Comme l’an dernier, le vainqueur final, l’a été à l’issue de la dernière épreuve spéciale !
Finalement, bis réptita et comme en mai 2012, c’est à un final inouï que nous avons assisté ce samedi entre Bin El Ouidane et Marrakech. Où se situait l’arrivée de cette 4éme édition de l’épreuve qu’organisent conjointement Yves Loubet et José Andreani.
Seul le sport peut offrir des moments d’une telle intensité incroyable. Une nouvelle fois, le finish de ce Maroc Historiques’est joué dans les ultimes kilométres de la vingt-et-unième et dernière ES…
Après l’abandon inattendu lors de l’ES21, ultime secteur chronométré du leader, Philippe Gache, sa Mazda s’arrêtant au km 10 des 29,870 que comportait cette spéciale des Agafayes, la victoire s’est donc jouée d’un rien, d’un cheveu !
La 504 de l’équipe FYL de François Lethier, confiée à Christophe Vaison, l’emportant d’un souffle… 1″ !!!
INOUÏ.
Incroyable dénouement d’un scénario que n’aurait pas renié le grand Alfred Hitchkock!
Effectivement, Gache hors course, pour la victoire, la lutte a alors opposé ses deux dauphins. Au départ de l’ES21, après l’ES20 courue plus tôt en matinée, celle de Skatt et ses 18,930 km et remportée par la Porsche d’Alain Deveza qui lui reprenait d’un coup 38″, Vaison le pilote du Creusot possédait encore 1’18″5 d’avance, sur le pilote de Ste Maxime.
Lequel voyant Gache arrêté dans cette dernière spéciale, décidait alors de rouler ‘ à donf ‘ comme il nous le racontera à l’arrivée, sur les 19 km restant et ce dans le but de tenter le tout pour le tout pour la gagne face à la 504 Coupé.
Malheureusement, il lui aura manqué… une infime petite seconde !
Son chrono ? 14’56″6 contre 16’14″1. Soit 1’17″5 de différence. Mais pas suffisant
En effet, ce qui au général, donnait :
Christophe Vaison : 4 Heures 32’49″3
Alain Deveza : 4 Heures 32’50″3
Néanmoins, Alain Deveza qui découvrait, tout comme Vaison d’ailleurs ce Rallye, n’était nullement déçu, s’estimant ravi de finir second, lui qui venait pour la toute 1ere fois ici.
Quant à Vaison, lui, au pied du podium, installé Place Jemaa El Fna au cœur de Marrakech, il ne cessait de répéter
‘ J’ai le cœur qui fait Boum-Boum depuis un moment’.
Un beau vainqueur et un beau podium complété par Antoine Vandromme, brillant des le départ d’Agadir lui et qui n’a pas craqué.
Malheureusement, Philippe Gache ne s’y trouve pas !
Pourtant, le Cannois aurait sincèrement franchement mérité d’y figurer comme le reconnaissaient bien volontiers et très sportivement et Vaison, et Deveza et le fils Vandromme.
Hélas pour Gache, et même si c’est vraiment injuste, tant la Mazda nous émerveillé depuis le départ d’Agadir il y a une semaine, le sacro-saint destin, en a décidé autrement…
Pourtant, encore une fois la malédiction a frappé Philippe Gache qui ne le méritait pas.
Lui qui après avoir survolé les premiers jours de course, avait volontairement levé le pied depuis deux jours, possédant une avance substantielle (4′) qu’il jugeait suffisante :
Ce matin encore avant de s’élancer vers Marrakech, il nous confiait :
» Je te l’ai déjà dit, j’assure, je roule tranquille, écoute le moindre bruit du moteur. Et me contente de gérer spéciale après spéciale en fonction des chronos de mes plus proches poursuivants. «
Malgré l’irrésistible remontée (9 temps scratchs d’affilée depuis jeudi matin) de la Porsche d’Alain Deveza, reparti bon 20éme de Tafraout, le deuxième jour, après une légère faute de jeunesse la veille, par manque d’expérience, il découvrait et le terrain et le pilotage d’une Porsche, Gache possédait encore avant de prendre le départ de la dernière spéciale ce samedi matin, une confortable avance de plus de 4′ sur Vaison et de 6′ sur Deveza.
On le sait au bout de 10 km à la hauteur du poste de commissaires 12, la Mazda stoppait, en panne de transmission.
On imagine le désarroi et l’immense déception dans le cockpit !!!
Assurément de quoi rouler sans prendre le moindre risque !
Mais laissons Vaison et Deveza raconter la suite.
Christophe, l’inattendu futur vainqueur mais qui mérite ce succès car il a fait un rallye toujours au top niveau devant, nous racontait :
» Pour cette spéciale, j’étais plutôt confiant. Je savais que sur ce parcours ultra rapide, la Porsche de Deveza allait être bien. Je me suis concentré pour tenter de rouler le plus vite possible mais sans prise de risques. En souhaitant conserver suffisamment d’avance pour garder ma seconde place. Et puis, tout à coup à ma grande surprise, je découvre la Mazda de Gache arrêtée sur le bord de la piste, côté droit. Philippe était dehors déjà sorti du baquet. »
Il enchaîne :
» J’ai alors pigé que pour lui sans savoir ce qui lui arrivait, la course s’arrêtait -là. J’ai immédiatement compris que je roulais dorénavant sur les kms restants pour la gagne. Je savais aussi qu’Alain suivait et allait à son tour découvrir le drame que vivait Philippe et allait enquiller fort. Tentant le tout pour le tout pour aller chercher lui aussi une victoire devenue possible et qui nous tendait les bras. Alors, j’ai roulé le plus vite qu’il me soit possible. Jusqu’au bout , j’ai eu une montée d’adrénaline, le cœur qui fait boum-boum avec une forte charge émotionnelle.Mais je suis resté sur la piste »
Tof concluant avec une certaine émotion :
» Et tu vois, je triomphe et gagne pour 1″. Impensable et inimaginable ce matin au départ de Bin el Ouidane. Car Gache était tellement précautionneux depuis deux jours qu’il m’était impossible de vouloir le détroner vu son énorme avance »
Surgit Alain Deveza qui se jette dans les bras de Vaison, le félicitant chaleureusement et nous explique :
» Que dire de ce final, de ce qui arrive. Même en rêve tu le penses pas, tu le rêves pas. Partir 3éme à 6′ et finir second pour 1″, cela semble irréalisable et pourtant, il s’en est fallu d’une infime seconde que je gagne. Au départ de cette ES21, j’estimais avec raison que Gache avait bien trop d’avance et demeurait totalement intouchable. Mais pour la place de second, j’avais une carte à jouer face à la 504. Mais, j’ai finalement choisi de rouler raisonnable et d’assurer ma place sur le podium. »
Alain poursuit :
» Donc , j’entame la spéciale vite mais sans plus. Et sans que rien ne le laisser présager, je tombe sur la Mazda à l’arrêt. En un éclair, sans réfléchir, je me suis mis à changer de rythme et à attaquer à fond. J’ai roulé au maximum de mes possibilités et en 20km, j’ai repris 1’17″5 à Vaison. Dommage il m’a manqué 1 petite seconde. »
Alors, Alain Deveza regrette-t-il de n’avoir pas mis gaz des le départ ?
» Non, pas du tout. Finir deuxième pour une première présence ici est en soi, un superbe résultat. Le rallye, je ne le perds pas ce samedi mais au début ou j’ai fait les premiers jours des erreurs de jeunesse. Gache comme Vaison méritaient de gagner. »
Et il conclut :
» Je reviendrais l’année prochaine mais avec l’expérience acquise cette année avec l’objectif de gagner. «
Quant à Antoine Vandromme, qui gagne lui aussi une position avec l’abandon de Gache et grimpe sur la 3éme marche du podium à 4’45″1, lui il nous racontait, tout sourire :
« Pour ma 4éme participation, je finis 3. Donc je continue ma progression aprés avoir abandonné en 2010 et terminé 6 et 7 les années suivantes. Blague à part même si je pilote de mieux en mieux, vu la qualité et l’expérience des pilotes en lice, il ne fallait pas y penser avant le départ. Mais j’ai démarré fort, me retrouvant 3éme des la deuxième étape. Ensuite, au fil des jours, Es après ES, j’ai géré, tout en roulant vraiment vite. Donc, finir ici à Marrakech sur le podium c’est tout simplement génial et fabuleux. L’auto loué u Team Kronos à qui je dis un grand merci n’a posé aucun problème pas le moindre souci pas une seule crevaison. En réfléchissant bien, le plus dur pour moi a été de bien gérer quatre spéciales chaque jour, ce fut le plus fatiguant au point de vue tension. »
Pas très loin, Yves Loubet, ravi du bonheur de ses concurrents, tous unanimes sur le déroulement, le parcours, l’ambiance et la beauté des paysages et des spéciales, nous lâchait :
» Je suis ému de leurs éloges mais au fond pour certains de ma génération, je suis un peu le viagra de la majorité des participants, tous des pilotes d’expérience qui roulent depuis des lustres et que je fais bander comme des gamins ! «
Pierre Gary, notre excellent et sémillant confrère d’Échappement Classic , précisant:
» Pas que les pilotes mon cher Yves »
José Andréani, ajoutant :
» C’est plaisant d’entendre nos concurrents. Tous sont unanimes sur la qualité de notre épreuve qui en quatre ans a acquis ses lettres de noblesse «
Ce samedi soir, toute la caravane s’est retrouvé dans le quartier ultra chicos de Bab Atlas au cœur de la Palmeraie dans les environs de Marrakech, chez l’ami Pili de la Fontaine.
L’occasion de fêter tous ensembles tous les vainqueurs.
Vivement l’année prochaine.
Car c’est une évidence tous reviendront.
Tel le novice, Franck Cunningham, l’Irlandais de Galway qui découvrait l’épreuve – il se classe 4éme avec sa Ford Escort – et qui nous a clairement indiqué revenir mais cette fois avec ses potes d’excellents rallymen Britanniques…
Cela promet de formidables bagarres et à nouveau un spectacle de grande qualité avec de superbes autos, remarquablement préparées pour des bolides affichant 30 à 40 ans !
Gilles GAIGNAULT
Photos : François HAASE- David GIARD – autonewsinfo
Le clasement
1. Vaison-Duffour (504 Coupé Peugeot) en 4 Heures 32’49″3
2. Deveza-Tezenas du Montcel (Porsche 911) à 1″
3. Vandromme Antoine-Rafaelli (Porsche 911) à 4’45″1
4.Cunnningham-Forde (Ford Escort RS 1800) à 8’11’5
5.Barrile-Chiappe (Talbot Sunbeam) à 9’24″2
6.Daunat-De Wazières (SM Citroen) à 10’21″7
7.Faldini-Pons (Porsche 911 SC) à 10’34″7
8.Borne-Deplancke (Porsche 911) à 11’21″8
9.Vandromme Phil- Vivier (Porsche 911) à 13’09″9
10. Van de Poele-Eggermon,t (Porsche 911 SC) à 14’04″8
11. Antonini-Decamps (Porsche 911SC) à 14’38″7
56 concurrents classés sur 83 engagés