24 HEURES DU MANS : REVELATION DE BENOIT TRELUYER

En remportant cette 79ème édition des 24 Heures du Mans  avec ses deux compères le Suisse Marcel Fassler et l’Allemand André Lotterer, le Français Benoit Treluyer, s’est enfin révélé aux yeux de tous.

Exilé au lointain Japon ou il poursuit sa brillante mais pourtant méconnu carrière et comme l’ont fait avant lui de nombreux pilotes tricolores parmi lesquels Pierre Henri Raphanel, Eric Comas, Sébastien Philippe voire Jérémy Dufour ou encore un certain Loïc Duval, Benoit Treluyer aura inévitablement marqué de son empreinte les 24 Heures 2011

Et aussi et surtout marqué les esprits de tous les observateurs

Car si Benoit a triomphé en ce dimanche 12 juin au volant de l’unique Audi encore en course et rescapée après les deux drames, les effroyables accidents d’Allan McNish et de ‘’Rocky’’ Rockenfeller, qui avaient décimés l’équipe d’Ingolstadt, il avait auparavant ‘’ claqué ‘’ un temps comme on dit dans le jargon des pilotes, en s’offrant jeudi soir cette très recherchée pole position

Laquelle échappait depuis… quatre ans au Team Audi, cette pole ayant été successivement  réalisée par des pilotes Peugeot.

Sébastien Bourdais l’an dernier. Celles de 2007,2008 et 2009 étant propriété de son complice chez Peugeot, l’Alésois Stéphane Sarrazin.

Ce premier exploit signé Treluyer l’était comme on l’imagine aisément, à la grande satisfaction de son patron, le Docteur Wolfgang Ullrich, ravi de l’aubaine après quatre années de disette, quatre tentatives infructueuses, cette pole toujours si convoitée tombant on l’a dit, dans l’escarcelle des Peugeot’ boys

CINQ RELAIS D’AFFILEE…

Après les abandons prématurés sur accident des deux Audi des deux équipages déjà vainqueurs en Sarthe, toute l’attention se reportait sur la voiture N°2, celle du trio Treluyer, Fassler, Lotterer

Celle des pilotes Audi n’ayant jamais encore gagné cette épreuve de légende.

La question essentielle en ce début de nuit était pour le staff Audi – qui un instant envisagea de retirer cette unique Audi encore en course mais se ravisa très vite – de savoir dans quel état psychologique se trouvaient les pilotes de la voiture N°2

Très rapidement, la réponse était donnée.

Treluyer, Fassler et Lotterer enquillant des temps qui permettaient d’envisager cette 10ème victoire pour la marque aux anneaux

Toute la nuit l’Audi N°2 résistait à la meute des quatre Lionnes. Les trois 908 ‘’ officielles ‘’ et celle de l’écurie Oreca.

Bataille féroce à plus de 300 Km/h a zigzaguer parfois au milieu des GT plus lentes.

Cruelles images en tête pour le trio rescapé, des deux Audi victimes d’accrochages, justement avec des GT.

Mais toute la nuit le Français, le P’tit Suisse et l’Allemand vont jouer les trouble fêtes et troubler le staff Peugeot dont les 908 ne parviennent pas à se défaire.

 

Au lever du jour, au petit matin, l’équipe Audi réveille en catastrophe, son pilote Français.

Benoit raconte :

« Il n’était pas tout à fait 8 heures du mat. Je dormais profondément lorsqu’un membre du staff est venu me réveiller en catastrophe en m’indiquant ‘ t’as deux minutes pour te préparer ‘Vous imaginez la situation et ma tête ! Pas même le temps de me laver les dents. Encore moins de songer à avaler vite fait un petit déj. En débarquant dans le stand, je me suis dit ‘ cela va être dur’ »

Et voila comment Benoit Treluyer, s’est lancé dans ce qui trois heures trente plus tard, était synonyme d’un fabuleux exploit.

Cinq relais consécutif !

Du jamais vu au Mans.

Et ce d’autant plus que le pilote originaire d’Alençon, les a réalisé avec le même train de pneumatiques Michelin !!!

Une sacrée performance qui restera, c’est évident dans les annales

Surtout dans la mémoire de Treluyer

Benoit très humble, explique :

« Tout le mérite en revient à l’équipe Audi. Laquelle nous a donné une voiture fantastique. Et calculé une stratégie formidable. Je me suis trouvé là au bon moment mais mes coéquipiers se sont eux aussi tapé le boulot »

Mélanie sa femme et Jules son fiston peuvent être fiers.

Benoit a indéniablement marqué les esprits cette année au Mans.

Deuxième l’an dernier derrière l’Audi que pilotait notamment son pote, l’autre Français du clan Audi, Romain Dumas, cette année était sienne.

En arrachant la pole, il savait qu’il pouvait viser la marche la plus haute du podium.

Trois jours plus tard, la consécration l’attendait

Le Docteur Ullrich, a d’ailleurs après l’arrivée estimé comme pour encore mieux valoriser sa victoire et celle de ses équipiers que:

« Cette édition est la plus dure que j’ai vue aux 24 Heures. C’est une victoire très spéciale sur le plan émotionnel. Et je la garderais longtemps dans mon cœur car nous gagnons avec l’équipage le moins expérimenté des pilotes Audi. Cela démontre la force de notre équipe.

Gilles Gaignault

Photos: Patrick Martinoli – Thierry Coulibaly – Pascal Yguel

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