24 HEURES DU MANS 2011 : LA SACREE PERFORMANCE DU JEUNE OLIVIER LOMBARD (20ANS) VICTORIEUX EN LMP2

 

A tout juste vingt ans, il les a eu  le 25 avril dernier, Olivier Lombard, était donc le plus jeune concurrent  Français à disputer ces 24 Heures du Mans 2011.

Après plusieurs saisons en karting de 2001 à 2007, il débute en automobile avec le volant ACO à l’été 2007. Finaliste, il termine 3ème derrière Côme Lodegar et William Vermont.  En 2008, parallèlement à ses études, il effectue plusieurs séances de test en Formule BMW en Espagne sur différents circuits (Valence, Monteblanco, Jérez et Montmélo).

Fin 2008, il s’inscrit à la Scolarship BMW. Il s’agit d’une sélection de jeunes espoirs internationaux sur quatre jours qui s’est déroulée sur le circuit de Valence en Espagne.

Au terme de ces journées, Olivier est sélectionné et retenu par BMW.

La suite ?

En 2009, il dispute la saison en Formule BMW Europe. Ses meilleurs résultats : 3ème meilleur temps à SPA et 5ème en course à Monza. Il dispute également en fin d’année,  deux courses aux Etats-Unis, toujours en Formule BMW avec l’équipe Euro-International.

En Virginie, sur le circuit de VIR, il finit 9ème. Ensuite, à Road America, il se classe 4ème.

En 2010, priorité est donnée au Bac.

Une fois en poche, au cours de l’été, il débute à la mi-juillet, en endurance à Portimao au Portugal à l’occasion des 1000Km de l’Algarve en Formule Le Mans avec le TEAM HOPE POLE VISION avec comme partenaires, Steve Zacchia et Luca Moro. Ils abandonnent au bout de trois tours,  suite à des soucis avec le réservoir (problème de mousse).

En Hongrie, aux 1000Km de Budapest à la mi-aout,  ils finissent 3ème puis à Silverstone début septembre, pour l’ultime course LMS de la saison, la FLM du TEAM HOPE POLE VISION termine seconde.

Satisfait de cette découverte de l’endurance, décision est prise avec son entourage de poursuivre en 2011, dans la discipline

Il débute aux 12H de SEBRING avec le TEAM Britannique WRO toujours au volant d’une Formule Le Mans. Abandon après 9H de course à la suite d’un problème avec le diffuseur arrière non réparable.

On le retrouve ensuite à la journée préliminaire des 24H du Mans le 24 Avril. Ce jour-là, il boucle ses 10 tours indispensables de qualification dans le baquet d’une FLM de l’équipe JMB  (Jean-Michel Bouresche). Il obtient le meilleur chrono des FLM ayant bouclé les 13,629KM en 3’’56’7.

Descendu de son bolide, olivier nous avait à l’époque déclaré :

« La vitesse est impressionnante. Il faut être en permanence très concentré et pour moi, ce jour-là, ce fut l’aboutissement d’un rêve d’enfant qui se concrétisait. Tourner sur ce grand circuit du Mans, c’était quelque chose de grandiose, inoubliable et qui vous marque à vie. »

Deux semaines plus tard, on le retrouve toujours avec le Team JMB dans la FLM pour les 1000Km de SPA. Car olivier va également  participé à la manche du Challenge Radical dans une voiture du Team GREAVES.  Aux qualifs’,  il place la FLM en 3ème position de sa catégorie et dans la série Radical (photo), il est également 3ème temps.

En course, en FLM, il effectue les deux premiers relais et lorsqu’il laisse la voiture à Jean Marc Menahem, la FLM JMB, occupe la seconde position. A l’arrivée, la voiture franchira la ligne en 4ème position.

Dans la course réservée aux Radical, Olivier se classe 11ème associé à l’Américain Kevin Weeda.

Enchanté de la performance d’Olivier sur le toboggan Ardennais de Francorchamps, Karim Ojjeh et Tim Greaves, lui proposent alors de rouler avec l‘équipe, aux 24H du Mans, au volant de la Zytek.

La suite à découvrir ci-dessous !

24 HEURES DU MANS :   LE  CARNET DE ROUTE  D’OLIVIER LOMBARD

 

 

LUNDI  6 JUIN


8h00 : Réveil pour faire un jogging avec le préparateur physique de l’équipe. Il est important pour moi de continuer à me préparer physiquement pour la course, celle-ci  demandant un effort physique intense et surtout un mental considérable.

9h00 : Petit déjeuner. Un moment auquel je porte une attention car après un jogging à jeun, il faut refaire  les réserves d’énergie et prendre des forces pour la journée. Car même si il n’y pas de roulage ce jour-ci, ma dépense d’énergie reste importante.

10h45 : Départ de l’hôtel, direction le Circuit du Mans ! De l’excitation mêlée à de l’impatience  s’agite en moi.

11h45 : Après quelques difficultés pour arriver au circuit, je ne peux m’empêcher d’avoir une grande satisfaction en voyant l’entrée du circuit indiquant « 24H du Mans »

12h : Moment essentiel, je dis bonjour à toute l’équipe.   Puis le Team manager me montre les différents endroits qui me seront utiles pendant toute cette semaine : le stand, le catering , et le mobil home pour les séances de massage et repos.

12h30 : Je me prépare pour aller au pesage place des Jacobins. Le Team manager me remet ma combinaison, je ne peux m’empêcher d’esquisser une sourire, tant la joie me submerge.  La voiture est prête et reluisante pour les photos. Je sais que je vais passer un moment extraordinaire, faisant parti de l’histoire des 24H.


12h55 : Je pars pour la place des Jacobins. La voiture vient d’être mise sur le plateau pour rejoindre le scrutineering.

13h40 : ça y est, j’y suis. Un monde fou attend la voiture et les pilotes,  cela m’impressionne beaucoup puis je me rappelle que c’est la plus grande course du monde !  Le pesage ainsi que le scrutineering, se passent  sans aucun problème pour la voiture.  C’est une bonne chose de faite. Nous devons maintenant passez par la case « photos ». les photographes nous demandent de nous positionner, puis immortalise toute l’équipe . Cela fait, nous devons passer une interview sur l’estrade de l’ACO. Je me sens  légèrement stressé, comme tout jeune pilote passant par là j’imagine  mais le plaisir d’être là,  est tel que cela me permet de le gérer.  Que de monde à la sortie de l’estrade ! Je dois dire que j’adore passer du temps avec le public, c’est donc un plaisir pour moi de signer des autographes.

15h00 : Retour sur le circuit

15h20 : Après être revenu sur le circuit, je me change et retourne me reposer à l’hôtel pour la fin de la journée.

16h00 : Je reçois un appel téléphonique de la part d’un journaliste qui me demande si je peux me rendre de nouveau sur la place des Jacobins pour faire quelques photos, direction le centre ville !

16h40 : Après une lutte acharnée dans le trafic du Mans, j’arrive enfin sur la place , ou le photographe  m’attend pour faire quelques portraits.

18h00 : Me revoici à l’hôtel, ou à ma grande surprise toute l’équipe est déjà là , en train de préparer un barbecue dans le jardin ! Une telle ambiance me permet de me sentir « comme chez moi  .

21h00 : je me couche enfin, il est important de bien dormir puisque nous allons nous coucher tard d’ici deux jours.

MARDI 7 JUIN

8h00 : Réveil légèrement difficile, je prends une douche pour me remettre les idées en place puis je vais prendre mon petit déjeuner avec les pilotes et responsables diététique de cette semaine.

10h20 : Arrivée au circuit. Il faut de nouveau se concentrer à 100% sur les choses à faire aujourd’hui. C’est très important pour moi de n’oublier aucun détail dans la préparation de la course, ainsi que des briefings .

11h00 : Briefing pilotes des 24h du Mans. Je suis heureux d’y assister. On nous remet un petit souvenir que je ne manquerai pas de garder. Les commissaires nous expliquent les différentes procédures à suivre, comme par exemple le célèbre départ style « 24h »,ainsi que les règles de sécurité.

11h40 : Après le briefing, je décide maintenant d’aller faire un tour de circuit en vélo avec mon coéquipier Karim Ojjeh. Cela me permet ainsi de garder une parfaite condition physique  et par la même occasion d’écouter les précieux conseils de Karim, qui me parle des différents pièges  à éviter pendant le course.

13h05 : Déjeuner

14h40 :J’ai Rdv avec l’ingénieur de l’équipe pour que nous parlions de la voiture ainsi que du circuit, deux nouveaux éléments pour moi. Je lui demande également que nous regardions les datas de l’an passé, car je peux déjà avoir un aperçu du comportement général de la voiture, qui me semble plutôt sous -vireux en sortie des courbes rapides et qui permet à la voiture de se placer rapidement dans les courbes lentes.

17h00 : C’est l’heure de la session d’autographes. Un monde fou est présent ! L’équipe étant sponsorisée par une marque de whisky, nous avons mis des petites fioles remplies sur la table. Les personnes réussissant à  prononcer correctement le nom de marque pouvaient repartir avec l’une de ces petites fioles…malheureusement, la tache n’est pas facile !

18h30 : Retour à l’hôtel. Fin de la deuxième journée, je suis impatient d’être à la celle de demain, car c’est là que les choses sérieuses pourront commencer.

MERCREDI 9 JUIN

11h30 : J’arrive sur le circuit, je me concentre de nouveau à 100% car c’est aujourd’hui dans l’après-midi que commencent les essais !

12h00 : Ayant rapidement discuté avec l’ingénieur, je devrais normalement prendre le volant en 2ème position ce soir.

14h00 : Je me rends au briefing de l’équipe, nous planifions avec précision le déroulement de la séance. Je me renseigne sur les quantités d’essence embarquées ainsi que du nombre de tours qu’auront mes pneus au moment ou je monterai dans la voiture. Ce sont des données essentielles puisque ce sont elles qui influent le plus directement sur le comportement de la voiture. Tom devrait donc partir en premier, puis moi et Karim.

16h00 : Démarrage de la première session. Je suis concentré sur mes objectifs. Ils sont pour moi de prendre la mesure de la voiture et me réhabituer au circuit. J’observe les temps que fait Tom, la piste s’améliore de plus en plus. L’ingénieur en profite pour faire des essais de set up, la session qualificative se situant juste après.

20h00 : Fin de la séance d’essai libre. Je suis tout simplement très heureux d’avoir enfin pu rouler avec une LMP2 sur le circuit du Mans.  En avril pour la Journée test, j’avais tourné avec une FLM. J’ai commencé progressivement, de manière à ne jamais me faire surprendre par la voiture, c’est très important pour moi, afin de gagner une totale confiance en la voiture, lorsque l’on découvre celle-ci . L’impression de vitesse dans les Hunaudières est tout simplement exceptionnelle… Je sais que je n‘ai pas le droit à la moindre erreur !

20h15 : Débriefing avec les motoristes ainsi que l’ingénieur et les pilotes. Nous discutons de la séance, des changements qui ont été apportés ainsi que des modifications set up pour la séance à venir. J’étudie avec attention les datas recueillis au cours de la session et note les moindres détails sur lesquels je dois progresser et travailler.


22h00 : Il fait déjà nuit sur le circuit. Je suis impatient de pouvoir pour la première fois rouler sur le circuit du Mans de nuit !

Minuit : J’ai été loin d’être déçu ! Les sensations d’être à 300km/h dans les lignes droites de nuit sont époustouflantes. Il m’a fallu quelques tours pour m’habituer à la faible luminosité et aux distances qui me séparaient des LMP1 arrivant beaucoup plus vite.  J’ai également de la difficulté à reprendre mes points de repère après le virage de Mulsanne  dans la courbe d’Indianapolis. La fatigue est très présente. Après un débriefing  dans le camion, nous nous changeons et retournons vers l’hôtel ou nous pourrons nous reposer jusqu’à la journée de demain.

VENDREDI  9 JUIN

19h00 : Parade des Pilotes  au centre ville du Mans

Je pense que l’un des moments les plus intenses de la semaine des 24h du Mans,  restera pour moi cette Parade des pilotes… ! Dès l’instant ou nous sommes arrivés sur la place, une foule immense est déjà présente. Je me dirige avec mes coéquipiers  vers la voiture ancienne qui nous est attribuée,  une Citroën de 1930, qui nous fera défiler dans le centre ville.  Ayant une heure devant moi, je décide d’aller voir les belles mécaniques présentes EN EXPOSITION sur les Jacobins, telles que les jaguar  type E et autres voitures de rêve. L’heure approche, tous les pilotes montent dans leur voiture respective. Je peux apercevoir du haut de la banquette,  la grande file de voiture devant nous. Une grande joie se fait ressentir en moi, je sais déjà que ce souvenir restera gravé à jamais dans mon esprit. Nous avançons progressivement vers l’estrade ou l’on a droit à une petite interview. Passé ce point, commence la folie et la démesure de la parade ! Un nombre incroyable de gens sont regroupés derrière les barrières et hurlent nos prénoms de manière à attirer notre attention et nos regards vers eux, et  ce afin d’obtenir un autographe, un sourire… Nous finissons les derniers 100m à pieds. Je ressens un « poids » tant ces 3 kilomètres furent intenses et riches en émotions ! C’est un réel plaisir de donner aux gens un peu de notre temps, car sans eux, il n’y aurait pas de courses…

SAMEDI 11 JUIN

« C’est enfin le Grand Jour ! Ma première impression en me réveillant : c’est extraordinaire, beaucoup d’excitation. Le plus dur va être de gérer le stress afin de bien rester concentré. De ne pas faire la moindre faute, de respecter la voiture et es co-équipiers. Le leitmotiv : Ne jamais passer sur les bordures. »


9h00 : Warm up : Encore une grande preuve de confiance de la part de l’équipe, puisqu’elle me laisse faire le warm up, à quelques heures du départ de la course. Je me sens vraiment à l’aise avec la voiture. Cela me permet de réaliser de très bon temps. Nous avons également fait quelques test de différentes configurations moteur, ou je devais ressentir très précisément ce que faisait le moteur aux differentes programmation de celui-ci. Il s’est averé que le probleme de changement de vitesses que nous avions jusque là était règlé. Superbe travail de la part des motoristes et ingénieurs de la gearbox.

14h00 : Début de la procédure de départ. Je dois m’aligner avec les autres pilotes et me preparer à courir. C’est amusant car la dernière fois que j’ai fait un départ comme celui-ci, c’était lors d’une course de kart de location ! Le drapeau s’agite, je me fais un peu surprendre et pars donc legerement en retard. Malgré tout c’est un grand moment que de se retrouver dans la peau de ceux qui ont vécu de vrais départs de ceux là.

15h00 : Tom est au volant , je partirai en 2ème et Karim en 3ème. Tout le monde est tendu car le premier tour est important. On peut tout perdre en quelques virages si tout ne se passe pas bien.L’aventure commence, nous avons passé le premier tour , et elle va durer 24h..J’espere de tout cœur que nous en feront toujours parti à la fin. Je suis concentré sur l’ecran dans les stands ; j’observe les chronos des différentes voiture concurrentes et je peux donc avoir déjà un aperçu du rythme qu’il faudra avoir en course.


Olivier monte dans le baquet à 18H48 succédant à Tom Kimber-Smith. Il enchaine 2 relais. Il retrouve le baquet vers 23h30 cette fois pour trois relais qui le verront prendre la tête lorsque la Strakka s’arrêtera. Il rentre à 1h30 après avoir roulé longuement derrière la voiture de sécurité.

 » Ce n’était pas si facile de rouler derrière le Pace-Car par les pneus se salissaient et refroidissaient. Le temps semblait long dans la voiture. Quand la course est repartie, je me suis re-concentré. « 


Il est vrai qu’Olivier aligne rigoureusement les mêmes chronos que les deux Oreca Nissan des Team Oreca et Signatech. Autour de 3’’46.

A 7h, Olivier retrouve la Zytek toujours au commandement pour 3 nouveaux relais jusqu’à 9h du matin.

Il roulera pour la 4ème et dernière fois et pour deux nouveaux relais à 13H30. En tout, avec les 4h53 de Pace Car, Olivier sera 6h40 dans la Zytek.

Lorsque la N°41 franchira la ligne d’arrivée victorieuse de la catégorie LMP2, Olivier Lombard versera une petite larme d’émotion.

Redescendu du podium, il nous résumera brièvement sa course.

« Les accidents ne m’ont pas perturbé plus que cela car une fois dans l’auto, on est trop concentré par sa propre conduite et en outre, on doit gérer le trafic. »

Et la nuit ?

« Magique, mais il faut un petit temps d’adaptation pour trouver ses repaires et surtout se positionner par rapport aux Audi et Peugeot, même si l’on ne sait rien des positions en course. »

La fatigue ?

« Notre kiné John Davis m’a permis d’être en permanence en forme et j’avoue franchement que je pensais que ca serait beaucoup plus dur. Je n’ai dormi que deux heures la nuit entre deux relais. Mais on s’endort plutôt facilement. Par contre, on m’a réveillé une bonne heure avant et je reconnais honnêtement que lorsque j’ai ouvert les yeux, je me suis demandé ce que je faisais là. Mais dès que je suis arrivé dans le stand, je me suis immédiatement reconcentré. »


Et la course ?

« Jamais je n’aurais imaginé finir la course et encore moins triompher. Je pensais avant tout à bien piloter, mon seul objectif étant de ramener la voiture à chaque relais. Une fois en tête, je ne l’ai su qu’en descendant de l’auto, pour les relais suivants, je n’ai rien changé à mon pilotage. Je ne faisais pas plus attention dans mes dépassements car j’étais vraiment dans la course et il me fallait maintenir le rythme. »

La victoire ?

« En grimpant sur le podium devant cette foule immense, j’ai subitement ressenti une énorme charge émotionnelle. C’est très émouvant de découvrir cette marée humaine. On y croit pas, on a vraiment du mal à réaliser mais on finit par se rendre compte à un moment vu tout ce monde qu’on a accompli un truc. Et on comprend alors la magie du Mans et pourquoi cette course est légendaire. »

Revenu à son stand, Olivier a été chaudement félicité par ses partenaires, lesquels lui ont permis d’aller au bout de sa passion en disputant les 24H du Mans.

Et parmi eux, Franck Pelletier, le patron d’Artec by Auto, un important distributeur de pièces automobiles basé à Genevilliers en région parisienne.

Mais aussi Séverine, Xavier, Jeff et Mourad, qui l’ont entouré dans cette incroyable aventure pour un môme de 20 ans…

Gilles Gaignault

Photos : Patrick Martinoli – Thierry Coulibaly – Pascal Yguel


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