F1 : NATHANAEL BERTHON ‘’ COMMENT J’AI VECU MES 1ers TOURS EN F1

 “Comment  j’ai vécu mes premiers tours en F1”

Le pilote Clermontois nous raconte la belle histoire qu’il a incroyablement  vécu à Abou Dhabi

Le Français (22 ans) s’est tiré à son avantage de ses premiers tests F1 avec HRT, mercredi et jeudi à Abu Dhabi.

Il se concentre maintenant sur la préparation de sa saison 2012, qu’il espère effectuer en GP2.

‐ Votre réaction après cette première prise de contact ?

‐ “ C’est une super expérience. J’ai beaucoup appris, c’était le but. La F1, c’est mieux que tout ce que j’ai pu piloter jusqu’ici. C’est même plus facile que je ne l’imaginais, au moins en ce qui concerne le pilotage lui-même. Du fait de ma taille (1,87m), j’étais très mal installé dans la voiture, mon casque dépassait, il bougeait avec la vitesse, au point qu’il a fallu rehausser le saute vent du cockpit. J’ai roulé au plus fort du cagnard (32°), alors que d’autres, les pilotes Virgin notamment, ont réalisé leurs meilleurs chronos à la fraîche. Les membres du Team étaient contents de moi et ils me l’ont dit.

C’est fou le nombre de boutons qu’il peut y avoir sur le tableau debord d’une Formule 1 ! ”

 

‐ Vos premières découvertes ?

‐ Une fois dans la voiture, il y a énormément de procédures à apprendre, une multitude de paramètres à gérer en dehors du pilotage lui-même. Depuis le stand, grâce à la télémétrie, les ingénieurs disposent de tous les datas en live, ils interviennent plusieurs fois à chaque tour : fais ceci avec le DRS, fais cela avec la répartition du freinage, modifie la position de la cartographie moteur, règle ton différentiel, sachant que pour ce dernier il y a dix positions possibles suivant que l’on se trouve en entrée, en sortie ou dans le virage ! Sans parler des réglages aérodynamiques. Et encore, l’équipe HRT ne possède-t-elle pas le Kers ! Il faut être concentré à fond, c’est fou le nombre de boutons qu’il peut y avoir sur le tableau de bord d’une F1. Cela laisse une impression vraiment bizarre au début, mais en fait je m’y suis vite habitué.

‐ Qu’avez-vous ressenti au moment de vous élancer pour la première fois ?

‘’ Il y avait énormément de monde autour, les médias, cadreurs de TF1, photographe de l’Equipe… La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est de me dire: “ là, t’as intérêt à ne pas caler en enclenchant la première ! ” J’ai pensé aussi qu’avec tout ce que j’avais à gérer en un tour, j’allais fatalement oublier quelque chose. Après trois virages, j’ai compris que j’y arriverais sans problème. J’étais très concentré et j’ai eu tout bon : les 4 checks réclamés, les bons rapports en virage. L’un des ingés a imprimé les datas – ce qu’il ne fait jamais parait-il – pour les montrer au patron, avec ce commentaire : “ Je n’avais encore jamais vu un jeune effectuer un premier tour de F1 aussi propre (un peu trop vite même).”

“ Je savoure le privilège qui m’a été offert ”

‐ Quelle est l’ambiance au sein de l’équipe HRT?

’’Tout est minuté, réglé au millimètre. J’ai eu à faire face à de multiples débriefings, seul devant quatre personnes qui posent des tas de questions. Impressionnant. Pas question d’hésiter, ou d’avoir 30 secondes de retard sur le planning. HRT, bien que d’origine espagnole, est basée en Allemagne et composée en majorité d’Allemands, sous la direction du Dr Colin Kolles, qui possède la double nationalité allemande et roumaine. Il y a également de nombreux Espagnols parmi les ingénieurs. Après 3 jours d’immersion, je les connaissais tous par leur prénom. Le directeur sportif et coordinateur technique, le Belge Jacky Eeckelaert, est un homme de grande expérience, que je n’ai guère croisé, car il se tenait en permanence dans son bureau de contrôle. Mais il n’a pas perdu une miette de mes différents runs !

‐ Maintenant c’est le retour sur terre ?

‘’ Oui, mais lorsque je me dis que tout ce qui s’est passé n’était pas prévu au départ, je savoure le privilège qui m’a été offert. Cela décuple mon envie de trouver le complément de financement nécessaire pour boucler une saison de GP2 en 2012, et c’est à cela que je pense en priorité.”

La folle aventure de Nathanaël relève du rêve car le jeune auvergnat était venu au départ à Abou Dhabi pour participer aux deux courses de GP2 !!!

Et puis, l’incroyable, l’impensable, l’inimaginable se produit…

Nathanaël est invité à s’installer dans le baquet d’une monoplace de Grand Prix. A piloter une vraie Formule 1 !

L’HRT.

Il a fait le job. Sans sortir, sans rien casser.

Bravo et Good Luck pour la suite. Car inévitablement, il y aura une suite.

Comme pour Vergne, Bianchi et Charles Pic. Les trois autres jeunes espoirs Français qui ont eu la chance de gouter au pilotage d’une F1.

Gilles GAIGNAULT

 

SES 60 TOURS A LA LOUPE

Abu Dhabi, mercredi 16/11, 13h30. Total : 9 tours

1er roulage de Nathanaël Berthon en F1. Son tour initial est bouclé en 1’48’’646. La « journée » se termine après seulement 9 tours.

Cette prise de contact étant destinée à préparer la journée suivante. Et à modifier le cockpit de la HRT, trop exigu pour les 1,87 m du jeune auvergnat. Le genou droit de Nathanaël commence déjà à prendre des couleurs violacées…

Jeudi 17/11, 9h00-12h30. Total : 27 tours

1er run (6 tours en pneus “soft”) : P 5, 1’48’’086 – 2ème run (6 tours, soft) – 3e run (6 tours, soft): 1’47’’461– 4ème run (6 tours, soft) – 5ème run (3 tours), le premier en “super soft”.

Amélioration de 1’’2 – P8 au terme de la 1ère demi-journée (1’46’’299).

13h30-17h00. Total : 24 tours

Départ en pneus “super soft” (3 tours) – 2e run (super soft). Au plus fort de la chaleur, la barre des 1’46’’ est franchie : 1’45’’ 839.

Ce sera son meilleur temps définitif. 3ème run : on lui laisse le choix : tenter d’améliorer son chrono, ou se prêter à une séance d’essais technique pour 2012. Il choisit le test, content qu’on lui fasse confiance.

Berthon termine donc ses tests à la 12ème  place, devant les deux Marussia- Virgin.

Colin Kolles, satisfait, commente :

“Je remarque que l’écart avec les gros Teams est sensiblement moins important que durant la saison”.

Nat n’a certes pas décroché un volant F1, mais il a gagné l’estime de l’équipe HRT (ex Campos F1), qui lui a fait ce beau cadeau de Noël avant l’heure.

Gilles GAIGNAULT

Photos : Arthur TILL

F1 Sport