos magnifiquement restaurées par le magicien Christian Caillon que j’ai connu il y a un milliard d’années sur le (vrai ! Dakar), un mec inoubliable car râleur patenté et pratiquant l’humour à froid, avec des phrases inoubliables, genre

« Mon pilote est rentré au stand et m’a dit qu’il y avait un problème d’alimentation, je lui ai dit que ce problème d’alimentation c’est sa mère qui l’a eu quand elle l’a fabriqué… ». 

 

CHRISTIAN CAILLON, ARTISTE

CHRISTIAN CAILLON, ARTISTE

 

 

Ces motos sont des bijoux sur le plan esthétique et des horloges sur le plan mécanique.

 

 

Puis la journée inoubliable sur le circuit de Dijon-Prenois, entre des dieux vivants comme Agostini, Cecotto, des artistes comme les pilotes et singes des side inscrits en roulage, des odeurs de moteurs de compète qui vous flanquent le frisson, des bruits, parfois insoutenables quand les mécanos font chauffer la mécanique dans les stands et surtout, le cadre magnifique du circuit et la foule de passionnés venus au rendez vous, dopés qui plus est par la météo généreuse.

 

ACTE 1 : ON THE ROAD AGAIN… AVEC YAMAHA CLASSIC SERVICE

 

L’idée était magnifique et simple, rejoindre Moto Légende par les petites routes de Bourgogne, en une grosse balade d’une journée, sur des motos historiques de la marque Yamaha pour fêter le premier anniversaire d’ YCS…

On descend du train TER à Joigny, endroit d’où partent les bateaux de location destinés  à naviguer sur le Canal de Bourgogne, ville magnifique, presque un décor de cinoche.

 

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Les motos sont là, alignées sur le trottoir de la gare, sous les arbres, à Joigny, on n’a pas encore décidé que le béton à la place de la verdure, ça permet de gagner du pognon…

Bref, départ idyllique.

Nous sommes une vingtaine, plus le camion d’assistance qui nous suit.

 

 

Des journalistes, la responsable de la presse de Yamaha, Chrystelle, un vrai bijou de nana qui envoie du lourd sur le goudron comme une vraie motarde (de Dijon, ouaf  again !) digne de ses compagnons de route.

Il y a aussi avec nous deux Champions du Monde.

 

CHRISTIAN SARRON ET STEVE BAKER

CHRISTIAN SARRON ET STEVE BAKER

 

Steve Baker, qui a accepté de vivre comme un tarmo français journaliste l’espace d’une journée, souvent étonné par nos façons de vivre mais garçon adorable.

Et d’une élégance folle à moto.

Et Christian Sarron, qui me confie qu’il roule rarement sur route, deux ou trois fois par an et quelques dizaines de minutes, qui a accepté stoïquement mais avec enthousiasme de se traîner à l’allure de journalistes qui croient savoir rouler comme des pros, de perdre un temps colossal à chaque arrêt photo-mécanique-vidéo-dèj-discussions on refait le monde etc…

Mais notre fierté de rouler avec un mec comme ça !

 

MES CONFRERES ULTRA BRANCHÉS TECHNIQUE

 

Et à chaque arrêt, tout le monde ôtait le casque  et les motards, nombreux dans la région ce week end là, venaient le voir, un peu étonnés de le trouver faisant du tourisme à moto, comme eux, sur des motos qui les ont fait rêver…

J’ai eu le temps de lui détailler ma conception des deux mondes, le sien dont la base est celui qui va le plus vite, le nôtre qui en est toujours à la bonne vieille règle qu’un groupe va toujours à la vitesse du plus lent…

 

CHRISTIAN SARRON,CHAMPION DU MONDE ET TOURISTE...

CHRISTIAN SARRON,CHAMPION DU MONDE ET TOURISTE…

 

Le plus lent en route d’ailleurs, c’est moi, pour plusieurs raisons.

 

MA POMME, JOURNALISTE ET TOURISTE

MA POMME, JOURNALISTE ET TOURISTE

 

La première est que venant du tout terrain, je ne suis pas un routard effréné, que je ne suis de toute façon pas aussi rapide que mes confrères, qu’en plus quand je roule, je suis du genre contemplatif.

 

NOYERS SUR SEREIN

NOYERS SUR SEREIN

 

J’adore les paysages de campagne bourguignonne qui valent presque la Toscane, la plus belle région d’Europe, les odeurs de forêt et de bois coupés, les vaches charolaises qui cavalent dans les champs, les villes médiévales comme Noyers sur Serein, bref avant d’envoyer je regarde le paysage.

 

MA REINE D'UN JOUR,GRAND JOUR!

MA REINE D’UN JOUR,GRAND JOUR!

 

En plus, j’ai choisi une 125 deux temps bicylindre magnifique, une AS2 de 69, Christian me vannera évidemment sur le thème « t’as une moto érotique… », je n’ai jamais fait de route sur une routière 125, c’est une initiation… Je connais les grosses routières, j’ai roulé sur le bitume sur de gros trails, mais le 125 routier, c’est une première.

Un régal.

 

 

Jolie première, qui monte dans les tours sans mégoter sur les cris de bonheur, qui te permet même d’être distrait, si t’es vraiment vite en virage tu coupes et t’es à 60, moto qui, quand on a approché Dijon et les centaines de motards qui allaient à Moto Legende, a été regardée avec envie, on m’a même dit aux feux rouges que lorsque l’on me suit, ça sent bon.

 

 

Et oui, le deux temps, c’était géant, c’est fini et c’est dommage !

Bon, dans les parties rapides de la route, rester à donf pendant dix kilomètres j’ai pas voulu au début, peur de tout prendre dans la gueule, mais on m’a dit d’y aller et ça a tenu.

Juste une collerette d’échappement dévissée par les vibrations et un joint perdu, le tout réparé en dix minutes montre en main au camion.

 

 

Bon, j’avoue que les discussions techniques des arrêts pipi-photo-repas m’emmerdaient, je déteste mettre les doigts dans le cambouis, mais j’avoue que sur ces points là, la presse spécialisée compte de vrais experts, avec les mecs de Yamaha Classic Service qui sont du genre « maestro »,  ce qui me fascine, comme les dingues de timbres de collection ou les mecs qui reconnaissent le cru et l’année du vin juste goûté en aveugle…

Bon, je n’ai pas quitté ma YAS2 de la journée, perdre quarante cinq ans d’un coup et en prenant son pied qui plus est, c’est un grand souvenir.

Merci à ceux de mes confrères qui m’ont offert leur « aspi » dans les bouts droits, en particulier mes vieux complices Didier Ganneau et Joel Zerbib!

Merci à la musique,  ça me passait dans la tête, Jane Birkin et Gainsbourg  chantant  « soixante neuf, année érotique », heureux temps où il n’y avait ni Sida ni radars, 69 année de naissance de ma géniale 125 AS2…

J’ai aussi découvert le secret du Canal de Bourgogne…

Le voici, derrière nous…

 

 

Les travaux ont commencé sous Louis XIV, il y

a presque 200 écluses au total et ça monte et ça redescend un col…

Je me demandais comment, au bout d’un certain temps, il pouvait rester de l’eau en haut…

Le secret est un lac artificiel, une réserve d’eau colossale, qui alimente justement ces écluses…

On y a fait des photos, instant magique…

Un endroit suranné, l’eau est turquoise, la nature calme, le soleil joueur entre les arbres…

Bon, si le fait de rouler sur ces trésors vous passionne, Yamaha Classic Service est là pour vous.

 

CHRISTIAN THOMMERET ET ERIC DE SEYNES,CREATEURS DE YAMAHA CLASSIC SERVICE

VINCENT THOMMERET ET ERIC DE SEYNES,CREATEURS DE YAMAHA CLASSIC SERVICE

 

Vincent Thommeret, le boss de Yamaha France :

« En un an, Yamaha Classic Service (YCS) a permis de remettre en circulation une quarantaine de « belles anciennes ». En effet, dormaient dans les granges ou les garages, religieusement conservées sous des bâches ou en partie désassemblées, de belles montures d’un autre temps, mais d’une grande valeur affective pour leurs propriétaires. Nous avons voulu réunir ces propriétaires et des mécaniciens compétents, spécialisés, enthousiastes, qui possèdent l’expertise et le savoir-faire nécessaires pour redonner une seconde vie à ces motos qui ont fait l’histoire de Yamaha et qui peuvent encore continuer à rouler… Et oui, une Yamaha ne  s’arrête jamais  ! Plusieurs XS-650, XT-500, FJ-1100 et même une HL-500 ont par exemple été restaurées. Si vous êtes prêts à remonter un peu le temps, n’hésitez pas à contacter les ateliers spécialisés du YCS pour leur parler de vos projets et de vos rêves ; entre passionnés, on arrive toujours à s’entendre et à se comprendre… »

 

 

A l’arrivée à Dijon, ces 20 jolies ancêtres ont été exposées sur le stand Yamaha, on est alors vendredi soir, le ciruit de Prenois vient d’ouvrir.

Le lendemain, le stand est pris d’assaut.

Le Classic, gros succès!

 

 

 

Avec quelques visiteurs légendaires…

Agostini, Sarron, Read…

 

 

C’est clair, une Yamaha ne s’arrête jamais!

Infos sur www.yamaha-classic-service.fr

La vidéo du road trip, on a été survolés toute la journée par un drone…

https://www.youtube.com/watch?v=KSZSGUlNq3s&feature=youtu.be

 

ACTE DEUX : COUPES MOTO LÉGENDE A DIJON… LE BONHEUR EST DANS LE BRUIT…

 

Pourquoi ces parkings motos s’étendant à l’infini dans les champs autour du circuit de Dijon-Prenois?

Pourquoi ces foules impressionnantes qui envahissent totalement les allées du village et les abords des grandes courbes du circuit?

 

 

Un circuit sublime, en pleine nature, vieillot comme il faut (bon, côté wi fi et toilettes, c’est pas le pied et c’est améliorable sans toucher au cachet de l’endroit…), des motos sublimes, des pilotes sublimes, une odeur sublime, des bruits de moteurs sublimes, et en plus une météo sublime.

 

BAKER, RIGAL,CECOTTO

BAKER, RIGAL,CECOTTO

 

Bilan, énorme succès.

 

 

On pourra penser avec raison que le journaliste que je suis, en une grosse trentaine d’années,  a été témoin privilégié de choses magnifiques et ce dans le monde entier, c’est vrai, pourtant, Dijon et Moto Legende, ça reste toujours magique.

 

"AGO"

« AGO » Le ROI AGO : Giacomo AGOSTINI

 

Parce que croiser dans une allée, ici pas de paddocks défendus par des vigiles en forme de dogues mal dégrossis, des dieux vivants comme Read, Agostini, Cecotto, Sarron, Baker, Spencer…

 

 

PHIL READ

PHIL READ

 

Les voir remonter sur leurs motos cultes, les entendre se remettre à se vanner comme à leur grande époque, les voir rouler avec une envie de folie…

 

 

SPENCER

Freddy SPENCER

 

Les voir sourire, vous parler, vous répondre bref vous permettre d’exister à leurs yeux, qui que vous soyez,  c’est un privilège, et même dans une République où règne paraît il l’égalité, les privilèges de ce genre sont de très grands moments.

 

SARRON

Christian SARRON

 

Regardez ci-dessous la photo de Daniel Adrian et de ses potes dont un paquet de Champions du Monde, voilà un des miracles de Moto Légende.

 

DANIEL ADRIAN ET SA BANDE POTES CHAMPIONS DU MONDE

DANIEL ADRIAN ET SA BANDE de POTES. TOUS des CHAMPIONS DU MONDE

 

Magique ?

Je me suis intéressé cette année aux Side Cars, cela existe aussi en trial, en cross, mais en compétition sur circuit routier, c’est vraiment totalement un autre monde, où la notion de confort n’existe pas, le pilote est allongé sur le moteur et à genoux sur de l’alu, pas sur de la mousse, quand au singe, je ne comprends toujours pas où il s’accroche…

Mais au total, cet anti-attelage donne des images dignes de Michel Ange.

 

 

On proposerait à Tarzan, à soixante berges, de se suspendre à nouveau aux lianes, il t’enverrait balader…

Les singes, eux, s’agrippent à leur semblant de panier comme au premier jour…

J’ai adoré le parfum et le bruit des moteurs de compète, ces 500 de GP deux temps aux montées en régime démentielles, ces vieux quatre temps avec des couples de tracteur (roulant à 250 km/h…) en imaginant que du côté de Spa, sous une pluie battante, avec des pneus de vélo et des casques en carton bouilli, les mecs attaquaient  l’Eau Rouge comme des malades…

Oui, ils se tuaient.

On se tue d’ailleurs toujours en GP, moins souvent heureusement, mais une course mécanique est à base de limites, d’extrêmes…

Et Moto Legende est extrême.

 

SARRON-ARMAND-FAU

SARRON-ARMAND-FAU

 

Quand je vois des hordes de mecs passer des milliers d’heures à restaurer des engins sublimes, j’imagine  que si l’on avait proposé à Botticelli de repeindre sa Vénus naissante, il aurait été moins enthousiaste qu’eux, pouvant sortir à coup d’énergie et de génie des engins plus neufs que neufs…

Des trésors partout! 

Sur le stand de mon ami Eric Fontaine, en photo ci-dessous, et c’est un exemple parmi des centaines, mais bon là ce sont des potes, la J 958  est la Triumph Daytona Bol d Or 69 de Peter Bates, elle vient du musée de Birmingham. La No 32  est la « Slippery Sam » Replica JB Le Bars , la 820 est une Triumph Trident Egli pilotée par Dominique Meliand, oui, le patron du Suzuku SERT, Champion du monde d’endurance douze ou treize fois! 

 

 

Et voici le plus beau et la plus belle, Eric Fontaine et sa Triumph 750 « Rob North » 1971 Low Boy ..

 

 

Un autre truc hallucinant…

L’allée centrale, où tout le monde passe pour aller voir les stands, est aussi celle qu’empruntent les motos avant de se mettre en pré grille.

Tu vois ça pas souvent, des engins qui ont coûté des millions à leur époque, qui en valent encore plus vu le boulot passé dessus, qui passent gentiment à travers la foule, énormes coups d’accélérateur et décibels de folie à la clé…

 

 

Les mecs qui ne se sont pas vus depuis une éternité ou depuis le dernier meeting il ya un mois et qui se tombent dans les bras, qui s’envoient des vannes de folie, qui sont juste heureux d’être là, en vie, en extase, loin de la merde que nous proposent les responsables politico-philosopho-economico-experts du futur, c’est encore un privilège.

 

DIDIER GANNEAU SIGNE SES OUVRAGES

DIDIER GANNEAU SIGNE SES OUVRAGES

 

J’ajoute, même si ce n’est pas mon rayon, que pour trouver l’aiguille de carbu que même plus personne ne sait ce dont il s’agit, ou le contre écrou de 9,6 pour telle moto amerloque, c’est la caverne d’Ali Baba et à des tarifs honnêtes m’a-t-on dit, pas le prix d’une vente aux enchères…

Bref…

Le bonheur…

Ça existe ça ?

Oui, c’est aussi simple que ça…

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

Photos:  LAURENT BENCHANA – MARINE ROCARD – ORGANISATION/JOEL ZERBIB

 

 

 

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