La rude partie d’échec entre Toyota et Audi
Toyota sort sa nouveauté, et déjà le paddock vibre un peu plus fort.
A Silverstone, les deux Audi 2013 en vérité n’avaient fait qu’une bouchée des Toyota, elles, encore en version 2012. Cette fois, sur l’exigeant tracé ardennais, les Japonais sortent leur nouvelle arme : la version 2013 de la TS030 Hybrid.
Lors des premières séances d’essais libres, le grand et trés expérimenté Alexandrer Wurz, annonçait la couleur :
» La ‘Toy’ a sans doute de solides arguments à faire valoir mais il faudra batailler ferme car les Audi ont de la ressource. La promesse d’une manche belge somptueuse. »
Qu’en était-il de la de la compétitivité de la nouvelle voiture des Japonais ?
C’était évidemment la question qui brûlaient les lèvres des nombreux journalistes présents en cette journée du vendredi sur le circuit de Spa.
Cette version 2013 était-elle capable d’aller secouer les Audi dans leurs derniers retranchements. ?
Pour les spectateurs, il faudra attendre la journée du samedi parce qu’il n’y avait vraiment pas grand monde à arpenter les alentours du beau circuit Belge, aujourd’hui.
Lors des premières séances d’essais libres, en fait les premiers tours de roues »officiels » de la petite nouvelle, Alexander Wurz réalisait un honorable 2’02 »856
Yoshiaki Kinoshita, le patron du team ne cachait pas qu’il y avait urgence:
« Spa est l’une des deux courses à domicile pour notre équipe, au même titre que celle du Fuji Speedway, car à seulement 120 km de Toyota Motorsport. C’est donc le lieu idéal pour faire débuter notre voiture version 2013 qui, nous l’espérons, sera encore plus performante. Audi a démontré à Silverstone que nous devions franchir une nouvelle étape pour nous retrouver en position de vainqueur, comme nous l’étions l’année dernière et je suis convaincu que la version actualisée de notre voiture le permettra. »
Pas simple en effet de rééditer les exploits de la fin de saison dernière. Visiblement, on a beaucoup travaillé du côté d’Ingolstadt cet hiver et les problèmes de traction électriques rencontrés en 2012 semblent en partie résolus.
A l’issue de la seconde séance d’essais libres, c’était même la soupe à la grimace du côté des Japonais. Avec évidemment les sempiternels,
» Ce ne sont que des essais libres, il faut attendre les chronos »
Mais toujours est-il que les deux Toyota officielles se retrouvaient déja devancé par les trois Audi : Lotterer, tournant en 2’01 »276, Di Grassi en 2’01 »377 et Kristensen, lui en 2’01 »690 !
Dominé aussi par la Lola Rebellion, superbement emmené par un Heidfeld sans doute très désireux de se faire remarquer de certains patrons allemands, ceux de Porsche bien évidemment !
Mais le plus »raide » était sans doute la toute petite différence entre la version 2013 et celle de 2012 . Qu’on en juge :
2’02 »332 pour Wurz avec la derniére née et 2’02 » 524 pour Sarrazin au volant de la version de l’an dernier.
Alors autant de question et si peu de réponse, si ce n’étaient les essais chronométrés avec comme on l’a vu à Silverstone, un classement tiré de l’addition des temps de deux tours de deux pilotes dans le baquet du même bolide.
Une formule qui ne fait pas l’unanimité mais qui oblige tous les Teams à rouler beaucoup.
C’est donc tout en fin de journée que se déroulait cette seule séance d’essais chronos. Comme d’habitude par contre, pas de mélange entre GT et LMP. C’était tant mieux tant le pilotage de certaines GT peut prêter à angoisse pour quelques cadors.
»Ce matin, sur un freinage, en essais libres, une Ferrari s’est loupée et s’est un peu essuyée sur mon arrière » s’en amusait même Benoît Tréluyer, avant d’entamer la séance du soir.
En GT Pro , nous ne sommes pas loin d’un petit clash puisqu’encore une fois, ce sont les Aston Martin qui ont outrageusement dominé la séance. Sans doute très avantagés par une bride plus grosse, les belles anglaises donnent des suées aux responsables Porsche.
Il serait fort étonnant que les patrons de Stuttgart acceptent de se faire tourner autour par la bande à David Richards. Il a fort à parier que d’ici Le Mans, le téléphone va beaucoup sonner du côté des commissaires techniques de l’ACO, chargés des équivalence réglementaires !!! …
Lors de la séance réservée aux LMP, il fallait regarder de près les évolutions au tour par tour. La surprise est venu de la performance de l’Audi du Brésilien Luca Di Grassi avec la longue queue qui s’est offert le meilleur temps absolu, bouclant le tracé de Francorchamps en 1’58 »934
Après quelque confidences de Marc Géné, on apprend que si la N°3 possède effectivement un porte à faux arrière rallongé, il existe aussi une foule de différences entre cette dernière voiture et les deux autres Audi.
»On roule avec moins d’appui. La voiture semble aussi plus rapide en V max. Mais dans les serrés, nous sommes évidemment moins bien que les deux autres voitures. »
Benoït Tréluyer lui aussi confiait que décidément, cette nouvelle Audi était sans doute déjà une belle évolution de la R18 2013.
»On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’une petite évolution, alors que non. Tout est différent et la voiture n’est pas du tout la même. Au Mans, ce sera sans doute un plus. Sauf s’il pleut parce que nous perdons quand même beaucoup d’appui. »
Audi tombe les records et occupera la première ligne
Alors que la température baisse avec la fin de la journée et la disparition du soleil sur le circuit de Spa-Francorchamps (15C° à l’air et 18C° au sol), les protos LMP1 et LMP2 prennent eux la piste après les GT, à 19h30 pour 30 minutes d’essais qualificatifs.
La séance est cependant perturbée au bout de six minutes par un drapeau rouge déployé suite à la sortie de piste de Chris Dyson au volant de sa Zytek Z11SNS-Nissan n°41 de Greaves Motorsport à la hauteur du virage ‘Bruxelles’.
Le pilote n’est pas blessé, mais la voiture était très mal positionnée.
Avec le nouveau calcul de la pole, ce seront finalement les Champions du monde, double vainqueur sortant du Mans, le trio Lotterer-Fassler-Tréluyer qui partiront en tête, suivis donc, de Di Grassi-Géné-Jarvis et de Kristensen-McNisch-Duval.
Les Toyota, elles, semblent un ton en dessous !
Pire encore, la N° 8 a même été plus rapide que la nouvelle voiture !Mais à l’adittion des chronos, la 7 s’élancera quand même devant !
Pas vraiment une bonne nouvelle pour la marque Japonaise qui, vendredi soir, cherchait à comprendre pourquoi elle a perdu la main pendant l’hiver.
En LMP2, belle prestation de Minassian-Kaffer qui place leur Oreca-Nissan en haut de la hirérarchie.
Toutefois Jota Sport avec sa Zytek Z11SNS Nissan, a réalisé une très belle performance tout au long de la session et ne pointe qu’à deux dixièmes de sa rivale, Oliver Turvey et Lucas Luhr ont réalisé une moyenne de 2’08’762.
Oak Racing s’octroie les 3éme et 4éme position de la classe avec leurs Morgan Nissan, devant l’une des Delta ADR, la N°25.
Rappelons que Senna-Makowiecki en GT Pro et Nigaard-Poulsen en GT AM, se sont montrés les meilleurs lors ces chronos.
Pour la deuxième année consécutive, Fred Makowiecki inscrit son nom dans le livre des records de la piste de Spa-Francorchamps. Toutefois cette année, suite au nouveau format de qualification qui a été mis en place pour le Championnat du Monde FIA WEC, sa performance doit être partagée avec son coéquipier Bruno Senna. Le duo, au volant de l’Aston Martin Racing Vantage V8 n°98 a réalisé la meilleure moyenne sur quatre tours lancés en 2’19″811.
Senna toujours survolté par sa victoire aux 6 Heures de Silverstone, a réalisé une très belle prestation au début des essais et a bien démontré qu’avec ses coéquipiers, Mako et Rob Bell, ils donneront du fil à retordre à leurs concurrents durant la course.
L’introduction d’un nouveau format de qualification a bien offert aux spectateurs une séance dynamique et impressionnante en LMGTE, notamment quand la Ferrari d’AF Corse pilotée Gianmaria Bruni a effectué une série de tours rapides, en tentant jusqu’au bout de subtiliser la pole à Aston Martin.
La Ferrari F458 Italia N°51, a vraiment utilisé toute la piste pour parvenir à ses fins, passant même de la quatrième à la deuxième place, mais c’est finalement Fred Makowiecki et Bruno Senna au volant de l’Aston Martin Vantage V8 n°98 qui ont établi la meilleure moyenne, prenant ainsi l’avantage et la pole position du LMGTE Pro, devant la Ferrari F458 Italia n°51 d’AF Corse qui ne pointe qu’à 0″12 seconde des polemen (2’19″853).
Derrière la Ferrari de tête, une autre Ferrari, la N°71 qualifiée par Toni Vilander et Kamui Kobayashi. À eux deux, ils ont établi une moyenne de 2’20″089, volant la troisième position à l’Aston Martin Vantage V8, N°97 de Darren Turner et Stefan Mücke avec juste 0,018 seconde d’avance.
Suivent ensuite l’Aston Martin N°99 de Richie Stanaway et Pedro Lamy (2’20″241) et la Porsche 911 RSR N°91 du Porsche AG Team Manthey, qualifiée en 2’20″243 par Jörg Bergmeister et Patrick Pilet.
Aston Martin s’octroie également la pole position de la catégorie LMGTE Am avec une moyenne de 2’21″265 établie par les pilotes Allan Simonsen et Christoffer Nygaard sur la Vantage V8 N°95.
Elle devance là encore une Ferrari F458 Italia, la N° 81 de 8Star Motorsport qui signe le deuxième temps de la classe grâce à la moyenne de 2’21″295 réalisée par Rui Aguas et Matteo Malucelli. Troisième sur la liste des LMGTE Am, encore une Aston Martin Vantage V8, celle de Jamie Campbell-Walter et Stuart Hall qui réalise une moyenne de 2’21″549.
Jean Michel LE ROY
Photos : Manfred GIET – Publiracing
LE CLASSEMENT DES ESSAIS MOYENNE DES TEMPS DE DEUX PILOTES PAR VOITURE
1. P1 Lottere/Treluyer/Fassler Audi 1m59.961 2. P1 Di Grassi/Gene/Jarvis Audi 2m00.236, à 0.275 3. P1 Kristensen/Duval/McNish Audi 2m00.610, à 0.649 4. P1 Wurz/Lapierre/Nakajima Toyota 2m00.947, à 0.986 5. P1 Davidson/Buemi/Sarrazin Toyota 2m01.203, à 1.242 6. P1 Prost/Jani/Heidfeld Rebellion Lola-Toyota 2m01.482, à 1.521 7. P1 Belicchi/Beche/Cheng Rebellion Lola-Toyota 2m03.278, à 3.317 8. P1 Leventis/Watts/Kane Strakka HPD ARX 2m03.688, à 3.727 9. P2 Perez Companc/Minassian/Kaffer Pecom ORECA-Nissan 2m08.540 10. P2 Dolan/Turvey/Luhr Jota Zytek-Nissan 2m08.762, à 0.222 11. P2 Pla/Heinemeier Hansson/Brundle OAK Morgan-Nissan 2m08.932, à 0.392 12. P2 Baguette/Gonzalez/Plowman OAK Morgan-Nissan 2m09.606, à 1.066 13. P2 Graves/Pizzonia/Walker Delta-ADR ORECA-Nissan 2m09.732, à 1.192 14. P2 Rusinov/Martin/Conway Delta-ADR ORECA-Nissan 2m09.892, à 1.352 15. P2 Weeda/Liuzzi/Rossiter Lotus 2m10.361, à 1.821 16. P2 Holzer/Kraihamer/Charouz Lotus 2m12.753, à 4.213 17. P2 Nicolet/Merlin OAK Morgan-Nissan 2m13.518, à 4.978 18. GTE P Senna/Makowiecki/Bell Aston Martin 2m19.811 19. GTE P Bruni/Fisichella AF Ferrari 2m19.853, à 0.042 20. GTE P Kobayashi/Vilander AF Ferrari 2m20.089, à 0.278 21. GTE P Turner/Mucke/Dumbreck Aston Martin 2m20.107, à 0.296 22. GTE P Dalla Lana/Lamy/Stanaway Aston Martin 2m20.241, à 0.430 23. GTE P Bergmeister/Pilet/Bernhard Manthey Porsche 2m20.243, à 0.432 24. GTE P Lieb/Lietz/Dumas Manthey Porsche 2m20.860, à 1.049 25. GTE A Nygaard/Poulsen/Simonsen Aston Martin 2m21.265 26. GTE A Potolicchio/Aguas/Malucelli 8Star Ferrari 2m21.295, à 0.030 27. GTE A Goethe/Hall/Campbell-Walter Aston Martin 2m21.549, à 0.284 28. GTE A Bornhauser/Canal/Rees Larbre Corvette 2m21.745, à 0.480 29. GTE A Ried/Roda/Ruberti Proton Porsche 2m22.690, à 1.425 30. GTE A Gerber/Griffin/Cioci AF Ferrari 2m22.825, à 1.560 31. GTE A Narac/Vernay Imsa Porsche 2m23.421, à 2.156 32. GTE A Krohn/Jonsson/Mediani Krohn Ferrari 2m25.564, à 4.299 33. GTE A Mallegol/Bachelier/Blank AF Ferrari 2m27.888, à 6.623