AFRICA ECO RACE 2011 : « L’INDIEN » METGE PARLE

Aujourd’hui dimanche 2 janvier alors que sur le Dakar, les concurrents attaquent leur toute première spéciale, loin de l’Argentine sur le sol Africain, le Rallye Africa Eco Race est lui…en repos !

En fait, repos si l’on veut puisque les concurrents rouleront malgré tout !!!

Effectivement ils devront couvrir quelques kilométres mais la seule étape du jour consistera en réalité à rallier Laayoune, par la route qui borde l’Océan Atlantique, sur 300 km.

Tout de même…

Tout le monde en a donc profité pour réviser les véhicules. 
Nous, nous en avons profité pour faire parler René Metge, patron de « Désert Aventure »,  la société qui organise l’Africa Eco Race, qui en est le directeur de course et le responsable des reconnaissances, les fameuses recos.

Faire parler un aussi Grand Monsieur du sport automobile est toujours un délice, un privilège.

Comment le tracé d’une aussi belle aventure devient il réalité ?
Les réponses de « Grand Sachem ». 

 METGE : UNE BELLE HISTOIRE

René ?

C’est une histoire incroyable. Né dans la banlieue sud de Paris du côté de Montrouge, (c’est étonnant à quel point le sport mécanique français est souvent, né là) il gagne la fameuse, inoubliable et légendaire Coupe R12 Gordini en 1972.

Ce qui en son temps à l’époque est un signe de talent et aussi de combativité absolue.

Mais ce n’est pas tout car ensuite, RRené à bourlingué partout sur tous les circuits et pistes

Six participations aux 24 Heures du Mans, Champion de France de Supertourisme en 1982, fan de rallye-raid à partir de son premier Dakar en 1981, qu’il gagne s’il vous plaît, puis une deuxième fois en 1984 et encore une autre en 1986.

Il en devient tout naturellement le directeur de l’épreuve en 1987 et ce à la suite de la tragique disparition du Père du Dakar, Thierry Sabine disparu avec quatre autres compagnons, dont le chanteur Daniel Balavoine, le 14 janvier 1986 du côté de Gourma Rhaous au Mali dans l’accident de son hélicoptère.

Puis, René choisit de voler de ses propres ailes sur des organisations qui font rêver, Harricana en moto neige au Quebec, Paris-Moscou-Pekin en auto, la Transorientale (Paris-Saint Petersbourg-Pékin), et aujourd’hui l’Africa Eco Race !

Voilà, l’homme qui parle est une sorte de bon génie du sport auto. Un super aventurier

On le surnomme d’ailleurs volontiers ‘’l’indien’’ !

Il en a la sagesse, peut être aussi un peu la ruse (ça sert dans le sport auto…) mais surtout la noblesse.

Alors, par exemple, combien faut-il de temps pour faire les recos d’un rallye allant de Château Lastours à Dakar via le Maroc et la Mauritanie ?

 

NAISSANCE D’UN PARCOURS

« En fait, c’est un travail de préparation qui dure une année ! »

On sait tous en effet que ce type d’organisation suppose des démarches administratives, diplomatiques voire politiques et militaires colossales…

René reprend

« Pour les recos à proprement parler, il faut un mois. Nous avons déjà préparé plusieurs options sur carte avant d’arriver sur le terrain. Nous choisissons au fur et à mesure, étape par étape, pour obtenir le tracé le plus sympa et le plus équilibré. Il est certain qu’aujourd’hui l’existence des photos satellites, qui permettent de repérer jusqu’aux sentiers de chèvres dans la montagne (le djebel), permet de déterminer à l’avance plusieurs options.

Ce que ne dit pas René, c’est aussi qu’il connaît beaucoup de coins par cœur, c’est une sorte de… Google Earth à lui tout seul !

Il enchaîne.

« Une journée de recos dure douze heures, du lever au coucher du soleil. Ce que je veux affirmer bien fort, c’est que toutes ces recos restent secrètes, les infos du tracé sont conservées par écrit, sauvegardées et utilisées ensuite, au retour, pour réaliser le road book. Personne, je dis bien personne, n’a accès à l’itinéraire ».

On se souvient ici qu’aux grandes heures du Paris Dakar, les équipes d’usine envoyaient des voitures ouvreuses qui prenaient l’équivalent de notes de rallye, plus précises qu’un road book.
Cela, nous l’avons tous constaté à une certaine époque….

Il est même arrivé de voir de très grands pilotes passer une partie de la nuit à reconnaître l’étape du lendemain. (Anecdote vécue par l’auteur de ces lignes à l’occasion d’un rallye de l’Atlas, au Maroc. Nous avions roulé 100 km dans la spéciale pour être en place le lendemain pour les photographies, camping établi et le thé en train de chauffer, vers 1h du matin, nous avons vu passer, en 4X4 de loc… un très grand…).

Donc ceci n’a plus court et c’est tant mieux.

Nouvelle question à René, sur la philosophie du traceur.

« Est-ce que je cherche à faire beau, impossible ou autre ? C’est un ensemble de choses,  pour arriver à doser kilométrage et difficultés pour obtenir un bon équilibre. Je n’enchaîne par exemple jamais deux étapes très difficiles ou très longues. C’est en effet une philosophie du traceur, en tous cas la mienne ».

TROP DUR ?

Nous lui faisons alors remarquer que sur cette édition 2011 de l’Africa Eco Race, la voiture classée dixième au général a déjà presque six heures de retard sur le leader.

Le tracé ne serait pas un peu dur ? Ou certains pilotes y vont-ils, disons, de trop bon coeur ? 

« C’est dû aux circonstances de course, aux casses mécaniques, mais aussi à la façon dont les pilotes abordent le terrain. Ceux qui ont su maîtriser la navigation ont aussi tiré leur épingle du jeu. D’autres sont peut-être partis un peu vite. Pour la suite, je ne veux surtout rien dire sur ce qui attend les concurrents. Je leur laisse la surprise mais ce qui est sûr, c’est qu’ils en prendront plein les yeux en Mauritanie ! ».

René est presque secret sur ces points.

C’est son côté … indien !

Nous rappellerons juste à nos lecteurs que le mot aventure vient du latin « ad ventura », « ce qui devait arriver… ».

Il est vrai que c’est la différence entre un rallye raid et un voyage organisé. Le client sait où il va mais pas vraiment par où il passe… 

On demande alors à René Metge si, par sécurité, il a un ouvreur qui vérifie le road book juste avant le départ de la course.

« Nous avons deux voitures ouvreuses, dont une pilotée par l’ancien pilote spécialiste des Dakar, José Maria Servia, avec qui je fais les reconnaissances. C’est essentiel pour la sécurité ».

Encore une anecdote…

Les premiers à prendre un départ en rallye raid sont les motards. Quand c’est un peu « cher » en navigation, il peut leur arriver de suivre les traces de ce qu’ils pensent être la voiture ouvreuse. Or parfois, ce n’est pas la voiture ouvreuse.

Et l’on tombe alors sur une ou deux tentes de touaregs, ou de voyageurs avides de désert et de silence…
Saga Africa…

Demain  lundi étape étonnante.
183 km de spéciale au Maroc et 700 km de liaison pour passer la frontière Mauritanienne dans la journée.

Jean Louis Bernardelli
Photos : Alain Rossignol

RAPPEL DES CLASSEMENTS ACTUELS:

Classement Moto :
1. Willy Jobard (KTM) 2. Bruno N’Diaye (BMW) à 3h40’ 3. Norbert Dubois (KTM) à 4h44’  4. Thomas Bourgin, (KTM) à 6h13’.

Classement Auto :
1 Jérôme Pélichet-Eugénie Decré (Bowler)  2. Jean Louis Schlesser-Cécile Merle-Beral (Buggy Monster-Schlesser) à 33 minutes. 3. Jacky Loomans-Frits Driesmans,(Belgique) Nissan, à 33’20’’. 4. Stéphane Henrard-François Beguin (Buggy) à 1h24’. 5. Abdelamid Abouyoussef-Mahmoud Nour El Din, (Egypte) Desert, à 1h40’. 6 Patrick Sireyjol-Patrick Antoniolli (Buggy)  à 2h46. 7. Edmond Pélichet-Bernard Malfériol (Bowler) à 2h48’. 8. François Lethier-Konstantin Zhiltsov (Buggy Schlesser) à 2h50’. 9. Regis Delahaye-Alexandre Winocq (Buggy) à 3h29’. 10 Bruno Oliveira -Manuel Rosa (Portugal) QT, à 4h29.

Classement Camions :
1. Elisabete Jacinto-Jose Marques-Marco Cocinho, (Portugal), Man. 2. Tomas Tomecek-Vojtec Moravek (République Tchèque) Tatra, à 16 minutes 30’’. 3. Noel Essers- Marc Lauers- Richard Baeten (Belgique) Man, à 2h59’. 4. Michel Salvatore-Raymond Louin Mercedes Unimog, à 5h15’.

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