JOHANN ZARCO : UN PILOTE FRANCAIS AU SOMMET

 

GP après GP, un jeune pilote français, on le verra, envers et contre tous, est parvenu à se hisser cette année en deuxième place au classement général provisoire actuel, de la catégorie GP125.

Johann Zarco est très certainement le prochain français à pouvoir décrocher un titre mondial en vitesse.

Voici quelques points de repère pour connaître mieux un vrai talent qui arrive.

 

UN ARBRE GÉNÉALOGIQUE IMPRESSIONNANT !

Des pilotes français qui atteignent les sommets, il y en a eu un paquet. 137 titres mondiaux pour la moto française au début de la saison 2011 !

Nous avons ici-même fait le compte depuis le premier titre mondial de Patrick Pons.

http://www.autonewsinfo.com/2011/02/01/la-moto-francaise-%e2%80%a6-137-titres-mondiaux.

 

En revanche, le bitume n’est pas le point fort de la moto française.

Si l’endurance (merci le SERT-SUZUKI de Dominique Meliand, dix titres à lui tout seul) a rapporté une foison de palmes, la vitesse française, depuis Pons en 1979, en est seulement à 12 titres individuels.

S’il n’y a jamais eu de Champion du monde français en 500/MotoGP, on note depuis quelques années de beaux succès français en catégorie 125.

Avec deux titres mondiaux pour Arnaud Vincent en 2002 et Mike di Meglio en 2008. Alors, quand un pilote français, c’est le cas de Johann Zarco cette année, fait des podiums, gagne des courses (même s’il est ensuite injustement rétrogradé), des poles, et surtout gêne considérablement l’officiel Aprilia Terol, théoriquement invincible, il faut d’urgence s’intéresser au jeune prodige.

 

Zarco cette année ?

Podiums en Espagne (3), au Portugal (3), en Angleterre (2), victoire aux Pays-Bas, mais injustement déclassé, podium (2) en Italie.

Le tout sur huit GP !

On serait un dieu pour moins que ça !

Voilà ce que Johann Zarco a montré cette année. Contact

 

UN GP SE GAGNE AUSSI EN DEHORS DES CIRCUITS…

Johann est pilote de l’écurie finlandaise AJO, du nom de Aki Ajo, ancien coureur. Un team qui est déjà Champion du monde avec Marquez et Di Meglio.

La moto de Johann est une Derbi. Une marque espagnole  avec laquelle Angel Nieto (treize titres mondiaux), second pilote le plus titré au monde après Agostini, a gagné un paquet de ses titres en 50 et 125.

Aujourd’hui Piaggio est propriétaire de la marque, avec Aprilia, Guzzi, Vespa, Gilera. Et c’est bien là le problème.

 

Car Nicolàs Terol, l’actuel leader du Championnat 125, court sur une Aprilia d’usine, que Piaggio a évidemment tendance à favoriser.

Au téléphone, avant de parler avec Johann  nous avons eu Laurent Fellon, son manager, qui est chaud comme la braise. Parce que bien sûr, on se souvient que Johann court sur une moto Compé-Client, donc achetée à Derbi.

Laurent se bat pour obtenir le matériel qui permettrait vraiment d’attaquer Terol à armes égales.

« Je ne vais plus les lâcher » dit Laurent « maintenant on a prouvé que nous pouvons gagner. Il faut qu’ils nous donnent ce que nous demandons ».

 

C’est Johann qui prend alors la parole.

« Depuis le début de l’année, Terol a une super moto. Au fil des courses, j’ai comblé le retard. Depuis le Mans j’ai carrément la rage ! (Terol est battu par Vinales, donc n’est plus invincible. Zarco part treize et remonte cinq).

Il enchaine :

« J’ai accéléré la cadence. Et puis c’est Barcelone. L’injustice.» 

Il bat Terol sur la ligne d’arrivée et est déclassé pour manœuvre dangereuse alors que la même situation s’est produite en MotoGP et que personne n’a été déclassé !!!

Comprenne qui pourra!!! Peut-être, faut-t’il, tout simplement déjà avoir un nom connu par les officiels pour être respecté…

Johann poursuit:

« Bref, j’ai bien évolué, on est en situation de force pour réclamer ce qu’on veut. Chez Aprilia, clairement, ils ne s’attendaient pas à ça. En ce qui concerne la différence de moto, je vais juste te raconter le Mugello. Il y a une très longue ligne droite, où pour doubler, on utilise forcément l’aspi. (L’aspiration). La moto de Terol est tellement plus puissante que la mienne que je ne pouvais même pas aller le chercher à l’aspi. J’ai quand même passé vingt minutes de bonheur absolu en tête de course, en sachant parfaitement que quoi que je fasse, je ne l’aurais pas au final, sauf s’il faisait une faute. Bon, je suis second au classement général du Championnat, je prends de l’expérience à chaque course, je continue de diminuer l’écart. Le signal donné est clair ».

Laurent reprend.

« Ce qui va se passer maintenant c’est politique. Mais je te l’ai dit, je ne les lâcherai pas ! ».

 


PALME D’OR !

Bien sûr, le Championnat n’est pas fini. Mais les chiffres sont terrifiants. En tête du classement général, dans les dix premiers, on trouve huit Aprilia. Et deux Derbi, celles de Zarco et de Vasquez, son coéquipier chez Ajo.

C’est donc le même groupe industriel qui détient le Top ten. (Et même au-delà jusqu’au seizième pilote classé…).

 

Le groupe en question aura donc tendance à décider qui gagne quoi au final… ne tirons pas sur eux, eux, au moins, investissent beaucoup dans la compétition ce que nous n’avons jamais réussi à faire en France, sauf à l’époque bénie du duo François Guiter (Elf) -Jacques Bonnecarrère(AutoMoto).

 


Espérons juste que l’on donne à notre ami Johann, la possibilité d’aller vraiment montrer ce qu’il peut faire.

Car ce pilote est un festival à lui tout seul. Une vraie pépite d’Or !!!

Logique d’ailleurs, quand on est né à Cannes…

 

Jean Louis Bernardelli

Photos : MotosGP

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