AFRICA RACE 2014, JOUR 9 : LA DANSE DU SABLE (SUITE…)

 

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Dominique Robin gagne chez les motards, après une course en peloton avec six autres pilotes. Les Motards du Désert peuvent avoir la tête haute ! En autos, Schlesser s’arrête à moins d’un km de l’arrivée et laisse dans un premier temps la victoire à Stéphane Henrard pour quinze petites secondes. Puis Fromont vient les mettre tous deux d’équerre pour deux minutes trente !  Chez les gros culs, Tomecek gagne le duel à trois, devant Elisabete Jacinto qui reprend la deuxième place des camions, Kovacs arrive ensuite.. Bref la harde « hard »  des pachydermes a roulé groupée.

 

DUR, LE TRAIN !

GUERRE EPUISANTE CHEZ LES MOTARDS

GUERRE EPUISANTE CHEZ LES MOTARDS

 

Les motards sont épuisés.

Il est clair que jamais les spéciales de l’Africa Race n’ont été aussi dures, ceux qui ont aussi couru le soi-disant Dakar en Amérique du Sud disent ne pas avoir rencontré autant de difficultés, tant sur le plan physique pour se désensabler que sur la navigation, avec des caps à trouver difficiles à tenir.

 

CHRISTOPHE CONREAU

CHRISTOPHE CONREAU

 

Christophe Conreau, neuvième temps la veille, ce qui est exceptionnel, il est arrivé dans les temps impartis,  me dit que dans le team « Les Motards du Désert », Norbert Dubois a perdu tout espoir de troisième place sur le podium hier, malade, il a même dû voir un médecin en pleine spéciale.

Bref, le pilote de pointe  du team est maintenant seul, il s’agit de Dominique Robin.

La spéciale de la veille a été tellement dure qu’il a fallu allonger les temps impartis, à la clôture du temps officiel, seules 10 motos et six voitures étaient passées dans les temps, ainsi que trois camions !

Quant à Elisabete Jacinto, en fait, elle est très satisfaite de sa journée la veille, le terrain changeant fréquemment a obligé à dégonfler et à regonfler sans arrêt les pneus, mais surtout elle rappelle qu’elle pilote un camion MAN de série là où ses adversaires disposent de protos bien plus puissants que le sien.

Du coup, elle a droit à une très belle photo, si Vermeer avait connu le désert, il aurait fait moins bien…

 

 

Aujourd’hui, au programme, le même type de terrain superbe mais plein de pièges, du sable à profusion, des roches noires qui claquent incroyablement sur l’or des dunes, une spéciale de 290 bornes et 20 km de liaison au bout.

 

a a a a a a a a a a a africa race carte 9

 

René Metge, le chef, nous parle de cette étape, d’Akjoujt à Toueila : « Toujours du sable au programme ! La spéciale empruntera pour commencer un tronçon de la piste de la veille qui permettra d’entamer agréablement la journée et de rejoindre un Erg d’une quinzaine de kilomètres. Un bon gros pâté de sable qui pourrait créer de gros écarts dès le matin. Une fois sorti de cette première difficulté, les concurrents retrouveront des plaines parsemées de dunettes puis une grande piste plein sud jusqu’au CP 2 où se trouvera le ravitaillement essence pour les motos. La seconde partie du parcours sera toujours composée de sable avec des dunes et de l’herbe à chameaux en alternance. L’ultime tronçon du jour sera très impressionnant puisqu’il s’agit d’une toute petite piste très étroite serpentant au cœur d’une épaisse végétation dont on ne distingue jamais la fin. En quelque sorte, un océan vert qui conduira les participants directement à l’arrivée à Touaila. Il ne restera alors que 20 km pour rejoindre le bivouac. »

 

LE PROFIL DU JOUR

LE PROFIL DU JOUR

 

Vaste programme en effet !

On sera ce soir tout près de Nouakchott, la capitale du pays.

 

MOTOS : ROBIN DÉBOISE !

DOMINIQUE ROBIN

DOMINIQUE ROBIN

 

C’est donc Theuretzbacher, le pilote autrichien capable du meilleur et du pire, hier c’était le meilleur, il a gagné une spéciale effroyable de difficultés, qui part le premier, suivi à deux minutes par Gwen Backx, Joris Van Dyck et Harite Ganari.

Pisano et Robin, les deux leaders au général, partent respectivement cinq et sept, avec de belles traces devant et un pilote rapide qui ouvre, du nanan !

45 minutes après le départ, on attaque le premier « gros tas de sable » de la journée, promis par Metge comme une assez belle vacherie.

La moto de tête roule à 22 km/h, c’est sûr qu’à la fraîche, le sable ça calme !

Et le premier plantage est pour Backx, bienvenue dans un autre monde !

Plus tard, au radar Iritrack, on voit les motards se planter par groupes de quatre.

Ce gros tas de sable n’est pas très long mais il se prend face au sens des dunes, pleine bille, et donc en bas c’est plutôt du sable dur, plus tu montes plus ça s’enfonce.

 

 

Solution le gros coup de gaz mais d’abord il faut être en forme, on a vu qu’ils le sont tous moyennement, et ensuite, si tu arrives trop vite en haut, derrière, le vide peut être vertical.

Theuretzbacher progresse plutôt bien, c’est une sorte de colosse, donc au matin il a des bras, et il navigue plutôt bien, même su cette qualité est parfois prise en défaut sévère !

Il est à la tête d’un groupe de six motards, avec Robin, Pisano, Martens, Van Dyck et Gabari.

Devant Sabatier, la première auto qui va attaquer le tas de sable, la bagatelle de huit motos plantées en même temps !

Alors, tu es tarmo, tu t’es levé aux aurores, deux heures plus tard tu es englué dans la purée et en plus, les bagnoles puis les camions vont te raser le casque enfoui dans le sable, t’en as plein la bouche du sable, ça craquelle sous les dents, c’est immonde, ça c’est quand même un coup à trouver la vie dégueulasse !

Bon, dur d’être un héros !

Le groupe est rejoint par Backx, passe le CP1 et s’amuse sur une zone toujours sableuse, mais on est dans le sens des dunes, la vitesse atteint 50 km/h, c’est du bonheur !

 

GWEN BACKX EN VOLUTE DE VOLUPTÉ

GWEN BACKX EN VOLUTE DE VOLUPTÉ

 

Puis on arrive dans la caillasse et on prend 105 km/h avec cette petite brise (brûlante certes…) qui fouette agréablement le visage, le vent dans la gueule c’est quand même un très grand plaisir d’initiés, les motards savent ça, en tous cas en été et là, il fait quarante, on est toujours en été (merci Nino Ferrer !).

Theuretzbacher mène devant, et Pisano ne lâche pas Robin d’une tétine (de pneu !) c’est le seul qui pourrait encore aller le chercher au général, à la grande époque de leurs duels, Neveu et Auriol me disaient que quand ils se contrôlaient, ils avaient tellement d’avance sur les autres qu’ils préféraient se paumer ensemble plutôt que prendre le risque de suivre un autre cap que l’autre…

Les vraies tactiques du vrai Paris Dakar reviennent à la mode !

Theuretzbacher arrive nettement premier au CP2, celui du ravito en essence pour les motos.

 

THEURETZBACHER,OUVREUR MAGNIFIQUE

THEURETZBACHER,OUVREUR MAGNIFIQUE

 

Il reste soixante dix bornes avant l’arrivée…

On pourra déjeuner au bivouac, chicos non ?

D’ailleurs, on déjeunera à sept, le groupe ne s’est pas lâché depuis les tous premiers km de merde sableuse.

Il reste que l’étape n’était pas facile, et que Theuretzbacher aura mené l’escadre en ouvreur tout du long…

Dommage qu’il soit à dache au général, mais question panache, il se pose là le jeune autrichien !

Au chrono pourtant, c’est Dominique Robin qui gagne l’étape, quatre minutes devant Pisano et quatre minutes quarante cinq secondes devant Theuretzbacher.

 

PISANO EST EN TRAIN DE GAGNER L'AFRICA RACE 2014

PISANO EST EN TRAIN DE GAGNER L’AFRICA RACE 2014

 

On le sait, partir devant n’est jamais un avantage !

Gabari est à huit minutes, Backx à douze.

Au général, Pisano a perdu quelques minutes, rendues à Robin.

Il est toujours solide leader, 38 minutes devant Robin, Van Dyck garde sa troisième place conquise hier, il est à 1 h 31’ du leader. Tous les autres sont à plus de deux heures, dans l’ordre Backx, Gabari, Barbero, Dubois est à 5h 19’, Theuretzbacher à 8h 30’.

 

  AUTOS : FROMONT INATTENDU…  

YVES FROMONT VAINQUEUR PARTI DE LOIN...

YVES FROMONT VAINQUEUR PARTI DE LOIN…

 

8h51, une grosse heure après la première moto, Sabatier, Henrard, Loomans, Schlesser sont lâchés, puis encore Turon-Barrère et ensuite, on lâche les trois camions en bordée, Kovacs, Tomecek, Jacinto.

Sabatier rejoint les derniers motards dès l’amorce du premier gros tas de sable de la journée, suivi comme son ombre par le buggy « Cox » très étonnant de Stéphane Henrard.

 

JEAN ANTOINE SABATIER

JEAN ANTOINE SABATIER

 

Derrière, deux camions seulement sur le radar, pas de trace de Tomecek, soit carafe, soit mouchard en carafe.

Aucun problème dans le sable pour Henrard et Schlesser, le pilote belge passe au CP1 une minute devant le buggy Sonangol, autrement dit au chrono, Schlesser est devant.

Sabatier, lui, s’est copieusement  enlisé…

 

JACINTO REDEVIENT LA DAUPHINE DES CAMIONS

JACINTO REDEVIENT LA DAUPHINE DES CAMIONS

 

Kovacs et Jacinto sont passés aussi sans se planter.

Hier, Elisabete Jacinto a pris du retard, et elle est troisième camion au classement général, quatre minutes derrière Kovacs, il doit y avoir de l’ambiance dans le Man bleu ciel !

Au CP1, elle est quarante cinq secondes derrière le Hongrois, elle est donc devant, au chrono, d’une minute quinze…

Comme quoi, le pilotage d’un monstre peut aussi être d’une délicatesse de libellule…

Derrière, Szalay emmène un paquet de concurrents sur une fausse piste, qui passe 20 km à l’ouest du CP1…

Le coup classique, il s’est gouré de vallée, elles se ressemblent un peu toutes mais à priori, son navigateur aurait dû calculer, quand ils ont viré ouest, qu’ils n’avaient pas couvert la bonne distance !

En plus, devant, il y avait des traces…

Mystère…

Devant, Schlesser attaque Henrard, parti quatre minutes avant lui.

 

LE MISSILE SCHLESSER

LE MISSILE SCHLESSER

 

Plus de très grosses difficultés devant, du sable certes mais bienveillant, où on enquille joyeusement, largement au-dessus de 100 km/h.

Szalay retrouve la piste… devant les deux camions !

Et là il s’arrête, se gratte le casque, sent bien qu’il ya comme un problème.

Puis finalement il reprend la piste, avec des soupçons quand même quand il se verra devant des véhicules qu’il n’a pas doublé…

On a aussi retrouvé Tomecek, dont le mouchard GPS fonctionne enfin, il roule avec les deux camions de Kovacs et Jacinto.

 

TOMAS TOMECEK

TOMAS TOMECEK

 

Henrard (160 km/h) et Schless’ (175 km/h) roulent maintenant façon GP, un peu seuls au monde, derrière il ya seulement Szalay dont on sait qu’il a coupé la poire en deux…

Schlesser double Henrard qui, pour la deuxième journée consécutive, a l’immense bonheur de croiser le fer avec un multiple champion du Monde…

 

HENRARD QUASI HEROS DU JOUR!

HENRARD QUASI HEROS DU JOUR!

 

Aux anges le pilote belge !

Derrière, les camions envoient aussi du lourd, Jacinto est au dessus de 140 km/h…

Elle a passé Kovacs, et joute, vigoureusement, avec Tomecek.

Devant, c’est une arrivée au sprint entre Schlesser et Henrard, les deux autos sont à moins de trois cent mètres l’une de l’autre !

Mais Schlesser s’arrête à huit cent mètres de la ligne d’arrivée…

Il descend de l’auto, vérifie un truc à l’arrière, remonte et termine la spéciale.

Au chrono, il est quinze secondes derrière Henrard, et le belge le mérite bien, qui s’est formidablement battu !

Il passe la ligne d’arrivée le premier mais ne gagne encore pas la spéciale !

Car Yves Fromont, parti très tard, a bénéficié des avantages de partir derrière, on voit les traces, les endroits où les autres sont plantés, ensuite, il faut encore déjouer les pièges et envoyer du gaz parce que tout devant, ça sent pas le moisi non plus !

 

YVES FROMONT AU FINISH...

YVES FROMONT AU FINISH…

 

Bref, très belle victoire de cette auto.

Dans la spéciale, on a donc Fromont, 2’26’’ devant Henrard, 2’41’’ devant Schlesser, puis viennent encore Florin (à 18’) et Loomans (à20’) avant le premier camion, celui de Tomecek, sixième du classement combiné autos/camions.

Le Tatra gagne la catégorie camions, quarante cinq secondes devant Jacinto, sept minutes trente devant Kovacs.

Au général, Schlesser et Magnaldi sont toujours leaders, ils ont même augmenté leur avance sur Loomans de quelques minutes (à 1h 27’), Henrard est trois (à 2h 42’),  Sabatier vient ensuite et Tomecek est cinq au combiné, à 3h 42’ de Schlesser.

 

SCHLESSER TOUJOURS LEADER AU GENERAL

SCHLESSER TOUJOURS LEADER AU GENERAL

 

Schlesser à l’arrivée…  » Géniale cette spéciale, des dunes qu’il fallait affronter de façon assez guerrière, puis des pistes sinueuses où ça roulait très vite, tout en glissades partout, j’adore ce genre de terrain, j’adore courir là dessus. A l’arrivée, il a fallu qu’on aille vérifier un truc sur le train arrière, ça m’énervait depuis un moment, on est allés voir. Sinon, pas une erreur, belle bagarre avec Stéphane, un truc d’hommes quoi… « 

J’ai eu un doute, je l’ai toujours un tantinet, c’est que Jean Louis ait eu l’élégance de mettre un peu de temps à boucler sa quatre points… Car ce mec est aussi smart que doué, mais nous n’aurons jamais la réponse et après tout, la méfiance que je dois à trente ans dans ce métier n’est peut-être pas toujours de mise.

Et puis des bagarres comme celles qui ont eu lieu entre lui et  Henrard hier et aujourd’hui, on en redemande!

Merci les garçons!

Et bravo la reine..

Jacinto est six au classement général, et a repris de quelques minutes la place de second camion, son objectif est rempli, mais il reste encore des km de course à se farcir. 

Demain, deux cent km de spéciale, puis, par la route, sur 286 km, on passera au Sénégal avec bivouac à St Louis, la ville mythique du pays.

On sera chez Saint Ex et Mermoz, et totalement sur les traces du vrai Paris Dakar de Thierry Sabine.

Bref, on mettra les roues dans des endroits de légende !

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

PHOTOS ALAIN ROSSIGNOL/DESERT RUN ET JORGE CUNHA

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