AFRICA RACE JOUR SEPT : PISANO, LE CORSE DE COURSE… TOMECEK, LE DESERT DES TATRA…

MICHAEL PISANO

MICHAEL PISANO

 

Le motard Michael Pisano a réalisé l’exploit du jour, sur 460 km de spéciale, en ouvrant donc la piste devant tout le monde, il  passé la banderole d’arrivée le premier et colle seize minutes à Dominique Robin et quarante minutes à Dubois. En auto, Schlesser ne s’est planté qu’une seule fois, on rappelle qu’il est en deux roues motrices, gagne superbement cette étape et reprend un paquet de billes au général. Quant à Tomecek, total génial,  il passe la banderole d’arrivée troisième de la catégorie autos/camions !

 

 UNE VRAIE JOURNEE DE VRAI PARIS DAKAR! 

 

 

C’est l’étape la plus longue du rallye, 460 km, la chaleur est énorme, Elisabete Jacinto a parlé hier de 31 degrés et l’on était relativement près de la mer, aujourd’hui on s’enfonce dans l’océan de sable de l’intérieur du pays.

Pourtant, la tempête de dunes n’est pas pour aujourd’hui, ainsi que l’expose René Metge, traceur et directeur de l’Africa Race.

On va de Chami à Akjoujt.

 

LE PROFIL DU JOUR

LE PROFIL DU JOUR

 

René Metge : « Cette deuxième spéciale mauritanienne sera la plus longue au niveau du kilométrage mais surement la plus rapide en terme de moyenne. La journée commencera par 30 km de dunes avant d’alterner entre plateaux roulants et portions d’herbes à chameaux pour finalement déboucher sur une grande piste. Une portion qui sera un véritable régal pour le pilotage puisque le tracé est sinueux tout en étant très roulant.

 

 

Les véhicules les plus puissants vont donc avoir de quoi s’exprimer sur de nombreux kilomètres avant de retrouver de grosses herbes à chameaux éparses dans un premier temps puis des dunes sur à nouveau 30 km. L’ultime piste de cette 7ème étape sera agréable puisque rapide et sablonneuse. Elle conduira directement les concurrents au bivouac d’Akjoujt situé à quelques kilomètres de ce village traditionnel mauritanien qui a la particularité d’être entièrement éclairé par des lampadaires alimentés par des cellules photovoltaïques.

Juste 30 bornes de dunes pour se mettre en jambes !

Un détail…

MOTOS : PISANO, SO CORSU E NE SO FIERU!

 

Pour les vraiment pas doués en langues latines, cela signifie « Je suis Corse et j’en suis fier ! »

Pisano a compris que l’équipe des Motards du désert essaie de le pousser à la faute en le faisant partir devant, et ce parce que s’il est rapide, il est moins bon en navigation.

Pourtant, la veille, c’est Norbert Dubois qui s’est trompé et a perdu des billes.

Pisano a l’humour cruel, ce qui est soi-dit en passant de très bonne guerre.

Il a expliqué à son arrivée de la veille qu’il allait se préparer des pâtes et que comme certains étaient partis aux champignons, il y  en aurait beaucoup pour les pâtes aux cèpes !

C’est sûr que les Corses, ça ne se laisse faire ni sur le terrain ni sur la moto, ni sur les vannes…

En attendant, il reste leader de la course au général, il part second ce matin derrière l’incroyable Autrichien Theuretzbacher qui a gagné la spéciale la veille, déjouant d’ailleurs les plans visant à faire partir Pisano en ouvreur.

Cela dit Theuretzbacher va se planter en nav sévère…

 

ROBERT THEURETZBACHER, JARDINIER EN CHEF DE L'AFRICA RACE

ROBERT THEURETZBACHER, JARDINIER EN CHEF DE L’AFRICA RACE

 

Gabari et Van Dyck suivent au départ, et viennent ensuite les deux compères, Robin et Dubois, du team des Motards du désert.

On est dans trente bornes de dunes annoncées par Metge pour la mise en température des muscles au matin à la fraîche, on est parti à 7h35 « local time » plein est  avec le soleil dans les yeux en plus..

Bon, ce sera bien pour les photographes !

L’Autrichien laisse une superbe trace derrière lui, il est excellent en nav, Pisano a un guide formidable … pour ne pas aller aux champignons, version corse du jardinage motard de rallye raid.

Ils vont voir ce qu’ils vont voir ces « Pinzutu » (on prononce pinzoud » !

Trente bornes après le départ, il y a un premier cap de navigation a trouver, un angle à prendre quoi.

Theuretzbacher et Pisano ont pris un peu large mais ça commence à envoyer, plus de 130 km/h…

Apparemment, les deux pilotes qui ouvrent ont évité le piège et sont sortis en bon ordre du premier champ de dunes.

Les suivants aussi d’ailleurs.

 

JORIS VAN DYCK

JORIS VAN DYCK

 

Il faut juste faire gaffe à cette saloperie d’herbe à chameau, si douce à l’oreille, et c‘est pourtant un morceau de bunker.

C’est en effet une herbe qui a colonisé de ses racines et surtout solidifié un gros tas de sable qui peut faire un mètre de haut et qui est véritable morceau de béton…

Mais c’est ainsi qu’elle survit là où il n’y a rien et les chameaux, en fait les dromadaires, adorent ça.

En auto, ça t’arrache un train avant comme pas deux et à moto, on est dans un secteur roulant, tu voles cinquante mètres devant le guidon !

Dubois est très retardé, en tête, il ya seulement quatre motos, l’Autrichien Theuretzbacher, Pisano, Van Dyck et Robin.

Derrière, Julia Schrenck est là, la princesse du rallye a réussi à passer trois garçons la veille, et elle attaque bravement le champ de dunes.

 

JULIA SCHRENCK

JULIA SCHRENCK

 

Et elle en sort avec son petit groupe, aucun motard n’a été pris dans ce premier piège.

Devant, Pisano a passé Theuretzbacher, il ouvre et a bien entendu très envie de montrer qu’il n’a pas besoin de guide pour gagner.

Chez un pilote, l’orgueil est une donnée essentielle et il semble que Pisano n’en manque pas !

A cet endroit, on est sur une vraie piste balisée, rapide, il faut juste envoyer les chevaux et rester sur la moto…

Et faire la nav en même temps, motard de rallye raid, c’est costaud.

Theuretzbacher  commence un jardinage de folie…

Robin, Van Dyck et Gabari l’ont remonté.

 

DOMINIQUE ROBIN

DOMINIQUE ROBIN

 

Le problème est que Dubois suit ses traces…

Il s’en aperçoit et remonte au nord mais il a encore perdu du temps, l’Autrichien, pendant ce temps, fait des allers-retours sur sa trace, totalement paumé.

Il retrouve la piste juste devant Julia Schrenck.

Coup classique, il s’est gouré de vallée, entre deux djebels.

Devant, Pisano enquille comme un malade, mener au général, ouvrir et gagner la spéciale ce serait assez chicos, peut-il penser alors qu’il roule solitaire à plus de 140 km/h !

Derrière lui, Van Dyck s’arrête puis repart, Gabari a été retardé, seul Robin est encore dans le coup.

Puis c’est Pisano qui s’arrête.

Ravito essence, près de la célèbre voie ferrée qui passe en plein désert, avec des convois de centaines de wagons de minerai de fer reliant les mines de Zouérat et le port de Nouadhibou.

Cette voie a été aussi un haut lieu du Paris Dakar de Sabine, l’Africa Race est vraiment sur ses traces, on la suit sur 40 km.

Pisano est reparti devant, le mors aux dents, le pari insensé est en train d’être gagné mais on est à un peu plus de la moitié de la spéciale.

Nouveau cordon de dunes, que l’on prend de face, toutes les dunes ont un sens général, qui dépend des vents dominants.

30 km avec des passages rapides dans les creux, Pisano navigue à la perfection.

 

MAGNIFIQUE JOURNEE D'ALESSANDRO BARBERO

MAGNIFIQUE JOURNEE D’ALESSANDRO BARBERO

 

Quand Pisano embouque (terme de marin qui signifie que l’on prend une passe ou un chenal) la ligne droite qui redescend tout droit vers l’arrivée, il reste une centaine de km de spéciale.

On est à la hauteur de la célèbre ville d’Atar, qui dispose de son propre aéroport, en plein milieu de nulle part mais quand même siège d’une civilisation très riche.

C’est aussi tout près de là que l’on a tourné Fort Saganne (1984) , pour ceux qui ont vu le film, le décor de sable jaune d’or et djebels  noirs comme le charbon est bien celui dans lequel évolue l’Africa Race.

Et ça déboule à plus de 140 km/h !

Quand Robin sort à son tour des dunes, il est quasiment trente km derrière Pisano !

Quant à Dubois, il est carrément arrêté dans les dunes !

 

BELLE QUATRIEME PLACE POUR JOBARD (NO 127) ET SA ZONG SHEN HYBRIDE

BELLE QUATRIEME PLACE POUR JOBARD (NO 127) ET SA ZONG SHEN HYBRIDE

 

Il repart mais il a encore perdu des billes dans l’histoire.

Devant Pisano ignore ce qui se passe dans le reste du peloton, qu’il ne voit pas.

Il continue d’essorer la poignée de gaz à 25 km de l’arrivée, 145 km/h…

12h50, il est sous la banderole, cinq heures pour 460 km de spéciale, Metge avait raison, c’est la plus longue mais la plus rapide.

Et le jeune pilote corse peut être très fier de lui, cette fois-ci, il est allé chercher cette place tout seul et en ouvrant !

Dans l’ordre d’arrivée, Robin est deux,  17 minutes derrière, c’est dire comment Pisano a envoyé ! Van Dyck est trois à 36 minutes, Gabari quatre une minute plus loin, mais il semble que le pilote marocain ait loupé un CP.

Le chrono de la spéciale, Pisano, Robin est deux (à 17’), Alessandro Barbero est trois (à 34’), Jobard est quatre (à 36’), on rappelle que sa moto est une hybride Zong Shen, c’est carrément un beau chrono et  un beau test pour l’engin. Puis viennent Van Dyck, cinq  (à 37’), Dubois est six (à 39’).

Au général, Pisano est trente neuf minutes devant Robin et une heure dix-neuf devant Dubois.

Et encore, Dubois ne devance Van Dyck au général que de dix secondes !

 

 AUTOS/CAMIONS : LES ETOILES DE TOMECEK ET SCHLESSER…

 

PHENOMENAL TOMECEK!

PHENOMENAL TOMECEK!

 

8h50 local time, Jean Antoine Sabatier est lâché, il ouvre en auto, en sachant que les traces des motos sont bien visibles.

Szalay et Sazonov suivent, puis c’est le tour de Schlesser.

Tout le monde sait que le rallye se joue en grande partie entre aujourd’hui et demain.

Les tactiques de course sont donc simples, Schlesser doit rester dans le rythme des autos de tête, les autres doivent attaquer comme des malades et le pépin est interdit pour tout le monde.

Bref, il n’y a pas vraiment de tactique, il faut envoyer du gaz et ne rien casser…

9h15 local time, le camion Tatra de Tomecek est lâché.

Il a fait hier une course d’anthologie, et dans les dunes du début, la puissance du Tatra va parler.

Arrivé dixième de la spéciale la veille, il part dixième, vingt minutes derrière Sabatier.

Jacinto est plus loin, il ya quatre autos entre elle et Tomecek.

 

JACINTO EST LOIN MAIS LA PHOTO EST JUSTE SUBLIME;;;

JACINTO EST LOIN MAIS LA PHOTO EST JUSTE SUBLIME;;;

 

Essers, sur son Man, parti six minutes derrière elle,  ne tarde pas à la reprendre.

Tomecek envoie de façon incroyable, il passe Loomans, seconde auto du classement général !

Puis il passe Henrard !

Devant, vitesses effarantes sur la portion roulante prévue par Metge, Schlesser est carrément à 190 km/h !

 

SCHLESSER INTOUCHABLE

SCHLESSER INTOUCHABLE

 

Szalay envoie du 180…

Juste après avoir passé le ravito des motos, on roule alors au ralenti, c’est obligatoire, Schlesser est passé en tête des autos.

Et Tomecek n’a plus que six autos devant lui !

En tête, les deux poursuivants de Schlesser, Szalay et Sabatier,  s’arrêtent dans les dunes, au même endroit, Sazonov se plante avec eux.

Porcheron aussi s’est ensablé.

Tout devant, il maestro s’ensable itou.

C’est con, il est alors à 3 km de la sortie du champ de dunes !

En plus, il reste scotché, Sabatier arrive… et s’enfonce dans le sable alors que Jean Louis en sort.

 

SCHLESSER LA RAGE

SCHLESSER LA RAGE

 

Et maintenant gaz à donf… ou prudence, le buggy bleu Sonangol est déjà en tête au général, peut-être pas la peine de casser quelque chose…

Il ne le sait pas mais Szalay et Loomans  sont à des années lumière derrière, selon l’expression, ils ont tellement pelleté qu’ils commencent à entendre parler chinois…

Au mouchard GPS, Schlesser roule maintenant à 170 km/h.

Plutôt que la prudence, et sachant que le terrain est meuble comme de la poussière, il peut aussi se dire, c’est semble t’il le cas, que c’est le moment d’envoyer pour larguer tous ceux qui ont les portières dans le sable…

Derrière Tomecek s’y met aussi, planté!

Sortir un camion cela devient très compliqué, plaques de désensablage obligatoires, qui doivent peser un âne mort chacune !

Mais on l’a vu sur les photos, cet équipage est médaille d’or aux altères et le Tatra est poussé hors de son trou…

Quand il déboule dans la dernière ligne droite, il y  en a pour cent km, il n’y a plus que trois autos devant lui…

 

YVES FROMONT

YVES FROMONT

 

13h52, Schlesser passe la banderole largement première auto, dix sept minutes devant Fromont, qui ne perd que quatre minutes en vrai, étant parti bien après le buggy Sonangol de Schless’

Schless »  à sa descente de cockpit:  » Sublime journée, sublime spéciale. On ne se goure pas une fois, on ne rate rien, tout se passe génialement et à deux km de la sortie des dernières dunes, je mets le coup de volant qu’il ne faut pas mettre, je tape dans une herbe à chameau et la roue déjante, carrément! Bon, on a changé de roue, on est repartis, tout va bien.  Je suis totalement épaté de ce qu’arrive à faire Tomecek avec son camion! » 

Le suivant est justement … le camion de Tomecek, qui a roulé l’enfer toute la journée et qui a finalement passé Henrard tombé en panne à trois km de l’arrivée, le Tatra coupe la ligne 34 minutes derrière Schlesser, 17 minutes après Fromont !

Il colle évidemment une dégelée aux autres camions, on n’est quand même pas loin du vieux rêve de Van Roy, qui rêvait de faire gagner un camion au (vrai) Dakar dans les années quatre-vingt.

 

 

S’il fallait en douter, ce jour, l’Africa Race est vraiment adoubé au sceau du Paris Dakar originel.

A sa descente de camion Jacinto est satisfaite de sa dixième place au classement combiné autos-camions.

Elle parle de sa journée:

 

 

« La spéciale d’aujourd’hui était très longue, rapide. Nous avons fait de notre mieux, mais le terrain n’est pas favorable à notre Man, nous n’avons jamais pu rouler à pleine vitesse. Sur 40 km de dunes très compliquées, spécialement pour les camions, le sable était très mou et il a fallu rouler lentement pour ne pas s’enliser. On ya quand même eu droit deux fois et nous avons perdu 12 minutes à chaque arrêt pour sortir le camion. Cela dit, je suis satisfaite de notre résultat.  »  

 

Au chrono de la spéciale, Schlesser précède donc Fromont de quatre minutes et Tomecek de 22 minutes, Loomans est à 30 minutes, Henrard à 42 minutes.

Au classement général, Schlesser est donc toujours leader, une heure vingt devant Loomans, trois heures vingt-quatre devant Henrard.

 

STEPHANE HENRARD

STEPHANE HENRARD

 

Toujours au classement général autos/camions, Tomas Tomecek est… quatrième !

Demain étape toute en franchissement de dunes, tout en navigation, en boucle sur 337 km autour d’Adjoujt.

Bonne nouvelle pour les mécanos qui, une fois autos, motos et camions partis, pourront pioncer quatre heures d’affilée, ce qui n’a pas dû être le cas depuis la première étape au Maroc.

Un clin d’œil à eux, sans eux pas de rallye…

 

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

PHOTOS ALAIN ROSSIGNOL/DESERT RUN ET JORGE CUNHA

 

 

 

 

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