Rarement Audi était allé aussi loin dans la préparation de sa course, dans celle qui fit bien plus pour son image de marque que toutes les autres épreuves. Même si avant 1999, les Audi taillaient des croupières à leurs opposantes souvent en rallye mais aussi sur les circuits mondiaux de tourisme, c’est au Mans que les Anneaux purent acquérir l’immense notoriété qui est désormais la leurs.
Partout dans le monde, Audi est synonyme de fiabilité, en grande en très grande partie grâce au Mans et aux superbes victoires acquises dans la Sarthe. D’ordinaire, les voitures d’Ingolsatdt sont construites pour défendre au mieux les intérêts de la marque sur les 13 kilomètres et quelques de l’épreuve mancelle.
C’est la base des voitures et les réglages utilisés sur les autres circuits suffisaient jusqu’alors à contrer la concurrence . Cette saison, surpris sans doute par la tonitruante fin de saison 2013 de Toyota, les patrons allemands ont décidé qu’ils devaient approfondir plus encore leur avantage sur tous les circuits et ne rien laisser aux Japonais, surtout le titre mondial qui fait toujours bien en autocollant à l’arrière des véhicules.
L’expérience, désormais immense, leur a fait comprendre que rien n’était similaire au Mans. Afin de parfaire leur compétitivité en fin de saison 2013, la décision fut prise de développer un modèle spécifique au Mans alors qu’une autre version aurait pour tâche de défendre l’intérêt de la firme sur les autres circuit A Spa, sur les trois voitures engagées, deux étaient des versions spécifiques »short tracks » tandis que la troisième était le modèle destiné aux rapides portion du Mans.
La grosse surprise vint du temps canon réalisé par Di Grassi sur cette version pas vraiment réglée pour Blanchimont, l’Eau Rouge ou les Combes. »En fait, concédait Marcel Fassler, sur un tour, cette voiture qui génère moins d’appui, utilise au mieux les Michelin. Mais en course par contre, les pneumatiques bougent beaucoup et s’usent donc plus vite ».
C’est sans doute la raison essentielle aux performances belge un peu en retrait en course de celle que tout le monde appelle désormais longue queue.
Au Mans, bien entendu, les trois voitures sont en version longue. Lors de ces essais préliminaires, un intense programme de travail était mis en place et, fidèle à leur réputation, les Allemands avaient tout prévu. Ou presque puisque la pluie qui s’était invitée dès le samedi soir chamboulait sans doute un peu la donne.
Il y avait même une quatrième voiture, noire furtive et secrète, planquée dans un stand en retrait qui avait pour charge de tester la réglementation … 2014.
Cette Audi N°4 confiée au pilote d’essai de la marque aux anneaux, le transalpin Marco Bonanomi, réalisait d’ailleurs un excellent chrono de 3’27″894, fort remarqué;
Pascal Couasnon le directeur de Michelin Motorsport savait qu’il lui fallait suivre de près les évolution de cette voiture laboratoire. Des pneumatiques beaucoup moins larges, et sans doute une foule de solutions préfigurant les options 2014, voilà qui avait effectivement de quoi occuper largement le staff technique Audi.
Et sans doute les observateurs Toyota, Porsche ou autres très intéressés bien entendu aprés les évolutions de la »noire »
Mais, sans trop faire de pub bien entendu, un incident était venu samedi perturber plus encore le travail et les plan des hommes de Wolfgang Ullrich. En fin d’après midi, un gros nuage blanc sortait des entrailles de la voiture numéro 3, celle justement qui fut la voiture »laboratoire » à Spa.
En fait même s’il est difficile d’en cerner les causes, les extincteurs avaient décidés de se déclencher. Ce fut un peu la panique à bord. D’autant que les spécialistes savent les dégâts que procurent les poudres.
Grosse opération nettoyage pour les techniciens équipés des masques… pas la meilleure des façons de préparer la séance d’essai du lendemain.
Une journée particulière
Le dimanche, alors qu’une pluie tenace avait transformé les 13 kilomètres et quelques du circuit en un drôle de truc.
Les trois Audi partirent à la charge. Avec les quatre roues motrices et même si la traction des moteurs électriques ne fonctionnaient qu’au dessus de 120 kilomètres heures, les allemandes mettaient vite la pâtée aux japonaises. En gros, c’est par paquet de trois secondes que les Toyota laissaient des plumes Et puis, nouvelle »cata » pour la bande à Wolfgang Ullrich.
Loïc Duval semait un peu la perturbation dans l’environnement des stands allemands. Peut-être déséquilibré par de la terre répandue par un concurrent en perdition, le Chartrain perdit le contrôle et s’en alla taper à l’extérieur, puis à l’intérieur de l’entrée des Hunaudières.
»En fait j’ai vu une forme au côté gauche, je ne sais pas ce que c’était mais j’ai tourné le volant alors que j’étais sur le vibreur. C’est une erreur. Désormais je ne regarderai que devant ! »
Voiture bien abîmée, convocation du team manager à la direction de course, beaucoup de travail pour les mécanos.
Décidément Ingolstadt ne mangeait pas encore son pain blanc !
Mais forcément tout allait se mettre en place dans la seconde séance de l’après midi. Duval profitait même du fabuleux travail des techniciens d’outre Rhin. Il installait la numéro 2 tout en haut de la liste en oubliant rapidement sa mésaventure du matin. De Grassi, puis Lotterer et enfin McNish travaillaient à ranger la grille.
Au bilan, les trois Audi devant en 3′ 25 », deux secondes devant les Toyota entre lesquelles s’était intercalée la voiture furtive, que l’on ne retrouvera plus dans une dizaine de jours mais qui d’ors et déjà annonce la couleur pour Audi :
noire sans doute pour le moral des concurrents à venir.
Et puis, à quelques minutes de la fin de la séance, Duval, encore lui parachevait la démonstration :
En 3′ 22 » 583, il imposait la voiture qui le midi faisait grise mine sur un camion en revenant de son escapade hors piste au Tertre Rouge….
Copie presque impeccable pour Audi, Toyota dans le doute…
Avec une grosse démonstration de Loïc Duval.
»J’ai eu un tour idéal. Nous avons décidé une configuration essai. J’ai bénéficié d’un tour clair. Sans doute bien plus clair que ce nous allons rencontrer lors des essais chronos de mercredi ou jeudi.On a été chanceux. »
En face chez Toyota, le coup avait été rude mais à vrai dire, comme Audi d’habitude, jamais on eut l’impression d’une chasse au chrono.
Prochain rendez vous dans dix jours… pour là une véritable empoignade.
» Nous avons réalisé à peu près les programmes prévus. Globalement, nous sommes satisfaits. Mais bon sang, qu’est ce que les Audi vont vite ! »
Juste avant d’entrer en séance de débriefing, Stéphane Sarrazin, ancien triple poleman du temps des 908, constatait un peu surpris que décidément, pour rien au monde Audi ne lâchera prise
.En compagnie de ses amis Davidson et Buemi, il avait longtemps mis la pression sur ses adversaires. Mieux même un moment dans l’après midi, lorsque la piste s’asséchait, les deux Toyota avaient même, pendant quelque temps, dominé les Audi R18.
Mais sans doute gênes par le fait de n’être que deux, jamais elles ne purent se mettre en configuration essais et laissèrent donc à Audi le soin de mener le bal.
Jusqu’au prochain rendez-vous.
Lequel est fixé aux 1ers essais, mercredi 19 juin !!!
Jean-Michel LE ROY
Photos : Max MALKA- Gilles VITRY-Clemence MAIRE- Michel PICARD
LE RESULTAT DES ESSAIS DE LA JOURNEE PRELILMINAIRE
1. Duval/McNish/Kristensen (Audi R18 e-Tron) Audi Joest : 3’22″583
2. Genè/Di Grassi/Jarvis(Audi R18 e-Tron) Audi Joest : 3’25″358
3. Lotterer/Fassler/Trluyer (Audi R18 e-Tron) Audi Joest : 3’25″647
4. Davidson/Buemi/Sarrazin (Toyota TS030 Hybrid) Toyota : 3’27″581
5. Bonanomi (Audi R18 e-Tron) Audi Joest : 3’27″894
6. Wurz/Lapierre/Nakajima (Toyota TS030 Hybrid)) Toyota : 3’29″593
7. Prost/Jani/Heidfield (Lola B12/60-Toyota) Rebellion : 3’31″967
8. Belicchi/Beche/Cheng (Lola B12/60-Toyota) Rebellion : 3’34″724
9. Levents/Watts/Kane (HPD ARX 03c–Honda) Strakka : 3’35″631
10. Pla/Heinemeier Hansson/Brundle (Morgan-Judd) OAK : 3’38″801
11. Panciatici/Ragues/Gommendy (Alpine A450-Nissan) Signatech : 3’39″642
12. Chatin/Gommendy (Alpine A450-Nissan) Signatech : 3’40″907
13. Martin/Rusinow/Conway (Oreca 03-Nissan) G-Drive : 3’41″259
14. Thiriet/Martin/Badey (Oreca 03-Nissan) Thiriet by TDS : 3’41″269
15. Ordonez/Mardenborough/Krumm (Zytek Z11SN-Nissan) Greaves : 3’41″648
16. Luhr/Dolan/Turvey (Zytek Z11SN-Nissan) Jota : 3’41″943
17. Baguette/Gonzalez/Plowman (Morgan-Judd) OAK : 3’42″197
18. Graves/Nakano/Hamilton Walker(Oreca 03-Nissan) Delta-ADR : 3’42″333
19. Rossi/Lux/Kimber Smith (Zytek Z11SN-Nissan) Greaves : 3’42″364
20. Imperatori/Tung/Howson (Morgan-Nissan) KCMG : 3’43″063
21. Frey/Niederhauser/Bleekemolen (Oreca 03-Judd) Race Performance : 3’43″121
22. Patterson/Chandhok/Hartley (Oreca 03-Nissan) Murphy : 3’43″156
23. Perez-Companc/Kaffer/Minassian (Oreca 03-Nissan) Pecom : 3’43″908
24. Weeda/Rossiter/Bouchut (Lotus T128) – Lotus : 3’44″762
25. Tucker/Briscoe/Franchitti (HPD ARX-Honda) Level 5 : 3’45″158
26. Nicolet/Merlin/Mondolot (Morgan-Nissan) OAK : 3’46″254
27. Hirschi/Burgess/Mowlem (Lola B12/80-Judd) HVM : 3’46″446
28. Tucker/Briscoe/Franchitti (HPD ARX-Honda) Level 5 : 3’48″380
29. Gachnang/Mailleux/Lombard (Morgan-Judd) Morand : 3’48″903
30. Holzer/Kraihamer/Charouz (Lotus T128) Lotus : 3’55″160
31. Turner/Mücke/Dumbreck (Aston Martin Vantage V8) Aston Martin : 3’58″806
32. Makowiecki/Bell/Senna (Aston Martin Vantage V8) Aston Martin : 3’59″148
33. Dagoneau/Brière/Younessi/Downs (Oreca 03-Nissan) Boutsen : 3’59″331
34. Lietz/Lieb/Dumas (Porsche 911) Porsche AG : 3’59″410
35. Bergmeister/Bernhard/Pilet (Porsche 911) Porsche AG : 3’59″420
36. Garcia/Magnussen/Taylor (Chevrolet C6 ZR1) Corvette -: 3’59″491
37. Dalla Lana/Lamy/Auberlen (Aston Martin Vantage) Aston Martin : 3’59″574
38. Gavin/Milner/Westbrook (Chevrolet C6 ZR1) Corvette : 4’00″319
39. Beretta/Kobayashi/Vilander (Ferrari 458) AF Corse : 4’00″456
40. Goethe/Hall-Campbell Walter/Adam (Aston Martin Vantage) Aston Martin : 4’00″867
41. Nygaard/Puolsen/Simonsen (Aston Martin Vantage) Aston Martin : 4’01″216
42. Bomarito/Kendall/Wittmer (Viper SRT GTS-R) SRT: 4’01″731
43. Loan/Verdonck/Moorthy/Pons (Oreca FLM09) Team Endurance : 4’03″036
44. Loan/Lecuyer/Moorthy/Pons (Oreca FLM09) Team Endurance : 4’03″044
45. Dalziel-Farnbacher-Goossens (Viper SRT GTS-R) SRT : 4’03″281
46. Fisichella/Bruni/Malucelli (Ferrari 458) AF Corse : 4’03″494
47. Dempsey/Foster/Long (Porsche 911) Dempsey-Del Piero : 4’04″006
48. Milesi/Gibon/Henzler (Porsche 911) IMSA : 4’04″049
49. Bourret/Narac/Vernay/Henzler (Porsche 911) IMSA : 4’04″800
50. Ried/Roda/Ruberti (Porsche 911) Felbermayr : 4’05″533
51. Collard/Perrodo/Crubilé (Porsche 911) Prospeed : 4’06″201
52. Bornhauser/Canal/Taylor (Chevrolet C6 ZR1) Larbre : 4’06″783
53. Gerber/Cioci/Griffin (Ferrari 458) AF Corse : 4’07″747
54. Bertolini/Al Qubaisi/Al Faisal (Ferrari 458) JMW : 4’08″127
55. Potolicchio/Aguas/Bright (Ferrari 458) 8 Star : 4’08″750
56. Giroix-Fatien-Ihara (Lola B12/80-Judd) Gulf : 4’11″397
57. Dumas-Rodrigues-MacNeil (Chevrolet C6 ZR1) Larbre : 4’14″358
58. Brandela-Porta-Raffin (Lola B11/80-Judd) DKR : 4’15″337
59. Perazzini/Casè/Verdonck (Ferrari 458) AF Corse : 4’28″409
60. Mallegol-Bachelier-Blank (Ferrari 458) AF Corse : 4’29″125
61. Krohn/Mediani (Ferrari 458) Krohn : 4’34″752