Au sud de Zagora, c’est le sable.
Au nord, la montagne, le djebel, où le rallye est allé ce mercredi.
Des paysages sublimes, des pistes façon Blueberry, avec quand même un chouïa de sable mais essentiellement de la caillasse.
Piste type Baja?
La plus longue et, sans doute, la plus belle étape de ce Rallye OiLibya du Maroc 2011, n’a pas accouché d’une souris… Tracée sur 338 kilomètres avec une grande variété de terrains et dans des paysages à couper le souffle, la spéciale s’offrait à l’attaque à outrance. Mais attention, cependant, aux pièges de navigation et… à la passe d’April, seul accès direct à la ligne d’arrivée…
Barreda pète tout le monde à moto. Peu de sable veut aussi dire que Jacinto et son camion germano-portugais sont heureux… même battus. Par un De Rooy déchaîné.
En auto, deuxième hollandais survolté, le rallyeman Ten Brinke continue de braver les pistards…
IBÈRE D’ENFER…
Joan Barreda (Husqvarna) adore ce type de terrain. Leader le premier jour, bien largué dans les sables du second, roulant comme un furieux le mercredi. Il gagne spéciale et classement général.
On avait pourtant envisagé une journée assez portugaise, et le fait est que Paulo Gonçalves (Husqvarna) est arrivé second. Mais Rodrigues (Yamaha), hier en tête de la catégorie moto, s’est planté, lui, dans la navigation dès les premiers kilomètres de la spéciale !
C’est un peu la honte pour un descendant de Magellan et de tous ces fabuleux navigateurs portugais qui ont prouvé que la terre est ronde, mais c’est comme ça.
A l’arrivée, commentaire de l’intéressé…
« Je perds 22 minutes et quatre places au général? Pas grave! » .
Franck Helbert, patron de la compétition chez Yamaha France, me dit qu’il est comme ça Helder. Rien n’est jamais grave.
Pour Yamaha, mauvaise journée d’ailleurs. Les deux pilotes Yamaha France sont tombés en panne de batterie pratiquement au même endroit. Pain s’en sort pas trop mal, il finit treizième de l’étape, mais David Casteu est quarante deuxième temps avec six heures de pénalité!
Un problème électrique a obligé David à abandonner dès le début de la spéciale de la 3e étape du Rallye du Maroc.
« Je n’étais pas très loin de Zagora, un problème électrique m’a coupé l’injection. J’ai alors changé la batterie, mais ça a tenu 20 minutes. »
Et il ajoute:
Je ne sais pas trop ce qu’il y a. Les mécanos vont voir, la moto va arriver vers minuit, une heure du matin. Demain matin jeudi, je vais essayer de repartir. Je serai hors-course, mais je vais continuer à faire le maximum pour emmagasiner un maximum d’expérience avec cette nouvelle moto. Ici, il y a beaucoup de navigation et c’est une super course pour ça ».
C’est Coma qui finit la spéciale le premier.
Marc Coma a perdu le rallye dès le premier jour, sa KTM, moteur cassé.
Il est donc en phase de réglages pré Dakar intensifs.
« Quand on n’est pas en tête, c’est différent le rallye. Normalement, tu es entièrement pris par la navigation, tu n’as pas beaucoup de place pour le reste dans ta tête. Là je cherche seulement à bien faire marcher la moto. Le problème du premier jour n’est finalement qu’un petit lapsus! »
Et, il précise tout de même:
“Quelle superbe spéciale aujourd’hui. Il y avait vraiment de tout, en plus de paysages extraordinaires. J’ai roulé tout seul du départ à l’arrivée. Parfois c’est difficile de rester attentif quand il n’y a plus d‘enjeu sportif, mais là je peux vous dire qu’il y avait du boulot en navigation et que cela m’a aidé à me concentrer…”
Décidément, ce troisième jour, tout le monde prend tout du bon côté!
Reste que pour le Dakar, un moteur qui calanche, c’est grave… On serait pas tout à fait prêts chez Kronreif Trunkenpolz Mattighoffen? On dit aussi KTM, cela va plus vite et ça prend moins de place sur le réservoir!
L’exploit du jour est pourtant une nouvelle fois signé par son jeune compatriote Joan Barreda (Husqvarna 450 n°12). Comme lundi, lors de la première étape, le prodige valencian issu du motocross, à ouvert les gaz en grand pour signer sa deuxième victoire d’étape et s’emparer de la tête du classement général. Cerise sur le gâteau, son équipier Paulo Gonçalves (Husqvarna 450 n°10), deuxième du jour, offre un nouveau doublé au team Speedbrain qui monopolise également les deux premières places au général.
Et si Jakub Przygonski (KTM 450 n°2) et Frans Verhoeven (Sherco 450 n°4) limitent parfaitement la casse, Helder Rodrigues a, quant à lui, perdu quelques plumes dans les dédales de la vallée du Drâa. Victime d’une erreur de navigation, le Portugais, leader de l’épreuve, concède plus de 20 minutes et retombe d’un coup à la 5e place au général où ils sont désormais six pilotes à se tenir en moins de douze minutes !
Autre grande victime du jour, David Casteu (Yamaha 450 n°6), a été victime problèmes électriques aujourd’hui. Arrêté sur le bord de la piste, le pilote niçois devrait cependant repartir demain, comme l’y autorise le règlement du rallye OiLibya du Maroc.
Reçu deux sur trois, Thomas Bourgin (Husaberg 450 n°250), 14e au scratch du jour, conforte son avantage dans la catégorie Enduro Cup. Déjà vainqueur de cette catégorie au Rallye OiLibya de Tunisie, le Stéphanois devance cette fois Joël Vidal (KTM 450 n°257).
En quad, le Russe Dmitry Pavlov (Honda n°264), semble bien parti pour réaliser un magnifique doublé. Leader au général, il domine également très largement la catégorie Enduro Cup avec son Honda de série. Aujourd’hui, le russe profite des soucis mécaniques sur le Honda de Vincent Albira, arrivé juste derrière les Can-Am des Bulgares Vachkov et Cenkov , et relégués à plus de deux heures au général.
DES WAY POINTS, KESAKO?
C’est un point de passage obligatoire sur le parcours. Un point GPS.
On doit trouver ces points qui sont indiqués sur le road-book.
Mais sur le GPS des concurrents, ils n’apparaissent que lorsque l’on est à un kilomètre.
Et il faut passer à moins de cent mètres pour qu’il soit validé, c’est à dire que le mouchard GPS de chaque concurrent, l’enregistre au passage.
Si on loupe un Way Point, c’est trente minutes de pénalité !
Barreda est donc un immense Champion. Une deuxième photo pour l’immense Champion. On vous dit pourquoi après.
Barreda nous parle à l’arrivée…
« Hier, je suis content, j’ai bien sauvé les meubles dans le sable. Aujourd’hui, j’ai eu un problème de GPS. Les Waypoints ne se validaient pas. Je savais que j’y étais, j’en étais sûr, et pas de petite lumière pour me dire que les points sont validés. J’ai fait trois fois le tour du point et je suis parti…
Lecteur, c’est insensé.
Ce mec-là a mis trois heures vingt trois pour faire 330 kilomètres, autrement dit, à près de cent à l’heure de moyenne!
Dans du terrain démentiel, de la caillasse partout, regarde la photo ci-dessus.
Et en plus, par endroits, il a fait trois fois le tour de certains Way points! C’est inhumain, surnaturel et surtout phénoménal.
Un talent de folie…
CAMIONS… DUEL!
Arnaud Delmas- Marsalet, raconte.
« Un bruit terrifiant, un spectacle époustouflant, ça fait vraiment peur, il m’est arrivé dessus, c’est dantesque... »
Mon complice pistard-photographe a eu un choc, croisant De Rooy et son Iveco sur un axe très rapide, où le monstre devait rouler à pas loin de… cent quarante!! Phénoménal.
Plus loin, Alain Rossignol le « shoote » dans la montagne (photo ci-dessus), ce truc est une sorte de T Rex du Rallye Raid… Gérard de Rooy est leader des camions et sixième au classement général autos-camions.
Dans son Team, il ya aussi Miki Biasion, ancien Champion du Monde de Rallye. Qui gagne la spéciale des camions ce mercredi mais est néanmoins septième au général. Pas de doute, nous sommes dans une autre dimension.
Biasion, ça donne ça…
“Chaque jour, je sens que nous progressons un peu à bord de ce camion exceptionnel que je découvre. Comme prévu, nous sommes partis sur un mode mineur pour y aller crescendo tout au long de ce merveilleux Rallye OiLibya du Maroc. “