On connaît Elisabete Jacinto, elle est l’une des stars d’autonewsinfo, on a dore cette nana ex pilote de trial qui manie comme un bijou son camion MAN de plusieurs tonnes et à pas loin de 200 km/h sur les rallyes raids africains… Elle participe de temps en temps au Rallye des Gazelles et est passée pas loin de la victoire, deuxième au classement général après avoir remporté l’avant dernière spéciale marathon.
Passer de la brutalité absolue du pachyderme bourré de chevaux à la finesse et au quasi parcours à pieds des Gazelles, on a demandé à Elisabete comment elle a vécu le truc, une interview exclusive pour autonewsinfo.
DU TITAN A LA LIBELLULE…
Associée à Valérie Dot, à bord d’une VW Amarok, Elisabete Jacinto est partie avec l’intention de gagner cette épreuve colossale, 160 autos au départ, 200 personnes dans l’organisation, qui se déroule au Maroc.
Avec cette double particularité, les équipages doivent être exclusivement féminins et les spéciales consistent à trouver en ligne la plus droite possible des points déterminés par l’organisation, evidemment séparés par des oued, des ravins, des ravines, des radiers, des dunes infranchissables etc…
Bon, c’est, vu de l’extérieur, un truc terriblement snob, ce n’est d’ailleurs pas faux mais la difficulté technique et physique de l’épreuve est bien là, on reconnaît un grosse partie du parcours à pieds pour voir si ça passe en ligne droite, et cavaler dans le sable est la chose la plus épuisante que je connaisse.
Elisabete en parle avec beaucoup de plaisir…
Je précise qu’elle parle français, ce qui change un peu dans les sports mécaniques où l’on jargonne une sorte d’anglo-pidgin, l’anglais est déjà une langue barbare en soi, mais avec trente mots mal prononcés c‘est vite exaspérant…
Le début du rallye a été difficile pour le duo, qui avait des problèmes de fuites d’huile, puis remontée royale au fil des jours et fin sublime, gagner devant 160 autos dont certaines sont emmenées par de vraies spécialistes du truc, pour ça, il n’y en a qu’une au monde et ça tombe bien, c’est une amie…
– Pourquoi fais-tu ce rallye, d’habitude, on te voit sur des engins beaucoup plus monstrueux?
« J’ai déjà fait ce rallye en camion et je l’ai trouvé vraiment amusant car un camion, avec ses grandes roues, ça passe partout ! Je l’ai fait en 2008 en camion quand le Dakar à été annulé. Ma première participation aux Gazelles est 2003, j’ai été invitée, on roulait sur un Renault Kangoo. Magnifiques vacances ! Je suis donc revenue en 2004, et enfin en 2008 en camion. Je trouve que ce rallye est un vrai challenge. Cela mélange la conduite, la navigation, l’intelligence, le travail d’équipe. …mais c’est aussi une course de vitesse… Si tu ne vas pas assez vite tu n’arrives pas à trouver toutes les balises! »
– Pilote ou copilote?
« Dans ce rallye je suis pilote. Toujours pilote! »
– Comment ça se passe ce rallye, comment gagne t’on gagne t’on le Rallye des Gazelles, il n’y pas de chrono?
« Seulement de la navigation mais ça on en a l’habitude ! Il faut trouver les points où l’organisation du rallye met les drapeaux de validation obligatoire, les balises. Ces points sont marqués sur les cartes militaires qui sont distribuées aux équipes et elles doivent évoluer sur le terrain avec seulement ces cartes. L’utilisation du GPS n’est pas autorisée dans ce rallye. L’équipe qui gagne est celle qui fait le moins de kilomètres. Pour cette raison on doit toujours chercher à aller en ligne la plus droite possible. Cela veut dire passer sur tous les types de terrain. Ce rallye exige donc une grande capacité de conduite. Il faut avoir de la technique de trial, il faut savoir piloter pour passer dans tous les endroits en ligne droite et gagner du temps. Car il ya quand même un chrono, et ce n’est pas évident pour tout le monde. Et puis il faut savoir bien naviguer avec une boussole car c’est le seul instrument autorisé. Pas de communication, on n’a pas le droit d’être aidés par qui que ce soit. On gagne ce rallye si on conduit bien, si on navigue bien, si on fait un bon travail d’équipe ».
– Quels sont tes projets pour les mois à venir?
« Je participerai cette année au Rallye du Maroc et à l’Africa Race en Camion. Mon but est toujours de me classer sur le podium. Je serai encore une fois avec VW au rallye des Gazelles en 2015. Le but est de gagner la course. »
– Qu’est ce qui est amusant ou intéressant, sur le plan sportif, dans cette épreuve des Gazelles?
« Gagner le Rallye des Gazelles veut dire que tu as été la meilleure à tout les niveaux et cela est le but. On souffre pendant ce rallye ! On court, on marche pendant beaucoup de kilomètres, on ne dort pas beaucoup, on se fatigue. C’est dur au niveau physique. Donc au niveau sportif le but est toujours d’être la meilleure équipe. »
– On dort en bivouac ou on est assez près des villes pour dormir à l’hôtel?
« On dort toujours au bivouac même si nous sommes près d’une ville. La voiture reste toute la nuit en parc fermé et on n’a pas de possibilité de se déplacer facilement. »
LA (VRAIE !) REINE ELISABETE !
Voilà ce qui fait un vrai pilote, une vraie star d’autonewsinfo !
Jean Todt disait qu’un pilote est un être normal sauf que quand il met le casque, il ya les abeilles dedans…
J’adore cette expression, et elle va à tous ceux que j’admire, que ce soit à moto, en auto, en avion, en bateau…
Un détail, on calcule la distance parcourue par les autos sur ce Rallye des Gazelles sur les instruments de bord.
Je suppose qu’ils sont vérifiés avant la course mais surtout, si l’on se plante et que l’on mouline dans le sable, le compteur aussi mouline…
Marrant leur truc.
Je rêvais dans le temps d’organiser une traversée de Paris à moto de trial, le plus en ligne droite possible, les mecs auraient du emprunter des cages d’escalier, des caves, peut-être des toits.
Inutile de dire que la Préfecture, même si à l’époque j’y avais de très bons amis, n’a pas trouvé le truc drôle du tout !
Bien entendu, au passage sous la Tour Eiffel il fallait aller chercher une balise au deuxième étage, ça Charles Coutard et Joel Descun l’ont fait en 1983…
Bon, c’est sûr que c’est plus facile à organiser dans le désert…
Mais probablement difficile en pilotage mais comme par hasard, Elisabete Jacinto a fait de la moto de trial…
Comme Cyril Neveu, comme Hubert Auriol, comme Cyril Després.
Elisabete raconte délicieusement que ce sont de magnifiques vacances durant lesquelles on ne dort pas, on court toute la journée, on se crève et on s’arrache la couenne en bref…
Mais même si ce sont des vacances, elle veut gagner la course.
Une vraie pilote de chez vrai pilote…
« Prazer », un plaisir, un enchantement en français, voilà ce qu’est Elisabete, on la retrouve donc au Maroc dans la série « It’s a Man Woman’s World ! »
Les trois premières de la catégorie Camion/4X4 sont dans l’ordre l’Anglaise Jeanette James et la Française Anne Marie Borg, la Portugaise Elisabete Jacinto et la Française Valérie Dot, les Françaises Catherine Houlès et Mélanie Suchet.
JEAN LOUIS BERNARDELLI ET ELISABETE JACINTO
PHOTOS ORGANISATION,SERVICE DE PRESSE VW, ALAIN ROSSIGNOL