ENDURANCE MOTO : 8 HEURES DE DOHA : VICTOIRE DE LA BMW MOTORRAD – FRANCE – MICHELIN

Les Français Sébastien Gimbert et Erwan Nigon associé à l’Australien Damian Cudlin ont dominé la seconde épreuve du Championnat du Monde d’endurance moto, qui se disputait dans la nuit de samedi à dimanche, heure française, sur le circuit de Losail au Qatar.

Dès la départ donné à 17h00 (heure locale), à cause de la chaleur caniculaire (37°C), Erwan Nigon, a imprimé un rythme d’enfer au guidon de la BMW S1000RR N° 99, prenant jusqu’à 2 secondes au tour, à tous ses adversaires et s’adjugeant le record de la piste dès le 3e passage (2’01 »231 ).

Après l’arrivée et sa belle victoire, Erwan Nigon nous livrait ses premières impressions:

 » J’ai pris le départ dans des conditions très difficiles car il faisait très,très chaud et sans savoir vraiment comment j’allais pouvoir gérer cette chaleur mais j’ai réussi à creuser un écart qui a été malheureusement réduit à néant à cause du Pace Car (huile sur la piste ) et nous avons dû remettre du charbon dans la chaudière, comme on dit ! « 

Son équipier, Sébastien Gimbert, avait aussi le sourire des gens qui connaissent le prix d’une telle victoire;

 » Je suis hyper content d’être sur la première marche du podium parce qu’il y a une semaine de cela j’ai eu un gros crash sur le circuit du Vigeant en  championnat de France et j’étais un peu pessimiste car je m’étais fait très mal au dos. D’autre part, nous étions assez anéantis après notre abandon (crash de Cudlin) lors du récent Bol d’Or et c’était très important de gagner ici pour pouvoir rester dans le coup pour le championnat du Monde que nous comptons remporter. « 

Sébastien, sur le podium nous trouvons trois marques différentes de moto équipées de trois manufacturiers différents :  BMW- Michelin , Kawasaki Bolliger – Pirelli et Honda TT Legends – Dunlop, qu’est-ce que cela vous inspire ?

 » C’est bien que ce Mondial d’endurance soit ouvert à tous les fabricants car c’est une réelle compétition et cela devrait donner l’exemple pour d’autres organisations (Moto-GP ou Superbike) . Aujourd’hui,nous avions d’excellents pneus fournis par Michelin qui ont fait la différence avec les autres, mais c’est un package à quatre : Moto, team, pneus et pilotes . « 

Après une demi-heure de course, soit 15 tours, dans cet enfer du désert, Vincent Philippe au guidon de la Suzuki n°1 SERT  et Gwen Giabbani, aux commandes de la Yamaha n°7 Yart, roulaient de concert, avec un écart de 22 secondes en subissant le rouleau compresseur Allemand.

David Checa qui roulait, lui, sur la Yamaha GMT n°94, quatrième, ne ménageait pas ses efforts pour revenir sur ce duo et ravissait la seconde place de la course après le premier relai du Yart à 17 h 43.

Hélas, la joie du Team de Christophe Guyot, fut de courte durée car lors du premier ravitaillement, la machine était rentrée directement à l’ombre du stand.

 

Matthieu Lagrive, reprenait la piste, derrière le Pace- Car, avec un moteur surchauffé et cinq minutes de perdues, à tenter de le refroidir.

Premier coup de chaud d’une série qui lui sera fatale car le rideau fut tiré dès 19h 19, soit après deux heures de course, seulement.

La nuit enveloppait alors le circuit dans une atmosphère plus douce mais pas plus rafraîchissante pour les radiateurs.

Le second coup de théâtre, parmi les grands favoris, survint lors du passage de témoin entre Yukio Kagayama et Anthony Delhalle au terme du 54e tour, à 19 h02.

Le chef motoriste du SERT, aperçu en effet une fuite d’huile dans le bas moteur. La Suzuki n°1 était à son tour rentrée dans le stand 12, pour une inspection plus approfondie et le mal venait d’une durite reliant le bas du radiateur. Le ballet mécanique était impressionnant mais la ronde continuait, les secondes défilaient Vitesse grand V, puis les minutes s’écoulaient avec les espoirs de victoire qui s’envolaient définitivement.

 

Le bilan était lourd: 6 minutes soit 3 tours passés à la trappe.

Le SERT abattu, mais pas vaincu, repartait à l’attaque.

L’écran géant donnait le ton, en tête, dans le même tour, la BMW devant la Yamaha du Yart puis la Kawa Bolliger à 1 tour et la Honda TT Legends mais déjà à 2 tours.

Kyonari, quatre fois vainqueur aux Huit Heures de Suzuka, était venu prêter mains fortes aux Anglais (TT oblige pour Mc Guinness) mais il  n’était pas dans le coup. Pire, il se traînait, diront ses pairs !

Une raison à cela, il avait l’esprit vers le Japon car il a été Papa durant les essais !

 

Le SERT, pointait 14e à 3 tours des imperturbables leaders BMW qui n’en demandaient pas tant. La compétition est impitoyable et la malchance des uns fait le bonheur des autres .

Ce refrain bien connu, le Yart Autrichien va le connaître lors de la boucle 103 à 20 h 36. L’agitation était visible car la Yamaha ne passait plus…

Le colosse Jerman, revenait à la poussette en moins de dix minutes mais le mal était profond et exténué le Slovène râlait  » Big Boum in engine  » .

Rideau sur Losail pour la 7.

 

Trois tours plus tard, nouvelle alerte pour le SERT, au terme du relais époustouflant de Vincent Philippe revenu… quatrième .

La loi des séries pour la maudite durit.

De quoi en énerver plus d’un, à commencer par le Chef des bleus: Dominique Méliand. Mais que dire des malheureux pilotes qui perdaient tout espoir de podium avec leurs efforts réduits à zéro.

En grands professionnels qu’ils sont, ils vont accusés d’abord le coup en serrant les dents et en secouant le casque, puis reprendre la guerre des secondes, la rage au ventre.

Deux tours envolés, volés sans-doute par un défaut de fabrication et qui faisait replongé la Suzuki n°1, à la 9e position au milieu de la bagarre de folie des Superstock .

Il faut dire que ces machines de série, avec de grands  pilotes à leurs guidon: Anthony West, Guillaume Dietrich, Etienne Masson, Nasser Al Malki ou Anthony Loiseau, tournent dans des temps très proches des EWC.

 

Ce sera la Suzuki du QERT (Qatar Endurance Racing Team) qui gagnera cette catégorie et se classera 5e au général, avec un équipage composée du local Nasser Al Malki, de l’Australien Anthony West et de l’étonnante Allemande Nina Prinz, qui a fait pâlir de nombreux machos, tant ses chronos étaient égaux aux pilotes, dits du sexe fort.

La seconde place et la 6e au général, a été acquise par Motor Events, l’équipe Championne de la Coupe du Monde 2011, managé par l’ancien quadruple Champion du monde, Hervé Moineau, qui en voulait beaucoup à Fred Moreira d’avoir été puni d’un Stop & Go, pour avoir été en retard à la mise place sur la grille de départ !

 

Guillaume Dietrich et Michaél Savary, n’ont pu comblé cet handicap du tour perdu, en partie, dans cette affaire. Dommage…

Désormais, l’objectif du SERT, devient de rendre le moins de points à l’adversaire qui ont pour noms Kawasaki  Bolliger, Honda TT Legends et bien sûr BMW.

La n°1 termine finalement zu pied du podium à une inespérée 4e place à moins d’une minute de ce podium tant envié.

 

La victoire de la BMW n°99, n’a pas fait l’ombre d’un doute depuis les essais chronos. Les leçons de l’an passé, ici au Qatar,  ou du dernier Bol d’Or, qui a vu la machine Allemande abandonnée sur chutes, ont été digérées.

La spirale de la gagne, donne des ailes et le package BMW-Michelin, sera redoutable sur la suite du Championnat.

 

Dominique Méliand retient que BMW a gagné une bataille mais le SERT a repris la tête du Championnat avec 54 points devant Le Honda TT Legends (44 points) et Kawasaki SRC (40 points) qui n’a pas trouver le budget pour le Qatar et le Japon.

BMW, pointe désormais à la quatrième position désormais avec les 35 points attribués sur cette victoires des 8 heures de Doha.

Au pied du podium, le contraste était d’ailleurs saisissant entre la satisfaction Franco – allemande du travail accompli et la joie sans retenue des Suisses de Bolliger ou des Anglais de TT Legends, habituellement très réservés.

 

Chacune de ces deux équipes, rarement à l’honneur, avaient également leurs histoires sentimentales qui resurgissaient.

Mr Bolliger qui a été opéré d’une tumeur au cerveau en Avril, est sorti d’affaire et sera de retour à Suzuka, comme nous le confiait, Roman Stamm, le pilote helvète de la n°8.

Jérôme Tangre, Le pilote Français du Team Bolliger, était très heureux de cette seconde place :

 » Ce n’était pas évident de rouler par 40°c mais cette kawaski est une super moto, j’ai deux supers équipiers avec moi avec une super équipe qui a peu de moyens mais qui arrive à se hisser  au niveau des équipes officielles. Je suis très fier d’en faire partie. C’est sûr que nous avons bénéficié de conditions de course qui n’ont pas été faciles pour les autres mais cette fois la chance était de nôtre côté. « 

Quant à nos amis Anglais, la naissance de la fille de Kiyonari? sera aussi source de joie supplémentaire qu’ils fêteront traditionnellement autour d’une bonne bière réparatrice.

Ils leur faudra attendre  Suzuka pour cela, car la consommation d’alcool est interdite au Qatar!!!

Le prochain grand rendez-vous du Championnat du Monde d’endurance, aura lieu fin Juillet au Japon et la victoire de BMW relance la crainte de voir cette moto Européenne, mettre un terme a des années de victoires de marques Japonaises à domicile.

L’affront serait total et la bataille nous promet d’ores et déjà, un spectacle fabuleux dont nous avons eu qu’un aperçu ici à Losail.

Texte et photos : Michel PICARD

BELLE PERF DU QERT AVEC L’ÉTONNANTE ALLEMANDE NINA PRINZ

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