Même si le très nombreux public aura regretté l’absence de quelques grands noms au passé glorieux de la scène des GP Moto d’antan,il aura néanmoins pu se réconcilier avec un soleil généreux illuminant d’un coup les quelques 650 machines rutilantes présentes en Ardenne belge pour cette 11ème édition de BIKERS CLASSICS, dont quelques exemplaires de grande valeur et ayant traversé les décennies.
Et même si, comme déjà évoqué,les vrais mordus de motos classiques auraient aimé revoir à l’oeuvre aussi des Taveri, Uncini, Read, Redman, Mamola, Spencer et autre Cecotto il devient de plus en plus difficile pour un organisateur de faire sortir des grands champions de leur tannière, ne fut-ce que compte tenu de l’âge avancé de certains.
Néanmoins faut-il rendre hommage à l’équipe DG SPORT de Christian JUPSIN d’avoir pu réunir 3 authentiques Champions et vainqueurs en 500cc sur le mythique circuit de Spa et ce chaque fois avec 10 années d’écart.
Manifestement des pilotes tels Teppi LANSIVUORI, Didier de RADIGUES, Hervé REGOUT, Stéphane MERTENS, Richard HUBIN, Peter RUBATTO, Piergorgio BONTEMPI, Terry RYMER, Geoff McMULLAN, Philippe COULON, Hubert RIGAL, Bo GRANATH, Marcel ANKONE, Jean-Paul BOINET ou Rob PHILLIS, ont pu régaler les spectateurs à bord de leur motos de légende lors des différentes parades programmées tout au long du week-end.
RETROUVAILLES EMOUVANTES
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Pour 4 pilotes mythiques à leur époque respective, ces SPA BIKERS’CLASSICS revêtaient un caractère particulier dont pour certains de véritables retrouvailles toutes empreintes d’émotions.
Si Giacomo AGOSTINI,le maître incontesté du deux roues avec 5 victoires à Spa pour le compte de MV AGUSTA, s’y était déplacé pour l’occasion sur une réplique fidèle à l’authentique reconstruite spécialement pour lui par MV AGUSTA, deux autres célèbres protagnistes du GP de Belgique 1988 en 500cc, se retrouvaient pour l’occasion:L
L’australien Wayne GARDNER et le Français Christian SARRON.
Autre vainqueur en 500cc présent, mais 10 ans plus tôt: le hollandais volant Wil HARTOG.
Ce n’est que sur place qu’il apprit la présence du fils de son grand ami et rival d’époque, Barry SHEENE, Freddie SHEENE sur une SUZUKI comme son célèbre paternel décédé il y a 10 ans déjà d’un cancer du poumon.
A la vue de Freddie dont la ressemblance avec son père vest frappante, Wil HARTOG ne put s’empêcher de laisser couler une larme en narrant tous les bons moments mais aussi les duels acharnés qu’ils se sont livrés tout au long de leur carrière.
Freddie SHEENE, qui à 24 ans, n’envisage nullement d’entamer une carrière en compétition moto comme son illustre pére, vit avec sa maman Stéphanie en Australie, où notre ami, le regretté et inoubliable Barry, s’était installé en 1984 et se produit occasionnellement à des manifestations de motos classiques à l’invitation d’organisateurs.
http://www.autonewsinfo.com/2013/03/10/moto-barry-sheene-10-ans-deja-71818.html
Autre moment historique: les retrouvailles 25 ans après leur duel épique pour la victoire en 500cc lors du GP de Belgique 1988 entre Wayne GARDNER et Christian SARRON.
Et Wayne GARDNER d’évoquer ce duel sans merci avec son langage truculent:
« Je suis vraiment heureux de me retrouver ici à Spa-Francorchamps après un aussi long moment sur ce circuit que nous craignions tous à l’époque pour sa rapidité et sa dangerosité. Ce circuit on l’adorait et on le détestait à la fois,car il fallait en avoir dans le pantalon (sic) pour l’aborder ! Je ne connaissais d’ailleurs pas du tout le nouveau tracé réduit de moitié avant ce week-end. A l’époque le papa de Freddie – Barry Sheene – a détenu le record du tour un moment à 217 km/h de moyenne avant que Johnny CECOTTO ne l’établisse à 222 km/h.
Puis vint le moment de décrire sa victoire face à Christian SARRON lors de ce GP 500cc en 1988 sous la pluie et qui resta le fait marquant de ce GP de Belgique 1988:
» En cette année 1988, j’ai été tout le temps en lutte pour le titre avec Eddy LAWSON mais cette année là, ici à Spa, c’est Christian SARRON qui avait fait la pole et qui partait favori.Depuis le début du GP, Christian et moi on se passait et repassait sans arrêt et toujours dans le meilleur esprit sportif car nous nous connaissions bien et même si dans le paddock ou en dehors on était de bons copains, sur la piste c’était chacun pour soi mais je le précise toujours avec correction et honnêteté. Christian faisait d’ailleurs partie du lot des plus rapides à l’époque ce qu’il n’hésita d’ailleurs pas à démontrer tout au long de ce GP sur une piste inondée. »
Laissons la parole à Christian SARRON pour expliquer la suite:
« Ce que Wayne vient de décrire est tout à fait exact. On était copain et surtout on s’appréciait et tous nos duels se déroulaient dans la plus pure tradition de fair-play.Durant ce GP,nos positions changeaient continuellement et si sa Honda était plus puissante dans toute la partie en montée du Raidillon jusqu’aux Combes,ma Yamaha était mieux que sa Honda dans tous les autres secteurs.Dès lors,j’ai décidé d’attendre l’avant dernier tour pour porter l’estocade contre Wayne et essayer de prendre un peu d’avance surtout que le troisième classé,Eddy LAWSON était à plus de 20 secondes.Mais voilà,alors que nous étions dans les derniers moments de la course,j’ai,je ne sais pour quelle raison,trop élargi ma trajectoire dans le double gauche où je suis parti en glissade en mordant une ligne blanche ce dont profita finalement Wayne pour gagner.Mais au jour d’aujourd’hui je ne sais toujours pas ce qui m’a pris et de la sorte lâcher la victoire qui semblait à ma portée. »
Et c’est alors que Wayne GARDNER avec son humour typiquement australien intervient en guise de conclusion
« Mais mon cher Christian, moi je sais ce qui s’est passé «
Et à l’aide d’un geste sans équivoque lui réplique
» C’est parce que tu as simplement manqué de c… au c…. ! »
LA DÉMONSTRATION DES SIDE-CARS:UN RETOUR DANS LE TEMPS
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Autre temps fort de ce week-end BIKERS’CLASSICS:
La démonstration offerte par cette discipline à trois roues conjuguant à la fois spectacle, acrobatie et union entre pilotes et ceux que l’on appelaient ‘passagers’ … ou ‘ Singes ‘ !
Grâce aux 30 équipages inscrits, le nombreux public, a pu assister à une véritable rétrospective, remontant à six décennies, de cette catégorie .
Entre la DEUBEL-BMW RS de 1954 et la STEINHAUSEN BMW S1000 RR de 2012, il y a exactement 58 années d’écart !
Et avec d’authentiques multiples Champions du Monde comme SCHWÄRZEL, STEINHAUSEN, HUBER ou ABBOTT, le spectacle n’en était que plus total alors que certains sont septantenaires et pour certains comme STEINHAUSEN, STREUER, BOHNHORST, les fils ont entre-temps pris le relais!
A la grande époque des années 70-80 de ces drôles de machines au son typique et dont la conduite s’approchait plus du Karting que de la moto, le rôle du passager, appelé aussi communément « le singe », était certainement aussi important que celui du pilote.
Tous deux étaient tributaires l’un de l’autre mais en cas d’erreur du pilote,le passager n’avait aucun moyen de récupérer la situation.
Et c’est la dangerosité de cette discipline qui était probablement à l’origine des rivalités qui subsistaient à l’époque entre les équipages de pointes.
Ainsi Rolf STEINHAUSEN et Werner SCHWÄRZEL, les deux fers de lance Allemand de fin des années 70′ et début 80′, ne se sont pas parlé durant 15 ans!
Il n’y avait que les victoires qui les obsédaient.
Entre-temps, ils ont rangé leurs animosités et c’est avec plaisir qu’ils se sont revus dans le cadre des SPA BIKERS’CLASSICS que nous avons mis à profit pour parler de cette époque avec Andreas HUBER, le passager de SCHWÄRZEL. avec lequel il a été Champion du Monde en 1982.
» C’était une période dingue en raison de la concurrence qui existait à l’époque en side-cars,la discipline qui clôturait les week-ends de GP et dont le public raffolait. En ce temps là, sur le grand SPA,mon pilote ouvrait la manette de droite à fond dès le départ et toute la course se passait ainsi à 200 Km/h de moyenne.C’était ultra rapide et dangereux.Mais la jeunesse d’alors aidant,on ne réalisait pas toujours tous les dangers qui nous guettaient.L’ancien tracé de Spa-Francorchamps ne présentait en effet que très peu de zone de dégagement et sa sécurité en général était très précaire.En tant que passager dans le panier,il fallait avoir entière confiance en son pilote sinon c’était invivable à des vitesses pareilles au ras du bitume.Avec le recul,je dis maintenant qu’il fallait un grain de folie à cette époque pour jouer les premiers rôles. »
Résume aujourd’hui, celui qui 30 ans plus tard, éprouve encore beaucoup de respect pour ce circuit où une victoire avait un goût particulier .
A signaler encore que le samedi en début de soirée, tous les concurrents du meeting BIKERS’CLASSICS avaient l’opportunité de faire , ou refaire pour les plus anciens, un tour de l’ancien tracé de 14 Km, ce dont profitèrent quelques 650 pilotes pour faire un vrai retour dans le temps.
Le dimanche après-midi l’anglais Scott REDDING, le pilote du Team Belge Marc VDS et leader du Moto2 a fait une brève apparition au Gguidon d’une ancienne Suzuki de Kevin Schwantz, à la surprise générale !
Selon certains bruits de coulisses, il se murmure et avec insistance que le Marc VDS abandonnerait la compétition automobile et les épreuves GT en 2014, pour se consacrer au MOTO GP avec le pilote Britannique.
Manfred GIET
Photos : Publiracing Agency