AVANT LE MONDIAL DE L’AUTO : ENTRETIEN AVEC ARNAUD MONTEBOURG, UN MINISTRE QUI A DU PUNCH A REVENDRE…

 

 

A l’avant-veille du Mondial de l’Automobile, lequel ouvrira ses portes ce samedi au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris, après deux journées consacrées à la presse et aux réseaux, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, nous a reçu ce mardi pour évoquer quelques sujets d’actualité.

Entretien avec Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg visiblement connaît bien ses dossiers. Très à l’aise, une heure durant, il nous a parlé avec conviction de l’industrie automobile Française.

 

 

Et c’est un Ministre qui visiblement a du punch, extrêmement motivé, n’éludant aucune question, qui a fait le point sur les dossiers les plus chauds.

Immédiatement, il lance :

« Je serai présent jeudi  soir au Mondial de l’automobile et j’y retournerai vendredi, avec le Président de la République ».

Puis, il enchaine :

« L’automobile Française a une histoire glorieuse. Cette histoire est devant nous, pas derrière. J’entends trop de discours pessimistes. L’industrie automobile est une industrie d’avenir, qui est en train de se transformer. Le meilleur exemple : le développement des véhicules hybrides et électriques. J’irai donc au Mondial, encourager nos constructeurs. »

Au sujet de l’affaire PSA de la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-bois et des licenciements prévus de 8.000 employés, le Ministre nous précise :

« Je ne porterai pas de jugement, je m’attarde à la réalité de la situation en cherchant les solutions les plus raisonnables. Sur le plan social qui fait peur aux Français, où 8.000 familles sont impliquées, ce plan fera l’objet de négociations, mais il n’est pas entériné. Nous devons faire la lumière sur les informations contradictoires concernant Aulnay, voir la réalité, et poser les problèmes. »

 

 

François Chérèque, le Patron de la CFDT, accuse l’État d’entretenir des illusions.

« Là, encore, je ne porte pas de jugement et n’ai pas l’intention de polémiquer. Le but étant de faire avancer le dossier, j’agis, je suis un acteur qui doit gérer le dossier tripartite entre les syndicats, PSA et le Gouvernement. A partir du rapport Sartorius, le débat est ouvert et nous devons tenir compte des remarques et du constat établi. C’est un dossier d’une extrême difficulté, mais l’Etat ne valide pas, pour l’instant, le projet PSA. »
Emmanuel Sartorius, ingénieur général des Mines au Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET), a été mandaté pour effectuer un diagnostic de la situation économique, financière et industrielle du groupe PSA. Il a remis son rapport le 11 septembre 2012.

Ne pensez-vous pas que le groupe PSA est trop « Européen », trop « Français » ?

« C’est un groupe qui doit sortir de l’isolement, passer des alliances et s’internationaliser pour se mondialiser afin de conquérir de nouvelles parts de marché. Tous les groupes qui survivent se sont tous mondialisés. »

 

 

L’EXEMPLE A SUIVRE  : VW

 

« VW est l’exemple à suivre et aujourd’hui, ce groupe fait travailler des milliers de travailleurs allemands, car tous ses modèles se vendent sur tous les continents. Il faut donc que PSA trouve d’éventuelles solutions pour ne pas perdre contact. »

Renault est-il à l’abri ?

« Je l’ai dit à Carlos Ghosn et à Fernand Tavares, puisque l’État Français est actionnaire du Groupe, Renault s’est bien internationalisé, mais doit maintenant réinvestir en France. »

Et PSA, comment voyez-vous leur avenir. PSA est sous-capitalisé et opéable. «

« La société étant côté en bourse, je garderai le silence. »

Y-a-t-il place pour deux grands constructeurs en France ?

« Je le crois, cela crée de l’émulation et la France n’est pas le seul pays dans ce cas, à avoir plusieurs constructeurs. »

La politique peut-elle faire des miracles ?

« Je le pense, cela existe. Prenez l’exemple d’Airbus. Il y a quarante an, personne n’y croyait, c’était une petite entreprise à Toulouse et, aujourd’hui, Airbus est devenu le numéro 1 mondial, et devant Boeing. »

Quel est votre programme  concernant l’automobile, outre vos visites au Mondial de l’Automobile ?

« Ce mercredi, je serai chez Renault à Cléon, en Normandie. Le 8, je me rendrai dans le Nord, visiter les usines automobiles Renault, Peugeot et Toyota à Valenciennes. »

Que pensez-vous de l’hybride diesel ?

« Je pousse l’hybride sous toutes ses formes. »

Et la voiture électrique ?

« La voiture électrique va bouleverser la société Française. C’est la suite de notre très belle histoire de l’industrie automobile. »

Que pensez-vous des constructeurs coréens qui offrent une garantie de 7 ans sur leurs gammes ?

« Je vais vous faire une confidence, chez eux, elle n’est que de 3 ans, contre 7 chez nous. Cela je ne peux l’accepter. C’est la raison pour laquelle, je passerai mon chemin, et ne me rendrai pas sur leur stand au Mondial de l’Automobile. »

Comment voyez-vous l’avenir ?

« Un, je vois les véhicules électriques s’y faire une belle place. Deux, PSA doit internationaliser et finaliser des alliances. Trois, Renault doit compléter sa gamme  vers le haut, le Premium et continuer de fabriquer en France. Quatre, nos sous-traitants devront s’unifier, à l’exemple des Groupes FAURECIA et VALEO. »

 

 

Voilà, c’est un Arnaud Montebourg vraiment très disponible avec qui nous avons pu dialoguer.

L’entretien terminé, il n’en avait pas fini pour autant avec l’automobile.

En effet, dans la cour du ministère, l’attendait  les deux jeunes Français, Antonin Guy et Xavier Degon qui viennent de conclure en début de semaine, leur tour du monde en voiture électrique.

L’occasion pour le ministre de s’installer derrière le volant de la Citroën de ‘’ L’Odyssée ‘’ (voir notre sujet ci-dessous)

 

Gilles GAIGNAULT
Photos : Gilles VITRY

 

http://www.autonewsinfo.com/2012/09/25/odyssee-electrique-arnaud-montebourg-felicite-les-ambassadeurs-du-tour-du-monde-61799.html

 

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