Ce dimanche à Sao Paulo sur le tracé d’Interlagos, deux événements marquant seront fêtés.
D’une part la dernière apparition en Grand Prix des moteurs V8 et donc du très performant moteur V8 Renault
Et d’autre part, l’ultime départ en Formule 1 du pilote de la Red Bull-Renault, l’Australien Mark Webber qui effectuera sa sortie au terme de cette manche Brésilienne qui clôture le Championnat du monde 2013
Interrogé, Rémi Taffin, Directeur des prestations piste Renault Sport F1, confie
« Ce GP du Brésil sera un moment poignant. Les moteurs atmosphériques à haut régime sont tout ce que j’ai connu en F1. Je suis sûr que nous serons plusieurs dans le paddock à dire la même chose. L’ère des V8 consistait à rendre une voiture plus rapide en utilisant tout… sauf la puissance pure. Ainsi, nous avons beaucoup appris dans différents domaines, comme l’intégration dans la monoplace, les économies d’essence et l’exploitation d’éléments extérieurs comme les échappements. »
Il enchaine :
« Nous réfléchissons toujours à ce que nous aurions pu faire de mieux, mais il faut reconnaître que nous avons accompli énormément de choses dont nous pouvons être fiers. Je pense que Renault et ses équipes partenaires ont montré la façon dont il fallait concevoir et utiliser un moteur de la manière la plus efficace, pour obtenir la voiture la plus rapide ! Nous aurions pu sans doute finir plus de courses sans rencontrer de soucis, mais la victoire est parfois acquise grâce à des erreurs commises précédemment. On apprend toujours en repoussant les limites. »
Et l’ingénieur précise :
« La saison 2006 restera l’un de mes souvenirs préférés. Après un problème moteur à Monza, nous étions au pied du mur. Schumacher avait pris la tête du championnat et il était presque impossible de revenir puisque la Ferrari était plus rapide à ce stade de la saison. Mais nous avons fait preuve d’abnégation et nous avons gagné la course suivante, au Japon. Cette fois, c’était au moteur Ferrari de casser et nous avons repris les commandes avant la dernière manche au Brésil. C’était un exemple parfait de lutte jusqu’au bout. Les V8 n’en étaient qu’à leurs débuts, mais nous les utilisions déjà à la limite. La casse de Monza nous avait montré à quel point nous en étions proches. »
Et, il conclut :
« Même si j’ai énormément apprécié cette époque, l’année prochaine sera un défi encore plus important. J’ai grandi en regardant les moteurs turbo, c’est ce que je rêvais de faire quand j’étais petit. Ce sera donc un peu comme un retour vers le futur ! »
Effectivement Renault a été le tout 1er constructeur à se lancer avec la technologie du turbo en 1977 avec une monoplace restée célèbre et que nos amis anglais avaient nommé la ‘ Yellow tea-pot ‘ car la voiture française cassait beaucoup ses moteurs et Jean Pierre Jabouille, l’infortuné pilote en charge du développement rentrait très souvent au stand Renault sans voir le drapeau à damiers !
Pourtant le dimanche 1er juillet 1979, le grand Jabouille réussissait enfin l’exploit d’offrir à ce moteur Renault turbo, sa toute première victoire en F1 et ce ‘ cerise sur le gâteau ‘ à l’occasion du Grand Prix de France disputé sur le circuit de Dijon-Prenois !
Depuis, Renault a enquillé victoires et titres mondiaux à la pelle, devenant même le motoriste le plus titré cette année…
En 2014, retour aux sources puisque le pouvoir sportif, en l’occurrence, la FIA (Fédération Internationale Automobile) a décidé de revenir aux moteurs turbo en F1, ayant décidé de changer le règlement prohibant les V8 pour des V6 turbo !
Tous les constructeurs, outre Renault et impliqués en F1, Ferrari et Mercedes bossent et planchent depuis plus d’un an.
Et ce afin d’être fin prêts pour les premiers essais prévus à Jerez de la Frontera, fin janvier.
Gilles GAIGNAULT
Photos : Bernard ASSET- Bernard BAKALIAN – RED BULL et DPPI