RALLYE NEIGE ET GLACE : LE JOUR DU GRAND BLANC…

 

La veille, le désespoir, il tombe des hallebardes sur la région de Pontarlier où se trouve le centre névralgique du Rallye Neige et Glace organisé par Patrick Zaniroli.

A l’Hôtel du Lac, énorme bâtisse classique sur les bords du Lac de Saint Point à Malbuisson, on nous dit pourtant que la nuit sera froide et neigeuse… On doute et le lendemain, au petit jour, le miracle…

C’est même épais, entre cinq et dix centimètres de poudreuse partout…

Et cela va continuer nous dit-on, pendant le week-end, alors que la première étape, en montée au départ de Pontarlier et en nocturne, est prévue dimanche soir. Bref, en France on va râler presque partout , et ici dans le Jura, les 83 concurrents du Neige et Glace ont la banane…

 

LE DINER DE BONS…

 

PESCAROLO,DAKAR 1988

 

Comme il pleut des cordes dehors, on va passer la soirée à parler sable…

Dîner avec Pescarolo, fan de ce Rallye Neige et Glace qu’il veut accrocher à son palmarès, Zaniroli, ex-vainqueur du Dakar, et aussi, avant de se mettre à son compte, traceur du Dakar (le vrai, en Afrique…) et créateur de l’Atlas au Maroc, ma pomme et Michel Périn, l’un des co-pi les plus réputés au monde, qui a navigué les plus grands, il débarque à peine du Lima-Santiago (El Dakaro…) où il a été le navigo de Nani Roma au sein du team X Raid.

Pescarolo a, pour sa part, fait quatorze Dakar (des vrais, en Afrique…) et forcément, en attendant la neige qui viendra plus tard, parler de l’Afrique, sent bon le sable chaud…

Michel Périn est moins connu du grand public que Zani et Pesca, mais il a une histoire colossale.

 

MICHEL PERIN NAVIGATEUR DE SAINZ

MICHEL PERIN NAVIGATEUR DE SAINZ

 

Il raconte par exemple qu’alors qu’il était l’adjoint de Guy Frequelin,  il a dû insister très fort auprès du « patron »  pour commencer à aider un certain … Loeb, alors sans un sou !

Il lui a  prêté des moteurs et des boîtes dont la seule révision coûtait à l’époque 15 000 euros le bout  après chaque épreuve et un jour, assez vite en fait, le jeune pilote Alsacien roule déjà de façon sublime avec de vrais résultats sur la terre, Frequelin dit à Michel Perrin…

« J’ai une mauvaise nouvelle pour toi, je te prends Loeb… «  . 

La grande histoire est toujours faite de petites histoires qui m’enchantent…

Michel dit aussi que c’est à cause de Pescarolo qu’il a attrapé le virus du baquet de droite.

Il avait alors treize ans quand on a annoncé le passage du Tour de France Auto à la station Shell de Metz, près de chez lui.

Il y est allé en curieux et la première auto qui est arrivée, dans un bruit de fureur, était la Matra 650 de Pescarolo navigué par cet immense journaliste du sport auto qu’est, Johnny Rives.

 

 

Premier frisson qui déclenche sa vie, sa passion, son métier, ses succès, ses accidents aussi bien sûr, mais fondamentalement une vie de joie.

Et il se retrouve ce soir, au fin fond du Jura, à table avec son héros, dont il sera le co-pi lors de ce Neige et Glace, c’est la première fois qu’ils rouleront en semble et on sent chez Michel un frémissement de bonheur…

Pesca qui raconte que ces Matra 650 sortaient directement des 24 Heures du Mans et que les immatriculer, avait été un grand moment…

Plus tard, Michel hallucine en écoutant Zani et Pesca évoquer les  très grandes années du rallye Paris-Dakar en Afrique, Pesca a été dans l’assistance très haut de gamme… des Vespa qui ont participé au Dakar, dont l’ancien brillant rallyman, Jean François Piot avait lancé l’idée pour promouvoir la marque.

L’assistance était faite de pilotes autos, avec Piot et Pesca, il y avait Trautmann…

Michel toujours ébahi de savoir qu’à l’époque, on traversait l’Afrique en course avec une boussole et un road-book papier…

Zani a d’ailleurs plein de souvenirs communs avec Pescarolo sur le sable, dont une autre histoire incroyable…

En 1988, Pescarolo est pilote officiel Peugeot.

Il vient de passer le Range de Zani quand il s’envole derrière une dunette, pique dans le sable par l’avant et part en tonneaux de face… Avec son navigateur, le regretté Patrick Fourticq, ils sont un peu groggy, mettent du temps à sortir de l’auto  et c’est alors que le Range de Zani fait le même plongeon, au même endroit, et les mêmes tonneaux, passant comme un missile à dix centimètres de la Peugeot.

Personne n’est blessé, les deux autos repartiront un peu arrachées de partout alors que c’était un coup à se tuer…

Voilà comment par miracle, Zani et Pesca se retrouvent ce vendredi premier février 2013, à table dans le Jura…

 

ZANI VERSION "SABLE"

ZANI VERSION « SABLE »

 

Il y a eu aussi des histoires de sable pas vraiment publiables, pardon lecteur, même si tout est plus ou moins public, sur ce coup-là, j’ai promis, pour garder le secret, de taire jusqu’au silence, selon la jolie formule de Max Pol Fouchet.

Bref, soirée sable.

Et le lendemain, matin grand blanc.

Zani radieux.

Pesca et Périn heu-reux!

 

ET VINT LA NEIGE…

ZANI VERSION NEIGE

ZANI VERSION NEIGE

 

Or donc, ce samedi matin, à peine mis le nez dehors, Patrick Zaniroli est parti voir ses premières spéciales, et la photo ci-dessus en dit long sur son bonheur…

Alors, on entre dans le vif du sujet…

« 83 voitures engagées, il y en avait 68 l’an dernier, tu imagines donc le bonheur, c’est une progression de plus de 20%! Cela fait dix ans que j’ai repris ce Rallye, et cinq ans que nous l’organisons ici dans le Jura, où la neige est bien plus fréquente en février que dans les Alpes, où l’on avait le choix entre les routes dégagées au noir (goudron visible…) et les cols fermés. Ici, les routes sont naturellement blanches, sauf en 2011, où on était plus de cent. La punition est tombée l’année suivante avec soixante concurrents alors qu’il y avait une neige énorme et logiquement cette année c’est le grand retour! Donc clairement, ce que l’on vient chercher ici, c’est du blanc, du froid et de la convivialité. Accessoirement, il y a des concurrents qui ont fait le Monte Carlo Classic, épreuve de prestige incontournable, mais c’est 5000 euros sans les hôtels pour faire 3000 bornes dont seulement deux cent en spéciale!  Ici, il y a peu de liaison, et cela coûte 2900 euro avec les hôtels… « 

Les concurrents viennent de toute l’Europe, c’est un vrai rallye international!

Il y a 30% de Belges, les grands spécialistes de la régularité, ceux que Pescarolo et Périn aimeraient bien accrocher à leur palmarès personnel…

 

 

Parick Zaniroli me dit d’ailleurs que le maximum d’engagés possible n’est pas loin, il ne peut pas dépasser 120, parce qu’il veut garder cet esprit de grande famille, et au delà de 120, les hôtels du coin ne seront plus suffisants.

Il dit d’ailleurs que c’est un joli coup pour la région, avec des retombées économiques estimées à 350 000 euros...

Pourtant, à part Pontarlier qui joue le jeu, ni la région, ni le département, ni les communes ne veulent aider l’évènement…

Et l’on n’est pas dans des endroits pauvres, l’exploitation des forêts rapporte des fortunes aux communes…

En revanche, quand on vient y tourner un film policier, les subventions tombent comme les obus sur Gravelotte!

Il est vrai que l’on n’est pas loin de Sochaux (Peugeot et ses licenciements…) et que l’automobile, en ce moment, n’a pas franchement bonne presse dans le pays…

Bon, on termine par un scoop.

Patrick est propriétaire de la marque « Auto Verte »… et ce fût le nom du journal qu’il créa il y a quelques belles années.

Aujourd’hui, cette marque est devenue, c’est un effet de mode, synonyme de voiture propre, électrique, hybride, bref de produit bon pour la planète.

Et la marque « Auto Verte » est à vendre!

Quand on sait à quel point, de la fabrication des pneus d’une auto à sa conception générale, le concept  de voiture propre est devenu « up to date », nul doute que logiquement, quelques spécialistes du marketing auto s’intéresseront à la chose!

 

 

Ce dimanche, vérifs à Pontarlier, l’occasion de vous présenter ces bijoux d’autos sportives classiques et première spéciale, en nocturne, sur la côte de Larmont à partir de 19 heures, gratuit pour le public, l’an dernier des milliers de personnes étaient venues respirer l’atmosphère des grands rallyes de la grande époque et n’avaient pas été déçues du spectacle!

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

Photos :  ORGANISATION, TEAMS et ARCHIVES AUTONEWSINFO

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