6 ET 7 JUILLET – RIVE : LES RENCONTRES INTERNATIONALES DES VEHICULES ECOLOGIQUES

La semaine dernière, se sont déroulées sur le magnifique site du Pole Mécanique d’Alès, dans le Gard, la deuxième édition des RIVE, les Rencontres Internationales des Véhicules Écologiques…

Après une première année de lancement en 2010, soutenue par la présence du Prince Albert II de Monaco, elles se sont voulues plus riches et avec un axe international bien plus développé.

Des conférences…

Les débats portaient essentiellement sur l’avenir des véhicules écologiques. Plusieurs thèmes étaient abordés, comme un point d’étape sur ces véhicules, leurs prospectives d’avenir ou encore les solutions pour le transport des marchandises sur le dernier km.

Et durant ces conférences, pour la première fois, on pouvait entendre des réflexions communes, allant dans la même direction, voire consensuelles !

Assisterait-on –on n’ose encore y croire– à la fin de l’intégrisme des lobbyistes du transport en commun qui veulent bouter les véhicules individuels hors des villes ?

Tout le monde, y compris les politiques (représentés par des ministres, anciens ministres, sénateurs et députés…) reconnait maintenant  (de nouveau ?) que le droit au déplacement individuel fait partie des aspirations fondamentales des personnes.

Certes la pollution dans les villes doit diminuer. En effet on chiffre aujourd’hui à près de 40 000 le nombre de morts prématurées par an, dues à la pollution causée à plus de 54 % par la voiture particulière.

Mais pour éviter cela, il n’y aura pas à l’avenir de solution unique de transport.

Ces solutions seront multiples et vont cohabiter : transport en commun ; auto partage ; covoiturage ; véhicules électriques, hybrides ou à piles à combustibles ; nouvelles évolutions des moteurs thermiques; vélos et VAE (vélos à assistance électrique) :

Tout est bon pour rendre les villes plus agréables et plus faciles à vivre. Mais il faudra prévoir les infrastructures nécessaires et les appels aux politiques pour cela ont été nombreux.

 Et des chiffres encourageants, il y en a…

Les voitures thermiques verront leurs consommations et émissions de gaz réduits de 40% pour un coût divisé par deux par rapport aux évaluations d’il y a cinq ans, soit de 1500 à 2000 $ par voiture.

Le prix des batteries va sensiblement baisser : moins 400 $ du kWh, soit un prix ramené entre 8 000 $ ou 10 000 $ pour une voiture de la taille de la Clio.

Les clients sont eux-mêmes prêts à franchir le pas : 75% se déclarent intéressés par les véhicules hybrides et 70 % par les véhicules électriques malgré leurs limites.

Et 53 % des consommateurs sont prêts à payer plus cher à l’achat, mais (pour 44 %) ils comptent à ce que les économies d’usage (consommation ultra basse ou faible coût du « plein électrique ») leur permettent de rentrer dans leurs frais supplémentaires.

On pourrait donc trouver à l’horizon 2020 (en prenant pour base un pétrole à 130 $ le baril), 8% de véhicules électriques et 16% de véhicules hybrides. Ce qui représentera quelques 6 à 8 millions de véhicules électriques et 12 à 16 millions de véhicules hybrides dans le monde.

Autre aspect extrêmement important, le renouvellement rapide du parc automobile. Un des effets de la prime à la casse a été une diminution soudaine de l’émission moyenne des gaz polluants, de part les performances dans ce domaine des voitures achetés face aux importantes émissions des voitures détruites.

 

… et des essais

Coté essais, quelques grands acteurs de véhicules écologiques proposaient de tourner sur le tourniquet d’Ales.

BMW faisait essayer sa Mini-e, forte de 150 kW (204 ch) mais également d’un poids énorme de près de 1500 kg, centrés sur l’essieu arrière, puisque lesdites batteries occupent… les places arrière et une grande partie du coffre.

Il en résulte une voiture puissante, mais avec des pertes d’adhérence du train avant en usage sportif,  lors des accélérations en sortie de virages serrés (le transfert de masse sur l’arrière pénalisant cette traction avant !).

Renault de son coté avait amené des Kangoo ZE et des Fluence ZE. Dotées des mêmes moteurs, elles présentaient des réglages complètement différents pour les adapter à leurs fonctions respectives.

Le Kangoo est réglé pour une vitesse de pointe limitée, en rapport avec son utilisation professionnelle essentiellement citadine. Ainsi la puissance du moteur est limitée à 44 kW tandis que le couple est de 226 Nm. De plus son « frein moteur » récupérateur d’énergie est réglé très fort, la décélération au lever de pied étant telle que l’on peut la plupart du temps se passer de la pédale de frein.

La Fluence développe elle 70 kW, avec le même couple. Elle est ainsi adaptée à la route où son autonomie est de 185 km (selon la norme NEDC). Lorsque l’on relâche l’accélérateur, elle se comporte comme une classique berline à boite automatique et ne dépayse en rien le conducteur. Sa tenue de route est sécurisante sans trop d’effet dus aux encombrantes batteries positionnées derrière les sièges arrière.

Venturi et Exagon tenaient stand cote à cote…

Ayant pu rouler avec la Volage monégasque lors du Bibendum Challenge de Berlin, c’est avec plaisir que nous sommes montés aux cotés de Nicolas Prost dans la française.

Visiblement une voiture bien née, avec laquelle le pilote Rebellion dans les course d’endurance se faisait plaisir

« C’est une véritable GT, avec un plus au niveau de la tenue de route : grâce à son centre de gravité situé sous le plancher, elle vire réellement à plat ».

La puissance est bien là, pas outrancière, mais efficace. Enfin cette GT bénéficie d’une ligne  très pure, à la fois classique GT et pleine… de classe !

Honda également faisait essayer ses produits hybrides, dont le très amusant Coupé CR-Z, la plus classique Insight et la toute dernière Jazz, pour lesquelles l’électricité et le thermique sont en permanence couplés.

Hélas un circuit automobile n’est pas le meilleur endroit pour mettre en valeur les effets bénéfiques du mode économique par rapport aux modes normal ou sport.

 

Opel avait également amené des Ampera. Agréable à conduire, silencieuse en phase électrique, avec une gestion du passage du mode électrique au mode thermique se faisant tout discrètement et en douceur, cette technique n’est pas avantagée elle non plus par l’utilisation intensive en circuit.

En effet, on profite du mode électrique pour accéder à la piste et lorsque l’on utilise intensivement l’Ampera (et que l’on s’amuse bien avec elle !), on vide les batteries en mode mixte électrique / thermique et on ne lui laisse aucune plage de rechargement. Ainsi rapidement, il ne restait plus qu’un petit km d’autonomie électrique…

Citons encore de manière non exhaustive les présences de Peugeot, de Tesla, de Mia dont la production en série à démarré, des grands loueurs longue durée qui s’intéressent de plus en plus à la voiture électrique et à l’auto-partage, de La Poste qui organise un Groupement de Commande de 23 000 véhicules électriques pour de grosse entreprises françaises (décisions en septembre), de Navteq qui exposait une de ses voiture ‘à cartographier’, et donc équipée d’un volumineux dispositif de caméras sur le toit.

 

La grande colère de Louis Nègre

Sénateur des Alpes Maritimes et Maire de Cagne sur Mer, Louis Nègre, est l’un des ardents promoteurs des véhicules électriques. Il est également l’auteur du « livre vert sur les infrastructures de recharge » desdits véhicules qui a été remis au gouvernement le mois dernier.

Et un article paru ces derniers jours dans « Le Monde » ciblant les batteries Lithium Ion des voitures électriques et un éventuel risque d’incendie (pour 1 voiture sur 10 000 ?) a provoqué son vif mécontentement…

« Il faut arrêter d’être masochiste » disait-il. « La France est en tête d’une filière électrique en devenir. Il faut qu’elle y reste. Et ce n’est pas de tels articles qui la serviront ! De plus, je suis moi-même terrifié à l’idée d’avoir une bombe sous mes fesses quand je me déplace en voiture traditionnelle : les 60 litres d’essence contenu dans le réservoir !!! On en a vu brûler plus d’une… »

Bref, deux jours de rencontres et de débats qui en appellent d’autres en 2012.

Mais attention à ne pas multiplier les manifestations autour de ces véhicules…

En moins de deux mois, il y a eu outre ces RIVE à Ales, le Bibendum Challenge à Berlin, le Salon Européen ITS (Intelligent Transportation Systems) qui s’est arrêté à Lyon cette année, plus diverses autres conférences au niveau européen…

Les acteurs, exposants et visiteurs, ne pourront pas participer régulièrement à tous à l’avenir….

Texte et photos : Patrick Martinoli

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