RENO AIR RACES 2011: BIG FROG : PREMIERE COURSE, PREMIERE VICTOIRE!

autonewsinfo vous avait évoqué à plusieurs reprises le projet  » un peu fou  » d’une équipe Française qui avait monté le projet aviation Big Frog, destiné à gagner la compétition la  » plus folle » au monde et dite course des pylônes, disputée chaque début d’automne, à Reno dans le Nevada, aux USA

Une compét dont le dernier et unique vainqueur tricolore, Michel Detroyat, avait triomphé en…. 1936 !!!!

Eh bien , l’équipe Big Frog, comme lui, a … gagné des sa première tentative !!!

Explications de notre envoyé spécial, notre spécialiste moto , grand passionné d’aviation, Jean Luis Bernardelli

Mercredi 15 septembre, 17 heures “local time”, deux heures du matin (donc ce jeudi tôt à Paris, le rêve de six années s’accomplit.

C’est même au-delà du rêve. Big Frog est en course pour la première fois et gagne !

Une course à Reno, se déroule de façon assez originale. Un avion « juge », ici on dit Marshall, décolle le premier, rassemble les huit avions en course à mille mètres d’altitude et lorsque la ligne est parfaite, c’est-à-dire que les pilotes sont rangés en fonction de leurs temps en qualifs, le plus rapide à la corde, la phrase fameuse est lancée :

« Gentlemen, you have a race !».

GENTLEMEN YOU HAVE A RACE !

Big Frog est second aux essais chronos et ne part donc pas à la corde. Nous sommes tous pendus à la radio pour entendre cette fameuse phrase culte qui nous fait rêver depuis quatre ans, le début de l’aventure…

Nous savons aussi que la finesse du dessin de l’avion va en faire un redoutable « plongeur »… car sitôt le départ donné, tout le monde est quasiment en piqué pour passer le premier poteau… qui culmine à 15 mètres !

La tactique était donc simple : Passer en tête au poteau numéro un et ensuite, essayer d’y rester. Car bien sûr, certains concurrents peuvent avoir caché un peu de leur potentiel en essais chronos…

YES WE CAN !

Christophe Delbos, le pilote est monté dans l’avion un peu crispé, on le serait à moins. Et très vite, avant même que la verrière soit fermée, le guerrier a repris le dessus.

Concentration totale. Décollage et mise en ligne parfaits, les fauves sont lâchés.

Delbos, surnommé « Bobos », est exactement dans ce qu’il fait en essais depuis deux jours.

Et au poteau un, il a une vraie avance sur le second!

Au sol, après un beau hurlement de joie sur ce premier succès, c’est assez crispant, d’autant plus que le premier tour de course se fait sur le grand circuit (8, 4 miles, soit 13,5 km) et qu’en bout d’ovale, les avions sont vraiment loin.

Impossible d’entendre les moteurs mais on voit que l’écart augmente un peu. Au premier tour, au fameux pylône multicolore, symbole de Reno, Big Frog vire en tête.

Près de quatre secondes d’avance sur le second…

Les cinq tours suivants sont sur le petit circuit. (6,9 miles soit 11,1 km). On est alors en mode « arène romaine » modèle géant. Genre course de chars à l’échelle d’un désert…

C’est effrayant, terrifiant même… on se souvient de scènes cultes de films de guerre genre Tora Tora, en voyant les avions revenir groupés sur nous.

En fait, ceux d’entre nous qui sont allés voir la course sous les pylônes constatent que Delbos, vole plutôt haut, ce qui signifie deux choses.

Pas de risques inutiles et surtout,  au cas où un concurrent reviendrait dans le dernier tour, Christophe aurait la possibilité de plonger un peu et de gagner une vitesse importante.

Mais au fil des tours, Big Frog prend au contraire franchement le lead.

Le speaker balance du « Bobosse » à grands cris, le sixième tour se termine, c’est gagné!!!

Le Team Big Frog, au sol, est en larmes. Les américains viennent sincèrement congratuler le Team, puis le pilote est entouré de tous les autres, l’atmosphère est à la fête.

Voilà, les « froggies » sont devenus des stars.

Le chiffre magique tombe : vitesse moyenne 259, 264 mph, ce sont des miles terrestres, ce qui correspond donc à  225 nœuds, soit encore 420 km/h…

Ce qui est plus vite qu’aux essais. L’autre bonne nouvelle est là, le travail de l’équipe a payé.

Alors, c’est simple. Le moteur SMA est quasiment de série.

Et dès lors, cette très belle réussite sportive du Capitaine Delbos, devient aussi une phénoménale réussite technologique.

 UN PILOTE HEUREUX…

Christophe Delbos, à sa descente de l’avion, nous lâche:

« Aucun problème pour la mise en ligne de départ, tout se passe bien. Dès qu’on  nous lâche, je sais que j’ai dans les cinq secondes d’avance. Alors le mot d’ordre est : assurer. Ne pas faire de conneries, ne pas prendre de risques inutiles et surtout ne pas rater un pylône, quand on est en tête, pas d’avion devant pour te servir de guide. Cela dit, j’avais bien répété le circuit dans ma tête, ainsi que le passage du grand au petit, qui est assez crucial en termes de trajectoires. Reste à tenir un rythme. J’ai affiché les mêmes timings qu’en qualification, avec des trajectoires cohérentes, en sachant que dès lors, il n’y avait pas de raison de craindre de me faire passer. J’ai même volé un peu haut pour ne prendre vraiment aucun risque. Et sur la fin, une angoisse quand même, celle de me relâcher trop tôt, de me dire que tant que je n’ai pas gagné je dois continuer sur le même rythme, avec la même concentration. Et puis, je vois le drapeau blanc du dernier tour, c’est confirmé à la radio, puis le drapeau à damiers et la radio qui te dit « End of the Race »…  

HISTORY ET LEGENDE…

 

Cela fait soixante quinze ans que le Français, Michel Detroyat est venu aux USA courir les National Air Races, aux commandes d’un Caudron Rafale.

C’était en 1936 et dès sa première course il avait gagné.

Le rêve du Team Big Frog était de refaire la même route… C’est fait.

« Gentlemen, you have a victory ! »

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

Photos : Sandra Chenu Godefroy -Adjudant Louis Fournau

 

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