RALLYE NEIGE ET GLACE: LA MAGIE ABSOLUE…

 

Le Monte Carl Historique tout juste terminé, voici dèja le Neige et Glace !

A l’instar de ces formidables évènements « Classic », Historiques que nous suivons et vous narrons régulièrement dans les colonnes d’autonewsinfo, le Neige et Glace, qui se déroule dans le Haut Doubs et le Jura, a réussi sa r

enaissance, 58ème du nom et 9ème sous sa nouvelle identité, un sublime Rallye Régularité mené de main de maître par Patrick Zaniroli, ancien vainqueur du Dakar, puis directeur de la même course avant de se lancer dans son propre destin…

DIMANCHE VINGT HEURES , LA NUIT DANSE….

Faut que je te dise un truc lecteur.

Je viens de prendre un pied, mais un pied !

Je suis dans la neige, il fait moins quinze, dans un endroit, appelé la montée du Larmon,  la nuit est tombée, l’air est tellement pur que la neige scintille sous la lune…

A nos pieds, la ville de Pontarlier est un bijou, un diamant qui brille comme la voie lactée.

L’endroit en lui-même est déjà magique.

Mais bientôt, mais oui, c’est bien cela, on tend l’oreille, on cherche des yeux,  monte le halo des rampes de phares, monte aussi le son d’un 1600cc connu comme le loup blanc de toute ma génération, celle, je l’ai déjà dit, pour qui  le rêve n’est pas un gros mot.

Cela me rappelle… le début du film E.T. éclairages mystérieux qui viennent d’ailleurs. Mais Spielberg n’avait pas le bruit qui va avec, pas la forme noire que l’on sait ‘Bleu de France’ qui passe dans un tourbillon de neige.

Une Berlinette Alpine, le plus bel objet, jamais créé par la main de l’homme, à une époque où l’homme pouvait légitimement se prendre pour Dieu…

Une minute plus tard, nouvelle rampe de longues portées, nouveau halo, nouvelle légende, voici la Morris Cooper S, redevenue Reine, de tout un univers que l’on croyait monde perdu.

Ici dans le Haut-Doubs, on se croirait revenu dans le Turini, des grandes années.

Patrick Zaniroli a donc fait un miracle.

PATRICK ZANIROLI

La renaissance.

C’est comme… si la Joconde se mettait à sourire pour de vrai.

D’ailleurs, sur ce Rallye Neige et Glace, tout sourit.

Alors que d’après mes confrères qui parlent dans le poste, la France paralysée par la neige et la bise de nord et grelotte et se morfond, une centaine de fondus s’extasient que par moins vingt degrés, la neige soit dure comme du béton, blanche comme la copine du Prince Charmant, avec de jolies perspectives  de glissades dans un cadre unique au monde.

Ce que la météo surnomme un froid sibérien s’appelle ici une tempête de ciel bleu, avec des couleurs que l’on ne retrouve qu’en Arctique, l’indigo est d’enfer, le rose de la soirée est presque inhumain …

Manque juste l’Aurore Boréale, mais il faut bien laisser un peu de rêve à nos amis Québecois…

QUELQUES HEURES PLUS TÔT, PONTARLIER…

Une flopée de Belges.

Depuis que je suis dans les sports mécaniques, une petite trentaine d’années, j’ai un sentiment de respect et d’admiration immense pour nos voisins d’Outre Quievrain.

Ils ont appris à rouler en motocross au monde entier, ils ont à Spa, ce que des gens assez légitimes comme Prost, Mansell, Schumacher, considèrent comme le plus beau circuit au monde, leur rallye local des Boucles de Spa, fait venir dans les bois, les spectateurs par dizaines de milliers et enfin ce sont de grands, de très grands amateurs de belles autos.

Et de grands moments. Pontarlier parle wallon et flamand, l’espace d’un matin, du coté de la concession Renault, immense garage où de déroulent, au chaud, les vérifs techniques très précises des autos admises au Rallye.

Toute une ville dédiée au Rallye et aux autos « Classic ».

Les habitants ne bravent pas le froid, ils l’adorent.

Parce qu’ici l’hiver est d’une beauté absolue.

Et cet engouement se retrouvera toute la journée jusqu’au parc fermé, en plein milieu de cette très belle ville historique.

Une précision, que l’on apprend vite. Pontarlier n’est pas dans le Jura. On ira mais pas ce jour. Bienvenue dans le Haut Doubs…

Tiens d’ailleurs, à propos de Jura…

Le barbu le plus célèbre des sports mécaniques Français, en est originaire !

Il est là, parmi les concurrents parce qu’il adore le coin, les belles autos et ce rallye Neige et Glace. Sa Porsche 911 strictement de série, prêtée par un de ses amis, porte le numéro 7, celui de sa première victoire au Mans.

Il ya en eu quatre des victoires.(1972-1973-1974-1984)

…. Henri Pescarolo, est parmi ses frères d’armes…

Alors qu’une saison d’endurance infernale et infernalement belle l’attend, il n’aurait raté ce rendez-vous pour rien au monde.

Son coéquipier est… un belge bien entendu, le célèbre Yves Thirionet.

C’est aussi un équipage belge, sur l’Alfa Giulia Sprint numéro un, qui est le duo à abattre.

Trois participations, deux victoires. Yves Deflandre et Eddy Gully font une dizaine de courses par an, uniquement de la régularité.

La régularité, c’est un truc très…  spécial !

Sur toute la longueur d’une spéciale, il faut respecter à la seconde près la moyenne indiquée au départ par l’organisateur.

Et pour corser le truc, il ya tout le long de la spéciale des balises espionnes, appelées « arrivées », dont les navigateurs ignorent la position, qui obligent donc à être sur cette moyenne au mètre près partout, sous peine de pénalités…

Comme le chantait Barbara, le temps perdu ne se rattrape plus…

Retour à notre Team vedette. Alfiste. C’est un truc qui ne s’explique pas, un virus incurable…

Pourquoi aiment-ils particulièrement ce rallye, eux qui courent partout en Europe ?

Parce que les spéciales,  Zaniroli se débrouille pour cela, sont toutes enneigées.

Et que cinquante de moyenne tout le temps sur de petites routes de montagne où la neige est du béton, cela signifie que sur certains tronçons, faudra envoyer du lourd et donc glisser comme des finlandais…

Comment Zaniroli fait il ?

Il trace justement sur des petites routes qui ne mènent nulle part, qui ne sont déneigées qu’au moment du Rallye, laissant une couche blanche tassée comme du diamant.

Simple comme toutes les idées géniales…

La preuve ?

Christian et Anne Marie Badoz, totalement originaires du coin, propriétaires d’une fromagerie, ayant donc roulé à vélo partout dans le pays quand ils étaient gosses, puis en auto pour récolter le lait, sont régulièrement étonnés des routes trouvées par Zani.

Trouver la piste perdue, le fantasme de tout organisateur de rallye-raid lointain, Patrick y parvient ici.

A 300 km de Paris, à un jet de pierre de la Suisse.

Gé-nial !

PROLOGUE…

Au soir des vérifs, petite surprise, une spéciale d’une vingtaine de bornes, de nuit, juste au-dessus de Pontarlier.

Ambiance phénoménale, départ du centre-ville, noir de monde, regroupement un kilomètre plus loin, et vroom !

Montée avec encore un peu de goudron, descente totalement en miroir…

Ce prologue ne sert que pour déterminer l’ordre de départ du lendemain, dans la première spéciale.

N’empêche, tout le monde s’est appliqué.

Histoire de régler le matériel…

Qui est en tête ?

Trois équipages belges, trois Porsche, la 914 de Vandewauver et Paisse, devant la 911 de Hansen et Meur et une autre 914, emmenée par Reuter et Vandervorst.

Alors, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

Que nenni !

Plusieurs équipages, belges et suisses, qui ont commandé leurs pneus à clous chez le même fournisseur lyonnais, se sont retrouvés avec un nombre de clous beaucoup trop élevé pour les routes françaises…

Le fournisseur a eu bien sûr le règlement du Rallye en main, et il connaît forcément les textes en vigueur en France…

Qu’ont fait ces malheureux pendant des heures ? Arracher quarante à cinquante clous par pneu, à la pince et à la main…

Un dimanche, impossible d’aller morigéner le commerçant peu honnête…

D’ailleurs, Lyon n’est pas à côté.

Alors, les autres ont donné un coup de main mais sur un pneu neuf, arracher un p…de m… de c… de clou est une vraie galère !

Ils ont fini à temps et étaient dans la spéciale de classement le soir même.

Avec des crampes aux mains et le sourire aux lèvres…

 

Jean Louis BERNARDELLI

Photo : Tom ZANIROLI ET Richard BORD

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