TRIAL DU VENTOUX CLASSIC : T’AS DE BEAUX DIEUX TU SAIS !

Quatre Champions du monde au départ, rien que ça.

Et des Champions de France, d’Espagne, d’Italie, de Finlande… En veux-tu, en voilà !!!

Voilà l’une des réussites de l’année dans la moto… il y a quelques jours.

Sur la photo ci-dessus, de gauche à droite, voici Manuel Soler, Jaime Subira, Claude Coutard, Yrjö Vesterinen, Bernie Schreiber, Gilles Burgat, Charles Coutard, Philippe Berlatier, Thierry Michaud.

Où ?

A Malaucène, sur le flanc nord du Mont Ventoux. Un trial à l’ancienne (freins à disques interdits, double amortisseur arrière obligatoire etc…), noté à l’ancienne, qui comme tout ce qui se fait aujourd’hui dans le Classic est un énorme succès à condition d’être bien organisé.

Et ça l’était !

Bilan ?

Des pilotes pourtant connus dans le monde entier que l’on arrive encore à étonner… et des vieux journalistes qui sont allés retrouver leurs copains d’il y a trente ans.

Car ce trial, cette année, était dédié au titre mondial de Gilles Burgat en 1981. Et ses potes sont venus du monde entier pour lui fêter son anniversaire…

DES LARMES ! ET DES DIEUX…

Cet évènement ?

Un dieu vivant, très vivant qui retrouve  ses copains dieux vivants … et même très bons vivants. Au milieu du peuple du trial, une famille qui ne connaît d’autres lois que le talent et l’humour…

Ci-dessous, votre serviteur, autrement dit moi-même personnellement ( pas un dieu mais vivant…), Charles Coutard, Pietro Kuciukian, un milanais génial qui a été l’artisan du triomphe mondial SWM de cette époque, son poulain Gilles Burgat, Bernie Schreiber.

 

Voilà de quoi faire hurler de joie un congrès de psychopathologues englués dans l’ennui de discours inaudibles en macédonien ancien…

Alors, quand il s’agit d’une vraie bande de joyeux drilles, pas difficile d’allumer la mèche à blagues, vannes, piques et pointes d’ironie chez des gens naturellement doués pour ça ! Quand en plus, ces garçons sont aussi très doués dans la discipline la plus noble de la moto, et bien on vit un week-end exceptionnel, tout simplement…

L’épreuve de Trial du Ventoux Classic existe depuis des années, avec un succès absolu, au point que pour cette édition, limitée à 350 concurrents, on a dû rejeter cent cinquante demandes !

Donc 500 au total !

Sur un trial, discipline que l’on croyait un peu en décrépitude ! On est d’accord, ce n’est pas encore le Marathon de New York mais  à l’échelle d’un sport relativement discret, c’est KOLOSSAL !

Et cela avec ou sans stars au départ. Ci-dessus de gauche à droite, Couturier, Traini, Burgat, Berlatier, Schreiber…

Les dieux vivants qui sont venus courir sont une grosse cerise sur un gros gâteau, that’s all !

Quand même…

A Malaucène, vous auriez vu la tête de pilotes, certes adorant le trial mais pratiquant plutôt entre eux chaque dimanche, donc ces mecs reconnaissant les zones aux côtés d’un Vesterinen, d’un Burgat, d’un Coutard !

Hallucinés les garçons…

Et pourtant, il s’agit de noms qui ne rappelleront pas grand-chose à bien des lecteurs non initiés d’autonewsinfo…  Ce qui tombe bien, l’initiation, nous sommes là pour ça.

Disons alors que  ce serait comme aller dîner au resto avec des potes et voir arriver Mozart, en compagnie de Michel-Ange, de Picasso, de Delon, de Belmondo, de Coppola, de Zidane, de Prost, de Loeb…

Et Agostini viendrait se joindre à la bande.

Voilà lecteur, dans ce cas-là, tu hallucinerais et c’est exactement ce que j’ai ressenti en arrivant au petit jour sur l’aire de départ de Malaucène.

Même dans cette  magnifique chose qu’est le TGV, arrivée de Paris exactement à Avignon en deux heures quarante minutes, avec seize secondes d’avance sur l’horaire (une autre fierté de ma génération…)  je continuais de ne pas croire à ce que m’avait dit le président du club organisateur, Thierry Aubert.

Et pourtant… C’est simple, j’ai chialé pendant près de deux heures…

Voici donc une galerie de portraits de ceux qui, il ya trente ans, ont fait de leur jeunesse ce qu’ils voulaient et comme ils la voulaient. Leur histoire, nos histoires, nos coups de coeur, de folie, de coudes, de pouces… Mes camarades, la légende est à nouveau en marche!

JOËL CORROY

… est un des princes du trial et de la moto tout-terrain en France. D’abord, il a créé le magasin TRAIL 70… à  Vesoul.

Et Vesoul est devenu un empire du TT Français, entre autres parce qu’un certain Peterhansel, Stéphane de son prénom, a commencé là-bas avec son accent délicieux et son talent époustouflant.

Sont comme ça à Vesoul.

Et Joël Corroy est de cette trempe.

Il a créé un nombre incalculable de motos marchant de façon sublime, participant évidemment aux plus grands évènements… Aujourd’hui, il continue Trail 70 avec ses fils.

Et il a fondé le Musée de la moto tout-terrain de Vesoul, où l’on peut voir quatre-vingt quatre motos mythiques de cross, de trial et d’enduro dont celle qu’il est venu exhiber fièrement à Malaucène, la moto SWM de Gilles Burgat, celle de l’année où il est Champion du Monde. 1981.

Et voilà pourquoi j’ai voulu évoquer Joël Corroy avant le dieu de la journée.

GILLES BURGAT

… Originaire d’Albertville, dont Claude Peugeot avait  déjà fait un paradis du trial, Gilles gagne tout la même année.

1981. Le mondial et les Six Jours d’Ecosse, une grande classique qui vaut à elle seule un titre de Champion du Monde.

Ensuite ? Quelques années plus tard, Il a épousé Leslie, et ses quatre enfants sont bilingues, maman est américaine.

C’est incroyable d’ailleurs, le clan Burgat était là en entier.

IIs ont été ma deuxième famille pendant des années et ceci explique mes torrents de larmes de nos retrouvailles.

Pierre, le père, et Odette, la mère, sont des parents comblés et superbes.

Yannick, la sœur de Gilles, était là aussi avec ses enfants… eux aussi bilingues puisque la très jolie sœur de Gilles a épousé… l’américain Bernie Schreiber, un autre Champion du monde de trial ! Quand on vous dit que le monde est petit.

On s’est marrés avec Gilles parce qu’à l’époque où mademoiselle Burgat avait jeté son dévolu sur le pilote US, nous étions à Milan, et Gilles et moi étions partis au Carnaval de Venise pour laisser le destin se mettre en place !

Et quel pied Venise ! Grand souvenir, entre deux potes et qui, cher lecteur, t’appartient aussi aujourd’hui…

Gilles a repris les affaires de son père, il est donc responsable de la Française des Jeux de toute sa région.

Il ne fait plus vraiment de moto et a retrouvé sa veste et son pantalon SWM/Pernod dans un placard.

Bon, le pantalon, raté, disons qu’il s’est musclé…

En revanche il a retrouvé les zones de trial avec plaisir, il a fait toute l’épreuve en compagnie de Charles Coutard et… Bernie Schreiber ! Une précision… Le deuxième jour, Gilles est rentré avec un carton à deux points de pénalité. La forme les dieux!

BERNIE SCHREIBER

 

Il est ci-dessus en photo avec Claude Peugeot, dont on a parlé dans le paragraphe consacré à Burgat.

Vacherie d’américain qui n’a pas changé, pas une ride le beau gosse.

Et toujours un géant…

A Malaucène, il pilotait une SWM prêtée par un de ses amis.

Aujourd’hui, il est séparé de Yannick Burgat, mais leur complicité est assez sympa.

Après sa vie à Albertville, il a habité des années en Suisse avec un job incroyable, il représentait les montres de luxe Tissot dans toutes les épreuves de prestige patronnées par la marque… entre autres le MotoGP, il n’a donc pas arrêté de voyager.

Il parle français, avec de l’accent mais c’est toujours sympa de trouver un amerlo vraiment fan de la France. Vous remarquerez qu’il pilote sans gants… C’est une de ses marques.

.Et puis il ya eu Kristina.

Elle habite Vilnius, en Estonie, et c’est là que Schreiber est en train de s’installer.

Et il m’explique, en pleine reco de zone de trial, que ce pays est en train de bouger de façon magnifique, que c’est un endroit où tout est possible. Lecteur… Tu peux noter au passage, cela fait le troisième mec que je retrouve et pas un ne se plaint. Le trial est aussi une école de bonheur.

C’est aussi une école de fair play. Charles Coutard ne décerne pas de félicitations à tout va, on laisse ça aux politiciens. Mais quand il le fait c’est qu’il est vraiment épaté. Je suis avec lui quand Schreiber nous fait du Schreiber, il se sort d’un truc démentiel, où la moto est en situation inarrachable, avec une violence et une force inouïe, et en même temps avec la délicatesse qui lui évite de poser le pied… « Incroyable ce mec, trente ans après, il est toujours le même » me dit il. « Et tu as vu Burgat ? Tu as toujours l’impression qu’il ne sait pas où il habite et pourtant il ne pose pas un pied… ».

Voilà. Le trial apprend aussi ce qu’est un grand seigneur… On en parle de Charles. Le symbole d’une génération de trialistes ultra-talentueux.

CHARLES COUTARD

…A la zone 14, je demande à Charles à combien de points il est. « Pas beaucoup » me dit-il en me tendant son carton… Aucune erreur ! En trial, et c’est donc bien un truc d’Anglais (c’est-à-dire à l’envers !), quand on est bon, on est à zéro.

Charles n’a pas changé, du style et du talent à l’état pur.

Multiple Champion de France, il est lyonnais, marié à Catherine, une fille délicieuse qui, à l’instar de Schreiber, n’a pas pris une ride. M’énervent un peu tous ces jeunes… Tout le monde la connaît… par le son. Elle a chanté  le « Concert pour une voix  de  Saint Preux ». Lecteur, cela devient une habitude, va chercher ça sur You Tube en lisant le papier…

Après sa carrière sportive, Charles a tenu boutique à Lyon, puis à Vienne.

Enorme succès avec en plus un terrain de trial au-dessus du magasin. Mais la boîte devenait trop importante à gérer.

Dans le trial, on est plus habitué aux petites structures, on est très famille en fait.

C’est marrant de dire ça parce que les parents de Charles, étaient là.

Son célèbre père, Claude Coutard, qui tient toujours rubrique à Trial Magazine, a écrit un bouquin, « L’histoire d’un vieux trialiste ».

Une fois vendu le site de Vienne,  Charles et Catherine sont revenus à Lyon, et l’histoire est belle, Charles bosse avec son ancien mécano, Jojo, qui a créé BMZ, une boîte spécialisée dans la vente de pièces pour motos de collection sur Internet…

On a évoqué avec Charles l’époque bénie où mon journal, Moto Verte, vendait quasiment 100 000 exemplaires par mois, et où le trial était le roi…

Il y avait une raison très simple à ce succès. Nous nous faisions plaisir en le faisant ce canard, et ce plaisir était contagieux. D’ailleurs, au lieu d’injecter des millions en pure perte dans de nouvelles formules à la con, les patrons de presse devraient appliquer cette règle très simple. Se faire plaisir. C’est notre ligne à autonewsinfo et ça marche l’enfer…

 

Entre Charles et ma pomme, de jolis souvenirs donc.

 

Mais aucune nostalgie, nous avons vécu ce que nous voulions vivre et ça a été génial. Et aujourd’hui, nous savons que nous ne serons jamais millionnaires, avantage qui, convenons-en, n’a pas été d’un grand secours à Steve Jobs qui vient de crever d’une saloperie de cancer…

La philosophie de notre génération est un peu «  Crazy but happy », comme disait Marland Whaley, un pilote de trial US qui a couru sur les Honda d’usine préparées chez Sammy Miller, phrase qui m’a été rappelée par Jean Caillou et son pote Olivier Barjon qui roulaient à Malaucène, avec une fierté légitime… sur les Honda en question qu’ils ont restaurées…

YRJÖ VESTERINEN

 

… Magnifique pilote finlandais… incroyable peuple.

Un pays minuscule qui croule sous les médailles d’or aux JO et dont les pilotes ont été Champions du Monde dans quasiment toutes les disciplines des sports mécaniques.

La F1, le Rallye, les GP de Vitesse Moto, le Motocross, l’Enduro et le Trial, grâce à Yrjö (on dit uryeu) Vesterinen. Multiple Champion du Monde et premier pilote non-anglais à avoir raflé les Six Jours d’Ecosse. Un vrai dieu.

Il habite maintenant l’Angleterre, son épouse est britannique. Pourquoi pas habiter la Finlande ?

English humour d’Yrjö… (On prononce Hyoumeur en insistant largement sur le Hy). « I wonder, I’m just sure it has no relation with the weather!”… soit « Je me le demande en effet, je suis juste sûr que ça n’a rien à voir avec le climat… ».

Et cela continue. « M’entrainer ? Oui, une fois par an, mais ça, c’est bon pour ceux qui n’ont pas de talent… Moi, je n’en ai pas besoin ! »…

Lecteur, ceci est dit avec un immense sourire, c’est du « hyoumeur ! ».

Parce quelques zones plus loin, ce sera… « Finalement, je pense qu’un peu de training ne nuit jamais »… Pour devenir encore plus loin « Mon problème aujourd’hui n’est pas de gagner, mais de finir ». Et enfin « Je dois accepter d’être battu, comme si cela ne m’était jamais arrivé ».

Décidément, c’est la journée des phrases historiques !  En fait, il n’a pas roulé depuis deux ans.

Il est vrai qu’il a dû se battre avec une moto prêtée, dont la fourche était trop molle et le frein avant très agressif… Il a même embrassé la terre Yrjö. Mais il se marre en fait. Epuisé mais heureux… encore un heureux ?

Aujourd’hui, il dirige la société APICO, près de Manchester. On y vend de la moto de compète !

PHILIPPE BERLATIER…

Venu avec une superbe Italjet prêtée par un ami. « Bert » a roulé l’enfer avec Thierry Michaud, en trial on s’arrête pour reconnaître à pieds les zones à passer, et on y va.

On peut prendre son temps ou foncer, reconnaître peu et garder le rythme, ce que font en général les compétiteurs dans l’âme.

« J’aime gagner » dit Bert. En voilà un qui l’admet. Car bien sûr, tous ces pilotes sont venus par amitié, pour faire un cadeau à Burgat, mais quand ils ont le casque sur la tête… il ya les abeilles dedans, selon le mot d’un monsieur célèbre dans les sports mécaniques. Aujourd’hui il court toujours et il est distributeur de motos Gas Gas à Sanary, dans le Var.

THIERRY MICHAUD…

 Il est originaire d’Hyères, où il habite avec sa femme. Toujours sublime. Elle n’a pas pris un jour en trente ans ! Elle me dit juste que c’est le bonheur. Encore ?

Thierry est triple Champion du Monde de Trial. Il bosse à la Fédé, la FFM, celle de Jacques Bolle. Géniale cette fédé, dirigée par des pilotes !

Il est l’entraîneur national du trial en France. Chaque dimanche, il suit les jeunes dans l’interzone, mais il ne court pas. Il a donc la forme. Et puis dit-il, « toute l’année je suis le plus vieux et ici, enfin, je suis jeune ! ».

Il dit être totalement détendu… ne pas être venu pour faire un résultat… Et arrive la vanne, indispensable en trial.

Vanne ? On ne devient pas un vrai champion de trial sans avoir des réparties immédiates…

J’ai des souvenirs de l’immense Martin Lampkin, montant « Pipe Line » une zone des Six Jours d’Ecosse longue de deux cent mètres, avec des milliers de spectateurs tout du long, des deux côtés. Il se devait de faire rire l’assemblée à chaque pied posé, à chaque point perdu donc… Exercice très… « hyoumeur » !

Michaud donc… « Je n’ai pas besoin de compète parce que psychologiquement, je suis toujours le meilleur ! ». Formidable phrase ! Après ça, faut assurer…  et formidable élégance à moto. Michaud est un seigneur !

MANUEL SOLER .

 

Grosse délégation espagnole à Malaucène.

Manuel Soler est un immense champion qui pouvait, selon le mot de Coutard, faire la fête la veille et gagner le lendemain. Manuel qui aura ce mot très incroyable et très gentil sur ce que j’ai fait il ya trente ans dans le trial. « Loulou, tu es le notaire du trial mondial. Tout ce que tu as écrit est inscrit dans le marbre. Ma première victoire en Finlande, elle n’existe encore que parce que tu l’as écrite ».

Voilà, j’ai rougi. Et j’ai  bien encore dû écraser une larme !

Manuel a fait une superbe première journée, mais une chute en fin de parcours l’a obligé à abandonner. Tibia cassé.  Bien entendu, même avec une grosse douleur au genou, il a souri.

Les trialistes sont de grands poètes mais des durs au mal…

JAIME SUBIRA

C’est un pilote d’une élégance démentielle.

A la grande époque, sur son Fantic 200, en fait un 156 cc, il avait littéralement affolé le trial mondial. Il est venu avec un Fantic encore une fois.

Quand il passe, on a l’impression qu’il est sur du bitume il avale les difficultés comme si elles n’existaient  pas. Bien sûr, les vannes au passage, quand il me voit dans une zone…

« C’est trop facile, un peu trop facile… ». Je regarde son carton, il a pourtant déjà des pénalités….

Il va reconnaître la zone à pieds, en redescendant, j’ai droit à un «  C’est plus difficile à pieds que sur la moto ! ».

On pourrait imaginer du mépris. Rien du tout. Une vanne, comme toujours.

Dans la zone en question, il pose deux pieds et prend deux points de plus.

Et on part d’un énorme éclat de rire…

Aujourd’hui, Jaime est responsable de la compétition chez OSSA.

Ceux qui pensaient que la marque a disparu ont raison. Elle a été rachetée par un groupe fortuné, et elle vend maintenant des motos modernes.

Jaime s’occupe aussi du développement de ces motos.

C’est drôle, je vois passer mon pote Adrien Prato qui a justement quelque chose à me dire sur Ossa.

ADRIEN PRATO

Il est d’Andon, au-dessus de Grasse, il ya habite toujours.

Adrien, c’est la joie de vivre, le type qui durant sa carrière sportive, années 80 comme les autres, a toujours aidé un pilote victime d’une casse ou d’une crevaison, toujours eu un mot gentil pour ses potes dans les zones.

Il a formé des centaines de trialistes dans son école Happy, il a été le symbole absolu de la marque Montesa au point qu’aujourd’hui, il en est l’importateur.

Il est venu à Malaucène nous informer qu’il est dorénavant l’importateur Ossa. Voilà pourtant un garçon qui pourrait se plaindre de la vie.

En 2002, il roule au volant de sa camionnette sur l’autoroute quand une voiture surgit à contresens. Enorme BOUM.

Adrien raconte. « Je suis cassé de partout, crâne ouvert, bassin et jambes brisées, les côtes en vrac. Mais je suis vivant. Un mort vivant. Deux heures et demie pour me désincruster des tôles. Et deux ans d’hosto sans pouvoir poser un pied à terre. »

Alors, à la sortie, il a fallu essayer de gagner sa vie.

Absent de sa société depuis deux ans, forcément, ça n’est pas le grand pied.

Il se risque dans la restauration mais c’est un autre métier, un vrai métier. On a joute un problème dans sa vie personnelle et on a une magnifique déprime potentielle !

Pourtant… Adrien reprend. « Voilà, c’est reparti. Chaque jour est un bonheur de pouvoir marcher. Le reste ? Qu’est ce qu’il ya de plus beau que la vie ? ».

Tu vois lecteur, savoir qu’un mec aussi bien est resté dans le trial, et du coup avoir une telle capacité positive, cela me fait vraiment penser que la noblesse et l’humanisme de cette discipline sont sans égaux dans le monde que je connais.

PASCAL COUTURIER…

Un garçon bien né, de Nemours. Beau gosse. Il a été un super et superbe animateur du trial français.

Il l’est encore d’ailleurs, il essaie de donner un coup de main à Michaud pour relancer le trial.

On a vu que le « Classic » marche à fond, le moderne est en revanche un peu à la ramasse.

Il court à Malaucène sur un Fantic, le même que celui sur lequel il a fait le mondial en 1982. Il enchaîne les zones à zéro comme des perles, avec ce vieux fantasme du trialiste qui ramène un carton vide au contrôle. Il se fait un plaisir fou. « Oh, je viens de me faire un plan, bien du Couturier. N’importe quoi dans tous les sens mais ça passe à zéro !  »

A l’époque, j’avais écrit qu’il posait ses (immenses) jambes sur sa tête pour ne pas mettre de pieds à terre…

Pas changé « Couture ». Aujourd’hui, il est directeur commercial de Shoei France, les casques.

 

Je vous reparle de bonheur ? Il ya un truc qui cloche quand même. Faute d’entraînement, tous ces garçons, Couturier fait des signes qui ne trompent pas, souffrent de crampes dans les doigts, les mains, les poignets. Pour certains, la tendinite se pointe. Des femmelettes alors ?

Bon. Lecteur méchant ou adorateur, je te propose un exercice, celui que font tous les pilotes de tout terrain pour justement éviter les crampes.

Tu achètes des journaux papier et d’abord tu les lis. Comme ça, en plus, ça fait marcher la presse.

Tu déplies toutes les feuilles et tu t’entraînes à les bouchonner d’une seul main, jusqu’à faire une boule. Tu as déjà mal. Tu vas le faire une heure sur chaque main… un trial ça dure huit heures…

Tu vas voir ce que c’est que la douleur… Et tu piges que les mecs qui sont venus sans s’être entraînés, juste pour faire plaisir à Burgat, c’est des vrais amis… Tu vois, on apprend toujours quelque chose sur un trial !

MALAUCENE…

Voilà ci-dessus mon petit hommage personnel à cet immense pilote qu’a’ été et que reste Gilles Burgat.

En fin de première journée, le Ventoux Classic se déroule sur deux jours, on sent les pilotes grimacer. Sublime mais « duraille ! ». Le concept du Ventoux Classic est original, c’est un trial par équipes. Comme au Trial des Nations, Championnat du Monde par équipes que la France a remporté à plusieurs reprises.

On additionne les pénalités des trois pilotes du team et l’équipe qui gagne est celle qui en a le moins.

JOËL CORROY ET LE TEAM TRAIL 70

On évolue dans ses paysages grandioses, parfois genre Canyon du Colorado, passant du jaune d’or au rouge vif. L’automne est sublime. Il fait doux..

Dans chaque zone, il ya trois fléchages. Le rouge, pour les très bons. Le bleu pour les amateurs qui savent rouler. Le jaune, pour ceux qui veulent juste se marrer. Le coup de génie est là.

On ne se fait pas peur, on ne casse pas les motos, on se fait juste plaisir.

Je sais, Soler s’est fait mal. C’est qu’à haut niveau, sur une difficulté, ou on passe à zéro ou on fait un échec, cinq points. Alors on se retrouve parfois en situation très délicate. Quand on manque d’entraînement, on ne sait plus non plus se rattraper façon Tarzan. Bon, à vélo aussi on tombe… A bientôt Manuel !

A tous ceux qui organisent chaque année ce trial du Ventoux Classic, bravo. A son président, Thierry Aubert,  une reconnaissance absolue. Et à titre personnel, merci d’avoir réuni mes potes de légende.

Et  puis, il ya ceux qui ont gagné.

On l’a dit, c’est un trial par équipes. Victoire de Allione, Deyme, Gilardini. Alors, les stars n’ont rien fait? Si, mais à titre individuel, et ces  scores là ne sont pas  comptabilisés. En équipes, ils sont moins performants! Tout de même le team Trail 70 de Corroy a terminé quatrième.

Alors bravo aux gars de Vesoul.

Un dernier mot. Les mecs, ne changez pas!

JEAN LOUIS BERNARDELLI

PHOTOS:CLAUDIO

 

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