MONDIAL DU QUAD A PONT DE VAUX : INTERVIEW DU PRÉSIDENT DE LA FFM, JACQUES BOLLE

 Jacques BOLLE au départ de la troisième manche

 

La seconde manche des 12 heures de Pont de Vaux est lancée, la pluie à nouveau, a fait son apparition.
Avec les organisateurs et le Président BOLLE, nous cherchons abri à la buvette des commissaires.
Maurice MAINGRET, responsable de cette épreuve, fait les présentations et rappelle que j’étais son manager endurance, notamment pour l’écurie KAWASAKI-PIPART, en 1978.

Avec le Président, nous nous isolons, autant que faire se peut, et débute un long entretien dont voici la retranscription quasi intégrale.

Qu’est-ce qui  motive votre visite sur l’épreuve des 12 heures de Quad, de Pont de Vaux ?

« Non seulement, c’est la première fois que je me rends moi-même ici à Pont de Vaux, mais c’est aussi la première fois qu’un Président de la Fédération Française de Motocyclisme, se rend sur cette grande épreuve. Alors, pourquoi ? Et bien en effet, c’est une marque de reconnaissance, parce que je crois que c’est un grand événement, à l’instar du Touquet par exemple. Ce ne sont pas des épreuves, comptant pour un Championnat du monde ou un classement mondial, mais par contre ce sont des épreuves d’envergure nationale, voire internationale. En tout cas, il y a un plateau international pour des épreuves dont on parle dans toute la France. Pour moi, il était par conséquent normal, qu’à l’occasion, un Président de la Fédération Française de Moto, se déplace sur cette épreuve comme, il se rend sur le Touquet. »

 Jacques BOLLE, le directeur de course et Maurice MAINGRET

 

On peut se poser la question de la pérennisation de cette épreuve. Elle existe depuis 26 ans, c’est de plus en plus difficile à organiser techniquement pour répondre à des normes, des prescriptions, alors on peut se poser la question de savoir si au niveau de la Fédération, il existe une réflexion pour aider les organisateurs qui face à de telles exigences pourraient avoir tendance à baisser les bras ?

« C’est toujours très difficile. En fait, il existe des normes nationales, mais c’est essentiellement l’application des normes qui pose difficulté au problème, ça n’est pas forcément les normes en elles –mêmes. On constate que les normes sont appliquées différemment dans un département X par rapport à un département Y. Bien, après ce sont des questions d’hommes ou de femmes qui sont dans les Préfectures essentiellement ou dans les services départementaux  d’incendie et de secours, lorsqu’on a quelqu’un qui est un petit peu à cheval sur la réglementation, il est difficile de pouvoir intervenir, parce qu’évidemment cette personne a toujours de bonnes raisons. Elle s’appuie sur des textes réglementaires, elle considère qu’ils doivent s’appliquer, même si parfois  cette application est difficilement compréhensible sur le terrain, alors que cette personne de par sa légitimité souhaite que les normes doivent s’appliquer également sur le circuit en question. C’est une difficulté qu’on rencontre partout mais  il est difficile pour nous de faire quelque chose là-dessus, parce qu’il  s’agit d’une application stricte, parfois trop stricte de la règle. »

La Fédération a aidé à « sauver » des circuits, pourrait-elle, de la même manière, contribuer à installer Pont de Vaux dans le paysage permanent de ce type d’épreuves ?
« Pas dans le cadre du rachat des circuits, Pont de Vaux n’est pas un circuit permanent or, on ne rachète que des circuits permanents et notamment essentiellement des circuits de moto cross. Pont de Vaux n’est pas un circuit permanent. Par contre, on aide les clubs d’autre manière, notamment sur le plan budgétaire. Une épreuve comme celle-ci, est un peu atypique, elle ne repose par sur un équipement pérenne. Pont de Vaux est une épreuve qui n’a lieu qu’une fois par an, il est donc difficile d’intervenir directement, néanmoins si les organisateurs ont besoin de notre aide, ils savent que la Fédération répondra présente. »

On connait votre formation juridique, on sait que vous avez tenu à monter une structure pour aider les pilotes, comment cela marche-t-il ?

« Pour aider les pilotes, certes mais les clubs surtout. Aujourd’hui nous avons des pilotes, des sportifs qui connaissent des litiges sur lesquels nous intervenons, mais bien plus souvent ce sont des organisateurs qui nous appellent à la rescousse. On est à une semaine de leur manifestation  et la Préfecture refuse de leur délivrer un arrêté pour des raisons X ou Y. Nous sommes alors contraints d’intervenir à ce moment -là et d’expliquer bien souvent que la motivation sur laquelle s’appuie la Préfecture, n’a pas lieu d’être dans ce cas de figure. C’est comme cela que nous aidons les clubs organisateurs, en expliquant aussi les normes écologiques et environnementales qui sont de plus en plus prenantes aujourd’hui.
Nous avons à la Fédération, un service juridique permanent de 5 personnes. C’est sans doute  le service juridique le plus important de toutes les fédérations. Je crois qu’on est comparable au service de la Fédération de football, alors que nous n’avons pas la même dimension au plan des licenciés. On est très bien armé, ça n’est pas pour le plaisir d’avoir des juristes mais parce que nous avons aussi beaucoup de problèmes. »

 

Le Président BOLLE découvre la course


Justement, de l’extérieur, on a un peu l’impression que la FFM, se place toujours en position défensive et n’a pas une inclination à aller de l’avant, à pousser vers l’innovation. Je ne fais pas une critique mais c’est un sentiment, qu’en pensez-vous ?

« Oui, j’ai bien compris. Alors en effet, il est vrai que nous sommes sur la défensive parce que nous sommes très attaqués. Pour autant, je ne crois pas que l’on néglige la promotion  de nos activités. Aujourd’hui, à titre d’exemple, tant en Grand Prix de vitesse  ou en Grand Prix Superbike, quasiment tous les pilotes Français, sont soutenus par la Fédération, Randy De Puniet, mis à part, mais lui n’en a plus besoin aujourd’hui. Il n’est qu’à observer, un podium avec Loris BAZ ou Louis ROSSI, pour  voir qu’ils portent les couleurs de la Fédération et s’ils les portent, c’est justement, parce qu’on peut les aider. Ceci est également vrai en motocross, enduro  ou en trial. Je crois en effet que la Fédération, nonobstant son travail de défense de l’activité qui est aujourd’hui très important, il est vrai, je  crois qu’on continue à supporter et développer notre activité. C’est peut -être pas totalement innocent si on a régulièrement  et dans toutes les disciplines des Français sacrés Champions du monde et issus des filières fédérales. Ces filières continuent à se développer.
Vous parliez d’innovation et notamment de l’électrique. On travaille actuellement sur plusieurs projets. Ainsi, le projet KERLO, à Chartres qui essaie de développer une moto de vitesse électrique. Nous avons permis cette année, l’engagement d’une machine électrique en trial, ou d’ailleurs, elle a réalisé quelques performances. On va continuer. On est en permanence dans l’obligation de montrer des gages. On pourrait discuter de l’aspect non polluant de l’électrique, néanmoins il existe un consensus dans la société pour considérer qu’une voiture ou une moto électrique, est non polluante. Bien, on va prendre acte de cela  et va développer  la moto électrique dans les disciplines là où elle est la plus concurrentielle et la plus légitime. »

Comment évolue le nombre de vos licenciés ?

« Nous sommes dans une discipline qui n’a pas trop à se plaindre puisque dans un contexte où les fédérations ont un peu de mal à conserver leurs effectifs, ça n’est pas vrai en moto, on continue à progresser, légèrement certes mais on  constate une évolution de la répartition de nos licenciés. La licence  pour le sport élite, la licence  A, celle qui permet de courir dans les Championnats de France et les épreuves les plus capés, régresse un petit peu au profit des licences tournées vers le loisir. C’est-à-dire que les gens aujourd’hui font de la compétition  moto ou de la sport moto, hors compétition mais sans forcément aspirer à être Champion du monde demain. »

 

Le Président BOLLE se mouille

 

Pour vous Président, les élections approchent. Alors, allez-vous rester à la tête de la FFM ?

«  On le saura très bientôt  puisque les élections auront lieu en septembre. »

Serez-vous candidat ?

«  Je suis candidat pour un deuxième mandat en effet et je suis confiant. La réponse sera dans les urnes le 14 septembre. »
Sur un plan plus personnel, qu’avez-vous trouvé comme satisfactions et comme difficultés majeures à la tête de la Fédération ?

« En fait, j’avais déjà des responsabilités à la Fédération mais lorsque vous n’êtes que simple Vice- président, vous ne pouvez pas agir directement, ni engager  des réformes. C’est toujours plus long et difficile d’impulser votre marque. Par contre, lorsque vous êtes Président, c’est alors plus facile et c’est ce qui est plaisant. Si vous avez envie de faire bouger quelque chose, vous le pouvez. Vous avez les manettes en main, à vous de les actionner et derrière vous voyez le résultat. Vous voyez des gens qui sont satisfaits, d’autres moins. En tout cas au cours de mon mandat, j’ai pu mesurer les effets.
Par contre ce qui est moins plaisant, c’est que les gens attendent énormément de vous, pensent que vous avez des moyens illimités, que vous avez une ligne directe avec le Premier Ministre pour faire bouger les choses. Or on est bien loin de cela ! On se rend compte souvent combien cela est difficile au niveau gouvernemental de faire bouger les choses. Par contre tout tient encore une fois beaucoup aux hommes. Avec David DOUILLET, par exemple qui n’a été ministre que quelques mois, on a réussi à faire bouger un certain nombre de choses avec lui, alors que par exemple avec Chantal JOUANNO qui l’avait précédé dans la fonction, je n’ai même pas réussi  à obtenir un rendez-vous, alors que j’ai pu rencontrer David à trois reprises et ce, en six mois ! »

Pour la future élection que souhaitez-vous mettre en avant ?

« Moi, ce que je vais mettre en avant, c’est que je considère avoir un bon bilan et je veux approfondir et développer ce que j’ai lancé par exemple en termes d’achat de terrains. Aujourd’hui, on a 5 terrains, je veux développer ça. Je veux lancer de nouvelles actions pour le développement des filières. On va travailler là-dessus, on va essayer de faire bouger les choses, mais il n’y aura pas de révolution. Encore une fois aujourd’hui ma priorité numéro 1- c’est un peu dommage, mais je suis contraint é établir ce constat- mais de sauvegarder notre activité. Si j’arrive à conserver le sport moto au niveau où il en est aujourd’hui, je serai content. Évidemment comme tout un chacun, j’aimerais pouvoir dire, nous avons 100 .000 licenciés ? alors que nous en avons 70.000 actuellement, mais il y a de telles menaces aujourd’hui, qu’il faut se montrer pragmatique.

Nous n’avons pas parlé de la question des assurances. Actuellement la société évolue et la théorie de l’acceptation des risques est en train de disparaitre, ça va surenchérir d’une manière exponentielle le coût de nos assurances. Je vais vous confier que le premier rendez-vous,- si je suis élu- sera  pour rencontrer Valérie FOURNEYRON, le 18 septembre, afin de parler de cette problématique de responsabilité civile et des conséquences que cela génère au plan des assurances. »

A la suite de cet entretien nous avons accompagné le Président au PC  course, puis il a souhaité rencontrer le concurrent ….David DOUILLET, avant de poursuivre sa visite tout au long du week-end.

S’informant sur toutes les questions, sportives et administratives, rencontrant tous les types d’acteurs, concurrents, organisateurs, bénévoles, journalistes, élus…

 

Jacques BOLLE, le Maire de Pont de Vaux et Maurice Maingret

 

Jacques BOLLE est reparti de PONT DE VAUX totalement séduit par cette grande épreuve, au point de dire, que si un dossier était déposé pour monter une grande épreuve commune au Canada, aux Etats Unis et à Pont de Vaux, la Fédération le soutiendrait au mieux.

De même, si une demande d’homologation du site de Pont de Vaux était faite, on ne peut pas douter que le Président BOLLE, saurait trouver les voies pour la faire aboutir, tant il a été favorablement impressionné par cette manifestation d’exception.

Quoiqu’il en soit, en coulisses,  sa présence a été vraiment appréciée de tous et on peut affirmer que le Président BOLLE, est incontestablement reconnu comme un excellent PRÉSIDENT.

Et l’ensemble des acteurs du milieu de la moto avec qui nous discutions des futures élections, se montrait, tous franchement plus que favorables à sa réélection.

 

Alain MONNOT
Photos : Alain MONNOT et Quad Expo

 

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