Que devient Michel Ferté ?
En reportage au Mans (avec Gilles Gaignault notre rédac-chef), nous avons eu la curiosité de pousser la porte de l’atelier-agence de Michel FERTE, afin de voir un peu ce que ce grand Champion –pas encore à la retraite– devenait.
LE SIÈGE DE L’ÉCURIE DE MICHEL FERTE
Il nous reçoit en compagnie de sa charmante épouse Sylvie, avec sa gentillesse habituelle. Il a gardé son enthousiasme de gamin émerveillé par tout ce qui touche à la course, mais affirme aussi sa volonté d’asseoir de nouveaux concepts de sponsoring, d’animation, de découverte…autour de l’automobile, de la compétition, mais pas seulement.
Avant d’en venir aux activités et aux projets, rembobinons un peu le film d’une carrière riche et éclectique
Michel FERTE, pouvez-vous en raccourci, retracer votre carrière de pilote ?
« Alors, allons y. Champion de France 3, Champion de France F 2, Champion de France F 3000 à deux reprises (tout ça de 1983 à 1986). Champion d’Europe avec VENTURI en 1994, Vainqueur GP MONACO F3 (1983 sur Martini), 13 participations aux 24 heures du Mans avec JAGUAR, FERRARI et PORSCHE usine. Une seconde place avec JAGUAR, aux 24 Heures en 1991 et avec Alain mon frère, nous sommes recordmen du tour avant la mise en place des chicanes ! »
A la fin de ce résumé, nous éclatons de rire, car dans sa volonté de faire vite, Michel a escamoté des « bouts » de carrière qui pourtant ont compté, puisqu’il s’agit de ses participations de 1991 à 1995, à l’ANDROS, sur BMW, OPEL ou sur MEGA. Et surtout, en 1984 et 1985, son rôle efficace de pilote d’essais en F1 pour Ligier, alors qu’un volant de titulaire, aurait tout aussi bien pu lui échoir chez McLaren – il était pilote du manufacturier Philip Morris – ou chez Ligier d’ailleurs ! Et il a oublié aussi son titre de Champion de France de Super-tourisme avec BMW, en 1990
PILOTE D’ESSAI CHEZ LIGIER EN 1984 et 1985
Michel FERTE, nous confie dans la foulée ne pas avoir mis un terme à sa carrière, mais être obligé par la force des choses, de la mettre entre parenthèses. Il a encore roulé en historique, en Fun cup, au Mans en 2003 sur une Ferrari Maranello, mais avec dépit, il précise :
« Malheureusement, aujourd’hui ce qui prédomine c’est essentiellement l’argent. A plusieurs reprises, j’ai essayé de refaire Le Mans, mais à chaque fois, on débouchait sur des surenchères monstres, alors on a mis la compétition un petit peu de côté ! »
En 1995, Michel FERTE tout en pilotant encore, a commencé à dessiner son futur dans le monde automobile. Il quitte alors sa belle ville natale de Falaise et s’installe au Mans, là où il décide de « gérer sa destinée » en ajoutant au casque de pilote, la casquette de manager.
« On a fait courir la Ferrari F 40 LM, puis on est passé à la 333 FERRARI.(photo ci-dessous)
Ferrari F 333
Michel, poursuit :
« Avec de bons résultats, on a contribué à la notoriété de ce proto Ferrari ,avec Olivier THEVENIN et Adrian CAMPOS notamment, pilotes sympathiques et brillants, qui correspondaient bien à nos valeurs familiales, de savoir vivre et d’excellence. »
Puis en 2004, notre manceau d’adoption, qui a accolé sa maison d’habitation, à sa structure professionnelle, prend un autre virage, en créant RACE MARKETING AGENCY. Cette agence propose des journées, clés en mains, soit de course en Fun Cup pour des clients, soit des baptêmes, devant amener à la course automobile plaisir, dans des catégories ludiques.
Des journées complètes « incentives » sont également proposées sur d’autres thématiques, sur lesquelles nous reviendrons.
En 2010, une orientation nouvelle s’ajoute au panel déjà proposé. Un atelier d’entretien et restauration à vocation sportive et historique, est alors ouvert sous la responsabilité d’un homme de l’art :
Alain HAREL chef mécanicien.
L’ATELIER MANCEAU
Ce garage un peu particulier gère d’abord un parc de « véhicules maison » qui pourront être loués pour telle ou telle opération marketing ou participation à des épreuves sportives. Il est également ouvert à des clients qui recherchent un service personnalisé, tout comme il va se prolonger vers un garage d’entretien de voitures de Monsieur tout le monde à vocation sportive, avec également des contrats pour des flottes d’entreprises par exemple.
Progressivement donc,les choses ont évolué et les services proposés, même s’ils demeurent à 90 % centrés sur l’automobile, abordent d’autres volets d’activité. Par exemple, Michel FERTE, grand Champion de tir sportif, propose toujours sur le même schéma que les animations automobiles, une pratique encadrée par un champion, où la guidance sera exercée par exemple par Véronique GIRARDET, sélectionnée pour les JO de Londres.
L’agence est donc en capacité de monter de A à Z, à la carte, des actions de séminaires, d’animations, de projets originaux, de motivatiosn, d’invitations et de découverte.
Le menu des entrées thématiques couvre les champs suivants :
F1-Nascar ou Indy Car ; 24 heures du Mans ; Fun Cup ; Golf ; Tennis ; Voile ; Montgolfière ; Motoneige ; Tir sportif ; Trial ; Sponsoring ; Réceptif ; Merchandising.
Une récente ouverture vers des voyages découverte d’un autre genre, vient de voir le jour.
« Nous montons de nouveaux projets que les autres ne font pas. On se veut ouvert aux étrangers ainsi nous allons proposer en fin d’année quelque chose de d’original et de très chouette en Nouvelle Calédonie. », précise Michel
Dans toutes les offres, les 24 heures du Mans demeurent un cœur de cible pour les événementiels proposés. Si les premiers clients furent ceux du monde automobile ou annonceurs idoines (Pilot, Shell, Signature, Lease Plan…) bien d’autres, les ont imité comme Gan, Moulins d’Ozon, Renoval Vérandas….
Maintenant, il n’est pas rare que l’on demande à Michel FERTE de construire selon son inspiration tout un projet, dans lequel, il mettra à disposition, des véhicules, une structure réceptive, sa personne pour le coaching, ses moyens de transport
Ee cela pour être développé au Mans ou sur un autre circuit ou dans un tout autre cadre. A lui, de composer un cocktail acidulé, aux couleurs chatoyantes, destiné à marquer les esprits de ceux qui auront la chance d’y goûter.
Il est un autre grand projet qui vient de remplacer toute un pan d’activité autour d’épreuves de Fun Cup. Pour des questions obscures de fâcheries entre le propriétaire de cette organisation etson agent français, l’engagement de ces véhicules marrants, n’est plus possible pour Michel FERTE.
Notre homme, n’étant pas du genre à rester les bras croisés, il a rapidement trouvé un autre cheval de bataille pour proposer à des clients de courir dans une organisation toute nouvelle, avec des voitures également très récentes.
C’est ce volet LAMERA, que nous présentons maintenant.
LA NOUVELLE LAMERA
Michel FERTE, est en négociation avec le promoteur de cette opération en cours de mise en place. L’objectif étant d’exploiter, en tant qu’agent officiel, un pool de 5 de ces nouveaux bolides pour des clients et de mettre à disposition un autre véhicule propriété de Race Marketing Agency, pour la location au coup par coup.
Cela prouve à quel point Michel, croit à la formule, dont il faut bien dire pourtant, qu’elle n’a pas jusqu’alors, bénéficié d’une grande communication !
« Le concept est bon, l’auto tout à fait réussie au plan esthétique et technique déclare Michel enthousiaste et j’ai des clients intéressés par la formule. J’espère bien exploiter cette fabuleuse opportunité. »
Quelle est-elle donc cette voiture dont on sait que 19 exemplaires sont déjà vendus alors que 25 seront construits pour cette première saison.
C’est à Wilfried MERAFINA que nous avons posé la question.
Wilfried MERAFINA, oui vous avez bien saisi, il s’agit de ce pilote reconnu en GT Tour notamment qui a mis entre parenthèses sa saison de course 2011, pour en consacrer le budget au projet de cette belle LAMERA
Le projet LAMERA, est porté par TTM Compétition société (autonome à Cergy), dans laquelle en moins de 15 mois, ont œuvré deux jeunes ingénieurs ex- TORK, pour la réalisation de cette biplace aux dimensions généreuses et aux formes élégantes et racées.
On peut se demander comment une telle entreprise peut se boucler aussi rapidement.
Wilfried MERAFINA répond sans ambages :
« Nous avons bénéficié dans cette affaire des soutiens technique et financier de FORD France puis FORD Europe et FORD MOTORCRAFT. En effet, le moteur est celui de la Focus RS 500, dont la puissance a toutefois été ramenée de 380 à 240 CV, servis par une boîte séquentielle à 6 rapports pour une transmission aux roues arrière. Nous avons pu nous appuyer sur l’expertise de Christophe BOUCHUT et Dino LUNARDI pour les essais. Toutes les personnes qui ont conduit la LAMERA, s’accordent à la trouver facile, plaisante et performante. Notre voiture est spacieuse et son coût demeure tout à fait maitrisé quant à son achat (42 000 euros HT, semble-t-il) ou son exploitation. Nous assurons directement la fabrication des châssis et le montage des voitures, les éléments de carrosserie étant fabriqués (à partir de nos moules), chez Philippe MARIE et Frères.
Parlons des courses, voulez-vous ?
« Tout à fait. Pour ce qui concerne la LAMERA FORD CUP, notre projet est maintenant bien parti puisque nous avons à ce jour déja vendu 19 autos et que je me suis engagé financièrement auprès des circuits… Nous proposons comme vous le savez des courses d’endurance sur les circuits français (Magny Cours, Castellet, Charade et Pau) plus Zolder et Navarra. Les pilotes pourront ainsi en 6 épreuves rouler 73 heures en course… »
Ayant cherché à compléter cet échange téléphonique un peu rapide avec ce Directeur général et ce gérant d’entreprises- dans l’intérim (TRIANGLE) et le nettoyage (AXECLEAN). Nous avons noté que l’engagement à la CUP coûtait 18 000 euros HT et qu’à cela, il convient entendu d’ajouter la maintenance et l’assistance.
Michel FERTE séduit par la formule proposée, évaluait pour une saison complète à 92 000 euros, amortissement du véhicule compris.
Techniquement, cette LAMERA sera évolutive. Des partenaires techniques comme SODEMO et 3 MO sont associés à l’aventure qui sera lancée, le 5 mai prochain, à Magny Cours.
Parions que les couleurs de Michel FERTE, flotteront sur ce parc original !
Nous ne pouvions pas terminer cette rencontre, sans revenir à la compétition.
Notre interlocuteur confirme que son frère comme lui est un peu resté au bord de la route et cela l’étonne et le navre à la fois. Il ne comprend pas que des professionnels comme eux avec toute leur expérience ne soient pas sollicités et à ce moment là, Michel s’enflamme un peu :
« Les équipes d’endurance s’inscrivent dans une mouvance dans laquelle on pense que l’argent va leur apporter beaucoup. Pour des 24 heures du Mans, on a vu des pilotes amener 150 000 euros et assez rapidement déplorer une sortie de piste entrainant plus de 150 000 euros de casse. Actuellement, je pense qu’il faudrait mieux prendre un Michel FERTE qui a fait seulement trois tètes à queue en 13 participations aux 24 heures, or on ne fait pas appel à nous. Peut-être que je ne communique pas assez. Alors aujourd’hui, je lève la main, j’ai envie de dire j’existe, j’ai envie de revenir aux affaires, je suis encore capable de piloter une bonne machine de course … aux 24 heures ou ailleurs ! »
Le message est lancé.. En attendant un écho en retour, d’une manière qui semble un peu inéluctable, Michel FERTE est pourtant sollicité… mais, en historique. Le 5 avril, il va pour un propriétaire, effectuer des essais d’une FERRARI F 333 SP avant de la ramener sans doute en France pour en assurer la préparation et l’assistance en vue de participations à des épreuves de renom. Un projet sérieux de participer au Le Mans Classic du 6 au 8 juillet prochains est également sur le grill. Marqué un peu fer rouge de FERRARI, ce pourrait être au volant d’une très belle 512 M que nous pourrions retrouver Michel FERTE pour une pige qui, même en historique, le fait déjà saliver de plaisir.
Alors pour conclure, Michel, globalement, comment se présente 2012 ?
« 2012 va être très intéressante pour nous parce que des projets de voyages un peu atypiques plus authentiques et vraiment dépaysants, comme celui dont je parlais c’est excitant à monter. Du côté de LAMERA FORD CUP là aussi c’est particulièrement intéressant d’autant plus que la voiture – que j’ai essayée- est formidable. On a un produit de qualité, ça va peut être un petit peu compliqué au départ, mais la formule va vite prendre son envol…L’activité du garage prend son autonomie. Non seulement on prépare nos voitures, mais aussi celles de clients et l’on a bien ciblé toujours la voiture sportive mais aussi la voiture historique qui nous intéresse énormément. »
En période de crise, toutes ces évolutions, tous ces projets ces projets ne se montent pas d’un coup de baguette magique. Tout l’hiver, Michel FERTE s’est donné sans compter pour prendre des contacts, pour monter des dossiers, pour communiquer, pour mettre au point sa communication globale et plus particulièrement celle de ses sites dont nous indiquons les références, ci-dessous.
En nous baladant sur l’un d’eux, nous avons relevé au détour d’une diapositive, un message très clair qui résume parfaitement l’état d’esprit de Michel FERTE à propos de son envie de courir : Si vous cherchez un pilote, metteur au point, mais pas un banquier… adressez- vous ….!
Ah la course, quand tu nous tiens ! La faire découvrir ou partager aux autres, c’est un business, mais ça reste bien fade. N’est ce pas Michel ?
Texte : Alain Monnot
Photos : Alain Monnot et archives Michel Ferté
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