On se souviendra de la 65ème édition des 24 Heures de Spa comme d’une superbe course mais aussi comme d’une guerre d’usure entre les plus grands constructeurs au monde de voitures de sport GT.
A Spa-Francorchamps, devant un public de plus de 60.000 spectateurs, la quatrième manche des Blancpain Endurance Series 2013 a offert cet après-midi une brillante conclusion avec la victoire au scratch de l’équipage Maximillian Buhk, Bernd Schneider et Maximilian Götz sur leur Mercedes AMG SLS GT3 HTP Motorsport. Duncan Cameron, Matt Griffin, Alex Mortimer et Toni Vilander s’imposent quant à eux en catégorie Pro-Am au volant de la Ferrari N°59 de la Scuderia AF Corse et ce au terme d’une magnifique bagarre avec la Ferrari N°71 de l’équipe Russe SMP.
La Ferrari 458 Italia N°20 du Team SOFREV-ASP de Jérome Policand et pilotée par le quatuor formé des trois Français Jean-Luc Blanchemain, Jean-Luc Beaubelique, Patrice Goueslard, épaulé par le Belge Fred Bouvy a dominé la catégorie Gentlemen Trophy en remportant non seulement la course mais dans la foulée, le titre 2013. La célèbre Coupe du Roi du RACB, trophée du meilleur constructeur, revient à Ferrari.
Peu de temps après le passage du cap de la mi-course, et alors que le trio de Marc VDS, avait abandonné, la course s’est alors transformée en lutte directe entre la Porsche N°150 du Manthey Racing de Marc Lieb, Richard Lietz et Patrick Pilet et la Mercedes SLS de l’équipe allemande HTP Motorsport.
Les deux écuries étaient effectivement séparées par un écart d’un peu plus de deux minutes, mais avec des stratégies de ravitaillement différentes, ce qui leur permettait de se retrouver parfois à quelques centimètres l’une de l’autre !
Cet écart a augmenté avec un changement de freins plus rapide sur la Mercedes, qui a remplacé disques et plaquettes durant la onzième heure, tandis que l’équipe Manthey a procédé à la même opération à la treizième heure.
La plupart du temps durant la course, les deux voitures allemandes étaient les seules à rester dans le tour de tête. Mais après une erreur du pilote Manthey, Patrick Pilet, qui opérait un dépassement alors qu’il se trouvait derrière la voiture de sécurité, l’équipe Porsche écopait évidemment d’une pénalité extrêmement coûteuse, un drive through.
Compte-tenu de la rapidité et de la fiabilité de la Mercedes N°84, qui avait deux tours d’avance, ce contretemps, nouvel handicap, était quasi impossible à remonter.
Pour Schneider, cette victoire était importante. La première victoire aux 24 Heures de Spa pour le Champion FIA GT 1997 depuis 24 ans. À l’époque, l’Allemand était au volant d’une Ford Sierra RS500.
La victoire d’aujourd’hui est sa troisième sur une course de 24 heures cette saison, après s’être imposé sur les 24 Heures de Dubaï et les récentes 24 Heures du Nürburgring.
En tout, six voitures différentes ont mené ces 24 Heures de Spa 2013 et entre ces six voitures, il y a eu 44 changements de leader !!!
Plus de 30 voitures ont abandonné sur les 65 qui ont pris le départ, des statistiques vraiment impressionnantes.
Le défi à relever pour Audi, s’est trop vite résumé à une voiture de l’équipe Belgian Audi Club Team WRT.
L’Audi R8 LMS ultra N°2 d’Andre Lotterer, Frank Stippler et Christopher Mies, a maintenu un rythme soutenu face aux leaders du championnat, Davide Rigon, Daniel Zampieri et Cesar Ramos à bord de la Ferrari 458 Italia du Kessel Racing et face à la BMW Z4 GT3 de l’équipe Vita4One, pilotée par Stefano Colombo, Greg Franchi et Frank Kechele.
A 90 minutes de l’arrivée, tout a basculé pour l’équipe Vita4One Racing lorsque la BMW N°26 a eu des soubresauts à l’entrée des stands… Alors que chez Kessel, on avait aussi dû abandonner sa troisième place, les deux voitures ont quand même été classées en raison de la distance parcourue, terminant respectivement dixième et neuvième.
Dans la catégorie Pro-Am, il se produisait une histoire similaire, un affrontement direct entre les équipes Ferrari, celle de la Scuderia AF Corse et celle de SMP Racing. La Ferrari N°59, pilotée par Matt Griffin et la N°71 de l’ancien pilote de F1 et de Ferrari, le Finlandais Mika Salo, ont alors engagé un fascinant combat que personne n’oubliera de sitôt !!!
Au terme des derniers ravitaillements, Salo a laissé le volant de la Ferrari N°71 SMP, à Maurizio Mediani et Toni Vilander a, lui, pris le relais de Griffin dans la N° 59. Vilander, le légendaire pilote finnois comme son compatriote Salo, fut le plus rapide des deux, permettant ainsi à AF Corse de prendre le contrôle de la course à moins de 90 minutes de l’arrivée.
La victoire fut assurée lorsque Mediani a, hélas pour lui, écopé d’un stop and go pour dépassement du temps maximum de conduite pour un pilote !
Première Nissan à terminer, la N°35 de l’équipe Nissan GT Academy RJN pilotée par Lucas Ordonez, Jann Mardenborough, Peter Pyzera et le pilote local Wolfgang Reip, décrochait une sympathique troisième place. Précisons que l’équipage de la GT-R était une première, composé entièrement de joueurs de la GT Academy.
Au lever du soleil, le jeune équipage fut une révélation, en tête de la catégorie au sortir de la difficile et longue nuit Ardennaise, avant de se faire reprendre par l’armada Ferrari. Ce résultat compense un peu la déception d’avoir perdu la Nissan N°32, beaucoup trop tôt, beaucoup trop vite, après quatre tours seulement..
En tête de la catégorie ‘Gentlemen Trophy’ depuis la cinquième heure, la Ferrari N°20 SOFREV ASP marquait le maximum de points au terme des sixième et douzième heures.
Au final, l’équipage Français, devient Champion 2013 de la catégorie à une manche de la fin de la Blancpain Endurance Series. Bravo à Patrice Goueslard et aux deux Jean-Luc, Blanchemain et Beaudelique.
Après avoir réalisé une performance quasi-irréprochable sur l’épreuve, la Ferrari N°52 de chez Sport Garage et la Ferrari N°111 du Kessel Racing confirment que Ferrari a fait du ‘Gentlemen Trophy’ une affaire…d’Italiennes !
Une quatrième 458, celle de Beniamino Caccia, Jérôme Demay, Gilles Duqueine et Philippe Marie a terminé aux avant-postes devant les Porsche N°58 de Delahaye Racing et N°48 du Prospeed Competition.
A une manche de la fin de la série, deuxpoints seulement séparent Ramos-Rigon-Zampieri (50 pts) de Stippler-Mie-Buhk.
Marc VDS, pointant devant de justesse sur ses rivaux du Belgian Audi Club Team WRT. Les pilotes du Team RJN dominent le classement aux points, Lucas Ordonez (61 pts) distance Peter Pyzera de quatre points. L’équipe Nissan aura besoin d’un solide résultat sur la manche finale pour tenir à distance AF Corse.
La série mettra le cap sur le Nürburgring les 21 et 22 septembre pour cet ultime rendez-vous et la finale dela saison, la Blancpain 1000.
A l’arrivée, redescendu du podium, Bernd Schneider, l’un des pilotes victorieux avec la Mercedes AMG SLSGT3 N°84 du HTPMotorsport, confiait :
« J’ai gagné ici en 1989 et ce fut une grande course pour moi et ma seule victoire en deux ans. Je ne savais pas que j’aurais à faire 24 heures de qualifications, nous avons attaqué toute la nuit et durant les deux dernières heures, j’aurais pu être moins vif, mais il ne fallait pas lever le pied. La Porsche avait une meilleure consommation de carburant et leurs arrêts étaient plus courts, donc nous avons dû nous surpasser pour les battre. Sans le drive-through pour eux, nous aurions dû batailler jusqu’à la ligne d’arrivée, et j’aurais aimé cela ! »
A ses côtés, Marc Lieb, l’un des pilotes de la Porsche 997 GT3 R, la N°150 du Manthey Racing, classée seconde, expliquait, lui :
« Nous avons tout donné, nous nous battions comme des fous sur la piste, les gars dans les stands ont fait un travail incroyable, nous avons fait les arrêts aux stands les plus rapides et tout allait dans la bonne direction, mais nous manquions un peu de vitesse en piste et cela nous a compliqué la tâche. Sur la fin, nous avons connu quelques petits problèmes moteur, nous roulions sur cinq cylindres, et de fait, nous ne pouvions plus nous battre. Nous pouvons être fiers de cette deuxième place, tout le monde a fait un travail fantastique. »
Quant à André Loterrer, pilote de l’Audi R8 LMS ultra N°2 du Belgian Audi Club Team WRT, le Champion du monde d’endurance WEC 2012, double vainqueur des 24 Heures… du Mans en 2011 et 2012, lui, il lâchait :
« Je me suis montré très optimiste à propos du week-end. Tout ce que nous avons réalisé aujourd’hui est dû au mérite, mais nous n’étions pas performants. Ce fut une course difficile pour notre voiture, le système de distribution des boissons ne fonctionnait pas et nous n’avions aucune ventilation. J’ai roulé avec une main à la fenêtre tout le temps pour respirer un peu. Nous avons fait une course solide, l’équipe a fait de bons arrêts aux stands, et nous avons beaucoup attaqué. Nous attaquions comme des fous, c’était la seule façon de maintenir un peu de vitesse, j’ai d’ailleurs attaqué un peu trop fort et fait un tête-à-queue, nous avons perdu quinze secondes. Je peux vous direque c’était beaucoup plus dur qu’au Mans. »
Peter SOWL
Photos : Manfred GIET – PUBLYRACING