Le foisonnement de l’actualité n’a pas permis de publier un sujet concernant le traitement des questions de sécurité et les perspectives d’avenir de cette manifestation estivale majeure.
Comme nous l’indiquait dès notre arrivée sur le circuit de Pont de Vaux le Président de l’association motocycliste organisatrice, Bernard MAINGRET, « la Sécurité est la question primordiale pour une manifestation de cet ordre et de cette envergure. »
BERNARD MAINGRET ET JEAN LOUIS STAELENS, DIRECTEUR DE COURSE
UNE PRIORITE : LA SECURITE
Il poursuit d’ailleurs sur ce thème :
« Cette sécurité absolument indispensable, constitue des contraintes importantes. Les membres de la commission de sécurité nous donnent des recommandations, ainsi ils se déchargent en quelque sorte sur notre propre responsabilité. Deux secteurs distincts sont interrogés par ces questions de sécurité : le côté public avec les infrastructures (accès, sanitaires, circulation interne, service médical, service d’incendie, police des lieux… et le côté compétition d’autre part avec les questions de stockage d’essence, le traitement des blessés, la sécurisation de la piste…. »
Il faut bien dire que le décès d’un concurrent l’an dernier à la suite d’une chute, ajouté à la montée en puissance de l’épreuve avec un public de plus en plus nombreux, ont rendu les autorités administratives sans doute un peu plus sourcilleuses sur ces questions de sécurité à tous les étages.
Après vingt cinq années d’existence, le Mondial du quad, dont toute la préparation et l’organisation repose sur cette association que Bernard Maingret préside depuis 5 ans, se trouve, comme on dit, à la croisée des chemins. Pour chaque édition il faut repartir quasiment de zéro.
Pendant 15 jours, quinze bénévoles se répartissent la tâche de mise en place de toute la logistique (piquets, barrières, murets, ballots de paille, banderoles, barnums, stands, approvisionnement en eau, en électricité, accès internet, signalétique, transmissions véhicules d’intervention, engins de levage,…
Pour les courses, le groupe de bénévole passe de quinze à cinquante. Ils sont alors opérationnels pour assurer maintenance, ajustements, réparations, manutention, transports et se coordonnent alors avec l’action des services officiels et/ ou prestataires : Croix Rouge, Pompiers, Gendarmerie, Médecins, ambulanciers…
A tout moment, Bernard Maingret qui manage cette équipe un peu comme il le faisait dans son entreprise avec tact et mesure, garde en tête cette préoccupation majeure de la sécurité . Il la partage d’ailleurs et la conjugue avec la préoccupation identique de Jean- Louis STAELENS, le directeur de course depuis 15 ans, ici à Pont de Vaux.
Les 45 commissaires apprécient de venir sur l’épreuve où ils sont bien choyés par l’organisateur. Le directeur de course ne manque pas une occasion de leur rappeler l’importance de leur rôle en termes de rapidité de réaction et de clarté dans les messages radio. A partir de là Jean-Louis STAELENS se plait à souligner malgré tout :
« En sports mécaniques la Sécurité absolue n’existe pas ! »
Toute cette partie logistique et l’application des règles sportives est de première nécessité certes, mais elle ne dispense pas de traiter le secteur de la prise en charge médicale avec la plus grande attention pour la rendre toujours plus efficace.
UN SERVICE MEDICAL EFFICACE
Pour Abraham TORDJMAN médecin urgentiste depuis 16 ans sur le Mondial du quad, sa présence ici est « une affaire professionnelle, de cœur et d’amitié ».
Avec son collègue François DELBOSC, médecin de campagne à mi-temps et capitaine au Service départemental d’incendie et de secours de Saône et Loire, ils traitent (assisté par une infirmière urgentiste), toutes les urgences qui se présentent tant pour les pilotes, que pour les spectateurs.
Les interventions sont multiples. Lors du dernier week-end, aux pathologies habituelles se sont ajoutés les coups de chaleur comme celui qu’a connu par exemple Joe MAESSEN pilote de la machine gagnante des 12 heures. Le Docteur François DELBOSC, très au fait de la médecine de catastrophe après son intervention en Haïti notamment, nous présente le tableau des interventions les plus courantes. :
« Ici de manière classique, nous recevons des personnes victimes de trois types de pathologies :
– Les pathologies bénignes comme les coupures, les chocs, les ampoules, où après traitement les pilotes reprennent la course
– Les pathologies qui vont nécessiter l’arrêt de la course pour le pilote, qui recevra les soins appropriés et que l’on conseillera pour un traitement ultérieur ou une opération différée
– Les fractures sévères nécessitant une évacuation
Il est évident que nous traitons les pilotes mais aussi toutes les personnes du public qui sont, en premier niveau, prises en charge par la Croix Rouge et peuvent nous être adressées.
En raison de notre implantation locale et de nos parcours d’urgentistes à Macon, nous sommes en parfaite coordination avec l’hôpital et disposons de 3 ambulances pour effectuer les évacuations nécessaires. »
Nous ne pouvons pas manquer d’interroger, entre deux interventions (fracture de la clavicule et violente douleur dorsale), les médecins sur la présence juxtaposée à leur installation climatisée, d’un camion mobile de radiologie. La meilleure réponse à notre question est encore une visite en situation.
Abraham TORDJMAN nous en donne l’occasion, en demandant à un pilote qui lui arrive, s’il accepte notre présence. C’est ainsi que nous pouvons vous décrire l’action quasiment en live avant de revenir sur cet équipement unique en Europe.
UNE UNITE MOBILE DE RADIOGRAPHIE
Le médecin urgentiste monte dans le camion mobile climatisé, il s’adresse à Denis JACOB médecin radiologue et lui explique que le pilote qui va monter dans l’unité mobile se plaint de fortes douleurs dans le dos. Il est décidé de faire passer une échographie. Un matériel de la dernière génération de Général Electric est utilisé et urgentiste et radiologue explorent de concert le dos du pilote grimaçant.
Bilan : forte contracture du trapèze gauche. Un compte-rendu certifié est remis au pilote. Des conseils lui sont prodigués pour la gestion de la blessure dans les jours à venir.
Précédemment pour la fracture de la clavicule, les clichés numérisés de la radio avec le compte rendu avaient été remis au pilote évacué sur Macon. Dans les deux cas aucun paiement n’a été demandé, c’est le principe même de ce camion mobile climatisé ou chauffé totalement homologué pour ce qui concerne les radiations et qui est proposé aux organisateurs « d’épreuves à risques » avec deux logisticiens et le coordinateur Denis JACOB.
Monsieur Louis RAMEL a investi 400 000 euros dans cette structure mobile unique en Europe. Elle a débuté sa « carrière » à l’Enduro du Touquet, sera présente au Grand Prix des Nations de cross à Saint Jean d’Angély et sans doute au Super Cross de Bercy.
La prestation est facturée 1500 euros (plus les honoraires du médecin radiologue) par jour. On voit bien en termes de rapidité de diagnostic et d’avantages pours les sportifs, tout l’intérêt de cette initiative à laquelle Pont de Vaux a souscrit.
Notons par exemple, qu’au Touquet on a ainsi évité près de 30 transports en hélicoptère, qui auraient été nécessaires pour poser un diagnostic certain de fracture ou non pour ces nombreux pilotes accidentés. Certains esprits chagrins vous diront, que l’on peut aussi bien, tant qu’à faire, amener en bord d’épreuve une salle réanimation ou d’opération.
Nous pensons pourtant, quant à nous, qu’il s’agit là, d’un plus incontestable pour le confort des s sportifs blessés et de leur entourage, quand un pépin survient. D’autant plus que cette unité mobile de radiographie/échographie, peut offrir une pièce d’isolement confortable et dispose d’un matériel américain hyper performant pour retirer en toute sécurité le casque des pilotes, sans faire bouger les vertèbres
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Pour sa vingt-cinquième édition le Mondial de quad, a nécessité 15 sorties du véhicule 4×4 avec un urgentiste à bord. Par ailleurs une trentaine de sollicitations du PC médical ont été enregistrées, majoritairement pour de la « bobologie » avec surtout des ampoules à traiter et des soins aux yeux.
La course du point de vue sportif s’est déroulée de manière quasi parfaite et tous les teams se montraient heureux d’avoir participé à une épreuve difficile mais attachante. On a bien entendu quelques critiques concernant la question des horaires et des dispositions concernant les podiums et la remise des prix. Néanmoins les stratégies s’échafaudaient déjà dans les esprits de beaucoup, pour mieux gérer ceci, pour anticiper cela. Dans la tête des compétiteurs, Pont de Vaux est déjà inscrit au calendrier 2012. Dans celle des organisateurs aussi, même s’ils sont persuadés qu’une évolution inéluctable est en marche.
UNE NECESSAIRE EVOLUTION
Nous échangeons à ce sujet avec Maurice MAINGRET l’initiateur et le toujours très efficace coordinateur sportif, assisté de son fils Rodolphe.
Alors Maurice Maingret, quelles sont vos impressions à la fin de ce vingt-cinquième Mondial du Quad ?
On peut Simplement dire, on est dans la continuité, on est dans l’amélioration de points de détail. On n’a pas forcément encore trouvé les moyens de valoriser le site de manière définitivement professionnelle. C’est en tout cas mon avis, tout comme l’avis général des collectivités et des instances administratives. On sait en effet qu’on est sur des normes qu’on va nous imposer, et que ces normes sont inapplicables sur un site tel qu’il est conçu aujourd’hui.
C’est donc dire qu’il doit y avoir des modifications importantes de structure si vous voulez poursuivre l’aventure après 25 ans ?
Si on veut poursuivre effectivement, je pense qu’il l y a deux facteurs à prendre en compte.
Depuis 25 ans le facteur humain a joué. Le facteur humain va être remis en question plus ou moins. On va prendre des années de plus et aujourd’hui la génération actuelle ( lire mon fils Rodolphe) ne pourra pas assurer ce qu’on a pu réussir avec le clan familial étoffé avec plusieurs frangins ; une action isolée n’a aucune chance de réussir.
Pourtant on nous dit : Pont de Vaux c’est incontournable pour le Quad ?
Oui les pilotes me disent encore ce soir : on ne vient pas ici pour l’argent mais pour la notoriété. Or pour la pérennité de notre épreuve, si l’on parle de 10 ou 15 ans, le second facteur à prendre en compte est celui de la structure. Il faudra en effet fondamentalement que la structure se transforme, pour devenir plus professionnelle à la base. Je parle des structures, des installations… pour devenir un espace sportif complet, véritablement.
Cela passe-t-il par une prise en charge par les collectivités territoriales ?
Effectivement on planche sur ce dossier là depuis un certain nombre d’années. Je pense que les élus sont patients et compréhensifs avec nous. On essaie d’améliorer les points de détail, mais il faudra passer la vitesse au dessus….On a encore une équipe bien motivée pour continuer une paire d’années.Par contre, des projets avec les normes qu’on va nous im
poser peuvent coûter plusieurs millions d’euros pour un espace mécanique tel que nous nous pouvons l’envisager pour toucher toutes les catégories de pilotes intéressés y compris les plus jeunes et un public allant jusqu’à 15 000 personnes sur un week-end ! On sait qu’on a un public hyper familial allant de 2 à 90 ans qui ne demande qu’à croitre. Les élus n’ignorent pas notre réalité. Le bénévolat a ses limites. On ne peut pas demander à nos équipes de se mobiliser plusieurs semaines par an dans la prairie….
Fort de ces informations exclusives il était important de se tourner vers les élus.
Ecoutons donc d’abord Jean-Claude THIERRY, Maire de Pont de Vaux.
« Il faut bien situer cette course comme première manifestation du département de l’Ain. La commune de Pont de Vaux se doit de soutenir cette épreuve. On essaye financièrement et à tout point de vue de continuer à développer ce Mondial du Quad.
Cette manifestation c’est très porteur. Les gens savent que le Quad c’est Pont de Vaux. Alors on se doit aider pour équiper le terrain et faire beaucoup de choses. Et puis on a un petit jeune, Rodolphe Maingret qu’il faut aider, il a envie il se donne à fond dans ce domaine, je l’apprécie beaucoup , on lui a affecté un bureau… Il ya le Quad qui marche fort bien, mais la moto ça démarre plus lentement. Vous avez vu le public suit bien, les retombées aussi sont importantes pour les commerçants. Par contre les Maingret n’ont pas recueilli l’adhésion nécessaire pour prolonger leur action avec des balades dans notre belle région, les réticences sont encore fortes…. »
Nous terminerons ce tour d’horizon avec Monsieur Henri GUILLERMIN Président de la communauté de communes de Pont de Vaux et conseiller général. Il nous confie :
« Nous avons suivi la famille Maingret à travers la commune et depuis une quinzaine d’années, avec la communauté de communes, nous sommes allés vers des investissements réguliers pour équiper le terrain et tout ce qui devait être fait pour la sécurité ou la qualité du circuit. »
A notre demande de savoir si la communauté de communes accompagnera les organisateurs vers la professionnalisation dont Maurice Maingret parlait, la réponse est claire :
« C’est la communauté de communes avec la Ville de Pont de Vaux qui présentera les dossiers. Je pense que l’on arrivera avec le département à mettre les installations en conformité avec toutes les exigences de sécurité que nécessite une telle manifestation. Cette belle notoriété du Mondial de Quad, doit être encouragée. Nous la devons à la famille Maingret qui a beaucoup fait pour la dynamique de nos territoires et l’image de notre ville de Pont de Vaux. Il est bien normal donc, d’accompagner cette mutation inéluctable de la structure porteuse de cette épreuve de référence. »
On l’aura compris tous les feux sont au vert pour que les 12 heures de Pont de Vaux assumant une belle antériorité, forte d’une grande notoriété et confortée par l’appui des collectivités, évoluent vers un pôle sportif du quad et de la moto. Ce passage progressif vers une structure professionnelle autoriserait l’organisation d’autres activités dans l’année et permettrait d’ accueillir dans des conditions optimales et réglementaires, plus que les 600 pilotes, les 3000 accompagnateurs et les 10 000 spectateurs, « chiffres plafonds » de cette vingt-cinquième édition.
Nous accompagnons de nos vœux un tel projet.
Texte : Alain MONNOT
Photos : Michel PICARD
EN ROUTE POUR L’INSPECTION DE LA PISTE!