24 HEURES DU MANS : AUDI-AUDI-AUDI. NOUVEAU TRIPLE AUDI

 

Beaucoup d’écuries redoutaient plus ou moins la pluie qui s’était largement déversée sur le circuit avant et pendant le warm-up, samedi matin.

La foule s’était pourtant pressée pour revivre l’épopée Matra, en regardant et en écoutant les 4 bolides s’élancer dans une parade extraordinaire pour deux tours de circuit  avec des pilotes aux palmarès élogieux puisque nous retrouvions, Henri PESCAROLO, Gérard LARROUSSE et Jean Pierre JABOUILLE. Josh HILL avait la charge de représenter son grand-père le grand champion  Graham.

 

La longue et majestueuse cérémonie de présentation des voitures et des pilotes suscita beaucoup de ferveur. Romain GROSGEAN, tout récent second lors du GP du Canada à Montréal, était venu saluer ses confrères pilotes .

Au moment du départ, le premier coup de théâtre intervenait avec la PESCAROLO N° 16, qui se pouvait se placer sur la grille de départ, victime d’ennuis électriques comme  lors du warm up .

Sagement les voitures venaient se ranger et le déboulé du départ ne manqua de faire passer quelques frissons  au milieu de la foule des grands jours.

 

La Pescarolo regagna la piste avec 2 tours de retard au grand soulagement des nombreux fans aux perruques vertes. En tète l’empoignade était sévère  mais les AUDI ne lâchaient rien et s’arrêtaient après à peine 40 minutes de course, sans doute pour étalonner au mieux la consommation. Comme pour montrer leurs muscles, les AUDI descendaient leurs temps au tour en dessous de 3’27 », puis les premières positions  semblant marquées, tout le monde avec plus de sagesse peut-être, s’en tenaient à des 3’30 » plus raisonnables pour tenir 24 heures.

A ces cadences infernales et dans le trafic, de très belles images étaient offertes sur les écrans de télévision avec plusieurs voitures se présentant quasiment de front dans les virages. Les drapeaux bleus des vaillants commissaires s’agitaient beaucoup, mais aucun contact malencontreux n’était à déplorer.

 

A 18h30, l’Aston Martin N° 97, effectuait une sortie de piste, entrainant un drapeau jaune. A peu près à la même heure, les deux OAK  les N° 24 et 35, s’emparaient de la tête de la catégorie LMP2, confirmant bien les ambitions non voilées du  manager général, Sébastien Philippe.

Peu avant 19H, la Pescarolo N° 16, poursuivait son calvaire et rentrait au stand.

On pouvait observer une relative quiétude dans les stands, les craintes d’averses semblaient s’éloigner, et l’on pensait que chaque écurie s’employait à appliquer un tableau de marche, avec le plus grand sérieux et beaucoup d’application.

En un mot, les choses avaient tendance à devenir un tantinet ennuyeuses, si ce n’étaient des appels de phares incessants des gros protos pour signaler leur envie irrépressible de dépasser.

 

A ce petit jeu, la TOYOTA N° 8, avec  Sébastien BUEMI au volant, revenait à moins de 5 secondes de l’Audi  N° 1, pilotée par Benoit TRELUYER.

Un arrêt ravitaillement de la Toyota, de la N°8, laissait le soin à Nicolas LAPIERRE, sur l’autre Toyota, de croiser le fer avec l’AUDI de tête.

Cela devait chauffer sous les casques… dans les habitacles des deux marques

A 19h30, tout le monde était debout en salle de Presse, en découvrant la violente sortie de piste, à la première chicane des Hunaudières, de Romain DUMAS sur l’Audi N°3, alors en quatrième position.

 

La violence du choc pouvait faire craindre le pire. Au contraire, c’est un pilote rageur qui s’extirpa de sa voiture, arracha des pans de carrosserie et repartit vers son stand qu’il regagna à allure pas trop réduite malgré, une direction visiblement cassée.

C’est à peu de manière simultanée que TOYOTA, connut simultanément  la joie et la stupeur.

De haute lutte, la première place, était arrachée à AUDI avec une éblouissante passe d’armes entre la  TOYOTA N° 7  de Nicolas LAPIERRE et l’AUDI N°1.

 

 

Et, presque aussitôt, Anthony DAVIDSON sur l’autre TOYOTA, gêné par la FERRARI  N° 81 qu’il tentait de doubler ….  s’envolait en touchant la FERRARI qui lui coupait littéralement la trajectoire.

Le choc fut là aussi terrible, mais fort heureusement les pilotes ne semblaient pas trop touchés.

Une voiture de sécurité était alors immédiatement mise en action.

 

 

C’était le moment où étaient confirmés coup sur coup  les nouveaux ennuis de la DOME Pescarolo, N° 17. Des soucis récurrents de démarreur, d’alternateur et de cosses de batterie handicapent lourdement la marche de la N° 16.

A ce propos voici ce que le grand Henri nous déclarait:

«Nous avons pris la décision d’arrêter la N°16. Le V8 neuf que nous avons monté ce matin entre le warm-up et la course manquait tellement de puissance que notre voiture se faisait déboîter dans la ligne droite par les LMP2. Bref, un symptôme avant-coureur d’un nouveau problème moteur. Quant au palier de colonne de direction grippé, ce genre de problème n’arrive que sur une voiture qui n’a pas beaucoup roulé. Et en l’état actuel des choses, il nous est impossible de diagnostiquer l’origine de  cette défaillance. Tous les espoirs de l’équipe reposent désormais sur la Dome S 102.5 N°17, deuxième voiture engagée par le Pescarolo Team.

 

A 21 heures, la voiture de sécurité était toujours en action. La course est finalement relancée à 21h  et NAKAJIMA sur  la TOYOTA N° 7 piaffait impatient derrière l’AUDI de FASSLER, slalomait dans le peloton et sortait la DELTAWING qui ne demandait  rien à personne .

C’est donc un sort particulièrement injuste qui était réservé à cette formidable expérience d’une voiture à la fois curieuse par sa conception et efficace en termes de performance et de réduction des consommations.

On pourrait penser que maintenant les AUDI vont pouvoir dérouler leur programme sans pression, donc avec de fortes chances de triompher comme … à leur habitude !

Cela ne les empêche pas de tourner comme des horloges en 3’29 ».

 

Pendant ce temps là, le Président de la FIA, Jean TODT, le Président de l’Automobile Club de l’Ouest, Pierre FILLON, accompagné de son frère François, –passionné de compétition comme on le sait– visitaient les stands.

Pour sa première édition en tant que Président, Pierre FILLON, nous confiait avoir été étonné des performances des TOYOTA et regretter l’accident de la Toyota N°8, ainsi que l’élimination injuste de la DELTAWING.

Il nous rassurait également sur l’état de santé des pilotes accidentés et nous précisait malicieusement que la course était encore bien longue avec encore 17 heures.

Jean TODT,  évoquant les performances de la Deltawing, se félicitait de voir que les choses allaient dans le bon sens.

Nous apprenions ensuite qu’Anthony DAVIDSON, rapidement transporté vers le Centre médical du circuit manceau après sa cabriole et son vol plané terminé violemment contre les rails après l’accrochage avec l’une des Ferrari F458 de la Scuderia AF Corse, allait va bien.

Les médecins ont précisé qu’Anthony souffrait légèrement du dos. Au cœur de la nuit, Anthony Mégevand annoncera à Gilles Gaignault que le pilote souffrait finalement de deux fractures a deux vertèbres et que son indisponibilité serait de trois bons mois !

Avant minuit, on assistait à des opérations de routine, hormis quelques têtes à queue, notamment chez les GT, comme la Ferrari N° 61 ou la Corvette N° 74.

 

Le classement à minuit était le suivant:

 

1 AUDI (R18 e-tron) N°1 de FASSLER-LOTTERER ET TRELUYER : 139 tours

2 AUDI (R18 e-tron) N°2 de CAPELLO-KRISTENSEN-et McNISH, à 2’04″194

3 AUDI (R18 ultra) N°4 de JARVIS- BONAMONI-ROCKENFELLER, à 1 tour, à 1 tour de la N° 2

4 LOLA (B 12/60 TOYOTA) N°12  de HEIDFELD-JANI-PROST, à 4 tours, à 1 tour de la N°4

5 LOLA (B 12/60 TOYOTA) N°13  de BELICCHI-PRIMAT-BLEEHEMOLEN, à 5 tours , à 1 tour  de la N° 12

6 AUDI (R18 ultra) N° 3 de DUMAS – DUVAL- GENE à 7 tours, à 2 tours de la N°13

7 ORECA NISSAN N° 48 FIRTH- HARTLEY- HUGUES à 8 tours, à 1 tour   de la N° 3

8 MORGAN JUDD N° 24 de  LAHAYE, NICOLET- PLA, à 8 tours, à 0″543 de la N°48

9 HPD ARX HONDA N° 44 de DALZIEL -KIMBER SMITH -POTOLICCHIO à 9 tours, à 1 tour de la N°24

10 ORECA NISSAN N° 26 de PANCIATICI-RAGUES-RUSINOV à 9 tours, à 2’05″404 de la N° 44

CLASSEMENT LMP2
1   ORECA NISSAN  N° 48 de  FIRTH – HARTLEY- HUGHES avec  131 tours
CLASSEMENT GTE/Pro
1CORVETTE C6 N° 74 de OLIVER – RICHARD – MILNER, avec 125 tours
CLASSEMENT GTE/ Am
1 PORSCHE 911 RSR N° 67 de ARMINDO – NARAC – PONS , avec 122 tours

 

On pouvait penser qu’AUDI était placé sur orbite pour emprunter une fois encore la voie royale, ce qui  n’empêchaient pas les pilotes de garder un rythme constant aux alentours de 3’32 », sans doute le meilleur moyen pour eux de rester totalement concentrés.

La pluie n’est pas réapparue et la température avoisine encore les 19 degrés

 

Alors que la ORECA NISSAN  N°26 de G Drive  Signatech, intégrait le Top 10 du classement général, Philippe SINAULT, le manager  nous déclarait:

« On fait des ronds à un rythme à peu près régulier, pas loin de nos temps de qualif. Nelson ressent sans doute un peu de frustration. On sent bien qu’il voudrait aller plus vite, on est obligé de le refreiner un peu. On lui a dit de survivre jusqu’au petit matin et qu’après, s’il y avait quelque chose à chercher, on ferait peut être appel  ses talents de pilote. Pour le moment il lui faut suivre le tableau de marche. »

 

 

 

Un passage par les stands nous permet de voir vers 1h30 du matin, la OAK Judd, N° 24 moteur déposé irrémédiablement. De même la TOYOTA, N° 7 terminait sa course au fond du stand, à peu près au même moment.

Par contre, l’équipe Larbre déroulait son programme sans difficulté apparente avec un rythme  soutenu sur la N° 50, où Bornhauser-Lamy-Canal, semblaient sereins et confiants. Pourtant, ils pestaient contre leurs gommes tendres à l’arrière qui se dégradaient trop rapidement les empêchant de boucler des double-relais.

 

 

Mais, c’était la Porsche IMSA Matmut N° 67 qui était en tête de la catégorie GTE Am. Raymond NARAC, terminant un relais apparemment frais comme un gardon nous déclarait:

« La piste est très sale, très dangereuse, il y a des gravillons partout, en dehors des trajectoires. J’ai failli m’y mettre deux  fois. La voiture ça va , je n’avais pas  la bonne qualité de pneus mais ça l’a fait quand  même. »

Et la ronde continuait avec l’Audi N°3 qui rentre directement dans son stand avant 3 heures du matin et repart  sans perdre de place au classement.

 

 

45 voitures restaient en course. Devant les stands ou à l’intérieur, les sièges relax accueillaient les mécaniciens entre deux relais. Il faut dire que la semaine a été bien éprouvante avec des horaires d’essais tardifs et des séances de mécanique obligatoires pour présenter des voitures impeccables au départ.

 

 

Vers 4 heures du matin, nous retrouvons Nelson PANCIATICI,  qui vient de se réveiller et nous livre ses impressions de course.

 » C’était sympa de prendre le départ, il y avait une super ambiance dans le public. Je m’efforce de faire très attention au trafic et de ne pas commettre d’erreur. Je respecte le tableau de marche en essayant d’être régulier et ça a l’air de ne pas trop mal marcher pour nous, alors on va continuer  comme ça. Là je repars pour 3 relais  de 11 tours, je me sens en forme… »

Dans le stand jumeau l’horloge annonce 4H13.

La N°23 avec le jeune LOMBARD, rentre après une touchette à Mulsanne. Il rentre au ralenti et c’est un joli ballet des mécaniciens pour changer carrosserie, fond plat et tutti quanti..

A 4h22, FASSLER sur l’AUDI N° 1, part à la faute au virage Porsche et touche assez légèrement le mur. On assiste alors à un changement de leader.

Un peu plus tard,  (4h50), à cause de la Porsche N° 75, échouée en situation dangereuse au virage Porsche, c’est une nouvelle voiture de sécurité qui entre en piste. L’Audi N° 1, étant rentrée au stand, ne peut repartir de suite .

A 5h 27, la voiture de sécurité libère la meute. Dans moins d’une heure, il fera jour et les pilotes rescapés seront doute heureux d’avoir déjoué les pièges de la nuit mancelle.

 

Le jour se lève, la température n’est que de 10 degrés, les boissons chaudes ou soupes à l’oignon sont les bienvenus pour repousser le sommeil qui gagne tous les acteurs de ce grand show et de cette compétition implacable. Seuls les pilotes sont autorisés à dormir et l’ostéopathe de service, les reconditionne avant leur retour en piste. Ils sont quasiment tous étonnants de fraîcheur à leur prise de relais.

La valse des abandons semble être pratiquement enrayée et l’on devrait maintenant  assister à  des tentatives de maintien des positions, sauf sans doute en LMP2, catégorie dans laquelle la bataille risque encore d’être rude.

A 6 h40, l’Aston Martin, N° 97 sortait méchamment à Indianapolis, sans bobo apparent pour le pilote, puisqu’il ramène la voiture en piteux état à son stand. Cette voiture était en seconde position dans la catégorie GTE Pro.

A l’occasion d’un changement de pneus sur la voiture N° 50 avec Canal qui double son relais, nous interrogeons le manager Jack LECONTE sur le souci rencontré avec les gommes.

Jack LECONTE:

« En raison des températures basses le centrage de gomme est un peu délicat pour notre voiture qui a peu de carrossage par rapport aux Porsche. Cette nuit on a beaucoup souffert avec la piste froide et les pneumatiques ne nous permettent pas de faire un bon double relais. On espère beaucoup avec le soleil qui va revenir, pouvoir retrouver notre pointe de vitesse.

Dans le stand G-DRIVE Signatech, Philippe SINAULT, nous dévoile un peu sa stratégie:

On essaye d’augmenter un peu le rythme mais on peine un peu car nos petits camarades ont mis la barre très haut. Là on vient de perdre la première place provisoire de la catégorie LMP2. On ne va pas pouvoir aller chercher la  N° 46, mais on va tenter de rester au contact pour pouvoir saisir la moindre opportunité.

Alors que l’on pensait que les furieux allaient un peu se montrer raisonnables avec le beau soleil qui commençait briller,  c’était sans compter sur l’empressement excessif de FASSLER  sur l’AUDI N° 1 qui, touche la Corvette N° 70 de Larbre Compétition, enfume une autre Corvette  N°74 et ne rentre pas au stand , lui.

 

 

 

Et pendant ce temps là, Loïc DUVAL sur l’AUDI R18 Ultra, enquille des tours en 3’26 », profitant d’un moindre trafic. Chez AUDI d’ailleurs, on s’amuse en famille, puisque la N° 2, volait la tête de la course au détriment de la N°1 pour 1″660, c’est dire que la victoire n’est pas décidée à l’avance.

De toute manière, avec 4 voitures en tête, la firme aux anneaux joue sur du velours.  On peut parier que ce sera une voiture hybride qui sera malgré tout privilégiée pour la victoire, innovation technologique oblige!
A 9 heures du matin on dénombrait 19 abandons confirmés et l’on observait  que la longue agonie de la Pescarolo N°17 de

Bourdais-Minassian-Ara n’en finissait pas de finir. La voiture, la Dome se trainait en dernière place.

Peu avant 10 heures , la Lola Rebellion N° 13 et la Morgan OAK N°35 étaient rentrées au stand. La N° 35 a percuté un mur de pneus à Mulsanne ! La Lola repart sans doute après un petit souci d’ordre mécanique.

A 10 h 45, l’Oreca Nisan G Drive Signatech, fait un tête à queue, à Indianapolis. En fait, c’est la crevaison de la roue arrière droite qui a entrainé cette figure libre, les dégâts collatéraux ayant endommagé la carrosserie la voiture a du être rentrée dans le stand . L’arrêt a couté 6′ 21″.

Pour tenter de ne pas trop perdre pied, le stratège Philippe SINAULT tente alors un joker: lancer l’ami NELSON, lui permettre de se lâcher un peu et surtout d’effectuer un triple relais  pour  perdre le moins de temps au stand. Il regrette de ne plus avoir les cartes en main mais avec philosophie il conclut notre entretien par  » c’est ça le Mans, mais nos concurrents directs peuvent aussi connaître des imprévus… »

A 11h 08, Allan Mc NISH, améliore son temps en course en 3′ 25″ 383, c’est dire que personne sur les AUDI ne veut lâcher le morceau.

Alors la Corvette N°50, se bat avec la Porsche N°6, pour conserver la tête de la catégorie GTE Am, notre ami orléanais Patrick BORNHAUSER, avant de nous parler de la course, tient à évoquer la question posée cette année par les drapeaux bleus.

Écoutons le:

« En fonction des accidents de l’an dernier, je pense que la direction de course a briefé les commissaires de piste  et résultat les drapeaux bleus ( un concurrent souhaite vous doubler ) sont agités beaucoup trop tôt. On reçoit un drapeau bleu et il n’y a personne , ou alors la voiture est deux virages derrière.

Et, il en revient à la course :

 » Pour la course, on se bagarre à la seconde près pour la première place Pedro (Lamy) vient de repartir pour un triple relais. Après, on essaye de dérouler. « 

La température de la piste n’étant que de 16 degrés au moment de notre échange, Patrick espérait que le soleil se montrerait très rapidement plus généreux pour que  les pneumatiques puissent se montrer tout à fait performants.

Pour cela, il faut 20 degrés sur le bitume.

Pascal GIBON, autre pilote du Larbre sur la Corvette N°70 , déplorait le problème de transmission arrière  qui  a ruiné les espoirs de podium.

A midi, l’AUDI N° 3, échappe à Marc GENE  qui tape à Mulsanne et tente de rentrer avec une  voiture dont la direction et le train avant, ont visiblement souffert.

On pourra parler de la loi des séries car hier la même voiture avec DUMAS au volant tapait au même endroit à 19h36!

Oui, la loi des séries s’applique bien chez AUDI.

A 12h10, Mc NISH, à son tour, tape violemment le rail.

La voiture de sécurité sort quasiment dans la foulée de ce nouveau crash.

Spectacle saisissant que celui des deux Audi, blessées en même temps dans le box pour des réparations pour le moins importantes.

Alors, peut on dire que la messe est dite et que ce sera l’Audi N°1 qui décrochera la victoire ?

Décidément, rien n’est simple avec des pilotes de tempérament et Mc NISH, est bien connu pour être particulièrement  pugnace  et une perspective de victoire au Mans,le sublime au point de manquer de modération.

Rappelez vous l’an dernier …. l’accrochage avec la Ferrari d’Anthony Beltoise,quand il  a voulu  passer dans un trou de souris!

On roule sous régime de voiture de sécurité jusqu’à 12h 42 et l’on guette ce qui pourrait bien arriver comme autre rebondissement.

La température extérieure est de 19 degrés, la piste  n’a pas encore assez chauffé  pour les voitures de Larbre  compétition (17 degrés 8).

L’abandon a été déclaré pour 21 voitures. La course pour le classement général semble figée , même si avec des diables de pilotes d’Audi, on peut s’attendre à tout.

Vraiment ?

Non, nous pensons que les hybrides doivent être toutes les deux devant et que les velléités de lutte fratricide, seraient maintenant étouffées dans l’œuf.

Par contre dans la catégorie GTE Am, la lutte pour la première place est farouche.

Pedro Lamy, le petit qPortugais ex pilote F1, sur la Corvette N°50, a beaucoup donné pour contenir la Porsche N° 67 de Nayrac !

C’est du   » à toi à, moi  » et l’on peut raisonnablement penser que la stratégie redoutable de Jack LECONTE, associée à un des pilotes de premier plan, devrait déboucher sur une victoire

Attendons encore un peu.

Avant l’arrivée, dans le stand de la Nissan G Drive Signatech, Nelson PANCIATICI, pilote de la N°26 se voyait remettre le Trophée Jean Rondeau, par les membres de  l’association Jean RONDEAU: Margerie BROSSE , Christian AYMES, et Alain LOXQ,

Ce prix, a été crée pour honorer la mémoire de Jean Rondeau qui a gagné les 24 heures du Mans en 1980 sur une voiture dont il était le constructeur. le Prix est attribué chaque année à un jeune pilote Français qui a réalisé un temps significatif aux essais.

Cette année, c’est donc Nelson PANCIATICI qui a été honoré succédant à Julien JOUSSE et Julien CANAL. Clin d’œil en direction de l’écurie Signatech , en effet 9 pilotes titulaires du Pprix Jean Rondeau? ont roulé  dans le Team de Philippe SINAULT.

Et le tout premier à le recevoir en 1987, était pilote dans l’écurie de F3000, de…. Gilles Gaignault, Michel Trollé !!!

Pour la petite histoire, signalons que Nelson, convoqué pour un contrôle anti-dopage, s’est fait un peu attendre pour la remise d’une superbe montre. Il nous avouait qu’il n’est pas facile d’uriner quand on est sous le regard d’un officiel!

Nelson aura beaucoup roulé  lors de ces 24 heures. terminer à la quatrième place  le déçoit un peu mais

 » Pour une première fois ça n’est pas trop mal, je suis quand  même satisfait de ces 24 heures ».

Il poursuit

« j’appréciais déjà l’endurance avant cette course, et après les 24 h j’aime encore plus mêmes i c’est une course très difficile , on dort pas beaucoup, c’est difficile  on ne doit pas faire d’erreur, il y beaucoup de trafic. Avant de l’avoir fait je ne pensais que c’était aussi dur. Mais enfin avec la tension, l’adrénaline, ça va, je suis  jeune. »

Voila un rookie bien dans sa tête, avec un tête bien sur les épaules. Sa spontanéité, sa franchise et sa totale disponibilité nous  ont vraiment bluffé. N’oublions pas qu’il n’a pas encore 24 ans et même s’il n’est pas monté sur le podium, ce soir on ne serait  pas étonné de le voir émerger de manière spectaculaire très bientôt.

L’adage populaire se vérifiera une fois encore: bon sang ne saurait mentir.

Alors que les 4 Audi se regroupaient en fin de course, peu avant 15 Heures, pour un tour complet de parade, avant le passage sous la pendule, la Porsche IMSA N° 67, pilotée par l’amateur, Anthony PONS, cédait aux assauts de Pedro LAMY et en plus le malheureux, il…crevait dans le dernier tour !!!

Le Docteur ULRICH, attendait avec émotion, ses bolides, parmi lesquels, seule la N°1 est passée à travers des embûches qui n’ont pas épargné les trois utres bolides, les 2 3 et 4 !!!.

Il pouvait être fier d’avoir fait triompher la nouvelle technologie hybride pour la première fois au Mans, tout comme cela avait été le cas pour le diesel TDI.

On ne peut que regretter de ne pas avoir vu les TOYOTA  s’exprimer pleinement comme l’avait laissé supposer leur formidable  et inattendu début de course.

En LMP 2, la bagarre fut rude entre les voitures N° 44, 46 et 49, le moteur HONDA triomphant des Nissan avec DALZIEL, KIMBEDR SMITH et POTOLICCHIO

La FERRARI N°51 de la Scuderia AF Corse de l’équipage BRUNI, FISICHELLA et VILANDER  ne tarda pas à prendre la tête des GTE Pro et décrocha une nouvelle victoire indiscutable.

Les copains, BORNHAUSER- LAMY -CANAL, ont plus peiné pour s’imposer dans la joie.

Le public n’a pas été arrêté par des conditions météo incertaines et finalement clémentes, pour la course, il était  nombreux et toujours passionné.

Pour notre part,  malgré les sorties, touchettes et échanges de position, la course ne fut en fait qu’un défilé Audi , certes, un peu mouvementé.

Mais peut-on leur reprocher de ne pas avoir de concurrence à la hauteur de ses talents technologiques.?

 

Nous ne pouvons pas terminer ce reportage sans déplorer la façon dont la DELTAWING a été sortie du jeu, elle laissait entrevoir des pistes technologiques novatrices et écologiques plus  qu’intéressantes.

La voie est ouverte pour la GREEN GT qui occupera le 56 ème stand, l’an prochain.

Mais sincèrement, franchement quel dommage que le jeune Nakajima ait dans un excès de précipitation, ruiné et sa course et celle de Toyota et celle aussi de cette DELTAWING qui jusqu’à cet incident aussi stupide que regettable, nous  avait bluffé !!!

 

Alain MONNOT 

Photos : Thierry COULIBALY – Gilles MOLINIER -Patrick MARTINOLI – Claude  MOLINIER – ROLEX

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