LEGEND BOUCLES DE SPA : PIERRE DELETTRE ‘’ NOTRE SUCCES LIE A LA PASSION ‘’

Franchement, les courses ‘’ Historiques ‘’ se portent drôlement bien.

Après le récent Monte Carlo, lequel avait réuni un plateau remarquable avec plus de 320 inscrits, ce week-end dans les Ardennes Belges, les promoteurs des non moins réputées ‘’ Legend Boucles de Spa ‘’ présentent eux aussi , à leur tour, un plateau tout simplement exceptionnel avec pas moins de … 365 équipages réunis au départ !!!

C’est tout simplement REMARQUABLE…

A quelques heures de l’envol, voici en direct de Spa l’interview de l’organisateur Pierre Delettre

365 engagés, une dizaine de grosses vedettes étrangères parmi lesquelles trois anciens Champions du monde, Pierre, comment expliquez vous le succès historique des Legend ?

« C’est la combinaison de plusieurs facteurs. Je pense surtout qu’on a eu une bonne idée à la base en 2006 et qu’elle s’est développée grâce à une équipe passionnée et compétente. L’affiche est exceptionnelle et cela fait boule de neige. Cela attire le public et les autres pilotes. Le concept, savant compromis entre la régularité et la vitesse, participe à la réussite. S’il n’y avait que les Classic à 50 km/h, on aurait cent voitures mais pas de spectateurs ni de media. Les pilotes, qu’ils soient Champions d’hier, d’aujourd’hui ou de demain aiment célébrer le rallye relax, juste pour le plaisir, sans tension ni enjeux. Les propulsions d’il y a vingt-cinq ou trente ans offrent plus de spectacle, elles ont un look et sont nettement moins chères. Aujourd’hui, vous louez une Stratos pour le prix d’une C2. Et pour finir, je dirais qu’il y a le nom. Les Boucles de Spa qui en sont à leur 53e édition font partie de la légende des rallyes Belges et Européens. »

En 2006, vous aviez relancé un rallye bon enfant. Aujourd’hui c’est redevenu une grosse machine…

« Notre budget d’organisation dépasse les 500.000 euros. Jamais, même à l’époque du moderne, cela n’a été aussi cher à organiser. »

Comment expliquez-vous cette inflation ?

« Le nombre record de concurrents, les systèmes de chronométrage modernes et surtout la sécurité de plus en plus accrue. Même à Ypres et au Condroz, on ne déploie pas autant de moyens. Rien que pour Clémentine, on a dû engager 30 stewards, six maîtres chiens et dix policiers pour canaliser le public. En plus des commissaires habituels. Cela fait 150 personnes pour une seule spéciale. Le montant de la facture est salé. »

Est-ce dès lors, toujours rentable ?

« Le bilan sur le total des cinq premières éditions est toujours négatif. Car chaque fois que l’on pourrait faire une économie, on réinvestit. Inviter autant de vedettes, leur trouver des autos, les loger, les déplacer, les nourrir coûte pas mal d’argent. Certaines personnes qui nous aidaient jadis, ne le font plus. Les services gratuits sont devenus payants. Tout le monde fait nos comptes à notre place et nous massacre au niveau des prix. »

L’esprit fun du début est-il encore respecté ?

« On est sur la ligne rouge. Tout le monde se prend au jeu. C’est l’escalade et nous essayons de réagir pour enrayer ce phénomène. Les reconnaissances restent un vrai problème. Malgré l’autorisation de deux passages le vendredi, plusieurs concurrents continuent à tricher en reconnaissant le parcours à l’avance. C’est pitoyable pour une épreuve Historic fun, ne comptant pour rien. Cette année, on a interdit les pneus racing terre pour déjà limiter les coûts. Et l’an prochain, on envisage d’imposer à tout le monde de rouler avec un seul type de pneus neige. Même s’il fait sec ! On a aussi décidé d’handicaper les autos non authentiques, ne respectant pas l’esprit d’époque. Mais on ne peut pas empêcher certains Teams de dépenser de l’argent, d’effectuer des séances d’essais et de louer leurs autos de plus en plus cher. Il est clair qu’aujourd’hui, il est plus important pour un sponsor de gagner Spa en Historic que le Rallye Haspengouw, une semaine plus tard. »

Comment voyez-vous votre épreuve évoluer ?

« Elle va encore se développer durant deux ans puis se maintenir cinq années avant de glisser. On vit sur l’âge d’or des années 70-80. Mais que se passera-t-il quand les Waldegard, Blomqvist, Vatanen, Snijers et Droogmans ne seront plus là ? Lorsqu’il faudra compter uniquement sur la génération des pilotes des années 2000, on sera mal. »

C’est pour cela que vous lancerez en 2012 des Boucles pour les véhicules à énergie alternative ?

« Au début, cela profitera à l’Historic. Il y a pas mal d’intérêt des constructeurs et cela ne mettra pas dix ans à se développer. C’est plus porteur d’être un précurseur qu’un copieur. D’ailleurs tous ceux qui ont essayé de copier les Boucles n’ont pas rencontré notre succès. »

La Clémentine est notre Turini à nous. Peut-on imaginer à l’avenir des Boucles, sans cette étape forestière ?

« Willy Lux et moi on s’apprête à vivre sans. Cela ne devient plus possible. Les exigences pour encore passer dans cette forêt, deviennent trop importantes. Cela nous coûte …‘’un porte-avion’’ !
Et l’on n’est même pas certains que malgré tous les moyens humains déployés, la spéciale pourra avoir lieu même cette année. S’il y a 10 feux ou du public mal placé ne respectant pas les consignes, les concurrents passeront en neutralisé. On perdra peut-être quelques concurrents si on ne la fait plus, mais on en gagnera d’autres qui ne viennent pas car ils ont trop peur d’abîmer leur belle auto sur la terre. Quant au public, il sera certes déçu mais il viendra encore. »

Quel est votre principal souhait pour l’épreuve du week-end prochain ?

« Qu’il n’y ait pas d’accident et que le public soit discipliné pour que l’on ne tue pas la Clémentine. Je me suis engagé auprès du parlement. Il en va de mon honneur et de ma crédibilité. Je serais très déçu et fâché de devoir annuler. Et si cela devrait être le cas, ce serait l’arrêt de mort de la plus belle spéciale de Belgique. Pour le reste, j’espère qu’il y aura un peu de neige ou de glace par endroits mais pas trop pour ne pas paralyser le rallye. »

Christian Colinet
Photos : Manfred Giet et Organisateur

 

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