24 HEURES DU MANS : LE REGARD ÉCLAIRÉ D’OLIVIER QUESNEL.

 

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Olivier QUESNEL – Photo Claude MOLINIER autonewsinfo

 

Olivier QUESNEL est un grand nom de la compétition automobile qu’il connait sous plusieurs angles.

En effet, dès 1980, il travaille aux côtés de Jean TODT chez Peugeot Talbot Sport, avant de prendre des responsabilités dans le Groupe HOMMEL et devenir Directeur d’Auto Hebdo.

Il remplace ensuite Guy FREQUELIN à la tête de CITROËN Sport, avant de prendre, quasiment dans la foulée, la direction de PEUGEOT Sport. Aux titres mondiaux en rallye avec CITROËN il ajoute la victoire aux 24 heures en 2009. Puis, lors de la cessation brutale du programme PEUGEOT en endurance, il rejoint OAK Racing comme responsable du développement en charge des activités DPPI et d’autres activités annexes autour du numérique.

A propos de ces activités, Olivier QUESNEL apporte les précisions suivantes:

 » DDPI ça reste dans le métier que je connais. Pour le développement de OAK, le but à atteindre est de concrétiser un accord avec un constructeur pour rouler en LMP1. On sait que c’est quelque chose de très compliqué, mais notre objectif est d’y parvenir le plus vite possible. On sait bien que la notoriété d’un team repose sur ses résultats quelque soit le contexte. Et vous comprenez aisément que le résultat des 24 heures a toute son importance. »

 

24-H-DU-MANS-2013-Preliminaire-9-juin-Le-box-OAK-Photo-Max-MALKA-autonewsinfo

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Avec les résultats de début de saison avec deux secondes places de la N° 34 à Spa et à Silverstone on peut penser que malgré la concurrence terrible entre les 22 engagés dans la catégorie, OAK saura tirer son épingle du jeu.

Après cette petite présentation nous souhaitons bénéficier de l’immense expérience d’Olivier QUESNEL pour éclairer le panorama de la course et de ses enjeux.

Quelle est votre vision de cette course à venir ?

« Bien évidemment il y a deux teams majeurs qui en décousent: AUDI et TOYOTA. Pour moi AUDI est clairement le favori, pour deux raisons. Cette année ils ont encore franchi un step dans le sens où, se faire battre sur des courses de 6 heures par TOYOTA, n’a pas été bien perçu. A partir de là, ils ont fait de gros efforts et AUDI est aujourd’hui plus fort que jamais. Si là, ils ont la météo avec eux, à savoir que, si il pleut , comme ils ont le système d’hybridation sur les roues avant, alors que TOYOTA l’a sur les roues arrière, c’est une deux roues motrices contre une quatre roues, même si le système ne se met en route qu’à 120 kilomètres/heure, l’affaire est réglée d’avance. En matière de fiabilité on peut penser qu’AUDI c’est quelque chose qu’ils maitrisent bien , en performances ils maitrisent bien….On peut s’étonner qu’à trois semaines du départ d’un seul coup on donne trois litres de plus aux voitures essence LMP1, clairement on donne trois litres à TOYOTA pour rééquilibrer les choses, même si REBELLION ne sait pas quoi en faire. On arrive, en termes de communication dans un schéma compliqué, dans le sens que dans l’esprit du public une diesel c’est une voiturer plus sobre qu’une voiture essence. Or, la voiture diesel va ravitailler plus souvent que celle à essence. Or, pour expliquer que le diesel est une source d’économie ça n’est quand même pas évident! C’est là où les décisions sportives viennent contrecarrer le message marketing. En effet, ça ne devrait pas être simple d’expliquer quelque chose. »

 

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Olivier QUESNEL devant le capot de l’Art car-  Photo Claude MOLINIER autonewsinfo

 

Là, on vient de découvrir votre point de vue concernant les LMP1, maintenant pouvez-vous m’indiquer votre vision des choses à propos des LMP2 et, bien sûr des OAK ?

« Ma vision LMP2 globale c’est là où la course est la plus disputée. Si je prends une image, la LMP2 c’est la F3 de l’Endurance. Le niveau moyen est monté de façon incroyable, il ne correspond plus peut- être à l’esprit de ce qui était prévu au départ. Je m’explique. Des gentlemen drivers tels que l’on pouvait les imaginer, malheureusement pour eux, n’ont plus trop leur place, les pilotes à licence ‘silver’ sont de plus en plus jeunes, ce sont de futurs grands pilotes en devenir. Donc l’objectif des écuries c’est d’associer autant que faire se peut deux pilotes très rapides avec un ‘silver’, lui aussi très rapide et à partir de là, ça fait une voiture pour gagner. Tous les teams cherchent l’oiseau rare. Pour moi sur une vingtaine de voitures dans la catégorie, il y en a douze qui peuvent imaginer de gagner. Donc, ça ne peut faire que des courses fantastiques et encore une fois, je ne tiens pas compte de la météo qui peut créer des problèmes. Ce que l’on peut regretter aujourd’hui c’est qu’il y avait un très bel équilibre dans cette catégorie LMP2 mais, d’avoir autorisé un deuxième manufacturier (MICHELIN) alors que tout est géré pour faire en sorte que ça ne coûte pas trop cher, un deuxième manufacturier ça apporte quoi? C’est la course à l’escalade, ce sont des tests, des essais supplémentaires et voilà, on ouvre la porte de Pandore. Tout le monde veut gagner et comme ça reste une drogue dure, on finit tous par trouver les sous. Je ne sais pas comment on fait mais on y arrive tous. Il faut espérer que l’ACO revienne l’année prochaine à un manufacturier unique. C’est pareil, introduire une règle d’équivalence en LMP2, quand on voit les problèmes que ça a posé en LMP1, je suis bien placé pour en parler ( référence à ses fonctions chez PEUGEOT), là en LMP2 en essence il y a des moteurs JUDD, NISSAN, des HPD, tout le monde tourne dans les mêmes eaux, à la même vitesse il y a un tel équilibre que ça nous vaut des courses sensationnelles. Demain, par le jeu des équivalences ,s’il y en a un qui débute avec un moteur diesel, l’équilibre sera rompu. C’est dommage et ça n’est pas l’esprit du LMP2. Je pense que là aussi, il faut revenir en arrière et faire très attention. »

 

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Et OAK dans tout ça ?

« OAK c’est un team relativement jeune encore, qui commence à arriver à maturité. On a vu depuis le début de la saison qu’on a fini second à Silverstone et également second à Spa. On peut penser qu’à Spa les Michelin n’ont pas été neutres dans la victoire. Ici au test day on fait le meilleur temps. On a une voiture rapide. Au MANS, nous avons engagé trois voitures. Deux sont là pour faire de bonnes performances. Nos équipages sont rapides et relativement homogènes, je ramène cela aux pilotes ‘silver’. Nous avons un team qui s’est renforcé, un team manager , Sébastien PHILIPPE qui maitrise bien son sujet, donc aujourd’hui OAK c’est la conjonction de la performance, de la fiabilité , du sportif et de la stratégie. Nous faisons clairement partie des favoris, encore une fois, ici ça dure 24 heures et il ne faut pas s’emballer, partir et se faire prendre au jeu. Je crois personnellement qu’il faut faire sa course. L’histoire montre que même si les voitures sont très proches, le dimanche au petit matin il y a de gros écarts, parce qu’il y a eu beaucoup de problèmes, de déperditions. Les teams même s’ils sont professionnels, n’ont pas les moyen des gros teams. Alors je pense dans ces conditions, qu’il faut vivre sa vie et éviter les embûches et l’on peut penser, qu’avec une bonne stratégie, dimanche à 15 heures on devrait être plutôt pas mal. »

Comme on peut le constater, notre interlocuteur cerne avec lucidité et pragmatisme les questions techniques, sportives et humaines de cette course si exigeante, et même si l’on sent bien qu’il ne veut en aucune mesure intervenir sur la gestion directe, nous ne doutons pas qu’il a fait bénéficier son écurie de toute sa précieuse expérience.

 

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Olivier QUESNEL toujours très lucide sur la course et la réglementation – Photo Claude MOLINIER autonewsinfo

 

Alain MONNOT
Photos: Claude MOLINIER, Gilles VITRY et Max MALKA autonewsinfo

 

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