Après une lutte intense, avec la Suzuki N°1, c’est finalement la Kawasaki » officielle » qui triomphe ce dimanche aux 24 Heures du Mans motocyclistes, renouvelant ainsi sa victoire obtenue ici-même l’an dernier.
Mais, revenons au cœur de la course.
La nuit au Mans, suscite toujours des inquiétudes chez tous les managers, qui plus est en septembre elle est plus longue qu’au printemps. Pourtant pour cette édition aucun gros bouleversement n’est venu entraver la marche en avant, voire la quête de victoire de la quasi totalité des principaux protagonistes.
Pour être plus précis, seul BMW a mis en quelque sorte un genou à terre.
Vers 3h30 du matin, c’est tout d’abord une rentrée de la moto dans le stand pour un changement de boitier d’allumage ( près de 9 minutes) puis ensuite,un nouveau retour au box, un peu après 4 heures du mat et là, on change la rampe d’injection (16 nouvelles minutes encore perdues)!!!
Ces deux interventions démontrent à nos yeux, la marche qui reste à franchir chez BMW, pour finaliser une véritable machine d’endurance, conçue spécifiquement pour ce type de course.
Nous pensons comme certains fins mécaniciens de teams concurrents, qu’une machine de série bien née, bien équipée avec un bon moteur, des bons pneus, des bons pilotes, de bonnes suspensions …. ne garantit pas de pas voir toutes ces qualités annihilées, par une maintenance trop « dépendante » de montages de série modernes certes (ici multiplexage) mais inadaptés à des interventions rapides.
BMW rejeté vers la septième place, est donc contraint d’apprendre encore l’Endurance… sur ce plan là évidemment, bien d’autres domaines semblant pour l’heure effectivement aboutis.
QUELLE COURSE !
Pour les finalistes si l’on peut dire… à 5 heures de l’arrivée, la YAMAHA du Yart, semble cantonnée dans une troisième place, que seule une chute en début de course explique, tant c’est sans doute la machine qui a affiché les performances les plus consistantes et constantes.
Son manager, le reconnaissait d’ailleurs en indiquant :
« Nous devrions être en lice pour la fabuleuse bagarre pour la victoire… comme nous roulons dans les temps des leaders, sauf accident nous ne devrions pas viser autre chose que la troisième place du podium. »
C’est donc entre KAWASAKI et SUZUKI que les choses devraient se jouer pour la victoire et cela nous renvoie à nos hypothèses dans un sujet précédent.
Un ravitaillement de moins pour Kawa, serait-il la clé du succès ???
Alors que les logiciels de simulation tournent sans fin dans chacun de ces stands et que chaque manager, tente de trouver le moyen de triompher, chaque équipe tente aussi de franchir son Everest.
Pour certains teams, franchir la ligne d’arrivée serait un triomphe, avancer d’une place dans sa catégorie : Un vrai et réel bonheur!
Pour une bonne quinzaine de concurrents, la course est déjà terminée.
Dominique MELIAND, très en verve malgré la tension déclare alors que sa Suzuki devance la Kawasaki de moins de 1′ :
« On est un peu fatigué, on a les traits tirés, mais on essaie de ne pas y penser ; On va essayer de pas la laisser passer cette première place, mais mon concurrent de Kawasaki veut absolument la même chose, alors on va tenter de gérer cette fin de course au mieux… »
Gilles STAFLER, boss de Kawasaki plus laconique (photo en compagnie de Christian Bourgeois), nous lâche très tendu :
« pour une course, c’est une vraie course ! »
Il vient de mettre en réserve Olivier Four et fait doubler ses deux autres pilotes plus rapides, lorsque l’on voit la Suzuki N°1 rentrer dans le stand : bilan ? 1 tour pour une selle cassée, chose encore jamais vue dans l’équipe et encore inexpliquée !!!
La course semble jouée pour la victoire au moment, où la BMW, rétrograde encore, après de nouveaux problèmes d’alimentation…
Chez KAWASAKI, on va pouvoir « soulager » un peu et Olivier Four reprend la piste pour un relais « calmos » en pensant à ce qui l’attend en cas de victoire : son équipe doit lui raser la barbiche.
Pendant ce temps là, nous avons la chance de côtoyer Baptiste GUITTET qui déjeune tranquillement. Nous lui demandons de nous confier ses impressions de grand débutant dans un team officiel.
Écoutons, le :
« Au début, grosse pression d’intégrer une équipe professionnelle, surtout le SERT car tout le monde sait que c’est la meilleure équipe du monde en endurance. Ensuite, mes 24 heures ne se sont pas mal passées même si j’ai pas été super vite, j’ai été régulier, j’ai ramené la moto, c’étaient les consignes que j’avais reçues. C’est donc une bonne première expérience. Mes coéquipiers tentent maintenant de tout faire pour remonter sur la Kawa N° 11, mais ça semble un petit peu compliqué…
Il nous explique ensuite la marche importante existant entre une machine Superstock et la moto officielle et confesse que :
« Même en ne l’exploitant pas au maximum de ses performances, cette moto est déjà très impressionnante. »
Pendant ce temps là Anthony DELHALLE, a terminé son relais et nous rejoint. Il est visiblement cramé, peine à avaler ses pâtes à la carbonara, puis sollicite Hubert, le kiné pour des soins de récupération.
Chez Kawa, Julien DA COSTA reprend le guidon très détendu avant de « monter » en selle. L’heure du bilan va bientôt sonner et gageons que chez KAWASAKI, certains préparent déjà le rasoir pour Olivier, le champagne pour la victoire et le doublé 2010-2011, mais la concentration demeure absolue chez eux, comme chez les autres de SUZUKI, dont sait trop bien, qu’on ne renonce jamais à espérer.
Ces belles espérances ou ces espoirs déçus de victoire absolue ne doivent pas occulter la bagarre intense qui sévit toujours au niveau des Superstock, en lice pour la Coupe du monde.
La, c’est le courage de Vincent BOQUET (photo) sur la Suzuki N°50 qui séduit.
Il serre des dents avec des points de suture au pied et ce, après sa chute aux essais. L’équipage, managé par un maître de l’Endurance en la personne d’Hervé MOINEAU, a réalisé des performances homogènes de tout premier plan sous les yeux de très nombreux supporters invités (installés comme dans un parc de jardin d’enfants) au centre du stand et applaudissant à tout rompre, à chaque relais de pilotes.
Ambiance sympathique en diable !
Quand, finalement ce dimanche à 15 Heures le drapeau à damiers tombe, c’est pour saluer un magnifique doublé de KAWASAKI, qui avec le même équipage (DA COSTA, LEBLANC et FOUR) remporte cette 34 ème édition des 24 heures, devançant la Suzuki N°1, d’un tour et la YAMAHA N°7, du YART de 8 tours.
EN GUISE DE BILAN
Sur 56 machines au départ, 41 sont classées et la cérémonie du podium se déroule avec un public un peu moins nombreux que les années précédentes, semble-t-il.
Les entrées, ont chuté d’environ 5 % par rapport à 2010, nous a-t-on dit, mais bien des fanatiques ont apprécié ce temps d’été indien, autorisant une nuit clémente.
Les performances des machines n’ont pas été bridé par des températures nocturnes faibles comme c’était le cas souvent à cette période à Magny Cours lors du Bol d’Or, ceci explique en partie que le record de distance depuis 10 ans aux 24 h moto a été battu de 4 tours.
Pourtant, paradoxalement, le rythme de course n’a pas été vraiment élevé, mais deux sorties seulement de la voiture de sécurité, n’ont pas trop entravé la chevauchée des machines.
A bien observer les temps de chacun des équipages, il faut bien dire que cette course fut relativement lente et regretter sans aucun doute comme toute l’équipe du SERT que Vincent Philippe, n’ait pas été présent.
Des observateurs objectifs, nous glissaient même à l’oreille :
Chez Suz, avec leur pilote Numéro 1, ils auraient tué la course et à partir de minuit, auraient pu gérer la victoire. Car avec le » pigiste » et une selle cassée qui coute surement la victoire, la Suzuki SERT, finit néanmoins, à une incroyable seconde place et ce à 1 tour seulement… des vainqueurs !!!
C’est dire…
Pour autant, seule la victoire est belle et KAWASAKI l’a parfaitement méritée.
Gilles STAFLER, déclarait à ce sujet :
« Cette course, ce fut beaucoup de tension. Les pilotes ont réalisé une super course, je suis très fier d’eux. Notre adversaire direct est très coriace, nous obtenons une remarquable victoire, la dixième pour Kawasaki ici au Mans . »
Dix? Exactement le nombre de succès obtenus par … Suzuki, également !
Chaque manager a composé avec les ingrédients dont il disposait et reconnaissons le, ça s’est joué à peu de chose. Et en fin de compte, KAWASAKI comme SUZUKI, récupèrent au mieux leurs billes.
Kawa qui n’a pas les moyens financiers (pour le moment seulement ?) de disputer le championnat du monde dans son intégralité, se contentant de disputer les deux épreuves-reines de la discipline (Bol d’Or-24 Heures du Mans) ne laisse pas passer sa chance de démontrer sa qualité de préparation et son expertise en course.
Suzuki arrivé au Mans en infériorité au championnat du monde, par rapport à son adversaire direct, BMW, redresse magnifiquement la situation et pourra rejoindre le Qatar et y défendre crânement ses chances de nouvelle couronne mondiale.
Un différentiel de points trop important par rapport à BMW à l’issue de ces deux tours d’horloge, aurait trés certainement interdit, le lointain déplacement Qatari !
Yamaha, prend une claque sévère comme nous l’avons précisé par ailleurs.
L’avenir du GMT 94, sera-t-il, pour autant compromis dans le championnat 2012? La question va sans doute être posée…
Suzuki, s’affirme fortement avec sa N° 50 dans la Coupe du monde d’endurance et la Metiss 45 démontre la pertinence et la fiabilité de ses solutions techniques en catégorie Open spéciale au Mans.
A côté de ces faits de course, déplorons la chute d’un homme d’une terrasse. Son pronostic vital était engagé.
L’AVENIR DE L’ENDURANCE ?
La moto passion existe toujours…
La crise est bien là pourtant et la chute des ventes des différents importateurs ne contribuent pas à générer des budgets pour la compétition. Chaque année, on s’interroge sur l’avenir mondial de la discipline Endurance.
La venue de BMW fut un aiguillon bienvenu.
Espérons que s’ils ne sont pas Champions du monde au Qatar, la firme bavaroise maintiendra toutefois sa présence pour aiguillonner tout ce petit monde … qui malgré tout, tourne en rond !
Texte : Alain Monnot
Photos : Alain Monnot et Stéphane Chevallier
Classement fourni par Michelin
Pos |
N° |
Team |
Class |
Gap |
Best |
1 | 11 | SRC KAWASAKI | EWC | ==834== | 1’38.640 |
2 | 1 | S.E.R.T. | EWC | ==833== | 1’39.130 |
3 | 7 | MONSTER YAMAHA YART | EWC | ==826== | 1’39.023 |
4 | 8 | BOLLIGER TEAM SWITZERLAND | EWC | ==823== | 1’40.260 |
5 | 77 | HONDA TT LEGENDS | EWC | ==819== | 1’39.948 |
6 | 4 | YMES FOLCH ENDURANCE | EWC | ==817== | 1’41.341 |
7 | 99 | BMW MOTORRAD France 99 | EWC | 1’14.758 | 1’39.148 |
8 | 50 | MOTORS EVENTS BODYGUARD AMT | SST | ==813== | 1’38.797 |
9 | 83 | MACCIO RACING | SST | ==811== | 1’40.316 |
10 | 27 | TRT 27 CITY BIKE | EWC | ==810== | 1’40.914 |
11 | 72 | JUNIOR TEAM SUZUKI LMS | SST | ==809== | 1’41.029 |
12 | 45 | METISS JLC MOTO | OPEN | ==807== | 1’41.052 |
13 | 68 | ATOMIC MOTOSPORT | SST | ==804== | 1’41.806 |
14 | 100 | ENDURANCE MOTO 45 | SST | ==803== | 1’41.992 |
15 | 167 | STARTEAM 67 | SST | ==802== | 1’41.633 |
16 | 110 | AM MOTO RACING COMPETITION | SST | 1’19.416 | 1’40.705 |
17 | 44 | NO LIMITS MOTOR TEAM | SST | ==799== | 1’42.632 |
18 | 14 | MACO RACING TEAM | EWC | ==795== | 1’40.875 |
19 | 211 | TEAM DUNLOP MOTORS EVENTS | EWC | ==791== | 1’43.916 |
20 | 15 | SH TECHNOLOGIE – SCRUBS | EWC | 37.304 | 1’41.222 |
21 | 411 | MCS RACING – IPONE | SST | ==786== | 1’41.059 |
22 | 63 | TEAM AZ MOTO EXPERT | SST | ==783== | 1’43.472 |
23 | 151 | HONDA SUD OUEST 04 SPIRIT | EWC | ==779== | 1’43.906 |
24 | 41 | RAC 41 | EWC | ==777== | 1’41.425 |
25 | 150 | EQUIP MOTO 50 – PLV RACING | SST | ==775== | 1’43.533 |
26 | 333 | VILTAIS RACING DIVISION | SST | ==774== | 1’43.379 |
27 | 13 | VAN ZON BOENIG MOTORSPORTSCHOO | SST | ==773== | 1’40.334 |
28 | 116 | TEAM RAFFIN MOTOS | OPEN | ==761== | 1’41.565 |
29 | 33 | LOUIT MOTO MAIL PERFORMANCE 33 | SST | 6.441 | 1’42.554 |
30 | 51 | CHRONO SPORT | SST | ==758== | 1’43.003 |
31 | 49 | SLICK TEAM 49 | EWC | ==751== | 1’45.547 |
32 | 93 | LUSSIANAS DEFI – MSC 93 | SST | ==747== | 1’41.155 |
33 | 119 | SLIDER ENDURANCE | EWC | ==743== | 1’44.890 |
34 | 199 | ALPES ENDURANCE | SST | ==736== | 1’45.103 |
35 | 48 | NEED FOR SPEED SCHUBERT | SST | ==703== | 1’40.574 |
36 | 60 | TRACK TEAM ZONE ROUGE | EWC | ==680== | 1’43.969 |
37 | 58 | CARABINIERS RACING TEAM | SST | ==676== |