RALLYE DAKAR : TEAM ANDRE DESSOUDE: LA PASSION COMME GUIDE, LE DAKAR COMME CHEMIN

 Team DESSOUDE autour du Juke préparé pour le Dakar 2013

 

Nos fervents lecteurs connaissent forcément l’équation selon laquelle : DESSOUDE+ NISSAN= DAKAR.

En effet, cela va faire… 31 ans que ce tandem normando-nippon, s’est installé dans le paysage particulier d’une épreuve hors norme, écrivant sur le sable quelques belles épopées que le vent balaye, ensevelissant sous les crêtes des dunes, les marques des pneus qu’André DESSOUDE a laissé lui même au volant, ou qu’il trace par procuration avec ses protos maison.

Cette année, nous avons eu le grand privilège de suivre la dernière phase de préparation des véhicules avant leur embarquement pour Lima. Ce sera donc l’occasion pour tous les accros du Dakar de rentrer un peu dans les coulisses d’un grand théâtre, où le régisseur général, André DESSOUDE, tient, à plus de 70 ans une place déterminante.

 

UN HOMME DE PASSION

 

Avant d’aller fouiner autour des véhicules, vivons d’abord la rencontre avec un homme de passion, original, déterminé, inventif, infatigable et particulièrement affable avec l’équipe d’autonewsinfo, site dont il se dit être un fervent lecteur, à laquelle il a consacré une journée complète à un moment, où pourtant, mille choses urgentes restaient à faire.

Jusqu’à notre arrivée à Saint Lô, nous ne connaissions André DESSOUDE et son Team, qu’à travers le prisme des papiers de notre rédac’chef, Gilles Gaignault, chantre invétéré du Dakar.

Le rendez-vous était fixé à la concession NISSAN de Saint Lô, où nous arrivons un peu avant l’heure du rendez-vous. Après avoir signalé notre arrivée, c’est Géraldine DESHAYES, fidèle assistante du Team-manager, qui nous autorise aimablement à nous imprégner de l’ambiance de l’annexe compétition, où une petite ruche bourdonne autour des véhicules de course, des camions d’assistance en cours de chargement.

 

 André DESSOUDE dans son bureau


André DESSOUDE a encore une ou deux petites choses à régler… nous sommes introduits dans son vaste bureau où Géraldine «  son bras droit » comme il aime à dire, se démultiplie au téléphone et nous allons profiter, pour vous lecteurs, mais aussi égoïstement pour nous, des heures durant, d’un Grand Monsieur du DAKAR.

Faisons défiler en accéléré le film retraçant le parcours de ce passionné de compétition.

Né en 1940, André DESSOUDE a toujours aimé la compétition, la performance. A 14 ans, il rêve de battre le record de vitesse en Mobylette. Apprenti mécanicien, après ses classes  il passe ouvrier, puis chef d’atelier. Pilote licencié à 18 ans, il s’amuse dans les rallyes régionaux, les courses de côte en Renault Dauphine 1093, en Dauphine Gordini…

Volontairement, André DESSOUDE ne s’attarde pas sur cette période pour arriver à décembre 1978, date du premier DAKAR où il s’engage sur un NISSAN Patrol.

Le DAKAR c’est bien l’histoire de sa vie, puisque après 17 ou 18 participations comme pilote, il n’a marqué aucune interruption dans sa participation à l’épreuve mythique, puisqu’il repartira en janvier 2013 pour la 31ème fois, de Lima cette fois, mais toujours au volant lui-même de l’UNIMOG d’assistance.

Adepte de NISSAN pour le rallye raid, André DESSOUDE marie son destin commercial avec la firme japonaise dès 1980 quand il créé sa première concession NISSAN, là, dans sa bonne ville de SAINT LÔ.

Après des ajouts avec des concessions RENAULT, HONDA et CHRYSLER toujours sur les territoires normands, le périmètre actuel de la maison DESSOUDE, s’établit sur les trois concessions NISSAN de Saint Lô, Caen et Cherbourg. Les Trophées de meilleure entité commerciale mondiale remis à 3 reprises par Carlos GHOSN, attestent de la compétitivité du réseau DESSOUDE, qui augmente sa pénétration régionale, avec environ 1600 véhicules par an.

 

André DESSOUDE Préparateur

 

André DESSOUDE, retraité à la santé gaillarde, a laissé le pilotage commercial à son fils Fabrice, se réservant, en tant que bénévole de luxe, le droit de se consacrer à part entière au TEAM DESSOUDE. Nous ne sommes pas entrain de vous dire qu’il n’intervient plus dans les affaires courantes, ça n’est pas son genre, mais on sent bien qu’il vibre totalement pour la course, les grands espaces.

Ne rêve-t-il pas encore « de piloter seul à bord, un buggy issu de sa conception, sans enjeu de classement, mais uniquement pour le plaisir de découvrir des espaces merveilleux et pourquoi pas, éprouver et  vérifier par lui-même les choix techniques qu’il promeut ».

UN PRÉPARATEUR INSPIRE

 

Depuis toujours André DESSOUDE prépare des voitures de course ; c’est toute sa vie.

Au début, dit-il :

« En renforçant le châssis avec force ferraille et en changeant les amortisseurs, on se proclamait préparateur. »

C’est un peu de cette manière qu’il débute néanmoins. Sa soif de performance le pousse à beaucoup observer, à cogiter énormément et à tenter en 1985 un pari fou. Pour obtenir 4 roues indépendantes, afin d’évoluer de manière agile sur tous les terrains, il n’hésite pas à découper  deux châssis NISSAN  pour prendre le train avant et l’installer à l’arrière, en le retournant. Il fallait oser pour explorer une telle voie aussi peu orthodoxe !

« Pourtant, s’amuse André DESSOUDE, après une mise au point difficile et en bricolant un tas de conneries, ça marchait et de surcroit, j’avais des roues arrière légèrement directrices. J’avais, là encore, l’impression d’avoir bricolé mais l’année d’après, quand les ingénieurs NISSAN eurent analysé mon système, NISSAN JAPON mettait à ma disposition 3 voitures neuves et un lot de pièces. »

André DESSOUDE préparateur inspiré est sur orbite, il n’est pas question de redescendre sur terre, si l’on peut dire ! Son modèle conceptuel est très clair. Il s’en explique simplement, sans forfanterie.

« En observant tout ce qui roule en compétition, je pique des trucs à droite à gauche. C’est toujours moi qui définis la voiture dans son ensemble. Il convient de faire les bons choix et les bons assemblages. On ne doit pas oublier que le but est aussi de réussir ce challenge avec le budget  qui est alloué. IL faut que tout soit bien, homogène, sans aucun point faible. Je me bats là-dessus sans cesse. Par exemple en rallye raid  faut il disposer d’un moteur de 400 chevaux et gaspiller la puissance par manque de motricité ? Toutes les composantes de l’auto doivent être au moins à 80% de l’optimum. Je réfléchis donc beaucoup pour faire le moins de bêtises possibles… »

 

TEAM DESSOUDE: L’ Atelier Course

 

Tout en bavardant nous nous rendons dans le bâtiment (1000 m2) dévolu à la compétition non loin de la concession proprement dite. Le panneau NISSAN France, est trompeur car nous apprenons que depuis cinq années, aucun soutien de quelque sorte que ce soit, n’est plus apporté par la firme Japonaise.

Le Team DESSOUDE, entreprise autonome par rapport aux concessions, doit donc trouver ses propres annonceurs et ses clients pour maintenir l’activité sportive. Comme on s’en doute ça n’est pas chose facile par les temps qui courent !

Pourtant André DESSOUDE, jamais à cours d’idées aussi bien techniques que marketing, tente de « réveiller » l’intérêt de NISSAN à son égard, en alignant un proto JUKE, que nous allons justement découvrir, en cours d’assemblage et de finition.

Connaitre son histoire pour mieux regarder l’avenir est un précepte valable pour bien des  situations. Quand on jette un œil dans le rétroviseur des participations  du Team DESSOUDE aux rallyes raid et plus particulièrement au Dakar, on relève que bien des grands noms de la compétition automobile, ont pris place au volant des NISSAN de SAINT LÔ.

Les heures de gloire ont sonné pour le Team tout particulièrement en 1993 et 1995, avec les titres décrochés en Coupe du Monde Marathon et en 2004 et 2006 en Championnat du monde Production avec Isabelle PATISSIER et Christian LAVIEILLE.

Outre le très beau coup médiatique avec Johnny HALLYDAY, les Stéphane PETERHANSEL, Paul BELMONDO, Kenjiro SHINOZUKA, Yvan MULLER, Isabelle PATISSIER, René METGE, Yves LOUBET, Grégoire DE MEVIUS, Jean-Pierre STRUGO, ont tous apprécié de pouvoir piloter un véhicule siglé « préparation DESSOUDE », certains qu’ils étaient de la qualité de l’auto .

 

André DESSOUDE et le Proto Juke

 

DAKAR 2013

 

Pour le DAKAR 2013 le Team DESSOUDE va encore avoir fière allure puisqu’il alignera :

N° 318 Le Proto JUKE pour Christian LAVIEILLE (que nous allons détailler)
N° 335 le Pick-up ATACAMA (à partir d’un châssis brésilien) et avec un moteur NISSAN 3,5 l, pour Frédéric CHAVIGNY
N° 332 un buggy identique à celui de Christian LAVIEILLE pour Stéphane WINTENBERGER
N° 385 un Buggy à carrosserie forme BMW et moteur 3,5l NISSAN pour Yves TARTARIN
N° 412 un Proto Mitsubishi  4×4 construit et piloté par Bernard CHAUBET

Ces deux derniers concurrents étant des clients hébergés par la structure DESSOUDE pour l’assistance.

Fort de son énorme expérience des Dakar et après une étude approfondie du parcours, du budget disponible, du règlement technique et de la concurrence, André DESSOUDE s’est fixé des objectifs pour le proto Juke :

« On a un bon pilote qu’est Christian (LAVIEILLE), qui sait utiliser le potentiel qu’on lui confie, donc, à partir de là, si l’on pouvait gagner la catégorie deux roues motrices, ça nous plairait beaucoup. Mettre cette voiture là dans les 10 ou 12 premiers du classement général, ça serait possible à priori et ça serait une bonne récompense pour tout le travail de l’équipe. »

 

Montage du Juke DESSOUDE

 

Ce qu’il faut savoir c’est qu’André DESSOUDE a opéré des choix techniques raisonnés et astucieux pour pouvoir afficher de telles prétentions. Tout d’abord, en raison du nombre de kilomètres à parcourir en altitude (on roulera souvent au-dessus de 3000 mètres !), le choix du moteur a été l’objet de nombreuses comparaisons, avant de se porter sur un BMW diesel.

Ensuite, pour tirer parti d’un buggy 2 roues motrices, il convient de travailler sur la légèreté, qui se conjuguera si possible avec une consommation raisonnable, voire faible, pour gagner en poids de carburant embarqué. Ensuite, les questions les plus habituelles seront à traiter au plan des suspensions : débattement, amortissement… rien que de très classique, en somme.

A partir de ces idées de base, la mise en musique est malgré tout un peu plus complexe et c’est le mariage de tous les paramètres et la cohérence d’ensemble qui peut donner naissance à un proto bien abouti. André DESSOUDE n’a pas voulu rater la cible et il s’est adjoint pour réussir cela, les services d’un prestataire :

Jean-Marc SCHMIT, qui se présente ainsi :

« Je suis ingénieur en construction automobile (ESTACA) avec des spécialisations plus électronique et systèmes , donc, ce qui touche aux réglages moteur, boite de vitesses, suspensions, acquisition de données, électronique… tout ce qui permet d’assembler tous les systèmes. J’ai eu un petit cursus dans différentes équipes (FERRARI F1, PEUGEOT WRC et Endurance), donc il me manquait un peu le raid. J’ai pourtant découvert la terre en championnat de France en 2006, à titre amateur, quand on a gagné le championnat de France avec une petite auto et un petit budget…. J’ai monté ensuite une société avec une spécialisation pour la customisation et mise au point de moteurs diesel pour amateurs avertis. C’est dans ce cadre là, que j’ai rencontré André DESSOUDE par l’intermédiaire de Benoit VINCENDEAU le patron de la SADEV. »

La SADVEV ?

C’est cette société bien connue pour ses conceptions de boîte de vitesses que nous retrouverons sur le proto JUKE DESSOUDE et qui fournit également les châssis des deux prototypes qui partiront avec un moteur BMW diesel.

 

 JEAN MARC SCHMIT, l’Ingénieur du Team

A ce propos, Jean- Marc SCHMIT détaille la démarche concernant le moteur :

« Le choix s’est porté sur un moteur low-cost. On part d’un moteur de série qu’on va essayer d’améliorer et surtout d’adapter à l’utilisation qu’on va en faire. Cela ne veut pas dire puissance outrancière, ni couple  exagéré. Dans la course il faut partir et arriver en tenant compte de tous les objectifs et des contraintes : la consommation, la fiabilité, la facilité, l’utilisation… pour que tout ça s’intègre très bien dans la voiture. Je suis donc parti sur ce moteur BMW  qui a vraiment une très bonne réputation. J’avais le choix dans cette gamme BMW du 2 litres 4 cylindres au 3 litres 6 cylindres, de 220 cv à 330 cv, avec la bride réglementaire bien sûr ! On a donc choisi le 2 litres bi-turbo  avec 275 cv, quand même ! »
Vous ne travaillez pas uniquement sur le moteur ?

«  Oui, le travail qu’on me demande ici c’est de faire la synthèse, ce qu’André appelle le boulot d’un ingénieur voiture ou ingénieur maison. Peu importe l’appellation, mais c’est surtout prendre en compte les objectifs du team, connaître les budgets accordés puis faire des propositions techniques pour atteindre ces objectifs. Pour moi mon but, c’est aussi de faire de belles autos. J’espère qu’on va  voir la progression dans la continuité de cette petite voiture. Ici c’est une ambiance de travail que j’aime bien. »

 

Finition du Juke

 

Alors que l’équipe travaille quasiment jour et nuit pour terminer les autos qui doivent embarquer le 23 novembre au HAVRE (certaines écuries fortunées travaillent plus longtemps à la préparation, expédiant les autos au dernier moment par avion cargo), Jean-Marc SCHMIT ne se contente pas de manier les concepts et la théorie. On le voit tout aussi bien chignole en main rectifier une partie de la carrosserie, que veillant à l’installation de la bouteille d’air destinée à alimenter les vérins, ou calculant la réduction du porte à faux avant, avant de discuter avec Christian LAVIEILLE du réglage de la position de conduite et de la hauteur du pédalier.

 

 Christian LAVIEILLE dans le baquet du Juke

 

Jean-Marc SCHMIT écoute avec attention les remarques et demandes du pilote. D’emblée de jeu, il indique ce qu’il lui est possible de prendre en compte et les contraintes techniques qui empêcheront certains choix. On sent bien que l’ingénieur souhaite que le pilote puisse se faire plaisir au volant du Juke, il nous confirme d’ailleurs sa philosophie de la course dans ces termes :

« Mon objectif pour cette course c’est d’abord de voir le pilote qui arrive le soir à l’assistance sans trop de soucis, avec le plaisir. Pour cela, il faut tenter d’anticiper tout ce qui peut entraver la bonne marche de l’auto et c’est là-dessus que je fais porter tous nos efforts de préparation… »

André DESSOUDE qui suit avec un œil inquisiteur tous les travaux, nous confirme que Jean-Marc ne peut pas tout faire avec son équipe. Il précise que des collaborations existent avec REIGER pour les suspensions et SADEV pour les boîtes de vitesses, et souligne la confiance mutuelle présidant à ces relations partenariales. Il nous détaille aussi la fabrication de la carrosserie à partir d’un moule d’une caisse de JUKE, recoupé en divers morceaux, pour pouvoir réaliser une véritable peau en carbone d’une très grande légèreté. Ces opérations délicates, avec réduction du porte à faux avant et élargissement de l’arrière tout en conservant une allure de JUKE, ont entrainé une position latérale, tout à fait originale pour les roues de secours, quasiment incrustées dans les flancs.

Comme le souligne le boss, « Nous avons eu beaucoup de travail depuis trois mois, et comme l’expérience c’est aussi d’avoir fait beaucoup de bêtises techniques mais surtout de ne pas les renouveler, nous avons tenté  de tenir compte de cet adage… En tout cas, je suis très confiant car le critère de poids sur lequel nous avons bien travaillé, sera hyper important en catégorie deux roues motrices. »

 

DAKAR 2013  Team DESSOUDE derniers jours d’atelier

 

La préparation du Dakar porte bien évidemment sur les autos de course, mais il convient d’être tout aussi préparé pour ce qui concerne la logistique et l’assistance.

Pour assurer ces missions primordiales le Team DESSOUDE met en œuvre 3 camions 6×6 pour l’assistance et l’outillage, plus un camion d’assistance rapide piloté par André DESSOUDE en personne.

Si la structure permanente comporte 1 ingénieur, 1 chef d’atelier, 1électricien, 1 plasturgiste, et 6 mécaniciens, la caravane DESSOUDE sur le Dakar avec pilotes, copilotes et personnels de renfort, monte à 30 personnes.

 

UN PILOTE EMBLÉMATIQUE

 

Lors de notre visite à SAINT LÔ, Christian LAVIEILLE, pilote emblématique de la maison était attendu – il vit en Provence au Beausset prés du circuit Paul Ricard – pour les derniers calages, voire une séance de roulage avant embarquement.

Nous avons été témoins de ces retrouvailles du pilote avec son Team. Dans le bureau d’André DESSOUDE, l’atmosphère a changé d’un coup. Les deux complices sont déjà ailleurs, sur les pistes, entrain de caler les possibilités d’assistance. Le chef de la tribu indique qu’il a repéré avec les anciens road book tous les endroits déjà connus. La complicité est totale entre les deux hommes.
André DESSOUDE nous parle de Christian LAVIEILLE en ces termes :

« Christian a une très grande expérience de la course. C’est un excellent metteur au point. Il est très calme dans les moments difficiles. Il fait partie des 4 ou 5 meilleurs pilotes en rallye raid. Christian nous a beaucoup apporté pour le développement de la voiture. C’est un pilote rapide. Il a des exigences et notre connaissance réciproque facilite les choses. Il voudrait rouler plus en essais… mais vous voyez, là on va encore être juste pour l’embarquement.. »

Autre face d’une même pièce, écoutons Jean-Marc SCHMIT parler du pilote :

«  Je connais Christian LAVIEILLE depuis le SILK Way Rallye 2011. Je vous dirais que Christian c’est un pilote comme on les aime quand on est ingénieur. Il ne fait pas des remontées pour faire des critiques, il dit ‘ça serait bien de faire ça et ça’. C’est du pur bonheur de travailler avec Christian. Je suis monté à côté de lui, c’est du même gabarit que du Marcus GRÖNHOLM, c’est un pilote doué, rapide. C’est un excellent metteur au point. Je suis étonné qu’il n’ait pas été aspiré par des teams  aux moyens et aux ambitions très importants. »

 

Christian LAVIEILLE pilote

Il était normal de donner la parole à l’intéressé mais en l’orientant sur la course à venir.

Alors Christian, depuis quand roules-tu chez DESSOUDE et comment vois tu le Dakar cette année ?

« Chez André, mon premier DAKAR c’était en 2004 et après  on a gagné la Coupe du monde en T2, puis on a fait ensemble les Dakar depuis 2007. Avant je roulais sur des protos 4 roues motrices, maintenant ce sera un buggy. Je ne sais pas encore trop où on va se positionner car je ne connais pas encore bien les possibilités de cette auto.  On n’a pas pu faire beaucoup d’essais avec ce proto entièrement neuf, mais avec des sous ensembles que nous avons déjà utilisés. Si tout se passe bien ça peut faire une belle place, mais ça reste le Dakar. »

Et le parcours ?

« Pour moi, ça va être une première au Pérou. Apparemment il y a beaucoup de sable, ça ressemble un  petit peu à l’Afrique… j’aime le sable donc tant mieux. Après, on n’est jamais à l’abri de faire une erreur dans le sable, non plus. Mais c’est à notre avantage, je pense. »

Ton objectif, c’est de gagner en deux roues motrices ?

«  Tu vois, je n’aime pas trop parler d’objectif sur un Dakar, c’est tellement long. Ceci dit, après, pourquoi ne pas gagner en deux roues, bien sûr ? Ensuite, si on fait une belle course, si on ne fait pas d’erreur (avec Jean-Michel POLATO son coéquipier) on peut faire entre huit et quinze, ça dépend aussi de ce qui se passe devant.  J’espère qu’on aura  un beau résultat, l’équipe travaille d’arrache pied depuis un moment, ça serait une bonne récompense.»

 

GÉRALDINE : UNE PIÈCE MAITRESSE DU TEAM

 

Dans le Team DESSOUDE, comme on peut le constater tout le monde est à l’unisson. L’esprit d’équipe est installé comme la culture d’entreprise et cela transparait dans tous les échanges entendus entre les divers membres de l’écurie.

Les relations entre les hommes sont fluides malgré la nuit blanche et la masse de travail à digérer avant le chargement au Havre. Aucune précipitation, chacun sait où il va et André DESSOUDE a l’œil à tout.

Des bras de suspension attendent d’être emballés dans le camion d’assistance rapide, tout comme un moteur, une boîte de vitesses. Sur l’ATACAMA, il semble que tout soit presque en place. Sur le Juke, il reste encore pas mal de travail. On s’affaire dans le calme.

 

 UNIMOG DESSOUDE

 

Au gré de la visite, André DESSOUDE nous montre son lieu de vie installé sur la structure dépliable perchée sur le toit de l’Unimog. A ce propos, il nous déclare :

« A mon âge, je peux encore faire pas mal de choses – sous entendu, diriger le Team et piloter l’assistance rapide – mais il faut que je dorme,  j’ai tout mon bagage et mon lit sur le toit du camion. C’est confortable et  je ne perds pas de temps dans des transferts, vers les hôtels, où les pilotes vont dormir. »

André Dessoude nous confie également que pour lui l’Afrique c’est quelque chose d’irremplaçable, mais qu’en Amérique du Sud avec l’enthousiasme et le nombreux public, le Dakar est toujours une vraie réussite.

Les véhicules vont partir, la planification des déplacements de l’équipe, la gestion de la logistique et de la communication vont occuper Géraldine DESHAYES en mode manager

Ce maillon indispensable dans la chaîne compétitive du Team DESSOUDE est arrivée par hasard dans la marmite. En stage commercial dans la société voici 18 ans, elle a bifurqué dans ces fonctions sportives en acceptant de prendre le poste d‘assistante du boss. Ce dernier nous dit à son sujet :

« Elle est très précieuse, avec elle c’est facile elle est au courant de tout. Nous sommes dans le même bureau, elle entend mes conversations téléphoniques, elle sait ce que je raconte aux visiteurs, ou au téléphone si bien qu’elle est parfaitement au courant de tout et peut vous fournir tous les renseignements dont vous pouvez avoir besoin pour compléter votre reportage. »

Aujourd’hui, elle est sans conteste une des pièces maitresses du Team. Durant la course elle gère notamment, un dispositif de communication original lui permettant de connaître au plus vite la position des équipages. A partir d’un ordinateur 3 G embarqué dans le camion d’assistance rapide, elle jongle avec les connexions sur le site ASO, mais aussi sur un réseau Dessoude alimenté par des passionnés. De la même manière, elle peut fournir en temps réel les informations  utiles à la rédaction, en France, des communiqués de Presse.

Elle valide en direct les textes proposés, avant la diffusion en direction des journalistes et partenaires par l’attachée de Presse, la très professionnelle et appréciée Lydie Arpizou, plus au calme, elle,  dans son bureau Français, que Géraldine bahutée sur les pistes par André DESSOUDE, qui n’entend pas perdre de temps pour arriver au plus vite à ses points d’assistance !!!

 

 Les Managers dans la course

 

André DESSOUDE se projette déjà dans la course, on sent bien qu’il jubile par avance à l’idée de retrouver ces grands espaces et de jeter les roues de son camion sur les 5505 kilomètres qu’il devra parcourir pour l’assistance de son bébé : le Juke de Christian.

D’un revers de main il balaie les  récriminations écologiques contre ces courses dans des secteurs de nature vierge. Écoutons plutôt son plaidoyer pour le rallye-raid :

« C’est absolument faux, on n’abîme pas le désert. Récemment nous étions en essais dans le sud marocain, deux jours après nos nombreux passages, le vent avait balayé toutes nos traces.. L’idée selon laquelle on va polluer le désert est absolument fausse. Aujourd’hui, le Dakar quand il se déplace, il ramasse toutes ses poubelles, des bivouacs il ne reste aucune trace, alors qu’au lendemain d’une étape du tour de France, les routes ne sont pas belles ! »

Avec le regard posé sur la carte de l’édition 2013 du Dakar, André DESSOUDE semble déjà parti à Lima, lorsqu’il poursuit :

« Les grands espaces sont quand même des endroits formidables pour aller se vider la tète, pour s’amuser à rouler librement…Quand on voit le nombre de gens qui rêvent d’aller disputer le Dakar, ça ne correspond pas aux critiques qui sont faites à l’épreuve… »

Quand on veut parler d’argent, de budget là aussi la réponse est claire :

« Nous sommes des professionnels de la compétition. On ne se retrouve plus dans le système de valeurs qui met l’argent au dessus de tout. Je persiste à défendre l’idée qu’en tant qu’entreprise je dois gérer le budget sans recourir à des subventions d’argent public par exemple. Ainsi je ne sollicite ou n’accepte aucune subvention de la Ville de Saint Lô ou du Conseil général ou de la région. »

Il est comme cela notre André droit dans ses bottes. A lui de financer son proto avec les sponsors qu’il va démarcher lui même sans relâche. Il concède que les choses ne sont pas faciles et que boucler à l’équilibre est toujours un exercice périlleux et limitatif par rapport au développement que l’on voudrait apporter à l’auto.

 

 Fin de préparation du Juke

 

Rapidement on repart et termine sur un autre sujet.

Oui, on vous le dit André DESSOUDE semble  vivre quasi exclusivement pour la compétition. Maintenant que les dés de la fabrication du Proto Juke, ont cessé de rouler avec l’embarquement imminent de l’auto, le Team manager est déjà happé par la stratégie de course. Il décortique les cartes et échange avec Christian LAVIEILLE, à propos de tel ou tel secteur.

Son expérience fabuleuse lui permet de fixer en une phrase l’objectif assigné à celui en qui il a entière confiance :

« Sur un Dakar on doit gérer notre course. Christian devra rouler vite quand c’est possible et économiser quand c’est nécessaire. »

 

Juke DESSOUDE Christian LAVIEILLE Géraldine DESHAYES André DESSOUDE

 
Gageons  qu’avant le départ de chaque étape, André DESSOUDE plus que jamais habité par son rôle de Team manager, avec le caractère bien trempé qu’on lui reconnait, saura donner quelques consignes à Christian LAVIEILLE, avant de s’installer au volant de  son puissant camion pour assurer l’assistance volante du beau proto N°318.

Chers lecteurs, vous pouvez compter sur la très grande expérience et la vigilance aiguisée de notre boss Gilles GAIGNAULT, pour ne rien perdre des exploits du Team DESSOUDE bien entendu, mais également de tous les autres concurrents.

A bientôt donc pour suivre quasiment en direct ce DAKAR 2013 !

 

 Alain MONNOT

Photos : Michel PICARD et Collection Team Dessoude

 

SOUVENIRS DES ANNÉES DESSOUDE EN RALLYES-RAID

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