Le parcours atypique de Christophe GUYOT mérite d’être tracé à grands traits pour comprendre un peu mieux sa passion, sa soif de victoires et son pouvoir de conviction tout autant auprès des annonceurs que des médias.
D’abord instituteur entre 1981 et 1990, c’est dans cette fonction avec des élèves d’une classe de perfectionnement que se dessine sa volonté de vanter la banlieue (Le 94 de GMT), et c’est bien aux portes de la capitale, à IVRY sur Seine et dans un petit garage, que l’on conseille à ce « fou de moto et de rock and roll » d’aller tâter du circuit de Carole…
Encouragé par sa femme, un peu désabusé par l’administration scolaire qui ne le laisse pas poursuivre (faute du diplôme ad hoc) son expérience réussie avec les gamins défavorisés qu’il a su motiver, notre instit entend bien défroquer un jour.
Il parvient à convaincre le directeur adjoint du Conseil général 94 de financer 50% d’une moto, la ville d’Orly complète le budget.
Le GMT 94 va ainsi naitre en 1989.
Christophe GUYOT gagnera alors en 350, en Promosport et en Promosport 750 puis effectuera ses débuts en Endurance au Bol et 24 heures en 92-93.
Des très bons temps mais aussi une chute, mains brisées puis une casse moteur au Bol au bout de 2 heures.. notre homme ne se décourage pas pour autant.
Il file avec sa femme disputer el Mondial aux USA.
De retour avec des copains il revient aussi au Mans pour une belle 6ème place aux 24 heures et enchaine de bons résultats en privé.
GMT94? RIEN A ENVIER AUX TEAMS USINE !!!
C’est en 1998, lorsqu’il se trouve confronté comme privé pour un titre à Carole face à la KAWA officiel qu’il comprend combien il est quasiment impossible de lutter à armes inégales. Il appelle alors tous les manufacturiers et c’est Pirelli qui suit.
Christophe se souvient:
» YAMAHA, un moment après ayant déploré le mauvais rendement des enveloppes sous la pluie souhaite participer au développement… et décide d’arrêter avec nous si les choses demeurent en l’état.’‘
Le premier réflexe est de se tourner vers Michelin mais la réponse commerciale n’est pas assez engageante. David LECAT de chez Bridgestone se met sur les rangs et séduit tout le monde. Sauf que plus tard, il n’obtiendra hélas ce que lui avait été promis pas sa compagnie !
Michelin, l’an dernier entend le message de détresse autant sans doute du GMT que de YAMAHA et les choses changent.
Comme le déclare spontanément :
« Dès que l’on est en Michelin, on fait de la moto ! »
Guyot , le marseillais d’origine a le sens de la formule, il enchaine :
Chez YAMAHA il n’y a pas que des motos , il y d’abord des hommes ».
Effectivement, Eric de SAYNES qui a succédé à JCO alias Jean-Claude OLLIVIER, a pris en compte ces acquis réciproques de confiance mutuelle et ainsi le GMT est devenu la flèche avancée du logo de la marque pour ce type de compétition.
Il ‘est qu’à regarder les stands qui encadrent celui du GMT, d’autres Yam un tantinet « officielles » elles aussi.
Nous avions décidé de suivre la course (pour une victoire ou un podium espérés) à travers cette équipe. Le boss ne nous avait-il pas assuré :
Nous n’avons pas envie de laisser la BMW devant ! »
Le warm-up lui permettant d’ailleurs de confirmer
« Que les réglages étaient OK pour la course. »
Après moins d’une heure de course, se retrouver au delà de la 45 ème place, voila de quoi retirer beaucoup d’intérêt à la démarche.
Nous avons tenté de maintenir notre veille privilégiée auprès d’eux pour commenter les faits d’armes que les pilotes ne manquent pas de réaliser malgré tout.
Le boss, nous déclare vers 22heures :
Oui nous sommes déçus de ce début de course et retomber aussi loin au classement pour des prétendants à la victoire, c’est forcément difficile à encaisser. Pourtant vous le constatez, actuellement en piste notre équipage est le plus rapide. Nos pilotes sont des battants, il sont à l’abordage et Kenny FORAY habituellement un peu moins vite, est sublimé et réalise des performances exceptionnelles. Il faudrait des jours pour remonter vers le sommet mais une sixième place n’est pas inenvisageable…. »
Hélas, moins de 10 minutes plus tard, une chute sur de l’huile crachée dans la courbe Dunlop, envoie Matthieu LAGRIVE au tapis. Il essaiera en vain de repartir….
Fin de clap pour nous avec le GMT 94 et gros bleus à l’âme pour Christophe Guyot, le sensible au gros cœur, serait-il plus ou moins poursuivi par la scoumoune ?
Devrait-il driver plus fermement ses pilotes ?
Ces questions circulaient dans le paddock alors que la ronde pour une victoire au Mans, se poursuivait.
Texte: Alain Monnot
Photos : Alain Monnot et Stéphane Chevallier