COLLECTIONNEUR DE MINIATURES: RASSEMBLEMENT D’UNE COLLECTION AVEC TOUTES LES VOITURES DES 24 H DU MANS !!!

TOUTE L’HISTOIRE DES 24 HEURES DU MANS  !!!

 

NON, vous ne rêvez pas !

autonewsinfo va vous promener et balader dans ce que l’on pourrait tout simplement dénommer La caverne d’ALI-BABA…

 

Dans notre activité journalistique, souvent ce qui est le plus  intéressant ce sont les rencontres, les plus diverses et variées que l’on peut faire. Nous avons cette chance et nous ne boudons jamais notre plaisir.

Parfois les choses prennent un tour particulier, inattendu ou tout à fait surprenant.

Ce fut le cas récemment lorsqu’en déplacement en Région Rhône-Alpes, un de mes amis me proposa de rencontrer un personnage hors normes, dont on peut dire d’entrée de jeu que toute la vie est tournée vers les 24 heures du Mans. Cet ami n’eut pas trop de difficulté, à me convaincre de modifier mon emploi du temps en me confiant :

« Tu aimes les voitures, tu as déjà fait courir des voitures aux 24 heures du Mans et tu couvres l’épreuve depuis longtemps, tu devrais être étonné et tu devrais apprécier. »

Quelques coups de fil plus tard, nous nous retrouvons en fin de journée en présence d’un homme sans doute un peu sur la réserve, qui ne souhaite pas rencontrer les journalistes, nous demande de taire son nom et d’oublier son adresse.

Vous l’aurez compris, si nous sommes reçus, c’est grâce à l’intervention de notre ami Michel, que nous remercions très chaleureusement pour cette soirée entre passionnés.

 Jean-Luc à son atelier

 

Les présentations se font par l’intermédiaire de Michel. Jean-Luc n’est pas trop disert sur son parcours pourtant assez étonnant. Qu’on en juge plutôt. Après de solides études secondaires, notre jeune homme au terme de trois années de classes préparatoires est reçu à l’École Centrale… qu’il ne rejoindra jamais préférant rester dans le commerce avec ses parents, déjà sans doute pour pouvoir vivre sa passion du Mans dont on peut démarrer l’histoire.

Comme il le dit avec un sourire discret :

« Rester au pays et être son maître cela n’avait  pas de prix. »

A 10 ans le garçon se tourne déjà vers des maquettes HELLER. En 1969, à 14 ans alors que l’automobile club local organise un voyage aux 24 heures du Mans, Jean-Luc fait le siège de ses parents pour obtenir l’autorisation de découvrir l’épreuve.

C’est sans doute une véritable révélation puisque débute alors véritablement la collection.

Des miniatures existent, toutes au 1/43 ème, elles proviennent de chez Solido , Dinky Toys ou encore  Norev. En fonction du marché, notre Jean-Luc achète ce qui  peut correspondre aux voitures ayant terminé les 24 heures. Il recherche les informations concernant les décorations des voitures et peint lui-même, stickers numéros de course ou publicités. Pour des modèles inexistants dans le commerce, un peu plus tard, les kits anglais John DAY constituent d’excellentes bases de départ. On lime, on ponce, on décore et comme le dit joliment notre interlocuteur :

«  Dans cette affaire, on y met la main puis le bras et… »

 

Un Atelier ou plutôt la caverne d’Ali-Baba…

 

Toujours est-il que les années passent et la collection progresse. STARTER et PROVENCE Moulages sortent  beaucoup de modèles ayant couru au Mans.

Dès 1986, chaque année aux 24 heures, mais pas dans n’importe quelles conditions, il réserve une place au dessus des stands lui permettant de manière quasi scientifique de photographier  toutes les voitures empruntant la voie des stands.

Un cliché de dessus lorsque les voitures remontent la voie des stands, un autre lorsqu’ils vont se placer en pré grille. Une photo en présentation dans les stands, tout cela vous assure de pouvoir placer correctement et avec la plus grande fidélité et les autocollants publicitaires et les noms des pilotes dans le bon ordre à côté du petit drapeau de leur pays d’origine.

En effet, la grande caractéristique de la collection qu’il nous est donné de découvrir, c’est le souci de l’exactitude, du détail, de la précision, du respect des couleurs.

Pour cela Jean-Luc a constitué une base de données assez colossale et travaille à partir de ses photos, des informations recueillies sur Internet, dans des revues spécialisées. Pourtant le plus étonnant c’est sans doute la puissance et la qualité de sa mémoire que nous découvrons de manière fortuite.

Nous indiquons à notre hôte avoir fait courir une LIGIER appartenant  à Martial DELALANDE, sans coup férir celui-ci nous déclare :

« Oh oui, je vois très bien. En 1973 n’était ce pas celle qui portait le Numéro 18, était pilotée par DELALANDE, LAURENT et MARCHE et sur le toit de laquelle figurait une publicité pour la FNAC ? »

 

Le Mans 73 Relai Jacques MARCHE Claude LAURENT Ligier JS2 N° 18

 

Je dois dire que je reste bouche bée, totalement sidéré par autant de précision, d’autant plus que je n’ai aucun souvenir de la publicité en question. Qu’importe, Jean-Luc part en direction d’une des nombreuses étagères et revient sans coup férir avec la maquette, qui effectivement correspond totalement à ses dires…

On continue l’expérience si l’on peut dire quand Jean Luc enchaine, en précisant que la numéro 56 qui courait en 1972 et comportait quant à elles des publicités pour SERRE CHEVALLIER et avec la même certitude confirmée, me présente le modèle.

On insiste un peu pour le plaisir. Nous parlons des CD. Notre brillant collectionneur tout de suite tient à préciser les choses.

«  Vous voulez parler du premier proto la numéro 45 de 1964 ou alors de celle pilotée par votre ami Claude LAURENT associé à Jean Claude OGIER, portant le N° 51 et motorisée non pas par Panhard mais par Peugeot. Et ayant couru en 1966 ? »

Oui c’était celle de 1966.

« Alors il faut savoir que trois voitures étaient engagées. La carrosserie était conçue par SERA et se caractérisait par deux grandes dérives verticales. La 51 fut stoppée par un accident  provoqué par une tâche d’huile, la 52 de Bertaut-Lelong fut stoppée par un embrayage défaillant et la 53, de Rives- Héligoin, connut elle aussi un accident. »

 

Claude LAURENT CD Peugeot N° 51 Le Mans 1966

 

Devant autant de connaissances et de précisions, j’ai effectivement hâte de savoir comment ce puits de science automobile est alimenté. Avant de poursuivre notre rencontre avec quelques questions, sous la conduite  de Jean-Luc, j’entre un peu plus dans le tabernacle  des 24 heures.

Toute une pièce est consacrée à la conservation des reliques. Les volets sont clos sans doute pour éviter que les peintures ne ternissent et sagement alignées dans des boîtes « Eligor » identiques, les voitures ayant disputé les 24 heures du Mans depuis  1923 sont là, alignées sagement.

Nous restons ébahis face à l’ampleur de la collection.

Nous avons du mal à croire que Jean-Luc a pu tout en travaillant de manière intense (tous les jours levé à 4h45 du matin et magasin ouvert tous les jours de l’année sauf le premier mai), consacrer autant de temps à son œuvre.

Au fait connait-il exactement le nombre de ses bolides ?

 

Les photos sont très utiles

 

Sans aucun doute.

En effet, la réponse sort d’un petit cahier très précieux pour suivre l’évolution du trésor. Ayant réussi à réunir la totalité des voitures ayant disputé les 24 Heures du Mans –  environ 1000 modèles restent à monter ou à décorer mais tous sont déjà peints – il cherche à trouver maintenant toutes les voitures non-partantes et, dans la mesure où elles ne sont pas revenues identiques en juin, celles des essais d’avril (de 1959 à 1974).

Mais, sachant qu’il n’aurait jamais le temps de tout monter, il a confié le montage de la plupart des « avant-guerre » à l’excellent Jean-Paul Guiol, de JPG Maquettes à Arles.

Au total il a recensé 4369 voitures. 3828 ont disputé la course, 141 parmi les « essais d’avril » et 400 représentent les non partantes ou les pré-qualifications. L’année 2012 n’est pas encore entamée et de nombreuses autres voitures sont encore à monter.

La tâche immense que représente la recherche de documentation, la finalisation d’un modèle ne rebute en rien  celui qui s’est constitué une base de données extrêmement riche, lui permettant à tout moment de vérifier, ou ajouter un détail.

 

Une solide documentation

 

Des échanges fructueux en termes d’informations et surtout de kits inédits, ont eu lieu il y a quelques années avec un ancien autre passionné, Michel ELKOUBI, mais on reste confondu face à l’ingéniosité et la ténacité qu’il a fallu pour parvenir à reconstituer tous, oui tous les modèles des 24 heures, même ceux pour lesquels aucune base approchante n’existait.

La documentation est une chose, la dextérité en est une autre et Dieu sait qu’il en faut pour créer ses propres moules en résine ou pour réaliser à partir des produits dentaires (résine spéciale) d’autres moules pour des ailes ou des becquets manquants !

Nous imaginons facilement Jean-Luc en train de poncer, peindre, ajuster un autocollant.

Avec gourmandise, il nous détaille avoir dessiné et peint le chameau de Camel sur un modèle. Il avait retiré quelques poils au pinceau…. et pour un autocollant, encombré qu’il était pour sa mise en place, c’est sur sa langue qu’il allait le chercher en se regardant dans une glace pour le saisir de la meilleure manière, avec une pince à épiler !

 

Les chameaux sur la DUCKHAMS

 

Sans nous livrer ses secrets quant au choix des peintures qu’il utilise, ce véritable artiste est d’une sévérité sans faille pour les constructeurs de maquettes qui prennent quelque liberté avec la teinte, la nuance. Son œil averti ne tolère aucun écart.

Ainsi, un kit monté, la Piper GTR non-partante en 1969 et dont la teinte a été réalisée conformément à la voiture restaurée récemment, ne correspond pas à la voiture de 1969 !

La collection, elle, en impose. On se demande pourquoi l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) ne souhaite pas mettre en valeur en son musée, la collection presque identique qu’elle possède.

Nous n’en finirions pas de bavarder et de commenter, tel ou tel modèle qui nous semble vouloir revivre par la voix du passionné, capable de nous délivrer un commentaire, pertinent, décalé ou savant pour chacune de ses voitures des 24 heures.

 

 Le choix de Jean-Luc

 

Alors, comme il faut bien  conclure nous demandons à Jean-Luc, de nous présenter trois modèles, lui tenant particuliérement à cœur, en justifiant également son choix.

Le choix est sans doute cruel.

3 sur plus de 3000 modèles terminés et alignés comme à la parade, Jean-Luc hésite un peu puis dépose 3 modèles de non-partantes, sur la table du petit atelier-sanctuaire.

La DUESENBERG SJ de 1934, du prince Nicolas de Roumanie choisie parmi les non partantes mais surtout pour la nécessaire transformation intéressante à réaliser à partir d’une base Solido (réalisation JPG Maquettes).

L’ARDEX de LATESTE-PERRIER, elle aussi non partante, mais modèle très original due au concepteur Max SARDOU et miniature assez rare.

La CORVETTE Callaway  N°42, des prés qualifications est un modèle AMR. La N° 43, n’ayant réalisé aucun tour, présente quelques différences mineures et est en cours de réalisation.

Lors de cette présentation impromptue Jean-Luc, nous glisse à l’oreille :

« Actuellement, je suis  à la recherche d’un transkit Starter non monté pour la Mig 99 des pré-qualifications 1993. »

La soirée se poursuivra en évoquant des anecdotes de course mais aussi en évoquant le décès de la maman de Jean-Luc qui a eu pour conséquence l’impossibilité d’assister aux 24 heures de 2012, tout comme ce fut, ce pourrait être à nouveau le cas en 2013, personne ne pouvant relayer Jean-Luc, dans un commerce extrêmement prenant.

On se demande si d’autres centres d’intérêt peuvent exister pour Jean-Luc, en dehors des voitures des 24 heures, et l’on est étonné de découvrir une autre  évasion, celle des voyages lointains.

Découvrir les cultures du monde, là aussi  au plus près de l’authenticité , constitue un autre volet d’ouverture important. Parlez-lui du Cambodge par exemple et vous soulèverez le couvercle d’une autre passion, tout aussi dévorante, mais pour laquelle il faudra sans doute attendre la retraite, afin de  l’assouvir pleinement.

 

 Encore du montage …

 

Personnage d’exception, tant par sa formation, sa mémoire, sa capacité à travailler sans relâche, son organisation hyper rationnelle, ses talents artistiques, et surtout sa passion envahissante pour les 24 heures du Mans, Jean-Luc a su constituer avec sa collection exceptionnelle, un patrimoine physique et affectif absolument fabuleux, dont nous nous félicitons d’avoir pu le découvrir et d’en faire profiter les lecteurs d’autonewsinfo.

Merci à notre informateur, l’ami Michel, d’avoir permis cette rencontre hors du commun.

 

Alain MONNOT
Photos Alain MONNOT et Michel PICARD

 

Modélisme Musée Sport