ECONOMIE. L’INDUSTRIE AUTOMOBILE FRANCAISE EN DANGER !!

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PSA et Renault reconnaissent une forte réduction de vitesse de croisière. Michelin augmente les suppressions d’emploi.

 

 

GROUPE PSA

 

En sept ans, le nombre de véhicules globalement produits par les deux constructeurs français a chuté de moitié. Toujours globalement, les effectifs de toutes les entreprises françaises d’équipements pour véhicules dégringolent de 114.000 à moins de 80.000 personnes entre 2007 et 2012.

 

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Usine Renault de Revoz (Slovénie)

L’industrie nationale précipite sa désindustrialisation sur l’Hexagone…

La Française de Mécanique (FM), filiale de Renault et PSA qui compte quelque 3.400 salariés à Douvrin (Pas-de-Calais), pourrait supprimer un tiers de ses effectifs d’ici 2016, clame la CGT.

Le groupe PSA prévoit lui, de supprimer 11.200 emplois entre 2012 et 2014 en France, de fermer l’usine d’Aulnay-sous-Bois. D’ores et déjà, Michelin applique 730 suppressions d’emplois sur le site de Joué-lès-Tours.

Quant-à Renault, 7.500 suppressions nettes d’emploi sont déjà programmées dans l’Hexagone d’ici à fin 2016. Le désastre touche aussi tous les équipementiers automobiles. Globalement, selon la FIEV (Fédération des Industries des Équipements pour Véhicules), les effectifs chutent de 7,3%, l’an dernier à 79.000 personnes, contre 114.000 en 2007.

 

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Usine Renault-Nissan de Chennai (Inde)

 

Fortes baisses des ventes, diminutions des marges…

PSA Peugeot-Citroën et Renault incriminent l’effondrement du marché automobile européen. Le chiffre d’affaires automobile de PSA régresse de 10,3% à 8,7 milliards d’euros au premier trimestre 2013. Les ventes de Renault reculent de 11,8% à 8,27 milliards.

Concernant les équipementiers, la FIEV déclare que le chiffre d’affaires des produits fabriqués en France s’est écroulé de 13,4% l’an passé (2011) à 16,15 milliards d’euros (dont 54% à l’exportation).

La balance commerciale des composants automobiles voit son excédent fondre à seulement 1,7 milliard d’euros l’an dernier, par rapport aux 2,5 milliards pour 2010. Les premiers signes indicateurs quant aux perspectives pour 2013 semblent d’ores-et-déjà alarmants.

 

USINE DE FLINS Renault Clio IV et Renault ZOE

Usine de Flins – Renault « ClioIV » et « Chloé »

 

La crise Européenne n’est pas la seule raison…

Les deux constructeurs français sont au cœur d’une phase de désindustrialisation sur le territoire, ce raz-de-marée saborde également leurs fournisseurs. La production nationale de voitures particulières et d’utilitaires de PSA baisse de 35,7% à 230.337 unités au premier trimestre.

Renault, recule de 23,7% à 118.060. Rappelons qu’en 2012, PSA avait déjà réduit ses fabrications françaises de 16% à 1,11 million et Renault de 17,6% à 532.571 exemplaires… soit légèrement moins que l’ensemble de la production de Nissan, son partenaire japonais dans sa seule usine britannique de Sunderland.

En effet, par rapport à 2005, les sites français de PSA ont fabriqué 41% de véhicules en moins l’année dernière. En sept ans, le volume de production des usines de Renault dans l’Hexagone a été réduit de pratiquement 60%.

Cumulée, la production nationale de Renault et PSA a exactement chuté de moitié comparé au milieu des années 2000. Cela nous conduit bien au-delà des conséquences d’une crise européenne.

 Usine de Curitiba - Complexe Ayrton Senna

Usine de Curitiba (Brésil) – Complexe Ayrton-Senna

 

Effectifs en plein écroulement…

Conséquence directe, leurs effectifs sont affectés. Le site PSA de Rennes a produit seulement 129.600 unités contre plus de 360.000 au milieu des années 2000, pour un outil de production calibré à 400.000 unités !

A cette époque, 10.000 personnes travaillaient sur le site, aujourd’hui, on ne compte que 5.000 emplois.

Et ce n’est pas tout, une suppression de 1.400 emplois est prévue à Rennes. L’usine Renault de Flins a assemblé l’an passé 115.500 « Zoé » et « Clio » avec 2.600 salariés, contre 270.000 voitures avec 4.750 personnes en 2004.

Le site Renault de Sandouville dédié aux gammes moyennes et aux hauts de gammes a vu ses effectifs fondre de 5.300 employés en 2004 à seulement 2.150 aujourd’hui.

 

Usine ACI Le Mans soudure essieu

Usine ACI Le Mans (soudure essieux)

 

Des automobiles qui ont moins de succès…

Le déclin des usines nationales témoigne de la popularité des modèles. La production du célèbre monospace « Scénic » (et son grand frère le « Grand Scénic ») a été réduite des deux-tiers à 132.760 unités l’an passé par rapport à 2002.

Toujours chez Renault, 27.700 « Laguna » sorties des chaines en 2012, contre pratiquement 146.000 dix ans auparavant.

Quant à l' »Espace », fierté de la marque au losange, son volume de fabrication est divisé par six, en 2012, il n’était plus assemblé qu’à hauteur de 12.900 véhicules. Concernant PSA, il assemblait 566.000 « petites » Peugeot étaient encore assemblées l’an dernier ; production répartie sur trois modèles (206, 207, 208), dont une part importante hors du territoire national.

Il y a seulement dix ans, PSA produisait, essentiellement en France, 816.500 « Peugeot 206 ». Dans la gamme moyenne supérieure, à Rennes, PSA fabriquait 259.000 « Peugeot 407 » en 2005. En 2012, PSA n’assemblait plus que 116.400 « Peugeot 508 », dont environ une moitié dans l’Hexagone seulement !

 

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Peugeot 208 Berline 3 portes

 

Les grosses limousines n’ont plus la faveur…

L’effondrement de la production française de PSA et Renault s’analyse en partie par la délocalisation favorable aux pays « low cost », particulièrement concernant l’ancienne Régie Nationale. Le plongeon des volumes en France reflète aussi la désintéressement des clients pour les véhicules de moyenne gamme et gamme supérieure deux constructeurs français, habituellement construites sur le territoire.

Les prix élevés des modèles dits « haut de gamme » sont logiquement moins sensibles au delta des coûts entre la France et les pays d’Europe de l’est que les véhicules d’entrée de gamme. Et ce sont justement les modèles devenus la spécialité de Renault et PSA, en particulier sous la pression des pouvoirs publics dont la politique fiscale qui favorise les petites autos.

Parallèlement, outre-Rhin, l’industrie allemande maintient dans l’ensemble ses volumes de production grâce au succès de ses véhicules « haut de gamme » !

 

Usine Renault-Nissan de Chennai, Inde

Usine Renault-Nissan de Chennai (Inde)

 

Sortir 710.000 unités en 2016…

Cette descente aux enfers pour l’industrie automobile nationale est-elle inévitable et irréversible ? Pas nécessairement. PSA, vient d’industrialiser des modèles nouveaux, tel que le « Crossover », est en négociation avec les syndicats dans le cadre d’accords de compétitivité pour améliorer la productivité nationale.

Il désire le même type d’entente que celui conclus mi-mars par Renault, laquelle prévoit particulièrement une hausse de 6,5% du temps de travail, une refonte des comptes épargne temps, assorti d’un gel des salaires pour 2013.

Renault s’engage en contrepartie à ne fermer aucune de ses usines sur le territoire national à assure une activité minimum de 710.000 véhicules par an : 630.000 Renault et 82.000 Nissan (à partir de 2016). Mince promesse, la production de Renault en 2004 en France était supérieure à 1,3 million véhicules !

 

Usine Renault de Revoz en Slovénie Stock pour l'occident...

Usine Renault de Revoz (Slovénie) – Stock au départ pour l’occident ?

 

Douai, espérance de Renault…

Le PDG de Renault, Monsieur Carlos Ghosn semble très fier de l’annonce, diffusée fin-mai par le groupe quant-aux solides perspectives pour l’usine de Douai. Le site le plus important du constructeur doit lancer à partir de 2014 toute une série de nouveaux modèles sur une nouvelle plate-forme modulaire commune à Renault et Nissan.

Premier objectif : le prochain héritier du célèbre « Espace ».

Arrivera ultérieurement le descendant de la « Laguna » de gamme « moyenne supérieure ».

 

Renault Grand Scenic USINE DE DOUAI

Usine de Douai – Assemblage du Renault Grand Scenic

 

Les espoirs de Douai reposent sur une production annuelle allant jusqu’à 250.000 véhicules d’ici la fin 2016, grâce au lancement de cinq nouveaux véhicules.

Cela n’a rien de miraculeux, rappelons que Douai assemblait plus de 450.000 voitures au milieu des années 2000 ! In fine, dans la perspective la plus optimiste, souhaitons que PSA et Renault puissent conserver leurs volumes présents.

Heureusement il est possible d’accroître les chiffres grâce aux 200.000 « Toyota » fabriquées à Valenciennes et également aux 100.000 « Smart » produites à Hambach dans le département de la  Moselle !

 

Jacques SamAlens (StrategiesAutoMotive Communications)

[email protected]

images : Renault©, PSA©, Citroën©, Peugeot©

 

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