24 HEURES TT DU MAROC, JOUR TROIS: AU JARDIN D’ARGAN, MAGNALDI LE MAGNIFIQUE

 

A travers la forêts d’arganiers, on entend d’abord, très loin, ce gros bruit rauque et soutenu du Pro Truck, dont la particularité est que comme il se pilote le pied dedans, on entend rarement chuter le régime moteur.

D’autant plus que comme me l’explique Georges Lansac, ce formidable engin « winner » du désert est équipé d’une boîte à deux rapports…

Bref, instant magique dans un endroit magique!

Puis apparaît, la bête de course, emmenée avec une maestria incroyable par Thierry Magnaldi, en dérive dans toutes les courbes, avalant le terrain de ses amortisseurs de géant et sautant les bosses comme si l’auto y avait le même plair que le pilote…

Puis… plus rien, sauf un nuage de poussière et un grand coup de chaud qui arrive depuis la piste. On est en fin de premier tour et Thierry a collé plus de trente secondes à la concurrence…

 

LE PARADIS D’ARGAN…

 

 

L’arganier a des vertus sublimes et un caprice, il ne pousse qu’au Maroc et en Amérique du Sud.

Comme ça, il est moyennement accueillant, avec plein d’épines qui ne gênent d’ailleurs pas du tout les animaux qui s’en délectent.

Son fruit, l’amande d’Argan, une fois débarrassé de sa gangue dorée, ce dont se chargent d’ailleurs souvent les chèvres, donne une huile qui est un bijou pour la cuisine – un diamant en fait vu son prix! – c’est aussi un produit très pointu en cosmétique et en dermatologie.

 

 

Bref, ici, un peu au milieu de nulle part, un cadeau de la nature, niché dans une sorte de paradis, il y a du vert partout et donc des milliers de moutons, de chèvres, de vaches, de dromadaires,  et là dedans, Jean Louis Dronne, créateur de cette épreuve des 24 heures Tout Terrain qui se déroule en quatre manches, a tracé une piste de 21 km de long , souvent sablonneuse bien que traversant un paradis vert.

Bon, un must…

Nous sommes à 50 km d’Agadir, ville à vrai dire sans grand intérêt pour les voyageurs, reconstruite de façon assez cheap après avoir été détruite dans un tremblement de terre dans les années 60, aujourd’hui envahie par des hôtels, vrais ou faux chics, des boutiques de luxe …

Mais les alentours de la ville sont intéressants, le port de pêche est un vrai bel endroit, bref, c’est un lieu de séjour sans authenticité  mais une étape sympa.

C’est aussi un point central pour un rallye itinérant sur trois jours et il est vrai que l’organisation a clairement choisi le plus bel hôtel du coin.

Ce qui permet d’amener la famille dans des conditions très confortables, voire luxueuses – et à des prix très cassés! – qui passe ainsi de jolies vacances, tandis que ces messieurs vont en découdre dans le désert…

Avec ce type de course, c’est l’autre secret de Jean Louis Dronne, rassembler ses coureurs et les deux cents personnes que déplace le rallye dans des endroits très sympas.

Voilà pourquoi en ce matin du troisième jour, malgré des conditions de course assez usantes, tout le monde est arrivé avec une banane pas possible, au lieu de départ de la course.

Bon, il fait très chaud et il n’y a pas un souffle de vent, ce qui va avoir des conséquences imprévues.

 

Magnaldi va manger tout cru le buggy de Thomasse

Magnaldi va manger tout cru le buggy de Thomasse

 

Les Six heures d’Agadir sont lâchées en ligne de file,  dans l’ordre du classement de l’étape de la veille.

Thierry Magnaldi est au volant du Pro Truck Ironman qu’il partage avec Georges Lansac et Nicolas Clerget, il part derrière le buggy de Pascal Thomasse, mais on sent qu’il veut le bouffer tout cru et c’est ce qu’il fait.

Il double de façon carrément acrobatique, car il y a des arbres partout, bref on est en slalom, fait le holeshot et part seul devant…

Les autres ne le reverront plus, sauf ceux à qui…  il va prendre un tour !

Le buggy de Thomasse va quand même se battre, et de très belle façon comme le montre ce superbe cliché d’Alain Rossignol.

 

Belle ruade du buggy de Thomasse !

Belle ruade du buggy de Thomasse !

 

Thierry a bien des raisons d’avoir la rage de gagner.

Le premier jour, problèmes d’alimentation en essence, deux heures perdues, course foutue.

Reste le plaisir et l’honneur de gagner les courses restantes.

Ce qui était bien parti le lendemain mais dans le dernier tour, crevaison et tonneau pour le Pro Truck, qui repart mais perd la course.

Alors ce troisième jour c’est la furia!

Un festival…

Magnaldi est intouchable.

D’ailleurs, il touche rarement le sol…

Victoire totale dans ce troisième jour… écourté..

 

LES TROIS HEURES D’AGADIR…

Un dépassement est toujours impressionnant!

Un dépassement est toujours impressionnant!

 

La veille, à Tiznit, il y  avait une poussière énorme mais le vent, brûlant d’ailleurs, était fort et chassait les nuages de poussière soulevés par les autos.

Ici, dans le jardin d’Argan, pas un souffle, et quand par moments arrive le petit vent coulis qui fait du bien quand on soulève la casquette (hmmmmm!), les arbres en coupent l’effort.

Bref, la piste sablonneuse de rêve, avec la chaleur, est très poussiéreuse et comme il n’ y a pas de vent, elle stagne…

Alain Rossignol, qui shoote les photos de ce reportage, râle d’ailleurs, les autos arrivent parfois dans une sorte de nuée de poussière d’autant moins belle que la lumière monte au Zénith et est donc dégueulasse pour les photos.

On le voit, il est quand même arriver à shooter des trucs de folie mais … en râlant !!!

Mais on n’arrête pas une course parce que les photographes râlent…

On l’arrête en revanche, quand cela devient dangereux, on roule extrêmement vite sur ces pistes de sable, et on l’a dit, il peut y avoir des animaux et leurs bergers pas loin des pistes.

Les dépassements, qui sont toujours des moments délicats, deviennent parfois franchement hasardeux.

Bref, Loulou Dronne rassemble tous les Teams managers et leur propose de stopper les autos après trois heures de course.

 

Loulou Dronne, le "Boss"

Loulou Dronne, le « Boss »

 

Unanimité, même chez ceux qui ont du temps à rattraper.

Le sport extrême oui, mais quand on ne risque que sa propre vie, pas celle des gens qui accueillent le rallye avec tant de gentillesse et d’enthousiasme!

Georges Lansac, Team manager du Pro Truck Ironman, prend alors la bonne décision.

Il me m’explique à l’arrivée…

 » Chaque changement de pilote suppose un premier tour plus lent que les autres, car il faut se familiariser avec le terrain et les annonces du navigateur.

Comme Magnaldi tient le cerceau depuis le départ, il serait logique de l’arrêter et de changer de pilote… 

Mais cela serait une perte de temps dans les chronos. 

L’auto s’arrête deux fois, c’est obligatoire, mais Magnaldi reste au volant. 

C’était la bonne décision, frustrante pour les autres pilotes, mais payante pour le résultat »… 

 

Magnaldi et le team Ironman

Magnaldi et le team Ironman

 

On l’a dit, victoire absolue.

Devant le buggy BMW de Fouquet, peu sautillant mais très rapide, le Pro Truck de Guillot et Garcin, et le buggy de Thomasse, Vasseur et Delahaye.

 

Fouquet toujours leader au général

Fouquet toujours leader au général

 

Etienne Smulevici et ses copains Florentin, Housieau et Delaunay, font une très belle septième place au scratch au volant de leur buggy Predator.

 

Quand Smulevici attaque, il attaque!

Quand Smulevici attaque, il attaque!

 

La victoire d’étape  ne change pas grand chose pour le Pro Truck Ironman au classement général, foutu depuis le jour un, mais cela reste un vrai plaisir de pilotes…

 

RADELET-SCHLESSER OUT…

 

L’an dernier, dans cette même course, Jean Louis Schlesser et Jean Jacques Radelet, au volant de leur auto, se battaient pied à pied avec le Pro Truck d’Eric Vigouroux pour la victoire finale quand, le même jour, Jean Jacques s’est cassé le bras dans un retour de volant et Jean Louis avait été assez gravement brûlé au visage lors d’un ravitaillement, l’essence surchauffée fusant et explosant au moment du remplissage du réservoir.

Les deux amis avaient décidé de ne pas en rester sur cet échec et de remettre ça cette année.

Les deux jours précédents avaient été difficiles, le moteur coupant souvent pour cause de vapor lock.

Ce troisième jour, Radelet est au volant, il sait que son bras est encore fragile mais le plaisir de rouler cette épreuve avec Jean Louis a été le plus fort…

Il m’explique ce qui lui est arrivé…

 

Jean Jacques Radelet au matin de la course

Jean Jacques Radelet au matin de la course

 

« Une mauvaise retombée de saut, je rattrape le volant mais mon bras casse net. Je lâche le volant, c’est très douloureux et à ce moment, nous sommes en train d’attaquer un double jump, un double saut. J’arrive en travers, l’auto part en tonneaux, on a dû en faire au moins quatre ».

Tandis que le service médical ramène le pilote au départ de la course où se trouve le centre de soins, Jean Louis Schlesser est parti récupérer l’auto.

Course malheureusement terminée, une nouvelle fois.

Dommage, ces 24 Heures TT sont un bonheur à vivre et une très grande épreuve sportive.

Jean Louis et Jean Jacques n’iront pas au bout, et ils vont nous manquer!

Quatrième jour à Marrakech ce jeudi.

Pour l’instant, le buggy BMW de Fouquet, Gonzales et Seillet est toujours en tête au général.

 

 Jean Louis BERNARDELLI

Photos :  Alain ROSSIGNOL 

 

Le classement du troisième jour…

 

1  IRONMAN : LANSAC Georges – MAGNALDI Thierry -CLERGET Nicolas -AUVRAY Jean Marc (PROTRUCK) : 11 Tours

2  SODICARS RACING : FOUQUET Laurent – GONZALES Richard – SEILLET Bruno (PROTO SODICAR BV6) :  11T à  8’04.

3  GCL RACING ZZK : GUILLOT Christophe -GARCIN Jean Pierre (PROTRUCK) : 11 T à 12’03

4  MD RALLYE : THOMASSE Pascal – VASSEUR Pierre – DELAHAYE Régis -LARROQUE Pascal (OPTIMUS) : 11 T à 13′

5  SODICARS RACING : PORCHERON Philippe – RIVET Cédric – TOSCANO Hervé (BUGGY SODICAR) : 10 T

6  CLIM D’ENFERT : SALVATORE Michel – COQUELLE Alain (BOWLER) : 10 T

7  PREDATOR EUROREPAR : FLORENTIN François -SMULEVICI Etienne -HOUSIEAU Dominique -DELAUNAY Sébastien (PREDATOR X 18) :  10 T

8  LH ASSISTANCE : BILLAUT Gilles – BOUTRON Philippe -Mayeul (BUGGY SMG) :  10 T

9  AUTODISTRIBUTION : MORIZE Yves – CLEMENT JEAN SAUREL Gilles : (MERCEDES ML 500) : 9 T

10  JUCHAULT-THIOLAT : JUCHAULT Jean Louis – THIOLAT Philippe (TOYOTA KDJ 120) : 9T

11  MD RALLYE : LACHAUME Pierre – DUBUY Gérard -ROUCHON Alexandre (OPTIMUS) : 9 T

12  GCA’VENTURE : GHIDINELLI Christophe -LAMARD Philippe (MITSUBISHI PAJERO) : 9 T

13  OBJECTIFS DUNES : GANACHE Frédéric – SINTES Alain -LEGARDEZ Alexandre (BUGGY SMG PORSCHE) : 9 T

14  BONJO : BONJEAN David -FAVEN Serge (PREDATOR X 18) : 8 T

15  TRUCKS RALLY AFRICA: BARBIER Christian -TOUSSAINT Hervé (NISSAN NAVARA) : 8 T

16  MONTPELLIER 4×4 : TAURINES Jean Jacques -LEMPERNESSE Franck (TOYOTA KDJ 120) : 8 T

17  DEFIS 4×4 COMPETITION : VERGEAU Yorrick – MARIE Bruno (FOUQUET PORSCHE) : 7 T

18  CATHIM ROCAMORA : Cathy DENONCIN – Annick CHAUVEAU – CHISARI Katia  -SANZ Paul (ART WILCAT 1000 SSV) : 7 T

19  BUGG’AFRIQUE : SABATIER Jean-Antoine – FOUCAULT Arnaud (PREDATOR X 18) :  7  T

20 MORROCO RACING TEAM : RADELET Jean Jacques – SCHLESSER Jean Louis – LAVERGNE Hervé (BUGGY OSCAR OSC) : 5 T

21  PROTO KALVAS EURO 4×4 : KALVAS Cédric-BIDAULT Stéphane (PROTO KALVAS MERCEDES EVO 11) : 5 T

22  TECHNIBAT : MAZOT Marc -LOUIN Raymond (PROTRUCK):  4 T

23  BRIEFING ET DECOUVERTES : BROCHARD J Christophe – FERRET Isabelle- CHARBONNIER Thierry -BOURNAT Véronique (CAZE NISSAN) :  4 T

 

 

 

 

 

Rallye-Raid Sport