24 HEURES DU MANS : GROSSE ATTAQUE DES AUDI ET TOYOTA HYBRID

 L’AUDI E-TRON, LA N°2 LA PLUS RAPIDE CE DIMANCHE


Le ciel est gris , l’atmosphère humide, aucun bouchon pour accéder au circuit des 24heures du Mans et pourtant, nous ne sommes pas trompés, dans moins d’une demi-heure la quasi totalité des concurrents de l’édition des 24 h 2012, va prendre possession de la piste.

Mieux même, certains noms connus, vont s’ajouter à liste des engagés.

Nous voulons parler de Sébastien LOEB et de Fabien BATHEZ.

 

Le talentueux rallyman qui très tôt, arrivé d’un petit rallye qu’il a encore remporté hier en Suisse, nous déclare à la volée:

 » Venir certes pour préparer Le Mans 2013, mais aussi pour s’amuser un peu ».

Il partagera le volant de l’ORECA 03 NISSAN, la N° 19 avec deux jeunes loups, les espoirs Jean-Karl VERNAY et Nicolas MARROC, alors que notre grand gardien de but reconverti en pilote aux références établies, vient tâter du grand circuit en vue d’une participation envisagée aux 24 heures, lui aussi dans un futur proche.

Pour l’heure, c’est à bord d’une ORECA, invitée au titre de la nouvelle Formule ‘catégorie Le Mans’ qu’il va rouler.

 

Au titre des voitures nouvelles ici, comment ne pas se montrer curieux de cette expérimentale voiture dénommée, la DELTA WING-NISSAN, invitée hors classement, à courir  (si la qualification est obtenue) sous le N°0.

On voit bien en jetant un œil dans le stand que le Team américain HIGHCRFOT, entend tirer tous les enseignements possibles de ce roulage.

Une batterie impressionnante d’ordinateurs pour acquisition de données, garnit une grande partie du box. Les temps vont être surveillés par les observateurs techniques et la Presse, mais ce ne sont pas eux qui intéressent le paddock, mais bien ceux et des TOYOTA et des AUDI hybrides.

En effet, ces deux firmes ont fait un choix technique similaire (à la différence des conditions de restitution  d’énergie) et si Audi, a déjà roulé tout derniérement en course à SPA, ce n’est pas le cas de TOYOTA!

 

Décidément cette écurie, n’a pas de chance, alors qu’elle avait recruté tout récemment  Stéphane SARAZIN , ce dernier fana de vélo, a chuté lourdement lors d’une sortie avec des copains et a du déclarer forfait pour cette journée test.

Il nous précise à ce propos:

 » Ma roue arrière a brutalement cassé et je n’ai de ce fait pas pu éviter la chute. Je suis couvert de plaies et d’ecchymoses et je dois renoncer à rouler,  mais je serai sur pied pour les 24 heures. »

 

Après les protagonistes au sommet, on peut dire que l’intérêt suscité par les premiers tours de roue, après déverminage, de la PESCAROLO JUDD N° 16 est grand.

On se bouscule à l’entrée du stand, où Madie veille et fait la police et la circulation….

Le grand HENRI, un peu lassé des divers épisodes juridico-financiers? ne veut plus que se concentrer que sur  « une voiture que l’on met sur les roues sur un circuit de référence et pour laquelle il faut encore bien du dégrossissage. »  
Chaque Team vient en fait à la journée test avec des objectifs différents selon les aléas du début de saison ou des conditions spécifiques présentées par le circuit de la Sarthe.

 

Philippe SINAULT pour SIGNATECH, a pour objectif premier, de qualifier les deux pilotes qui n’ont jamais tourné au Mans : Nelson PANCIATICI et Jordan TRESSON.

Ensuite,  il conviendra de valider certaines configurations spécifiques Le Mans et enfin, on procédera à des tests de pneumatiques.

 

Chez OAK Racing, il faut  aussi qualifier des pilotes, mais c’est le passage au moteur NISSAN  pour la MORGAN N° 35 qui doit concentrer le maximum du travail comme nous le confiait Sébastien PHILIPPE, manager général de l’équipe.

Chez  LARBRE compétition, Jack LECONTE déclarait vouloir tout vérifier en vue d’une course de 24 heures.

A 9 heures, les voitures s’élançaient sans aucune précipitation à l’assaut du circuit et les options de travail des uns et des autres se vérifiaient car aucun temps significatif n’était enregistré.

 

La piste un peu grasse et humide, s’asséchait rapidement et la cadence montait d’un cran. On le constatait en repérant que TOYOTA accrochait d’entrée un... 3’31 » sans doute pour marquer un peu son territoire  face aux Audi  hybribes,  un peu plus lentes… pour le moment.

D’autant plus que l’Audi N° 2 est en rideau sur le circuit !

On vous le dit, cette journée test est avant tout une  journée de travail, avec des tâches de validation différentes selon les Teams, mais avec ce paramètre intégré dans tous les plans d’action à savoir :

Une durée de 24 heures en course. En plus, tous les ingénieurs vous le diront, il est quasiment impossible de reproduire  exactement en simulation les conditions de piste, rencontrées dans la Sarthe.

Le tracé, c’est une chose modélisable mais les divers revêtements (ceux d’une  piste, mais aussi de routes différentes) ne sont pas reproductibles. Alors prendre la mesure exacte de tous ces paramètres variables d’une année sur l’autre bien entendu , fait partie également des priorités pour tous les ingénieurs et tous les pilotes.

Étonnamment, le public n’est pas venu en nombre pour profiter des belles trajectoires et aussi de quelques  figures libres, sans doute parce que l’enjeu de la victoire étant absent, il lui manque ce piment qui le fera, dans deux semaines, se bousculer tout autour du circuit.

Et, qui plus est, la météo était bien capricieuse…

Sur le coup des onze heures et quelques, la OAK Pescarolo, pilotée par Guillaume MOREAU, sort de la piste au virage Ford, ce qui entraine immédiatement, inévitablement, un drapeau rouge, ramenant toutes les voitures au stand pour une petite vingtaine de minutes.

Tout le petit monde des mécaniciens se retrouve autour des voitures qui sont rentrées dans le box ou, restent sur la voie des stands, mais là attention, il faut avoir brassards ou chasubles qui vont bien et même porter un casque. Oui vous lisez bien, on ne plaisante pas avec la sécurité à l’ACO, il faut dire que le miracle de l’accident de Mac Nish sur l’Audi l’an dernier a laissé des traces dans l’esprit des organisateurs qui ont réfléchi  et légiféré pour éviter tout drame.
Croisant  quelques pilotes et échangeant rapidement avec eux, nous sommes frappés  par la constance du discours. Tous font référence à la spécificité de cette course.

Au hasard des propos, relevons:

24 heures c’est long; il peut en arriver des choses; il ne faut rien négliger dans la préparation, car tout compte; ou encore, il convient de connaitre tous les coins du circuit; au Mans avec la météo tout peut arriver.

On sent bien l’humilité des pilotes face à une course « monumentale » qu’il convient d’aborder avec les meilleurs atouts dans son jeu mais aussi avec la plus grande modestie.

Une différence d’importance doit être signalée, celle existant entre les équipages engagés  dans le Championnat du monde renaissant cette année et ceux qui ne courent que pour cette épreuve mythique des 24 heures.

L’état d’esprit n’est pas tout à fait le même.

En effet, la course des 24 heures permet de doubler les points normalement marqués dans toute autre épreuve.

On peut dire que personne ne veut gâcher cette chance potentielle et les stratèges d’écurie ont tous déjà sorti les calculettes. Pour ceux qui  courent  » seulement » les 24 heures, l’objectif de terminer l’épreuve suffit souvent au bonheur de toute une équipe.

Après un break  pour un temps, la fameuse ‘ pause casse-croute’, les voitures en début d’après-midi, ont repris leurs rondes avec une température  très légèrement en hausse puisque flirtant avec les 20 degrés.

Alors que de nombreuses écuries ne se privaient pas de changer les pneumatiques pour valider certains choix de gomme, on s’étonnait de constater que la DELTAWING avec ses roues asymétriques entre l’avant et l’arrière, roulait depuis le matin avec la même monte.

Perçons nous la, un des secrets de cette étonnante machine, à savoir être vraiment conçue pour une véritable endurance.

 

Et pendant ce temps là, les AUDI tenaient à marquer le territoire, celui des vainqueurs des deux dernières années, et abaissaient le temps au tours en 3′ 26′ 561 » avec Loïc DUVAL au volant.

Il est à noter cependant que ce n’est pas la voiture hybride qui accroche la perf mais la version Ultra c’est à dire  classique et éprouvée lors des campagnes antérieures.

Vers 15h30, suite à quelques désordres occasionnés par une sortie de piste, et sans doute pour permettre aux pilotes de se familiariser avec la procédure, la direction de course  fit sortir une voiture de sécurité.

Sans doute pour nous faire mentir après libération des voitures sous drapeau vert à nouveau, les AUDI  E-TRON, elles aussi familiarisées  par des années de présence au grand circuit du Mans, font péter des temps.

D’abord André LOTTERER sur la N° 1 en 3’26’ 468 » puis comme  pour marquer un territoire Allan MCNISH sur la N° 2 répliquait par un 3’25’ 927″.

Qu’allaient faire les Toyota ?

 

La réponse était donnée par Nicolas LAPIERRE qui déclarait

« Au niveau des temps  nous sommes  là où nous pensions être, pour le reste , nous essayons différents réglages au niveau de l’aéro, de l’hybride et des pneumatiques, on fera le point ce soir  mais tout va   bien hormis une crevaison. ».

Alors qu’un beau soleil éclairait la ligne droite des stands? on annonçait des gouttes de pluie dans les Hunaudières, ce qui n’empêchait pas la OAK Pescarolo N°15 accidentée le matin de repartir en piste, sans Guillaume  blessé et transporté à l’hôpital d’Angers, se plaignant de douleurs au dos.

Même si les choses semblaient un peu se calmer  en fin d’après midi, un passage dans les stands nous permettait de voir combien tous les staffs techniques se « gavaient » d’enregistrements de toutes sortes qu’ils auront le temps de dépouiller avant les essais-ceux là qualificatifs des 13 et 14 juin.

 

Un nouveau drapeau rouge tombait, à la suite de la sortie de piste de la FERRARI AF CORSE N°51 et lorsque le vert fut remis il restait tout juste une demi-heure avant le drapeau à damiers.
M

Manque de change un ultime dernier drapeau rouge marquait la fin de la journée test à 17h55.

Les enseignements que chaque écurie  va s’efforcer de tirer ne se communique pas à la Presse, vous pouvez vous en douter.

Tous les responsables de Teams  indiquent  à ceux qui veulent bien les croire, que la journée a été utile pour vérifier certaines options et personne ne vous dira quel problème nouveau ou récurrent  a été au menu de la journée.

A un peu plus d’une semaine d’une vraie chasse aux chronos, il faut bien se dire que pour des modifications foncières, c’est trop tard. Des ajustements, de petits aménagements, des réglages d’optimisation? voilà ce à quoi les mécaniciens vont s’attacher, alors que les têtes pensantes vont élucubrer des stratégies tant pour les pneumatiques que pour les ravitaillements.

En conclusion de ces tests à tous les étages, il faut regarder la vélocité des pilotes. A cet égard, la hiérarchie des temps établie sur les quelques 180 pilotes alignés mérite, qu’on s’y arrête un peu.

Les 16 premiers pilotes sont tous membres des Teams AUDI et TOYOTA et leurs temps s’échelonnent entre le  3’25’ 927″ de Mc NISH et un 3’32’ 216 » de Rinaldo CAPELLO. Le pilote le moins rapide: en 4’48’ 402″   du Team Extrême limite (ça ne s’invente pas) aura intérêt à bien regarder dans ses rétros!
Mais Le Mans ne serait pas Le Mans? sans cette alchimie particulière avec des voitures aussi  différentes que les derniers protos et des voitures plus classiques, même si les écarts  vitesses en course, génèrent des risques.

On vous le disait bien, le public a besoin de cela et cette année, on peut penser qu’il ne boudera pas son plaisir, tant le plateau est fabuleux à bien des points de vue:

Innovation avec la Deltawing, écologie avec les voitures hybrides et tout simplement  sportif  avec ce Championnat du monde d’endurance.

Alain MONNOT
Photos  :Alain Monnot  Thierry COULIBALY et autonewsinfo

 

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