Pour viser les avant-postes dans le Championnat de France de Superbike, Guillaume Dietrich réorganise sa structure !
Pour marquer la fin de saison, tout récemment, Guillaume Dietrich recevait ses fidèles annonceurs dans sa bonne ville d’Orléans.
Ce fut pour autonewsinfo, l’occasion de revenir sur cette année charnière dans la carrière de ce pilote au palmarès éclectique et fourni, et d’esquisser la nouvelle organisation, en cours de finalisation en vue de la saison à venir.
Avec le rappel des grandes lignes de la déjà riche carrière, on pourra mieux évaluer l’importance de cette saison 2012 devant marquer la maturité d’un projet amorcé cette année.
Après des débuts en 1997 en Junior Cup Honda, des titres en Aprilia Cup 125 et 250 en 1999 et 2000 puis des couronnes de Champions de France Superstock en 2005 et 2006, c’est sans doute avec l’Endurance que Guillaume Dietrich a connu sa plus grande notoriété.
Qu’on en juge plutôt : il gagne les 24 heures du Mans moto en 2007 et 2008, se fait percuter très violemment lors des 24 heures 2010 (la vidéo de l’accident inonde la toile et émeut les populations), puis au prix d’une immobilisation douloureuse et d’une rééducation forcenée avec son fidèle kinésithérapeute Philippe Oler, Guillaume retrouve l’équipe du SERT pour le Bol d’or, qu’il gagne en serrant les dents et en reconnaissant avec toute la franchise qui le caractérise, que cette nouvelle victoire il la doit vraiment à ses coéquipiers : Freddy Foray et Vincent Philippe.
Philippe Oler, Le kiné de Guillaume
En septembre 2010, on a un peu l’impression que pour l’endurance, le ressort est cassé et au cours de l’hiver 2010-2011, Guillaume monte un tout nouveau projet : il va disputer le Championnat de France Superbike, avec une BMW.
De fidèles annonceurs orléanais, comme les entreprises Metz, Deret et Dupont, lui mettent vraiment le pied à l’étrier. Dunlop, Yacco, Afam et bien d’autres s’engagent à le suivre dans son entreprise.
Il faut au bas mot un budget de 100.000 € pour une saison.
Guillaume va s’activer tous azimuts pour démarrer dans les meilleures conditions et négocier au mieux un nouveau virage, autrement délicat que la courbe Dunlop au Mans. !
Localement un atelier lui est proposé pour abriter sa structure. Il s’adjoint les services d’un mécanicien et s’assure de certaines collaborations techniques et sportives afin de démarrer à l’heure un programme performant.
Guillaume DIETRICH, l’Orléanais roule naturellement avec le N°45
Au bilan, pourtant sans hésiter, le pilote nous déclare :
‘’ La saison 2011 est en demi-teinte, ça c’est sûr. En effet quand on voit les résultats que j’ai faits avant, forcément on ne peut pas être content. Je n’ai même pas fait un podium cette année! Après, il faut en tirer des conclusions … Pourquoi, comment ?? Moi je pense que je vais toujours aussi vite. Au regard des chronos réalisés en course, il n’y a pas de problème là-dessus. Il y a peut être eu des problèmes ailleurs, que ce soit des choix de fournisseurs, des choix de pièces qui n’allaient pas, mais tout ça va changer pour l’année prochaine, je vais me servir de tout cela pour que les choses aillent mieux, et voilà… ‘’
Visiblement, Guillaume entend tourner la page très vite pour se projeter avec envie vers une sorte de rédemption au cours de la saison 2012.
Pour notre part, nous pousserons un peu plus l’analyse afin de démontrer que le pilotage et la responsabilité simultanée de l’exploitation d’un team ne sont pas des choses évidentes à maitriser pour un pilote.
En 2004 SBK avec Jean Jacques Cassegrain…
L’an dernier et alors que Guillaume se préparait à sauter le pas, Jean-Jacques Cassegrain, orléanais- ô combien au fait des questions de moto, préparation et compétition- celui qui aida le jeune Guillaume entre 2001 et 2004, nous confiait :
‘’ Je ne sais pas si Guillaume se rend bien compte combien préparer une moto et exploiter un Team sont des choses très complexes et envahissantes. J’espère qu’il saura s’entourer au mieux et se préserver suffisamment pour garder toute son énergie uniquement pour le pilotage.‘’
Si la saison passée ne fut pas celle rêvée par notre N° 45 en Championnat de France Superbike, c’est bien à cause de problèmes techniques, de difficultés inhérentes à la préparation mais aussi à des questions d’organisation d’ordre logistique.
SBKF Le Mans en bagarre
Au détour de notre conversation Guillaume Dietrich, lâche même :
‘’ J’ai eu beaucoup de travail l’hiver dernier, je ne pensais pas que c’était autant de boulot. J’ai eu sans doute trop de choses à gérer et partant de là je vais m’organiser autrement pour 2012. ‘’
Le pilote n’accuse personne directement mais nous précise quand même au passage qu’il va s’appuyer sur l’expérience acquise pour revoir toute son organisation. Il veut faire plus simple et déléguer davantage mais à des personnes aux compétences avérées.
La préparation initiale de la moto sera réalisée dans une structure professionnelle extérieure, alors que pour l’exploitation deux mécaniciens seront recrutés, ainsi qu’un logisticien.
Le souci du pilote responsable de structure est bien comme il l’indique :
‘’ de trouver les bonnes personnes capables de travailler par délégation en autonomie sans que je sois dans l’obligation de passer derrière pour m’assurer que tout est OK.’’
Il poursuit :
‘’ Tu as vu cette année comment ma communication a bien marché ? Et bien j’avais trouvé la bonne personne Tony Marin de l’agence ‘Simple for me’ et je n’ai rien eu à gérer. Par contre, j’ai enregistré de très bons retours de la part de mes fans et de mes annonceurs. Voilà comment j’entends me positionner pour toute mon organisation. Je sais, ça coûte des sous, je n’ai pas encore bouclé le budget, même si les trois quarts de mes partenaires ont déjà décidé de me suivre pour la prochaine saison‘’
La période du Salon a sans doute été mise à profit pour tenter de convaincre Dunlop, fidèle jusqu’à maintenant, de fournir les pneumatiques et de continuer le tour de table pour assurer la sécurisation financière du projet ainsi réajusté.
Parmi les partenaires présents, nous avons voulu connaître les motivations de deux d’entre eux décidés à poursuivre leur accompagnement de notre orléanais dont la notoriété – et donc l’impact marketing– rappelons le, dépasse largement les frontières régionales comme avant lui, les Patrick Plisson ou Cyril Neveu par exemple.
SBKF : Le Mans, Guillaume DIETRICH sur la grille
Monsieur LYF, Directeur auto-moto de la concession BMW d’Orléans nous déclare sans ambages :
‘’ Depuis 6 ans Guillaume est avec nous. Pour 2012 nous n’avons pas eu un instant d’hésitation à le suivre dans l’adaptation de son projet. Guillaume est un sportif exceptionnel, avec lui nous obtenons un excellent retour, alors tous nos vœux l’accompagnent pour une excellente saison.‘’
Madame PAYE, Directrice commerciale AFAM France, n’a pas un autre discours :
‘’ Depuis ses débuts, Guillaume a eu envie de voler de ses propres ailes. L’an dernier c’était un challenge nouveau, assez osé. Cette première année ne fut pas facile. Il est bien normal qu’on lui permette de faire l’adaptation nécessaire en trouvant les bonnes personnes pour obtenir les résultats à la hauteur de son talent. Alors nous lui renouvelons une confiance totale. ‘’
Ces deux témoignages reflètent bien l’image que Guillaume DIETRICH renvoie dans les paddocks, celle d’un pilote très classe se présentant avec un matériel et des tenues impeccables et sachant se rendre disponible pour le public, ses partenaires et la Presse. Rien d’étonnant donc à ce que les engagements antérieurs soient renouvelés, voire augmentés pour pouvoir disposer des derniers développements des BMW clients.
Il faut dire que derrière les deux machines « officielles » de GIMBERT et NIGON, la BMW N° 45 était sans conteste possible, celle qui émargeait en tête de la meute des autres machines du même type engagées dans ce championnat Superbike, lorsque les petits pépins techniques ne venaient pas ( comme ce fut trop souvent le cas, par exemple les deux casses du sélecteur) entraver la marche en avant !
SBKF à Magny-Cours
Préparateur, Team manager, sont des métiers bien typés quand il faut en regrouper la responsabilité avec en plus la casquette de pilote, il est certain que l’attelage risque de boiter. En 2012, le pilote de la BMW orléanaise misera sur une organisation plus rationnelle où adaptation, délégation, responsabilisation et coordination seront les maîtres mots.
Ayant été les premiers à recueillir ces informations, nous ne pouvions pas manquer de reparler Endurance avant de nous séparer. A ce propos la réponse est claire
‘’ L’endurance c’est une partie de ma carrière, une grosse partie. C’est juste que l’année dernière en début de saison, je n’avais pas la tête à ça. Après, au Mans j’ai eu l’opportunité d’être quatrième pilote sur la Kawa officielle. Alors ça c’était cool. Cet hiver, je vais beaucoup plus bosser pour revenir en Endurance et voilà. Ce que je ne veux pas c’est revenir en Endurance pour revenir en Endurance. Je veux retrouver un bon guidon, donc voilà. Je pense que j’avais prouvé que j’avais largement ma place en Endurance. J’ai envie que les gens reprennent confiance en moi. Je n’ai pas encore repris les contacts car j’avais besoin d’un peu souffler en fin de saison… ‘’
Guillaume DIETRICH et l’équipe Kawasaki N° 11
Au rythme où vont les choses dans ce monde un peu fermé de l’Endurance, on se demande un peu, dans quel Team majeur Guillaume pourrait retrouver une place. En effet ce Championnat du monde semble un peu en perte de vitesse.
Après un désengagement à venir du Qatar quant à l’organisation d’une épreuve, la difficulté de la FIM (Fédération Internationale motocycliste) à mettre sur et pieds un Championnat significatif, tout le petit monde de l’Endurance s’inquiète. Le Bol d’Or et les 24 heures du Mans moto ne sont pas des épreuves compromises, mais veut- on réduire l’Endurance à un Championnat franco-français ?
La formule conviendrait bien à notre pilote orléanais, mais encore faut-il que les écuries officielles Yam, Kawa, Suzuki, Bmw, Honda s’en satisfassent, elles ?
Et oublié des grilles de cette spécialité pendant une saison, il est loin d’être certain que les managers aient encore le nom Dietrich, inscrit sur leurs très « short listes ».
De là à penser que revenir en Endurance reste un vœu pieu… il n’y a qu’un pas !
Guillaume DIETRICH et Adeline
De toute manière on sent bien combien l’absence de podium au cours de la saison passée a aiguisé l’appétit de Guillaume Dietrich.
Par ailleurs son corps très meurtri ne commandait-il pas inconsciemment une espèce de période de trêve ?
Une chose est sûre, de par la configuration de la structure, Guillaume se dispersait trop et de plus, les paramètres techniques n’étaient pas suffisamment sous contrôle.
Alors, la démarche très mature, adoptée pour 2012, ne peut que favoriser le retour de la BMW N° 45 en haut des grilles de temps, avec son pilote en pleine lumière sur les podiums du Championnat de France Superbike (SBKF).
C’est en tout cas ce qu’autonewsinfo, lui souhaite.
Texte : Alain Monnot
Photos : Michel Picard