DAKAR 2012 : DESPRES ET PETERHANSEL AUX COMMANDES

 

 

Au menu du jour pour cette quatrième étape : San Juan – Chilecito, soit pour tout le monde : 424 kilomètres de liaison et 326 de secteur chronométré.

Départ de l’étape à 5h30 locales pour les motos, 7h16 pour les voitures et 9h33 pour les camions.

Un point culminant sur la spéciale à près de 3500 mètres d’altitude, de la terre sableuse et des cailloux. Un terrain sélectif qui peut encore faire vaciller les classements.

Cyril Despres partait en leader sur deux roues, Holowczyc est le nouvel homme fort chez les autos, si le Français compte une bonne avance au terme de la troisième étape, la position dominante du Polonais est plutôt fragile…

Sur la spéciale, personne ne pourra s’installer dans un rythme de croisière. Qu’il s’agisse de subtilités de navigation en fin de parcours ou de petits obstacles à amadouer, les occasions de perdre du temps sont ici nombreuses.

Il est probable qu’une fois à Chilecito, un ou deux prétendants soient déjà éliminés de la bataille pour le titre !

Tel était du moins ce matin, l’opinion de David Castera, l’homme en charge du tracé chez ASO !!!

Dans la catégorie des motos, décidément les pilotes KTM sont sur une autre planète, ce qui n’empêche pas la compétition en tête d’être somptueuse.

Le duel à distance que se sont livré les deux hommes aujourd’hui, les place à nouveau en tête. L’Espagnol, parti ce matin en sixième position, a dominé largement les débats et conclue victorieusement en 4h16’43 », les 326 kilomètres de cette quatrième spéciale.

Marc qui reconnaissait les difficultés au menu du jour:

‘’ C’était une spéciale très dure, surtout au début où, on a eu, un départ rapide puis il a fallu faire de la navigation et enfin de l’eau, beaucoup d’eau dans les rios. J’ai essayé d’avoir un très bon rythme dès le début mais c’était difficile. J’ai pu passer quelques pilotes et reprendre du temps sur Cyril. Il reste l’étape de Fiambala et beaucoup d’autres encore. Pour  le moment on en est là. Et je lutte tous les jours.’’

 

 

Cyril Despres est deuxième à 2’02 »...et conserve donc la tête du classement général provisoire.

Heureux,  Cyril lâchait :

‘’ Je n’ai jamais roulé 122 km au bord d’une rivière – ça a été très dur – la concentration exigée par la navigation a été presque aussi épuisante que le pilotage! En ouvrant la piste ce matin, le plan était d’y aller tranquillement et surtout de ne pas faire de grosses erreurs. Lorsque vous utilisez cette tactique, vous acceptez de perdre un peu de temps, donc je ne peux pas vous dire combien je suis heureux de ne perdre que deux  minutes! Ça aurait pu être tellement plus. J’ai fait une petite erreur avec le road book dès le début, mais au lieu de me focaliser là-dessus, je suis resté sur l’idée de mon plan, afin de minimiser les dégâts . Puis vers la fin je me sentais bien, la moto a bien fonctionné, alors j’ai décidé d’attaquer un peu et j’ai repris un peu du temps que j’avais perdu ce matin. Une grande journée de rallye-raid. Demain nous avons une autre journée difficile pour arriver à Fiambala et je vais avoir besoin à nouveau de rester très concentré.’’

Derrière Coma et Despres, au classement de cette 4ème épreuve spéciale, Frans Verhoven est troisième à 8’26 » devant Helder Rodrigues à 9’01 ». Cinquième Paulo Goncalves à 11’18 », David Casteu suit à 15’23 ».

Franz malchanceux qui racontait :

‘’ Ce matin, je suis parti très fort et je roulais dans la poussière de Cyril que je voyais devant. Tout s’est bien passé jusqu’à 4 km, avant le ravitaillement essence, où la moto est tombée en panne électrique et ne voulait plus démarrer, et c’est alors que j’ai vu que j’avais arraché une partie de l’arrière, ce qui a fait éclater le fusible de la moto. Alors je l’ai remplacé avec un bout de fil de fer, et je suis reparti jusqu’au ravitaillement, où j’ai utilisé les 15 minutes pour faire le plein et réparer. Puis je suis reparti avec Marc et nous avons fini la spéciale ensemble.’’

 

Le tenant du titre remporte donc la 18ème victoire d’étape de sa carrière sur le Dakar, mais la conquête du classement général est remise à plus tard.

Effectivement, Marc Coma, ne reprend que 2′ à Cyril Despres et pointe toujours à 8’10 » au classement général provisoire.

La plus belle fille du monde ne peut offrir que ce qu’elle a, dit-on.

Marc Coma se retrouve parfois confronté au même problème.

Surtout lorsqu’il se fixe pour mission de partir à la conquête de Cyril Despres, leader du classement général du Dakar.

La situation présente un air de déjà vu, et l’Espagnol a déjà fait la démonstration à plusieurs reprises dans le passé, qu’un retard d’une dizaine de minutes, était dans ses cordes.

Parti sur des bases élevées, Coma avait déjà enrhumé Casteu, Rodrigues, Gonçalves et Verhoeven après 137 km.

Despres, qui ouvrait la piste à plein régime, perdait alors 1’51 », puis 3’49 » au passage du CP2, soit 115 km plus loin.

Le pilote catalan semblait alors parti pour combler la moitié de son retard au général.

Au final, il signe certes le meilleur temps mais ne grignote tout compte fait que 2’02 » à son rival.

Derrière les deux têtes d’affiche de l’usine KTM, le constat de l’incapacité à batailler « à la loyale » se précise, encore un peu plus en ce 4ème jour de course.

Eh oui, après quatre jours de course, les candidats au podium final, flirtent déjà avec la demi-heure de retard sur les duettistes de KTM, lauréats rappelons-le, tout de même si besoin en est, à eux deux, des six dernières éditions de l’épreuve !

Ceci explique cela, non …

Il y a Despres et Coma et à un niveau inférieur tous les autres, excellents pilotes mais lesquels, jour après jour, étape après étape, spéciale après spéciale, km après km, doivent malheureusement se rendre à l’évidence que Cyril et Marc leur sont quotidiennement supérieurs !!!

C’est un constat d’une logique implacable…

Leurs plus dangereux rivaux sont capables d’un exploit une journée mais dès le lendemain, ils rentrent dans le rang…

Parmi eux, le Hollandais Frans Verhoeven, a été le plus rapide du jour, mais il pointe à 8’26 », malgré un problème électrique qu’il a pris quelques minutes à réparer.

 

Juste derrière lui, Helder Rodrigues est le mieux placé au général pour profiter d’éventuelles erreurs du duo de favoris.

Mais déjà à 26’48 », tout de même !

Le pilote Yamaha, vu sur le podium final l’année dernière, a subtilisé aujourd’hui ce rang à David Casteu, qui a commis une erreur de navigation en début d’étape.

Il dépasse également dans le même mouvement « Chaleco » Lopez, qui a comme Casteu, laissé une quinzaine de minutes entre San Juan et Chilecito.

IL Y A BIEN UN ROI PETER !!!

 

 

Un nouvel ordre des choses a été établi en auto, plus conforme aux pronostics d’avant- course.

Stéphane Peterhansel, a affirmé son statut de patron, en remportant l’étape du jour. Au classement de l’étape, il devance les Toyota de Terranova et de Villiers de 5’19 » et 6’42 » Suivent dans l’ordre, les Mini de Roma et Holowczyc respectivement à 7’35 » et 10’51 »

Et, belle, très agréable surprise, le Great Wall  Chinois du Portugais Souza. Véhicule préparé et assisté par l’équipe Française SMG de Philippe Gache et qui se classe donc 6ème à 11’40 »

L’autre Mini du Russe Novitszkiy, finit 10ème à 14’13 »

Le déboulé vers Chilecito place aussi Stéphane, en tête du classement général, avec ce jeudi matin, 5’41 » d’avance sur son premier poursuivant, de Villiers et 6’44 » sur Nani Roma. Holowczyc, leader au départ ce matin, pointe ce soir  à 8’10 »

Steph qui confiait:

‘’ On a tout simplement roulé propre, sans se perdre, sans crevaisons et avec un rythme très régulier du début à la fin. Et finalement ça a payé! Mais j’aurais bien aimé ne pas ouvrir la route demain, car en plus il n’y aura pas de traces de motos. tactiquement, ce n’est pas ce que je voulais, mais je pense que les autres ont fait beaucoup d’erreurs, et du coup, on va se retrouver devant ‘’

Et en dehors de ses coéquipiers du Team X-Raid, il se peut justement que l’ancien vainqueur en 2009, Giniel De Villiers, soit bien maintenant le principal client à surveiller pour l’homme des records sur le Dakar.

 

Le Sud-Africain, qui a terminé sept de ses huit Dakar dans les sept premiers, se pose comme une référence en matière de régularité.

Il sera comme en 2009, à l’affût de la moindre erreur des autres pour tenter d’amener sa voiture sur la plus haute marche du podium, à Lima.

Un Giniel visiblement content :

 ‘’C’était une spéciale vraiment piégeuse aujourd’hui, avec beaucoup de pierres. Nous avons vu Nasser planté à moins de 20km d’ici, mais nous nous n’avons eu aucun problème, on a juste bien roulé sans prendre trop de risques. Mais demain c’est la spéciale de Fiambala, qui sera sans doute la plus dure de cette première semaine de course, mais je ne suis pas inquiet car on l’a connait bien puisque nous y passons depuis trois ans.  Donc on verra bien! Nous allons essayer de faire de notre mieux et espérer y accrocher encore une bonne place.’’

Et le pick-up Toyota qu’il étrenne sur le Dakar se montre, au rendez-vous.

Établissant de belles performances au beau milieu de la troupe des Mini…

C’est d’ailleurs, au volant du même Hilux qu’Orlando Terranova a réussi à prendre la deuxième place de l’étape du jour.

Preuve de l’excellente préparation de ces bolides

L’impression faite dans les premiers jours par les Hummer, n’a pas été démentie par la prestation de Nasser Al Attiyah, en tête aux deux premiers pointages intermédiaires, aux km 137 et 252.

En revanche, les craintes que l’on pouvait exprimer sur le tempérament du tenant du titre et de son coéquipier se sont aussi confirmées.

Au kilomètre 288, le pilote Qatari a été pris au piège d’un passage boueux qui l’a coincé pendant …13  interminables minutes.

Il se retrouve maintenant, 7ème à plus de 30 minutes de « Peter » au général, avec des perspectives de victoire qui s’éloignent sérieusement.

Il explique :

‘’ Sur la fin de la spéciale, nous nous sommes embourbés et nous avons mis beaucoup de temps à nous dégager… Mais bon, la course n’est pas finie, et nous essaierons de faire de notre mieux lors des dix prochains jours…. Je commence juste à comprendre comment fonctionne la voiture, et ce matin, nous roulions vraiment bien, avec les meilleurs chronos et sans forcer. Nous avons d’ailleurs dépassé deux Mini… donc on va voir ce qu’on peut faire…’’

Son coéquipier, Robby Gordon, qui occupait ce matin la deuxième place du général, perd lui aussi gros dans cette 4ème  étape.

Une incroyable série de crevaisons lui fait perdre lui la bagatelle de 18 minutes dans le journée, ce qui le relègue maintenant au 5ème rang, à 16’23 » du leader français.

Les Argentins ont largement confirmé et comme la veille, leur reprise en main de la course quad.

Ils sont à nouveau quatre à occuper le Top 5 de l’étape, ne laissant qu’au jeune Chilien, Ignacio Casale, l’honneur de les accompagner.

Tomas Maffei signe donc le scratch devant les frères Patronelli tandis que Lucas Bonetto fait son apparition à la cinquième place du jour.

Maffei, complète sa journée en s’emparant du classement général où il devance Alejandro Patronelli (photo ci dessous) de 2’52 » et son frère Marcos de 6’10 ». 

Le break est déjà fait puisque derrière ce trio, c’est à plus d’une heure qu’on trouve désormais les autres concurrents.

Marcos qui s’exclame :

‘’ On est arrivé. Ouf ! C’est une étape de plus. Mais une étape dure et compliquée avec beaucoup de pièges avec le sable, l’eau, la boue. J’ai perdu un peu de temps dans les 150 derniers kilomètres mais je suis à l’arrivée et sans aucun souci. Ça c’est important. C’est aussi une étape de plus qui est terminée et bien terminée. ‘’ 

En camion, l’ambiance peut tourner à l’euphorie du côté du Team Néerlandais De Rooy, qui enlève sa troisième spéciale d’affilée sur le Dakar 2012.

Il s’agit en plus d’un « double-triplé », puisque qu’au-delà de la victoire d’étape de Gerard De Rooy, le podium du jour est complété par Miki Biasion et Hans Stacey.

Gérard plus que content de son étape :

‘’ Nous avons beaucoup dépassé aujourd’hui, donc nous avons réalisé une bonne journée, dans une spéciale très difficile. D’autant plus que j’ai cassé ma suspension de cabine à 6km du terme, ce qui n’a rien arrangé pour le dos et la fatigue, surtout après la grosse section bosselée. Mais bon, tout va bien, et surtout nous améliorons le camion chaque jour.’’

On retrouve les trois même camions en tête du classement général, où les Iveco semblent déjà faire la différence.

Le Tatra d’Ales Loprais, le Tchèque, s’est en effet montré en retrait et ce en raison d’un pare-brise cassé !

Ales, ravi d’en finir ce mercredi :

‘’ Je ne sais pas trop quoi dire… Une spéciale très difficile avec énormément de poussière et comme nous avons cassé le pare-brise, ça a vraiment été très dur de terminer la spéciale. mais enfin, nous sommes là! Nous avons réussi à nous en sortir et c’est déjà une belle satisfaction! ‘’

 

Alors qu’Eduard Nikolaev, le meilleur des pilotes (photo) de ce qui était encore et depuis des années et jusqu’à l’année dernière, ‘’ l’invincible équipe Kamaz, totalement surclassée cette fois-ci, a perdu plus de 20 minutes sur De Rooy aujourd’hui.

Le Kazakh Ardavichus reste donc au classement cumulé, le premier représentant du Team Kamaz, en 5ème position, à 13 minutes.

Sur que  celui que l’on surnommait le ‘’ Tsar ‘’ l’imbattable Chagin et qui a pris l’an dernier sa retraite sportive mais qui officie  maintenant comme Team-manager de l’armada des camions Russes, va devoir remotiver ses troupes dont le jeune Nikolaev semblait pourtant, devoir être son digne successeur…

Comme quoi, rien n‘est jamais écrit à l’avance !!!

Gilles GAIGNAULT

Photos : X raid – Red Bull – ASO – DPPI

DES PAYSAGES INOUBLIABLES…

LE BIVOUAC CETTE NUIT

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