C’est la dernière journée en Mauritanie.
Beaucoup de bonheur et un peu de blues, la mer approche mais ce sera aussi la fin du voyage. Bien sûr, tout le monde est crevé, mais ce qu’aime l’aventurier c’est partir!
Rentrer, c’est recommencer à attendre la sixième édition de l’Africa Race, l’an prochain !
Schlesser en auto, Shibalov en camion et Fontyn à moto restent les maîtres du classement général, Dubois et Vancauwenberge arrachant les scratches du jour.
LE MENU DU JOUR…
On fait une spéciale de 196 km en boucle en Mauritanie et on prend le goudron tout droit plein sud vers le Sénégal, dont on passera la frontière avant de bivouaquer à Koba. Total de la journée, pas loin de 700 bornes.
Ce qu’en dit René Metge au briefing..
.« C’est la dernière ! Comme en 2012, le départ de cette dernière étape mauritanienne se déroule directement depuis le bivouac implanté en plein cœur des dunes. Les rescapés de cette 5ème édition de l’Africa entrent donc directement dans le vif du sujet avec du hors piste et six franchissements dont un de 5 km dans de très belles dunes dorées qui pourraient être peu porteuses malgré l’heure de passage matinale. Après 35 km, les concurrents empruntent une bonne piste comportant toutefois des parties de Fesh Fesh parfois piégeuses. A partir du kilomètre 85, une jolie partie de slalom entre les dunes attend les véhicules et ce, sur une quarantaine de kilomètres avant de retrouver un hors piste pour franchir trois cordons de dunes en alternance avec des plaines herbeuses pas toujours faciles à négocier. Une fois sorti de ces cordons, il n’y aura plus qu’à se laisser glisser jusqu’à l’arrivée jugée à Hassei El Barga sur une piste rapide et sinueuse entre les dunes. La journée n’est pas terminée pour autant car une longue liaison de 471 km ponctuée du passage de la frontière sénégalaise va conduire l’ensemble de la caravane du rallye à Koba où le dernier bivouac sera installé dans les plantations d’arachides. »
Sur la carte, cette journée se voit comme cela, la spéciale en rouge, la liaison en noir.
MOTO: DUBOIS, LA DERNIERE CARTOUCHE…
Norbert Dubois voulait finir en beauté, c’est fait… Parti dernier, il coupe la banderole d’arrivée en second, l’affaire est claire…
Retour au début de la journée…
Lâché le premier à 7h45 local time, le Belge Martin Fontyn est donc parti vers son destin, gagner la cinquième de ce vrai Paris-Dakar new look qu’est l’Africa Race.
Avec une heure d’avance au classement général sur Martens, deux heures sur Arnoult, quatre heures sur Palacios, il faudrait un vrai désastre pour qu’il perde cette course mais on rappelera qu’Hubert Auriol a perdu contre Neveu beaucoup plus près de Dakar, en 1987, à Richard Toll!
Donc Fontyn est entre l’extase de la quasi-victoire et le stress du pépin, et de façon non accessoire il va encore se farcir 200 km de dunes, jolies en photo, terribles sous les tétines des pneus…
Comme le dit ce poète de Jean-Louis Schlesser, c’est le désert comme on en rêve quand on est gamin.
La mer… de sable, infinie… celle dont Baudelaire disait que l’homme libre la chérira toujours.
Surveiller ses arrières en décryptant le terrain, en lisant le road-book la peur au ventre de se planter ou de partir jardiner…
Et chaque km parcouru est un pas vers la gloire, demain au Lac Rose de Dakar , le plus emblématique des chemins de triomphe.
La veille, Fontyn a enfoncé son adversaire Guillaume Martens à l’épuisement.
Plus de sept heures de moto dont le Hollandais reconnaît qu’il a fini avec les avant-bras en feu.
Pour gagner à Dakar il faut du talent ET être indestructible, il n’ya pas d’autre secret.
Au km 60, les motos de tête sont rejointes par les participants du rallye « Classic » qui ont un itinéraire allégé.
Revoir des Porsche sur le vrai Dakar, des années après les exploits de Metge et Ickx, ça le fait carrément bien, même si les 911 engagées par Henrard et Wunderlich n’ont pas grand chose de commun avec les 959 bourrées de chevaux des années quatre vingt.
Elles roulent avec la moto de François Besse, une Honda 600 XLM des années 80, qui fleure bon les « eighties »…
Fontyn laisse partir Martens devant, le Hollandais fait le job, s’il veut récupérer son heure de retard, cela doit commencer par attaquer à outrance, en espérant un coup de pouce du destin.
Et puis, mais Martens ne le sait pas, il est déjà en haut de la boucle de 200 km à faire ce mardi et vire vers l’ouest, 10 km derrière, Fontyn s’est arrêté… Plantage ! Avertissement sans frais…
Fontyn repart avec Patrick Arnoult et un Norbert Dubois totalement déchaîné, qui n’est plus dans le coup mais veut évidemment se donner le dernier frisson des dunes…
Mais Fontyn rate le haut de la boucle, tire tout droit, sur rien du tout, 500 mètres de détour, il voit d’ailleurs arriver de nulle part le Hummer de Zapletal, coincé par une panne moteur depuis plus de 48 heures et qui, GPS débloqué par le responsable de la sécurité des concurrents, rejoint le rallye à sa pointe nord.
Martens passe sans problème la partie nord de la boucle, avec de gros franchissements car on traverse les dunes dans le sens perpendiculaire, c’est comme quand tu manges de la bavette, si tu coupes dans le sens des fibres ça passe tout seul, si tu coupes en travers, faut aiguiser le couteau…
Quand il vire sud-ouest en revanche, il est dans le sens des dunes, allongées par les vents dominants et il revient vers la fin de spéciale.
On passe d’un petit 15km/h à plus de cent !!!
Bonheur!
Il a un paquet d’avance d’avance sur Fontyn.
Il a fait le job.
Trois heures et dix minutes de course, Martens coupe le premier la ligne d’arrivée, Fontyn est à plus de dix minutes derrière, sur 200 km, pas mal mais pas suffisant !
Et ce n’est même pas le scratch pour le hollandais car Dubois, qui n’a, c’est vrai, plus rien à perdre, et qui est intouchable sur un circuit balisé par des traces, arrive juste derrière
Classement général officiel à 20h
1. FONTYN Martin, B, KTM .2 . MARTENS Guillaume,NL, KTM , à 32’25.3. ARNOULT Patrick, F, HONDA à2:H04:37.4 . PALACIOS Joseph , F, KTM à 04:H35:21. 5 . LESAGE Pierre, F, KTM ,+à 06 H:48:55.6 . DUBOIS Norbert, F, KTM à07:H23:12.7 . KINIGADNER Klaus , AUT, KTM à 07 H:44:53. 8 . BLOEB Gregor, AUT, KTM à07:H54:08.9 . CONREAU Christophe, F, HONDA à 10H:18:23.10 . HORWATH Christian, AUT, YAMAHA à 11:31:15.11. MORETTI Tobias, AUT, KTM, à 14: H42:53.12. SAUER Joachim , AUT, KTM à 16:H39:48 .13. PROCACCINI Alfredo, I, KTM à 18:H58:08.14 . PELZMANN Klaus, AUT, YAMAHA à 22H:06:18.15. BOUCHET Pascal, F, à 23:H50:04.16. CUSUMANO Guido, I, YAMAHA, à 33H:45:25 .17 SCHATTAT Thomas, AUT, YAMAHA à 67:H 38:15.
AUTOS-CAMIONS: LE « VAN » DE SABLE…
Joost Vancauwenberge gagne le scratch de la dernière spéciale en Mauritanie.
Encore une belle étape, plus courte que les précédentes, il y a de la route à faire pour passer la soirée au Sénégal.
Une grosse heure après le départ de la première moto, on lâche le buggy d’Abouyoussef, organisateur du Rallye des Pharaons et vainqueur de la spéciale de la veille.
Il est suivi par Fromont, Schlesser, le camion Kamaz de Shibalov et le Toyota de Joost Vancauwenberge.
Petit à petit, Fromont, Schlesser, Van Cauwenberge, pas impossible que le grand savoure le fait de ne pas avoir à ouvrir la piste pour ses suiveurs, grignotent Abouyoussef…
Mais à 10h46, Schlesser s’arrête. Il repart avec Van Cauwenberge mais le scratch n’est plus trop à l’ordre du jour.
Pas grave, il s’amuse et a de grosses heures d’avance au classement général.
Jean Louis Schlesser qui racontera à son arrivée:
» On s’est arrêtés pour aider une Porsche de la course « Classic » qui était enlisée. Spéciale pas évidente, il y avait des pièges, il ne fallait pas se poser et pas se paumer. On a fait zéro faute, je voulais finir sans problème, voilà c’est fait. Si c’est Van Cauwenbergue qui gagne la spéciale, je suis très content, c’est un mec très sympa, qui n’a pas la grosse tête, un mec bien quoi. »
Voilà la philosophie d’un pilote de haut rang, qui ne court que pour gagner mais qui n’a jamais oublié d’être humain…
Cinquième victoire en cinq ans sur ce rallye, contraitrement à ce que Schlesser a dit à un confrère au départ de la course, le temps n’est pas venu de passer le flambeau…
Un quart d’heure plus tard, c’est Abouyoussef qui est bloqué, Fromont, Van Cauwenberge et Schlesser passent façon caravane, celle des droms, l’Azalaï, celle qui est inarrêtable…
Van Cauwenberge passe le premier la ligne d’arrivée, un genre de tir groupé avec Fromont et Schlesser, quinze bornes devant Shibalov.
Journée belge en somme.
Pays qui gagne le scratch en auto et probablement le rallye à moto…
Classement général officiel à 20h
1 . SCHLESSER Jean Louis ESQUIROL Cyril SCHLESSER .2 . Premier camion SHIBALOV Anton YAKOVLEV Evgeny SOTNIKOV Dmitry KAMAZ à 03 H:07:08.3 . TOMECEK Tomas MORAVEK Vojtech TATRA à 05 H:47:36. 4 . FROMONT Yves FROMONT Jean BUGGY à 05 H:49:43. 5. VAN CAUWENBERGE Joost CASTELEIN Jacques TOYOTA à 05:H58:53. 6 .GRIGOROV Anton MISHIN Sergey OSC à 06:H 57:28. 7 . JACINTO Elisabete, MARQUES Jose,COCHINHO Marco MAN à 07:H34:29. 8 .KOVACS Miklos,CZEGLEDI Peter,TOTH Tamas SCANIA à 08:H27:37. 9 . JORDA Guillaume LORMAND Xavier PROTO à 09 H:37:09. 10. MARTIN Patrick METZ Jean VOLKSWAGEN à 11H:01:17. 11 Premier T2.SHAGIROV Kanat MOROZ Alexandr TOYOTA T2 à 19:06:18. 12 .SAUKANS Maris DZENIS Uldis OSC à 20:47:03.13. VAN PUTTEN Harmanus ZOETAERT Werner TOYOTA à 21:33:48.14 . AIVAZIAN Marc LUANS Eric TOYOTA T2 23:31:44. 15 . CHAPOT Remy,PAGET Michael POLARIS, Premier SSV T3 à 25:00:44.16. DE PAEPE Bart DE DONCKER Frank TOYOTA à 25:48:16.17 . FERREIRA Paulo MONTEIRO Jorge NISSAN à 26:41:20.18 . SAZONOV Yuriy SAKHIMOV Arslan BOWLER à 29:46:47 .19 . DELABY Rene TABURIAUX Colette POLARIS à 33:50:33.20. ESSERS Noel, LAUWERS Marc BOERBOOM Ulrich MAN à 36:23:49.21. PELICHET Jerome PANSERI Xavier TOYOTA à 38:05:35 .22. BOUWENS Gregoor BERGHMANS Dave TOYOTA T2 à 39:07:11.23 . THIJS Vincent BRANDS Ruth MITSUBISHI à 45:41:17.24 . PITOUT Frederic ANTONIOLLI Patrick PREDATOR OP1 à 48:33:57.25 . ABOUYOUSSEF Abdelhamid, NOURELDIN Mahmoud VOLKSWAGEN à 50:59:16.26. VIDAL Luc VIDAL Marlene TOYOTA T2 à 68:39:36.27 . ALLAIRE Jean-philippe BILLOT Bruno TOYOTA à 72:28:49 .28 . AURIOL Hubert FORTHOMME Jean paul PROTO T1 à 82:26:09.
LIAISON: ST LOUIS BLUES…
Une liaison ça n’a aucun intérêt, c’est long, c’est chiant, c’est monotone et c’est même parfois dangereux parce qu’on roule trop vite sur des goudrons parfois troués comme des champs de bataille.
Pourtant cette descente vers le Sénégal va passer à Saint-Louis.
Saint-Louis du Sénégal.
Ville sublime construite sur une lagune, entre eau douce et eau de mer, étape de la célèbre Aéropostale où se trouve encore l’Hôtel de la Poste, dont la chambre 219 est quasiment un pélerinage, c’est l’endroit où dormait Saint Ex…
Voilà, c’était le petit cadeau de fin de journée de l’organisation, d’autonewsinfo et de l’Office du tourisme de Saint- Louis à ceux de nos lecteurs qui sont à la poursuite de leurs rêves, à l’image des concurrents de l’Africa Race.