24 HEURES DU MANS MOTO: LA GUERRE DES PNEUS A BIEN LIEU

 

24 HEURES DU MANS MOTO: LA GUERRE DES PNEUS A BIEN LIEU

 

 

Qu’on le veuille ou non, les manufacturiers soucieux de démontrer la qualité de leurs produits pour une utilisation routière, se déchirent sur les courses d’endurance  pour remporter des victoires, toujours probantes aux yeux des motards de tous les jours.

 

  La roulette des pneus

 

Le plateau de ces 24 h du Mans reflète bien cet aspect des choses avec une guerre sans merci avec trois  marques directement impliquées dans le développement d’enveloppes pour des top teams.

A partir de rencontres rapides avec des responsables de DUNLOP, PIRELLI et MICHELIN nos allons tenter d’éclairer un peu la lanterne de nos lecteurs quant aux stratégies mises en œuvre.

Roland WOZNIAK est responsable DUNLOP Motorsport France, nous le côtoyons depuis des années au sein du SERT qui constitue avec TT Legends et Maco Racing le bataillon  de pointe de la marque pour ces 24 h 2012.

 

Le Staff  des pneumatiques  Dunlop et le SUZUKI SERT

 

En plus de ces motos bénéficiant des produits de développement, 20 autres machines sont montées en  DUNLOP et trustent les avant-postes  quasiment exclusivement dans la catégorie Supertstock.

A propos des conditions de course attendues, notre interlocuteur déclare:

« Les conditions  de température vont être particulières avec une piste pouvant varier entre 40/45 degrés et 7/10 degrés. Pour nous cela ne constitue pas un problème. La chaleur: on maîtrise, le froid: on maîtrise. Par contre ce qui est beaucoup plus délicat à gérer c ‘est l’humidité qui peut gagner la piste. »

Température piste

 

Avez-vous développé des pneus spécifiques pour cette course de 24 heures?

« Vous savez, maintenant nous n’avons plus de question à nous poser. Nous développons des enveloppes pour chaque course et pour chaque circuit. Nous partons du circuit  précédent et procédons à l’adaptation pour le circuit concerné à venir. « 

Pour les 20 équipes utilisant des pneus de compétition  » de série », les évolutions sont toujours testées et validées avec le Suzuki Junior team, et dans la gamme proposée chaque équipage peut trouver  une monte à sa mesure.

Il semblerait que le SERT ait rencontré quelque difficulté lors des qualifications, existe un problème de pneus sur la Suzuki N° 1 ?

« Non pas du tout. Il faut bien se placer dans le contexte. La KAWASAKI N° 11 et la BMW N°99 voulaient la pôle, absolument. Sur la SUZ N° 1, en raison de la nécessaire adaptation du pilote japonais, Dominique Méliand  a sagement choisi de travailler en vue d’une définition course efficace. Toutes les équipes n’ont pas la même stratégie. Pour nous, avec le SERT, nous visons avant tout le titre de champion du monde, nous prendrons bien la victoire de la course si cela se présente. »

Chez DUNLOP en effet on n’est pas obnubilé par l’utilisation des pneus de qualif et au SERT, seul Vincent PHILIPPE en a passé un jeudi. Ce ne fut pas le cas tant chez Michelin, que chez Pirelli.

Le titre en ligne de mire pour Dunlop et la victoire absolument tant pour PIRELLI que pour MICHELIN, on voit bien toute l’importance que la course des 24 h peut revêtir en cette fin de saison d’endurance.

 

La structure technique  Michelin de nuit

 

Nicolas GOUBERT Directeur technique de la compétition MICHELIN a bien voulu nous accorder un entretien vendredi après les essais qualificatifs au cours desquels la BMW MICHELIN décrochait la pôle.

 

Nicolas GOUBERT, ces 24 heures du Mans représentent elles un challenge important ou capital dans le programme Michelin? Visez vous la  victoire ou le titre de champion du monde?

« On vise d’abord la victoire. C’est capital ? Oui. C’est totalement dans  nos stratégies de la compétition, parce que ce sont des compétitions dans lesquelles on peut mettre en valeur les performances clés des pneumatiques MICHELIN, que sont l’équilibre ente la longévité et la performance pure, la sécurité et la polyvalence. Polyvalence en termes de températures parce qu’on va couvrir des plages température sol entre 40 degrés et sans doute moins de 10 degrés. il faut donc trouver des pneus performants , endurants et capables de couvrir des plages de température larges. Nous avons avec la BMW pour la seconde année la pole position. Plus important que cette pôle, ce qui nous rassure, la BMW comme la YAMAHA du GMT ont fait des chronos très rapides en pneus de course. on vise donc la victoire car dans ce championnat c’est la course , c’est la course la plus importante. une victoire ici est au moins aussi importante qu’un titre. Et puis si la chance veut sourire peut- être qu’on remportera les deux… mais nous ne sommes pas les mieux placés pour le titre, il faut bien le reconnaître. »

PIRELLI a établi des temps très positifs  et DUNLOP semble un peu en retrait que pensez-vous des prestations de  ces concurrents?

« Ils sont tout aussi redoutables l’un que l’autre. DACOSTA a fait des temps remarquables mais l’équipage de la KAWASAKI N° 11 est sans doute un peu moins homogène que de celui de la BMW N° 99. Après la différence entre le SERT et la KAWASAKI , le SERT reste toujours pour moi le team référence. Le SERT, quelque soient les conditions reste la menace principale pour une course de 24 heures. Alors si l’on reste dans le domaine pneumatique, est ce que leurs pneus  vont fonctionner  aussi bien que ceux de la BMW du YART  du GMT ou de la KAWA, on verra. Pour le moment on n’a pas encore pu voir la constance des manufacturiers. »

Nicolas GOUBERT  évoque les besoins différents des pilotes au sein d’un même équipage  et de la difficulté  qui en découle à savoir, choisir le bon moment ou changer en fonction du pilote qui va prendre le relais. Pour lui c’est sans doute là que l’on peut jouer et confirme bien que cette guerre  des pneumatiques annoncée aura bien lieu.

Michelin qui équipe 3 machines « usine » et 17 motos privées. Pour les teams privés Michelin  a lancé à l’occasion de ces 24 heures un nouveau pneu dont nous parlerons par ailleurs. Ce pneu nécessite des réglages différents sur les machines qui roulaient avec d’anciennes versions. C’est sans doute ce qui a dérouté quelques pilotes un peu perdus dans leurs réglages.

 

On se penche sur le pneu AR de la Kawasaki N° 11

 

Chez PIRELLI, la performance avec DA COSTA est toujours significative et c’est dans le stand de la N° 11 que nous avons suivi le warm-up du dimanche matin. Nous avons senti une forte tension et les techniciens PIRELLI étaient fort présents quand il s’agissait de prendre les décisions de faire rouler tel ou tel pilote avec telle ou telle monte pneumatique. Nous en avons profité pour interroger Pascal SERRA responsable compétition PIRELLI France sur les chois effectués pour ces 24 heures.

« Écoutez , les choses semblent assez simples puisque les prévisions météo semblent unanimes pour dire qu’il devrait faire beau durant tout le week-end. Ici, on n’a pas de grosse difficulté. Autant au Bol ça été très difficile avec des conditions changeantes quasiment à tous les relais, autant là les choses sont assez simples . Les températures sont stables depuis le début de la semaine et cela nous facilite la tâche. »

 

Les responsables pneumatiques, les Tyres Men du Team Bolliger Pirelli

 

Avez-vous fait du développement en vue de cette course importante ?

« Non pas du tout. Chez KAWASAKI, il ne dispute pas le championnat du monde. Nous ne faisons pas tout le championnat, on peut dire que nous sommes des invités de marque aussi bien au Bol d’or qu’aux 24 heures du Mans. Nous ne faisons pas de développement spécifique pour l’endurance. »

Vous partez sur quelle bases?

 » Nos partons sur des bases connues, standards , là on roule avec un pneu que n’importe qui peut acheter. Nos produits évoluent d’année en année et nous avons là des pneus très, très performants. »

On le voit, les réponses sont parfois identiques quant à l’appréhension des conditions de course, mais l’approche  technique est sans doute différente. En tout cas, la collaboration entre le team manager et le technicien dédié par le manufacturier, doit être empreinte de confiance.

Roland WOZNIAK de chez Dunlop nous confiait que, lors des courses, Dominique MELIAND -par ailleurs un très bon ami- lui pourrissait la vie avec des remarques acerbes et des récriminations comme s’il devait lui servir d’exutoire, lorsque les choses n’allaient pas comme le Chef l’aurait souhaité.

Dans tous les Teams, on peut remarquer ce dialogue constant avec les techniciens et l’on peut en conclure, que ce sont les pneumatiques qui décident vers qui la roue va tourner, à fiabilité technique de la moto constante.

Pour ces 24 heures, chaque manufacturier souhaite évidemment la victoire, mais le titre de champion du monde c ‘est quand même grand. Michelin ne reconnaissait-il pas n’avoir décroché que 14 titres de champion du monde d’endurance sur les 32 possibles, mais attribuant ce résultat à la compétitivité du team SERT et à sa valeur ajoutée, sans parler d’une éventuelle supériorité de Dunlop qui équipe la Suzuki.

Nous allons donc suivre pour autonewsinfo cette course au sommet, avec un œil tout particulièrement attentif à cette guerre des pneus.

 

Alain MONNOT
Photos: Michel PICARD et Alain MONNOT

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