24 HEURES DU MANS : MATRA GAGNE ENFIN EN CE DIMANCHE 11 JUIN 1972

 

La 40éme édition des 24 Heures du Mans, s’est déroulée les 10 et 11 juin 1972, sur le circuit de la Sarthe.

Cette course était la neuvième manche du Championnat du monde des voitures de sport 1972. Les huit premières avaient vu le triomphe des Ferrari avec ses trois équipages :

Jacky Ickx-Clay Regazzoni, Brian Redman-Arturo Merzario et Ronnie Peterson-Tim Schenken. Mario Andretti, roulant lui aussi parfois

Les 1000Km de Buenos-Aires le 9 janvier (1er Peterson-Schenken) – 6 Heures de Daytona le 6 février (Andretti-Ickx) – 12 Heures de Sebring le 25 mars (Andretti-Ickx) – 1000 Km de Brands Hatch le 16 avril (Andretti-Ickx) – 1000 Km, de Monza le 25 avril (Ickx-Regazzoni) – 1000 Km de Spa le 7 Mai (Redman-Merzario) – Targa Florio en Sicile le 21 Mai (Merzario-Munari) et enfin 1000 Km du Nurburgring le 28 Mai et le succés de Peterson-Schenken

Mais Matra avait choisi volontairement de TOUT miser sur le Mans, déclarant forfait pour les épreuves du Championnat du monde

Bien, lui en pris, car c’est bien une Matra, la Matra-Simca MS670,  N°15 équipée du V12 3litres, du Français Henri Pescarolo et du Britannique Graham Hill, qui triompha, avec 344 tours couverts.

 

La firme basée à Velizy, réalisait en outre, un sensationnel doublé car une seconde Matra, confiée à un autre pilote tricolore, François Cevert, associé au Néo-Zélandais Howden Ganley, également au volant d’une Matra Simca MS670 V12, finissait seconde, à 1 tour, ayant parcouru elle, 333 tours.

Le podium étant complété par la Porsche 908 LH Flat-8 3litres, des Allemands Reinhold Joest et Michel Webber et de l’Italien Mario Casoni.

La voiture Allemande, terminant, à neuf tours de la Matra victorieuse

Considérée au départ comme candidate à la victoire finale, l’Alfa Roméo engagée par le service course de l’usine Alfa, Autodelta SpA et que se partageait le duo 100% transalpin, Nino Vaccarella et Andrea de Adamich, se classait loin, très loin, avec 307 tours seulement.

A … 26 tours des vainqueurs !!!

LA 1ére des Ferrari, celle de l’importateur Français, Carlo Pozzi, la 365GTB/4 Daytona et pilotée par Jean Claude Andruet et Claude Ballot Léna, complétait le TOP 5, avec 306  tours parcourus

RETOUR SUR LA COURSE

 

En cette année 1972, Ferrari dominait pourtant la saison en sport mécaniques. Fort de huit victoires en … 8 courses, avec ses très performantes 312 PB.

Mais des bolides conçus pour des épreuves de … 1000 kilomètres !

Aussi, averti de la fiabilité enfin trouvé et de l’endurance des Matra, à Maranello, on s’inquiétait à l’approche du rendez-vous Sarthois et de ses deux tours d’horloge !!!

A tel point que la direction de Ferrari, ‘’ L’Ingéniere’’ Enzo lui-même, s’interrogeait

Si l’on n’était pas certains de finir les 24 Heures et donc, d’avoir des chances de remporter l’épreuve, il valait mieux renoncer.

Ferrari, hésita longuement et jusqu’au dernier moment.

En fait, quelques jours après les 1OOO km du Nurburgring remporté par  la Ferrari 312 PB du Suédois Ronnie Peterson et de l’Australien Tim Schenken  devant la voiture-sœur, celle du Sud-africain Brian Redman associé à l’Italien Arturo Merzario, il fut décidé de programmer une ultime tentative, un essai d’endurance sur une autoroute où l’on avait reproduit les principales caractéristiques du circuit des 24 Heures du Mans et surtout sa longue ligne droite des Hunaudières.

Et ce en partie mais en partie seulement, aprés qu’au Nurburgring, la 3éme 312pb du duo Ickx-Regazzoni, ait renoncé et abandonné sur casse moteur !!!

A l’époque, la rumeur couru que le résultat du test post Nurburg, était catastrophique et le résultat totalement négatif. Du coup l’équipe technique conseilla au Commandatore de déclarer forfait, tirant la conclusion que le moteur Boxer utilisé, s’usait trop rapidement, empêchant les 312 PB d’envisager et de viser la victoire sur 24 heures.

Finalement, l’usine Ferrari finissait par déclarer forfait… une petite semaine seulement, avant l’ouverture du pesage!

 

 

Du coup, Matra se retrouvait en position de favori, après la défection de sa principale rivale.

Mais, une épée de Damoclès se retrouvait au-dessus de la tête des pilotes Matra.

Battu par Ferrari, l’équipe Matra aurait alors connu une nouvelle défaite mancelle.

Mais, en l’absence de Ferrari, si Matra ne triomphait pas, la défaite deviendrait alors un véritable désastre.

Du coup, Ferrari absent, tous les regards se reportaient sur Alfa Roméo et ses 3 TT3.

Mais aussi sur les 2 Lola Ford de l’écurie Elf Bonnier.

Outre Ferrari, l’équipe américaine Mirage d’Harvey Cluxton déclarait à son tour forfait, ne pouvant utiliser le moteur V12 Weslake, pas assez fiable.

 

 

L’équipe Matra, avec ses 4 équipages : Beltoise-Amon, Cevert-Ganley, Jabouille-Hobbs et Pescarolo-Hill, faisaient candidats de grandissimes favoris.

Mais toute la question était de savoir si la bande à Lagardère (photo) n’allait pas une nouvelle fois courir le risque d’être victime d’une nouvelle « panne en série », comme ce fut le cas en 1970.

Un même défaut de segmentation ayant éliminé les quatre Matra.

D’ailleurs, l’équipe technique avait retenu la boîte-pont ZF à 5 rapports synchronisés, certes plus lourde, mais en tout cas beaucoup endurante que la traditionnelle Hewland.

 

 

Tout le public français, y compris le Président de la République, lui-même, Georges Pompidou, invité à donner le départ, n’espérait qu’une chose : une victoire Matra.

Finalement, on connaît le résultat, 24 Heures plus tard, Matra avait réussi son pari. Jean-Luc Lagardère, son patron, était fêté en héros par ses pilotes avec à leur tête, le duo-vainqueur :

Henri Pescarolo et Graham Hill.

 

 

Malheureusement,  lors de la course, le dimanche matin vers 8 heures, un dramatique accident coûta la vie au pilote Suédois Joachim Bonnier.

La Lola de l’écurie ELF-Switzerland, s’accrochant avec la Ferrari 365 GTB4 du Suisse Florian Vetsch, entre le virage de Mulsanne et la courbe d’Indianapolis, avant que sa voiture ne se retrouve catapultée vers les arbres avec son infortuné pilote à son bord.

Lequel se tuait sur le coup.

Un an plus tard, le 10 juin 1973, Matra récidivait et remportait pour la seconde année ces 24 Heures, avec l’équipage Pescarolo-Larousse.

Le dimanche 10 juin 1973, Matra récidivait avec équipage re composé et formé D4Henrin Pescarolo et de Gérard Larrousse.

Mais en cette année 1973, Ferrari était bien présent au départ avec ses 321 SP

Et si la Matra remportait une seconde victoire consécutive,  une des Ferrari 312 SP,  pilotée par le tandem  formé de l’Italien Arturo Merzario et de l’Argentin Carlos Pace finissait seconde devant une autre Matra, aux mains des deux JP, Jean Pierre Jabouille et Jean Pierre Jaussaud

Mais la belle Italienne concédait six tours à la Matra, ayant couvert  349 tours contre 355, à la voiture Française

Et si Matra renouvelait son succès de 1972, deux de ses équipages Cevert- Beltoise et Depailler Wolleck, avaient eu été contraints de se retirer sur panne mécanique.

Idem pour la Scuderia, Ickx-Redman et Schenken -Reutemann, se retirant également Vsur ennui mécaniques

Le 16 juin 1974, l’équipe Matra, toujours avec le tandem Pescarolo-Larousse, triomphait une nouvelle fois et empochait sa 3éme victoire consécutive.

Laquelle permettait à l’équipe Française de se retirer en fin de saison, en pleine gloire.

Quarante ans se sont écoulés.

Mais les passionnés comme nous, n’ont jamais oublié le miaulement magique et inoubliable, des fabuleux moteurs Matra V12

 

Gilles GAIGNAULT

Photos : Michel PICARD

 

 GALERIE DU SOUVENIR…

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