24 HEURES DU MANS MOTO : SUZUKI POUR UNE REVANCHE APRES SUZUKA…

 

La 34ème édition des 24 Heures du Mans Moto, se disputera en fin de semaine, les 24 et 25 Septembre prochains et dans cette perspective, les essais préliminaires des 30 et 31 Août derniers, ont permis aux diverses écuries, de tester machines et pneumatiques mais aussi aux pilotes de reprendre repères et rythmes imposés par cette course de légende, désormais organisée non plus au printemps  en fin de saison.

Jean-Claude Plassart, Président de l’Automobile Club de l’Ouest, revient sur ce changement de date de l’épreuve qui avait lieu traditionnellement en Avril:

« Jusqu’à présent, les 24 Heures moto se déroulaient au premier semestre mais cela nous posait un problème de calendrier car nous avions  deux grandes épreuves moto au Mans aussi importante l’une que l’autre : le Grand Prix de France et les 24 Heures à un mois d’intervalle. Nous nous sommes dit : ce n’est pas équilibré et nous verrons ce que test donnera en mettant une épreuve sur chaque semestre. Pour 2012 et 2013, nous sommes dans cette voie là et je pense que le succès populaire y gagnera. »

Et de nous préciser :

« D’autre part, la préfecture nous a dit que nous étions encore en plan Vigipirate renforcé. Cela veut dire que pour la sécurité de nous tous, il y aura des contrôles renforcés afin que cette grande fête populaire soit aussi une grande fête familiale. Je me réjouis de voir de plus en plus de familles avec leurs enfants aux 24 heures du Mans Moto. »

Satisfaction également pour Patrick Coutant, le directeur de la course et responsable des pistes et de l’école de pilotage moto ACO :

«  Je suis satisfait d’avoir 62 engagés et heureux aussi de voir représenter les quatre marques Japonaises : Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha, plus quatre grandes marques européennes : Aprilia, MV Agusta, Matiss et puis le leader actuel du championnat, BMW qui vient avec de grandes ambitions. Il vise la première victoire d’une machine européenne et la victoire au championnat du Monde. Signalons aussi la venue d’un team de Monaco soutenu par les carabiniers de la Principauté, ce qui nous vaudra la présence du Prince Albert, lors de cette édition. »

Avant de conclure :

« Le grand changement du règlement de ces 24 heures, est la suppression de la Superpole. Les chronos retiendront les 56 meilleurs équipages et ce sera la moyenne des chronos des trois pilotes de chaque moto, qui déterminera la grille de départ. En parallèle, nous organisons deux courses du Championnat du Monde : Side-car et la Coupe du monde E-Power (16 motos électriques). J’ajoute pour conclure et faire taire les rumeurs, que le Qatar sera toujours sponsor du championnat du Monde d’endurance pour 2012. »

Laissons maintenant la parole aux acteurs principaux de cette course dont l’enjeu sera la victoire absolue.

Ainsi, Steven Casaer, manager de BMW Motorrad France 99, leader actuel du Championnat  (68 points) devant le SERT (62 points) et vainqueur des 8 Heures d’Albacète :

« C’est difficile de dire si nous allons être le premier constructeur européen à remporter une édition des 24 Heures du Mans. Nous ne savons pas. Nous faisons tout pour avec un package extraordinaire de pilotes qui représente un équipage très homogène. Franchement, nous ne nous  attendions pas à être en tête du championnat. Pour nous, c’est un grande surprise mais le travail ne nous a pas permis d’en profiter un peu. La moto vient de faire les 24 Heures de Barcelone (hors championnat) dans la même configuration mais c’est le seul essai que nous venons de faire depuis le Bol d’Or.»

 

Sébastien Gimbert pilote de la BMW et nouveau Champion de France Superbike, ajouterait bien un quatrième  succès au Mans (vainqueur en 2000, 2002 et 2005) à son palmarès :

« Nous allons tout faire pour y arriver. Gagner est avant tout une histoire humaine. Toute l’équipe technique s’est employé à 200% pour ramener un  très bon matériel qui progresse course après course. Nous avions vu que nous pouvions gagner sur 8 heures (Albacète) et à Suzuka ( 4e.) nous nous sommes encore rapprocher du podium . Cela est dû au travail de BMW  mais aussi  de Michelin qui nous ont permis d’être en tête aujourd’hui.»

 

Le Team vainqueur sortant est cependant Kawasaki qui ne manque pas d’ambition en renforçant son équipage (da Costa, Leblanc, Four) d’un quatrième pilote d’expérience et double vainqueur en 2007 et 2008 : Guillaume Dietrich, prêt à répondre à la moindre défaillance des titulaires et à oublier son terrible crash de 2010, au guidon de la Suzuki du SERT .

Gilles Stafler, manager du Team SRC Kawasaki, a-t-il la pression ?

« J’ai un Team composé de gens aguerris depuis plusieurs années à l’endurance et des pilotes au top, donc la pression nous l’avons, c’est certain, mais nous savons aussi la gérer. Nous avons reçu la moto en Avril, juste avant le Bol d’Or mais six mois se sont écoulés et la moto a gagné en performance, en poids (ça se compte en kilos) grâce à la présence de pièces en carbone dont je suis un spécialiste. La base de la moto est la même mais nous avons fait un travail énorme depuis le Bol ou nous avions pris la seconde place. »

 

Julien Da Costa, le leader de cette équipe des verts, a-t-il un secret pour gagner ?

« Pour gagner il faut avant tout une moto stable, une moto surtout pas faîte pour chasser le chrono. Il faut se battre déjà contre nous car il est facile de faire une bêtise. Au bout de 12 heures de course, si nous sommes toujours dans le groupe de tête, nous pouvons espérer jouer la victoire. »

 

Dominique Méliand, manager du SERT et tenant du titre, a-t-il, lui justement, le même objectif ?

« L’objectif est toujours le même pour tous. Nous venons pour gagner. Ce sera une course très ouverte avec des gens qui ont faim de victoire. Gagner le Mans c’est fabuleux ! Les 24 Heures du Mans, que ce soit en Auto, Karting, camion ou même maintenant vélo, ont une telle renommée mondiale que tout le monde veux gagner. Il faudra aller aux charbons ! »

 

Vincent Philippe, vainqueur ici en 2003, le leader des bleus, connaît le  circuit Bugatti  par cœur et a passé presque ses vacances dessus, pour avoir pris la 7ème  place des toutes récentes 24 Heures vélo avec Régis Laconi, Sébastien Charpentier et Andrew Pitt . Il est donc en pleine forme.

« Nous n’avons pas eu beaucoup de vacances en fait, car nous avons déjà fait une journée de roulage début Août pour déterminer les pneus et en lancer la fabrication pour la course. La moto a trois ans, nous la connaissons parfaitement et essayons d’en tirer le meilleur parti. Nous avons beaucoup travaillé avec Dunlop sur les pneumatiques qui sont le nerf de la guerre, et là avec Showa pour les suspensions. Aujourd’hui, les motos sont fiables et l’enjeu est de se donner au maximum  sur chaque relais. Il faut garder une toute petite marge car il y a beaucoup de monde à doubler durant 24 heures. »

Hélas, quelques heures à peine après notre entretien, ce mardi matin, Vincent a lourdement chuté et a, malheureusement été relevé, avec une fracture du bras !

Incident terrible qui va de toute façon le priver de départ samedi…

Dominique Méliand, va devoir au plus vite, lui trouver un remplaçant de qualité. Mais le ‘’ chef ‘’ possède très probablement le meilleur carnet d’adresses possibles et il a déjà, bien évidemment plusieurs solutions de rechange pour dénicher un intérimaire ‘’ pigiste ‘’ de luxe

Christophe Guyot , manager du Team Yamaha Motor France GMT 94 et qui a aussi gagné les 24 heures en 2001, regrette lui, deux choses :

« Ce sera une bataille magnifique, mais je regrette de ne pas pouvoir assister au concert exceptionnel de Status Quo qui a lieu durant la course. Plus sérieusement, je suis navré pour tous car nous allons gagner ! La R1 a trois ans mais est en pleine forme et elle n’a pas fini de progresser. Il faut reconnaître que les pneus Michelin nous ont beaucoup aidés. Il faut rendre à césar ce qui appartient à Michelin qui s’investit énormément.»

Laissons enfin David Checa, le premier pilote de la 94, conclure :

« La moto est très performante. A Suzuka, nous avions des choses que nous n’avions pas à Albacète . J’aime beaucoup les 24 Heures du Mans car, en 2005, c’est la première course que j’ai gagné dans ma carrière . »

Lors de ces deux journées de tests, nous avons rencontré beaucoup d’animation dans le box du Chartrain Yves Kerlo, qui prépare pour la première fois, deux Metiss, l’habituelle n° 45 et la n°91 pour commémorer les vingt ans de la victoire au Mans de la Yamaha Finacor, dont il assurait la préparation et qui était à l’époque pilotée par un sacré trio composé de ‘’ fifi’’ alias Philippe Monneret et des deux grands disparus depuis et regrettés, nos amis Rachel Nicotte et Bruno Bonhuil. Qui nous manquent beaucoup !

Notre ami   » Snoopy « , Jean-Marc Bonnay, qui possède une énorme compétence et une expérience incomparable, tant mécanique que logistique, secondera, Yves Kerlo, que nous écoutons:

« Pour la 91, c’est Cyrille BIHR qui est à l’origine du premier projet en 1989, en engageant une YAMAHA OW 01 en Endurance jusqu’en 91 où l’on gagne au Mans, puis 3ème à Spa, 6ème au Bol et 4ème  à Philip Island, dans la lointaine Australie »

Et, il enchaine :

« Je travaille avec l’équipe METISS depuis 2006, en leur fabriquant des béquilles, réservoirs, carénages, chronos. Ce sont devenu des amis, c’est en total bénévolat. J’ai un peu “harcelé” BIHR dès 2007 pour qu’il les aide en pièces et un petit budget. L’an dernier il a eu cette idée d’engager une seconde Metiss aux 24 heures du Mans pour fêter les 20 ans de la victoire en 91, il a donc fallut la construire de toutes pièces ainsi que le rechange, avec un feu vert pour démarrer fin février. Il a surtout fallut aussi tout recréer, structures, stand, repas, béquilles, panneautage, etc. Un travail de fous! »

 

 

Et il ajoute :

« On verra bien ce qui arrivera mais on s’est fixé comme objectif que les deux motos soient à l’arrivée et qu’on soient ensemble sur le Podium des Open, objectif raisonnable. Après les aléas de l’Endurance, peuvent apporter de bonnes ou de mauvaises surprises. La 91 devrait, on l’espère, naviguer au mieux entre 10 et 15, elle a un potentiel inférieur à la 45 dont l’équipe est très expérimentée, en 10 ans d’Endurance. La 45 a terminé 6ème au Bol en 2007, 10ème aux 24 Heures 2010, 7ème au Bol 2010, et 9ème au Bol 2011, ou a abandonné… moitié sur chutes, moitié sur casses. »

Avant de conclure :

« Les deux motos, sont absolument semblables en dehors de la déco, afin de pouvoir s’entraider si besoin et à part l’arrivée de Michelin, aucune évolution, moteur de 2007 dans châssis “transformé” de 2005.»

En ce début de semaine, les performances des hommes, ont déjà connu leurs limites avec un grand nombre de chutes  avec outre Vincent Philippe, parmi les pointures comme Matthieu Lagrive dans les Esses bleus, Anthony Delhalle à l’entrée du virage du Musée, Sébastien Gimbert et Gwen Giabbani dans la courbe Dunlop qui s’est relevé avec une luxation à l’épaule et devra le contraindre à se faire remplacer par l’espoir Loris Baz, brillant élément de la vitesse Française et du championnat British Superbike ( 7ème à Snetterton).

Lucas De Carolis, victime d’une violente voltige sur la National Moto n°55, souffre lui des chevilles mais sera peut-être apte à épauler, Jonchière et Masson très constants et rapides. Cette Honda, superbement préparée par Bernard Fourcadet et l’équipe de la concession de la Garenne Colombes, sera prête à venir se mêler au groupe de chasse des leaders.

Une première hiérarchie se dégage de ces journées d’essais intensifs qui présage d’une bagarre dantesque.

Indéniablement, la BMW n°99 et ses pilotes Gimbert, Nigon et Cudlin, ont été les plus rapides d’après nos chronos  » officieux « .

Ils sont les seuls à être descendus sous la barre des 1’38’’. Le plus impressionnant a été la constance des runs de 15 tours effectués par la 99 mais la Kawa n°11 avec un Julien Da Costa très incisif (1’38’’40), la Yamaha R1 n°7 Yart avec  Martin (1’38’’53), la Suzuki SERT n°1 avec Vincent Philippe, avant sa chute (1’38’’91) ou la GMT n°94 avec Lagrive et Checa (1’39’’06) ne sont pas loin. La Honda n°77 du TT Legends (1’40’’20) ou la Bolliger n°8 (1’40’’29), sont plus en retrait .

Attention, tout cela n’est qu’une première indication et autonewsinfo, vous livrera tous les détails des premiers essais libres de ce Mardi et Jeudi, suivis des chronos officiels de Jeudi et Vendredi.

Cette 34ème édition des 24 Heures du Mans Moto, est bien lancée et vous ne serez pas déçus d’assister à ce spectacle grandiose.

Venez nombreux, faire la fête en famille car les prévisions météo sont des plus clémentes pour ce formidable week-end de sport moto des 24 et 25 Septembre prochains.

Texte et photos :  Michel Picard

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