DUCATI PARLE DE LA SAISON 2011 ET DE… ROSSI !

Nous avons dit tout récemment, les tourments de Valentino Rossi et de son équipe sur le manque de performances à prévoir dans les semaines à venir pour cause de manque d’épaule du pilote No 1.

 A Madonna di Campiglio, Valentino et son coéquipier Nicky Hayden, sont quand même apparus confiants, souriants devant leurs nouvelles motos, la Desmosedici GP11.

Moto qui a été présentée le lendemain par Claudio Domenicali, DG de la holding Ducati, et Filippo Preziosi, le patron du service course, alias « Ducati Corse ». 

Où l’on évoque la stratégie de Ducati, le développement de la moto et pas seulement les chronos…

Passionnant !

LE BOSS PARLE

Claudio Domenicali a d’abord rappelé que cette version GP 11 de la moto, est la troisième phase du projet GP de Ducati :

« La première a été celle de Loris Capirossi, qui, sur six épreuves courues, a emmené la moto à sa première victoire. »

C’était en 2003, sur le circuit de Catalunya, près de Barcelone.
La deuxième phase amène au titre mondial de Casey Stoner en 2007.

 

Domenicali enchaîne :

« La troisième phase commence maintenant, avec l’arrivée de Rossi. C’est important pour notre société, pour qui les GP sont évidemment une envie de  victoires mais aussi un laboratoire de recherche avancée. Valentino est universellement connu pour sa capacité d’emmener une moto à son extrême limite mais aussi pour ses compétences de metteur au point. A terme, ceci nous permet de proposer à nos clients les meilleures machines du marché.  Beaucoup de nos motos de série récentes, comme notre « vaisseau amiral » la 1198 mais aussi la Monster et encore bien d’autres modèles bénéficient de techniques éprouvées en GP comme le « traction control » ou la gestion électronique du moteur. Et cela continuera sur les modèles à venir, grâce au travail de Filippo Preziosi et de nos deux pilotes ».

On parle ensuite stratégie.

Parce que cette histoire de Ducati en GP peut paraître folle, alors qu’elle est incroyablement maîtrisée…

Domenicali parle de succès commerciaux, impressionnants d’ailleurs, et d’enjeux colossaux à court ou moyen terme.

« Notre projet GP a des aspects très positifs. Ainsi l’an dernier, dans un marché en baisse de 13%, les ventes de notre marque ont grimpé de 5% ! Autre conséquence agréable, notre actionnaire majoritaire, la famille Bonomi, a une foi inébranlable dans le projet GP. Enfin, ce n’est pas le moins important, nos sponsors historiques sont fidèles, Marlboro, Telecom, Generali, Enel, Shell, Riello, UPS, et de nouveaux partenaires arrivent,  Diesel et AMG ».

Puis le boss en vient à évoquer la venue de Valentino.

« Ce qui me ravit chez ce pilote, c’est d’abord son incroyable capacité à créer un climat positif autour de lui. Il est aussi capable d’analyses incroyablement fines sur la tenue de route de la moto ». 

  
L’INGENIEUR PARLE

Alors, la moto de l’année 2011 ?  

Filippo Preziosi, le chef ingénieur du service course,  enchaîne sur la moto, la GP11.

On imagine la pression démentielle qui règne dans les ateliers de préparation !

Evidemment, tout le monde a en tête les résultats épouvantables de Rossi en fin de saison, la seule fois cependant où il a testé la moto.

Preziosi ne voit pas les choses de cette façon.

« Pour cette nouvelle saison, l’évolution principale concerne le moteur, sur lequel nous voulons obtenir une courbe de puissance  plus plate et plus utilisable. Sur le reste, c’est l’aérodynamique qui a été améliorée, pour obtenir une vitesse de pointe plus élevée, une réduction de la consommation et un allégement de la partie avant ».

Ceci répond à un défaut vu par Rossi lors de ces fameux essais de Valence, qui malgré le secret total fait autour des résultats, avait fini par filtrer.

Moto brutale et perdant l’avant (glissant de l’avant, ce qui est irrattrapable, contrairement aux dérobades de l’arrière).

TENUE DE ROUTE


Preziosi reprend.

« Pour les essais de février à Sepang, nous avons aussi travaillé sur le cadre, sur la rigidité et la torsion, nous disposerons de différents bras oscillants, plus ou moins rigides. La fourche a été modifiée, nous utiliserons des tubes de 42 mm au lieu des 48mm de l’an dernier. Nous travaillons aussi sur l’électronique -moteur, pour améliorer la stabilité longitudinale (pour que la moto ne cabre pas) et le contrôle de la traction du pneu arrière. Ces solutions là seront testées la semaine prochaine à Jerez, sur trois jours et avec deux équipes de développement autour de nos deux pilote d’essais Franco Battaini et Vittoriano Guareschi sur les motos qui seront testées ensuite par Rossi et Hayden à Sepang ».


ROSSI ?

Nous l’avons écrit en fin de semaine dernière, Valentino a de mauvaises nouvelles, son épaule le fait encore souffrir et il en a encore pour des semaines…

Preziozi répond assez franchement.

 «  Nous savons que Valentino ne sera pas à 100% de ses possibilités lors de ces essais, alors qu’en plus ce circuit est incroyablement physique, nous allons le faire rouler à doses « chirurgicales ». Nicky Hayden aura en charge un paquet d’essais, puisqu’il peut rouler normalement. En fait, si nous travaillons très dur, l’atmosphère chez Ducati est sereine, positive, et nous avons hâte de nous retrouver sur les circuits! »  

Ce qui bien entendu, fait augurer des semaines d’attente un peu stérile au niveau des résultats, mais l’essentiel, faire évoluer la moto, garder l’image de marque auprès des fans, être prêt techniquement quand le pilote vedette du team sera enfin à 100% de possibilités, chose que lui ont promis ses médecins.

Bon, le fameux « Wait and see » (attendre et voir) anglais, apparu dans le célèbre livre « Robinson Crusoe » n’a pas vraiment d’équivalent dans la langue de Dante.

Il est vrai aussi que la patience n’est pas une vertu particulièrement romaine.

Enfin, Valentino Rossi est loin d’être sur une île déserte.

Non, le mot italien qui nous vient est plutôt… Dai ! (on prononce daïlle).

Vite !

Dai, Valentino, dai !

Jean Louis Bernardelli
Photos : DR 

Moto

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