AFRICA RACE, ETAPE QUATRE, MONTE CARLO SUR SABLE…

MICHEL TURON BARRERE GAGNE UNE SPECIALE...SPECIALE!

MICHEL TURON BARRERE GAGNE UNE SPECIALE…SPECIALE!

 

Dubois à moto, Turon Barrere en auto, Kovacs en camions et tous dans un mouchoir de poche avec les poursuivants à l’arrivée. C’est rare en rallye-raid en Afrique, une spéciale superbe avec peu de pièges de navigation et du pilotage pendant quatre cent km ! René Metge, ce quatrième jour, a décidé de faire plaisir aux pilotes. On s’est battu à vue partout, les trois premières motos ont coupé la banderole séparées de trente secondes, les autos sur quelques minutes, les camions se sont doublés plusieurs fois et entre Kovacs et Tomecek, il y avait trente secondes à la banderole d’arrivée, avec une petite tonne de poussière à chaque fois !

 

ENCORE UNE SPECIALE DE REVE !

On est toujours au Maroc, avec une spéciale qui part du pied du bivouac, le rêve de tout raider, un peu comme un amateur de montagne qui peut chausser les skis à la porte du chalet… 390 km de course au programme, puis 15 petits kilomètres pour rejoindre le bivouac au bout. On roule sud dans un premier temps puis plein  ouest.

 

 

Présentation du menu du jour par le chef René Metge…

 

LE PROFIL DU JOUR

LE PROFIL DU JOUR

 

« De nouvelles pistes au programme ! Là encore, la majorité de cette spéciale, une des plus courtes du rallye, se déroulera sur un tracé entièrement nouveau. Le parcours est très beau et il débute par deux petits cols avant de devenir rapide sur une piste en sable pratiquement jusqu’au ravitaillement essence effectué dans un décor sublime. Vient ensuite un col impressionnant à descendre avec une vue panoramique imprenable. La deuxième partie est très rapide et devient sinueuse sur une très bonne piste. Après le passage au cœur de deux oasis où devrait être postés les caméramans et les photographes du rallye, la piste redeviendra rapide et sablonneuse. Deux ingrédients qui rendront la conduite très plaisante jusqu’à l’arrivée. »

 

 MOTO : DUBOIS D’ACIER…

NORBERT DUBOIS,VAINQUEUR EN PAQUET,COMME EN GP!

NORBERT DUBOIS,VAINQUEUR EN PAQUET,COMME EN GP!

 

07h45 local time, une heure de plus à Paris, Theurestzacher, autrichien passé hier de l’anonymat le plus complet à la lumière des stars en gagnant l’étape, est parti, suivi de Dominique Robin et Michael Pisano, le nouveau leader de l’épreuve à moto, les écarts sont tellement faibles que les changements de leader peuvent être quotidiens.

Marc Fontyn a enfin un mouchard GPS et on pourra le suivre sur l’Iritrack.

Mais il a fait une grosse chute hier,il a terminé quatre, il en veut vraiment, le vainqueur 2013.

Mais il revient au bivouac tout de suite après le départ.

Blessure trop douloureuse…

Salut l’ami!

 

MARTIN FONTYN: BATTU PAR LA DOULEUR

MARTIN FONTYN: BATTU PAR LA DOULEUR

 

Harite Gabari, qui lui aussi est tombé hier et s’est blessé à l’épaule, est parti.

Il est arrivé dix huitième de la spéciale la veille, après avoir mené en tête avec Pisano sur les trois quarts de la distance.

Ce qui est injuste, il était vraiment dans les favoris mais si la chute est un élément non négociable dans un rallye raid, le destin choisit ensuite que l’on se relève façon « Même pas mal » ou carrément chiffon…

Et il souffre de l’épaule.

Bon, il est là, c’est l’essentiel.

 

HARITE GABARI, SOLIDE COMME UN DJEBEL

HARITE GABARI, SOLIDE COMME UN DJEBEL

 

En effet, Metge avait raison, une fois le col descendu, on arrive dans du sable rapide et les garçons s’en donnent à cœur joie.

Theuretzbacher ouvre à plus de 120 km/h.

Derrière, Dubois aimerait clairement se refaire de deux jours qui l’ont relégué à une place qui n’est pas la sienne.

Il envoie fort le garçon, 150 dans le sable, c’est limite raisonnable mais de toute façon on n’est pas là pour être raisonnable…

Il a avalé Van Dyck et voit la fumée de Pisano, quatre km devant lui.

Il faut à ce point de la spéciale contourner une pointe rocheuse pour rester un max sur le sable, où l’on roule vite…

Une trajectoire dans le désert, c’est à quelques km près !

Et Dubois négocie mal cette (immense !) courbe là et du coup Van Dyck revient sur lui.

En tête, Theuretzbacher navigue superbement, pourtant, ce n’est pas facile d’ouvrir sans traces devant.

Ce garçon devient une révélation !

THEURETZBACHER N'IRA PAS AU BOUT

THEURETZBACHER N’IRA PAS AU BOUT

 

Pisano, leader au général, et qui a déjà une ou deux très grosses fautes de navigation au compteur depuis le premier jour, roule avec lui…

Il a été repêché entre autres par un certain Jean Louis Schlesser mais ce vendredi, le buggy bleu est encore loin derrière les premières motos…

Et justement, l’Autrichien et Pisano font une grosse bourde, partant à pétaouchnok au nord du tracé, Dominique Robin ne se trompe pas, bien joué…

Norbert Dubois peut en profiter aussi…

Les deux de tête font un angle droit pour revenir en piste mais ils ont du pot, Robin a eu un doute et a jardiné un chouia.

Ils sont donc réunis à nouveau, Robin et Dubois juste devant Theuretzbacher, Pisano et Van Dyck.

Ecarts serrés au classement général, écarts serrés en course mais Norbert Dubois est enfin dans le coup et dans le groupe de tête.

Jobard est sept, pas très loin de ce groupe de cinq qui enquille en tête, sa moto Hybride marche bien.

C’est une Zong Shen venue directement de l’usine chinoise, dont on rappelle qu’elle a été Championne du Monde d’endurance, et l’assistance sur place est fournie par Challenge 75, petite équipe mais pour l’instant grande histoire.

Devant, on attaque une vraie vacherie, une boucle quasiment nord puis à angle très fermé sud pour contourner un djebel, une pointe montagneuse, navigation costaud…

En haut c’est le ravito.

Theuretzbacher emmène tout le monde sur le droit chemin.

Et les motards de tête se regroupent au ravito essence en haut de la pointe du tracé.

Robin repart le premier, ça roule l’enfer, plus de 140 km/h, dans un décor que Metge qualifie, et on le croit sur parole, de grandiose.

 

DOMINIQUE ROBIN

DOMINIQUE ROBIN

 

Les quatre, Robin, Theuretzbacher, Pisano, Dubois se regroupent et roulent façon Moto3 en GP de vitesse, quasiment en paquet !

Bon, on est à plus de 120 km/h, normal qu’on ait envie de baston sur une piste magnifique come celle-là mais il ya quand même des pièges un peu partout…

Mais il y a encore une sorte d’épingle à rendre à droite, en plein milieu de no where, une fois de plus Theuretzbacher (mais où est il allé chercher un nom comme ça ? C’est marrant, à l’époque de Kinigadner, on disait déjà ça, présage d’une jolie carrière ?)  l’Autrichien donc fait la meilleure nav, alors que Dubois et Pisano se barrent à dache.

On est à 60 km de l’arrivée, et ces jeunes gens roulent comme des fous, avec une santé et une envie qui donnent envie d’avoir envie (Merci Johnny…)

Celui qui négocie le mieux le changement de cap est Dominique Robin, qui est au coude à coude avec Theuretzbacher… Mais l’Autrichien s’arrête, chute ou panne.

En tête, Dubois, Pisano, Robin se tirent la bourre, à plus de 120 km/h… ça sent l’écurie !

L’arrivée est en effet à quarante km…

Theuretzbacher est reparti, mais pour la victoire en spéciale, c’est fini, d’autant plus qu’il rentre au ralenti et qu’il s’arrête à nouveau.

13h01, le trio de tête passe la banderole d’arrivée, c’est sûr que là où ils sont passés, ça ne sent pas le moisi ! (Expression certes vieillotte dans le milieu tarmo mais que j’adore).

Dans l’ordre, Dubois, Pisano, Robin, les trois sur trente secondes ! Au chrono de la spéciale, le classement est le même, les écarts sont plus importants, normal, tous ces pilotes sont partis à des horaires différents.

En tous cas, Dubois gagne cette spéciale, lui qui a plutôt raté ses deux derniers jours a fait un joli coup.

Au général, la Honda de Pisano est toujours en tête, devant Robin (KTM, à 10 mn), troisième Van Dyck (KTM, à 25 mn), Dubois est quatre (KTM, à 30 mn), le Belge Gwen Backx est cinq (KTM, à 1h11’).  Gabari sauve l’honneur, sixième à deux heures du leader, Jobard et son hybride chinoise sont huit.

 

AUTOS : UN BUGGY BLEU CACHE L’AUTRE… DES CAMIONS QUI COURENT EN PAQUET !

TURON BARRERE,L'AUTRE BUGGY BLEU

TURON BARRERE,L’AUTRE BUGGY BLEU

 

08h51, Jean Antoine Sabatier, vainqueur de l’étape la veille et second au général derrière Schlesser, est lâché dans la spéciale.

Schlesser qui est parti derrière lui, et… ne reste pas derrière longtemps.

Les experts, ça aime pas la poussière…

Shagirov, sur son magnifique Hummer, vient se joindre à la fête…

 

SHAGIROV ET SON HUMMER

SHAGIROV ET SON HUMMER

 

Quand on va arriver dans le sable en bas du col, ça va envoyer sévère !

Un autre qui a les boules, c’est le Hongrois Szalay, qui roulait de façon sublime la veille, avant de crever trois fois… avec deux roues de secours.

Il envoie comme un malade, il a très envie de devenir (ouaf !) le sale ami hongrois !

 

SZALAY, CINQ CREVAISONS EN DEUX JOURS!

 

Et encore derrière, les deux camions de tête, Jacinto et Tomecek, rouent à vue…

Jacinto a couru hier en deux roues motrices, avec un amorto flingué, et Tomecek a crevé à cinq bornes de l’arrivée, la jeune Portugaise a réussi à ne pas s’ensabler (ouaf !) et elle a superbement gagné le duel la veille.

Mais Tomecek a une envie de revanche colossale, la journée risque d’être mouvementée dans les cockpits haut perchés…

Idem en tête de la catégorie auto, Sabatier ne lâche pas Schlesser d’une semelle.

L’Africa Race a à ce moment une allure de rallye, Metge avait prévu de grands moments de pilotage, on y est…

Les gros tas de sable Mauritaniens attendent un peu plus bas sur la carte, là, on reviendra au cœur du rallye raid…

Les duels, c’est bien aussi de temps en temps.

D’ailleurs, Loomans et Szalay s’en font un aussi, on est joueur et guerrier aujourd’hui…

Et les camions de Tomecek et Jacinto déboulent dans le sable, nez à cul, à 130 km/h…

Au contournement du piton rocheux, Tomecek a trouvé son « Détroit de Magellan » local et a pu passer Jacinto qui a fait le tour. (Magellan a réussi, au lieu de faire le tour du Cap Horn, à trouver un passage à travers les canaux de Patagonie, c’était au début des découvertes de la Renaissance…)

 

TOMECEK, TOUJOURS LEADER AU GENERAL

TOMECEK, TOUJOURS LEADER AU GENERAL

 

Et Jacinto perd du terrain, Kovacs remonte sur le Man bleu ciel et le passe, on sait qu’Elisabete se débat avec des suspensions défaillantes depuis le début, et que sa transmission 4X4 lui donne des soucis, il y aura une journée de repos à Dakhla avant d’attaquer la Mauritanie et pour ses mécanos, ce ne sera pas de la tare mais en attendant, elle ne peut pas se battre comme elle le voudrait, c’est frustrant.

Devant, Schlesser, c’est ce qu’il m’a dit hier avec cette phrase géniale  « On est tous des motards », fait super gaffe quand il doit doubler les motos, cela dit, il est carrément en tête des autos quand même.

 

SCHLESSER:UNE CREVAISON ET DE LA PRUDENCE

SCHLESSER:UNE CREVAISON ET DE LA PRUDENCE

 

Derrière lui,  Sabatier, s’il voit quelque chose dans ses rétros, la poussière oblige les autos qui rattrapent celles de devant à utiliser les alarmes électroniques, sait que Szalay est dans ses roues.

Il en veut le Hongrois, encore en rage depuis ses pépins de la veille, il passe Sabatier sans coup férir.

Objectif Schlesser !

Et il peut l’avoir, il est parti douze minutes derrière le buggy bleu et voit sa fumée devant.

Bon, ça c’est pour l’étape, le général c’est autre chose, Jean Louis Schlesser nous a dit hier soir qu’en début de rallye, il roule avec de la marge…

Message subliminal,  pas question de tout casser pour une question d’honneur en gagnant une spéciale de quelques secondes avec une voiture ruinée…

D’ailleurs Szalay passe Schlesser, pour revenir sur le paragraphe ci-dessus, Schlesser a deux heures d’avance au général, alors l’orgueil est à mettre au rencart…

Pas facile à faire quand même…

Cela dit, Loomans passe aussi Schlesser, qui lève carrément le pied…

 

LOOMANS,SECOND AU GENERAL

LOOMANS,SECOND AU GENERAL

En fait Schlesser a crevé et lève le pied, aucune envie de se retrouver comme Szalay la veille, sans roue de secours…

En camions, Kovacs et Jacinto ont passé Tomecek, décidément c’est Monte Carlo sur sable…

Devant, Szalay s’arrête, peu mais probablement assez pour perdre la spéciale, le destin n’aura pas voulu le voir gagner l’étape…

Deux crevaisons, avec les trois d’hier, c’est un coup à se croire maudit!

Michel Turon Barrere et Jean Antoine Sabatier se battent donc pour passer la ligne d’arrivée prem’s, Michel s’en va très vite seul devant.

Chez les camions, joli tir groupé pour louper un coude en angle droit, en plein désert certes mais avec des traces devant…

 

JACINTO,EN TETE UN MOMENT MAIS MAUVAISE JOURNEEE

JACINTO,EN TETE UN MOMENT MAIS MAUVAISE JOURNEE

A leur décharge, il y avait aussi des traces « débordantes »…

Devant, Turon Barrère envoie tout ce qu’il peut, la fin de spéciale est très roulante, c’est le moment où tous les vainqueurs, à un doigt de l’arrivée, alors qu’ils sont en tête, serrent les dents en espérant que rien ne va lâcher…

13h30, il passe la banderole d’arrivée première auto.

Quatre heures et demi pour quatre cent bornes de TT, là non plus ça ne sent pas le moisi…

Michel Turon Barrere et Guillaume Martineau ont vraiment fait très fort !

Dans l’ordre à l’arrivée, Turon Barrere, Szalay, Schlesser, Loomans Sabatier.

Turon gagne aussi la spéciale, devant Szalay, Sazonov, Loomans, Schlesser, Porcheron et Sabatier.

 

SCHLESSER-MAGNALDI,TOUJOURS EN TETE AU GENERAL

SCHLESSER-MAGNALDI,TOUJOURS EN TETE AU GENERAL

 

Au général, Schlesser et Magnaldi sont leaders, devant Loomans (Toyota, à 27 mn), Sabatier est trois (Bugg Afrique, à 34 minutes), Turon Barrere quatre (Buggy, à 43 mn), Shagirov (H3) est cinq (à1H 07’), Szalay six (Opel Mokka, à 1H 54’).

Jean Louis à son arrivée: « D’abord donne moi des nouvelles de Schumacher… »

Je lui dis où on en est…

Il est très choqué de ce qui est arrivé au pilote allemand, inquiet bien sûr, comme nous tous.

Sur la journée …  » Très belle spéciale, très beaux paysages, en revanche, quelques grosses difficultés de navigation et surtout des endroits incroyablement caillouteux. J’ai crevé une fois, j’avais une deuxième roue de secours, c’est obligatoire, mais me retrouver sans roues comme Szalay hier, qui a crevé trois fois, et perdre des heures pour ça, non, pas envie, alors j’ai fait gaffe. Et du coup, c’est sympa de voir que plein de pilotes se battent et gagnent, ils en veulent les mecs! Et puis, c’est quand même un buggy bleu qui gagne non? « 

Derrière, la lutte des camions continue, Tomecek a repassé Jacinto, mais Kovacs (Scania) est toujours devant le Tatra.

 

KOVACS LE "KILLER"

KOVACS LE « KILLER »

 

Monte Carlo sur sable c’est déjà étonnant, mais en camion !

Kovacs passe le premier la ligne d’arrivée, 25 secondes devant Tomecek !

Dans la spéciale, il précède Tomecek de deux minutes, Essers de trois minutes, Jacinto a raté son étape, quatrième camion à 13 minutes de Kovacs.

Elisabete explique pourquoi à l’arrivée: « La spéciale d’aujourd’hui était excellente. Le tracé était entièrement nouveau et la plupart des paysages traversés étaient sublimes. Nous sommes partis les premiers et nous avons tout le temps été en bagarre avec nos adversaires. La journée se passait bien, nous n’avons eu aucun problème important, mais près de l’arrivée nous avons crevé et cela nous a fait perdre 18 minutes, et nous sommes arrivés derrière nos adversaires.  « 

Au général camions, Tomecek (neuvième au classement général autos et camions !) est en tête devant Jacinto (onze au général) à 16 minutes, Kovacs (douze) est derrière à quarante minutes de Tomecek.

Demain, une petite spéciale de 204 km et une très longue liaison pour aller jusqu’à Dakhla, en bord de mer, où le rallye s’offrira une journée de repos.

On sera … là!

C’est marqué, Dakhla…

 

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

PHOTOS ALAIN ROSSIGNOL/DESERT RUN ET JORGE CUNHA

 

 

 

 

 

 

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