LE MANS CLASSIC : AU NOM DU PERE, PIERRE NICOLET PILOTE LUI AUSSI!

 JACQUES  NICOLET  AU VOLANT DE LA DUCKHAMS N° 22 P2 manche 3


Parcourant la liste des engagés, notre attention avait été attirée par la présence d’un certain Jacques NICOLET sur DUKHAMS, mais aussi de Pierre NICOLET sur LIGIER.

Retrouvant les deux voitures côte à côte dans le paddock et, l’air de ressemblance ne trompant guère, nous nous assurions bien d’une filiation incontestable. De fait, Pierre, jeune étudiant en droit de 22 ans, suivait les traces de son père propriétaire et pilote de la première écurie d’endurance en France, le très réputé OAK Racing.

 

Jacques NICOLET


L’avisé Président –doublé d’un talentueux pilote –  passait donc, en moins d’un mois, de l’ivresse du proto moderne, aux joies procurées par l’historique  et cela n’était pas pour lui déplaire. Toujours disponible pour autonewsinfo, avant les essais de nuit du vendredi, il nous déclare:

« Ça fait du bien de se retrouver dans une telle ambiance aussi chaleureuse, on oublie les emmerdes que l’on a connus  aux 24 heures du Mans, comme vous savez. Et puis  c’est un grand plaisir de rouler dans cette voiture unique, la DUCKHAMS des 24 heures 1972. »

Effectivement, cette barquette est la première automobile conçue par le brillant ingénieur Sud-africain, Gordon Murray, l’auteur  plus récemment de la McLaren F1 GTR. Et il y a une bonne trentaine d’années de la Brabham F1, qui permit à Nelson Piquet, de devenir Champion du monde en 1981, pour la 1ére fois.

Cette réalisation était initiée par Alain de Cadenet, qui l’engagea au Mans en 1972, 1973 et 1974. Le moteur est un Ford Cosworth DFV 3 litres, de F1, accolé à une boîte Hewland de F1.

A son volant et de nuit Jacques, encore dans le rythme des vraies 24 heures, réalisa le meilleur temps du plateau, alors que lors de la première manche, la violente averse transforma la voiture en véritable piscine, empêchant  le pilote de réaliser la moindre performance significative.

Mais l’esprit du Mans Classic  permet d’accepter ce contretemps sans aucune amertume.On n’est pas là pour subir une pression quelconque, on profite de la voiture avec son caractère, ses défauts, son authenticité et la pluie est rangée au rayon des aléas, somme toute, peu importants et  n’altérant en rien, le plaisir de piloter des voitures hors du commun.

 

LA DUCKHAMS DE JACQUES NICOLET

 

Après la seconde manche, Jacques NICOLET ne cachait pas une certaine frustration. Cette nuit, au milieu de la bourrasque, les pilotes furent placés sous voiture de sécurité quasiment durant toute la séance et dans ces conditions… dit-il

« il est difficile de s’exprimer ».

Et sur ces mots, Jacques enfile à nouveau la combinaison, ajuste son casque avec  le dispositif de sécurité de protection des cervicales  et se loge comme un jeune homme dans le baquet assez peu accessible de la N° 22. On sent bien que le pilote a hâte d’en découdre vraiment, pour autant que la météo le lui permette.. enfin!

Nous avons parlé du fils avec lequel nous allons faire un peu plus  connaissance. Pierre est étudiant en finances à l’université Paris Dauphine et n’a débuté en sport automobile, qu’assez récemment.

 

PIERRE  NICOLET

 

En Euro Cup F4 en 2010, il doit apprendre vite pour ne pas se faire sortir par les jeunes pousses issues du karting qui basent leur pilotage sur l’agressivité apprise au cours de nombreuses années en kart.

Il roule un peu en CER, sur Chevron B16 et Lola T 298 et, avec Guy LACROIX, parfait gentleman driver, dirigeant d’une société de services à l’international, il partage au Mans classic, le volant d’une Ligier  JS 2 Maserati.

 

PIERRE  NICOLET ET LA LIGIER JS 2

 

Pour le jeune homme de 22 ans, cette grande première au Mans, est un grand moment, dont il nous parle en ces termes:

 » J’ai découvert le circuit mythique du Mans de nuit, c’est magique et excitant. Courir ici, c’est assez fantastique et il ne faut pas se laisser prendre au jeu. Pourtant dans la ligne droite, j’ai savouré. »

Après la première manche, les deux équipiers acceptaient avec philosophie, la perte en course des première, troisième et cinquième vitesses. En effet, la très bonne assiette de l’auto et l’excellent comportement sur le mouillé, ont permis de compenser cet incident.

La manche de nuit a permis à Pierre de confirmer l’excellent boulot de son coéquipier Guy Lacroix qui avait hissé la voiture  dans les 20 premiers après être parti dernier.

Alors que nous commentions les conditions de pilotage de la nuit assez dantesques pour certaines courses, dont celle du plateau 6, Pierre NICOLET confirmait :

 »  Normalement, on aurait du mettre un drapeau rouge, mais les organisateurs n’avaient sans doute pas voulu priver les concurrents de leur grand plaisir qui est celui de rouler sur le circuit des 24 heures. »

C’est à ce moment que nous rencontrons Michel TETU, ingénieur réputé de l’époque des  ALFA ROMEO et des LIGIER, justement.

 

MICHEL TETU AVEC JACQUES NICOLET

 

Il nous parle de la voiture de Pierre et Guy, en ces termes:

 » Cette auto est vraiment une ‘compétition client’  de belle facture.  Elle est semblable aux Ligier officielles du Tour Auto 1973. La reconstruction  a été conduite dans les règles de l’art et même si on parle pour la voiture d’un proto, c’est vraiment l’équivalent d’un Groupe IV. Le moteur Maserati est à 12 soupapes et développe 270 cv. il semble sur cette voiture bien fiabilisé. »

Poursuivant notre conversation, Michel TETU  parle du Mans Classic:

« Je trouve cela très bien qu’un constructeur et une équipe comme OAK, s’intéresse à ces voitures historiques. Je me félicite de voir combien le travail de sélection mené par Le Mans Classic, nous conduit  à découvrir de vraies voitures au palmarès  indubitable et surtout, dans un état de présentation impeccable. »

Pendant ce temps là, le père comme le fils allaient se mettre en pré grille et le papa nous glissait:

« Oui, vous savez, ça me fait très plaisir de pouvoir partager la même passion automobile avec Pierre. L’an dernier sur le Bugatti en VdV  nous avons pour la première fois partagé un baquet et gagné la course des 4 heures. Ce fut un grand moment, je vous assure. Là maintenant nous vivons parallèlement et autrement le plaisir.. . Pourquoi pas développer à l’avenir quelque chose ensemble, dans ce domaine passionnant de l’historique. »

Pierre ne serait certainement pas opposé à cette perspective, puisque de son côté il nous disait:

« J’ai très vite compris que vivre de sa passion  automobile était une chose très difficile. Par contre je suis  convaincu qu’il me faut travailler pour pouvoir satisfaire cette passion « .

A l’issue de la dernière manche, dans la bousculade qui suit la rentrée au paddock des voitures du plateau 6, le public espérant voir François FILLON, il est difficile de se frayer un chemin vers les boxes pour retrouver les NICOLET.

Tiens, les voilà, tout rayonnant de bonheur, côte à côte, la combinaison roulée sur les hanches, ils sourient aux anges.

 

 JACQUES NICOLET, EN HAUT DE LA FAMEUSE COURBE DUNLOP

 

Écoutons Jacques, nous parler de sa course:

« Ah oui, je me suis vraiment régalé, ça c’est une belle course. Je suis parti un peu loin, mais la voiture de tête était vraiment trop rapide, et je n’avais pas les moyens  d’aller la chercher. Notre voiture a super bien marché; il y avait beaucoup de trafic. Enfin, j’ai pu enfin me faire plaisir, vous me direz une manche sur trois, le rapport n’est pas excellent, mais je prends sans réserve. »

En guise de conclusion, Jacques NICOLET poursuit:

« Cette expérience de course historique avec Pierre, est à renouveler sans modération, avec deux voitures et nous allons y penser rapidement. »

Pierre, pour sa part, se réjouit également:

 » D’avoir pris le départ pour la première fois, d’avoir pu rouler sur le sec pendant 5 tours et d’avoir pu attaquer un peu, grâce au comportement très sain de la Ligier ».

 

PIERRE NICOLET AVANT LA COURBE DUNLOP

 

 

Guy LACROIX, le coéquipier, tire quant à lui, une conclusion tellement paradoxale, qu’on pourrait, à tort, le croire maso.

« J’ai bien aimé la pluie, j’ai adoré la nuit sous la pluie, grâce à notre Ligier parfaite j’ai pu piloter très fin, c’était génial… »

On était loin de l’ambiance plombée du OAK racing, à l’arrivée des récentes 24 heures du Mans.

Décontraction, sourires, bonheur, disponibilité, oui, le Mans Classic permet aux amoureux de l’automobile de pratiquer la compétition autrement qu’avec des enjeux financiers, médiatiques et économiques écrasant un peu trop les sentiments et les émotions positives.

Pour la famille NICOLET, l’historique est une affaire à suivre.

 

Alain MONNOT
Photos : Michel PICARD

 

Sport