MOTO LEGENDE : LA VOIE ROYALE…

 

Lecteur, tu vas passer par trois stades obligatoires. Tu vas chialer, si tu es un peu connaisseur ou seulement nostalgique.

Tu vas halluciner si tu es moins initié, de découvrir un univers même pas imaginable.

Tu vas enfin te dire que ces gens là sont des fous, et tu auras raison.

Sauf que ces fous là devraient être au fronton des écoles…

Le Salon ‘’Moto Légende’’ est l’un des rendez vous annuels incontournables des fans de moto classique, domaine dans lequel, on le sait, aujourd’hui toute organisation ou tout rassemblement bien fait est un succès assuré.

En fait, cela commence sur le parking motos devant le Salon qui se tient au Parc Floral de Vincennes, en Région Parisienne.

Je ne vais pas dire que j’avais honte de mon scooter, mon ami, mon confident et pour tout dire mon complice, mais entre … les forêts de 750 Four, de Norton Commando et de Triumph Bonnevile, je me suis garé un peu plus loin, j’avais quand même peur de gêner…

Le salon lui-même ?

C’est l’île aux Trésors…

Pourquoi ?

Pourquoi ce qu’un non-initié pourrait traiter de vieilleries, dans un domaine technologiquement aussi pointu que la moto, où l’on peut pratiquement acheter les répliques ses motos de GP, pourquoi le vintage rassemble t’il autant, qui plus est dans une atmosphère de fraîcheur incroyable, alors que le public a parfois un âge certain…

Bien sûr, ce monde sans repères, sans symboles, sans fantasmes et même sans rêves que l’on nous propose aujourd’hui est propice au retour aux amours d’antan.

Bien sûr, le dieu « Util » et son double, le dieu « Locost » tellement révérés de nos jours ont créé des millions de mécréants qui continuent d’adorer ces  idoles que sont le beau, le brutal et le ruant.

D’ailleurs, un homme qui n’aurait jamais, au minimum, rêvé d’une meule, d’une chiotte, d’une « tom », d’une bilette, serait passé à côté de très grands moments.

En fait voilà, ce genre de rendez vous est un immense rêve de gosses.

D’ailleurs, parmi les modèles exposés et proposés à la vente, figuraient fièrement un magnifique Flandria rouge et une superbe Mob orange (AV89, qui succède à la fameuse bleue, l’AV 88, qui a permis à Motobécane, de devenir le premier constructeur au monde, autre temps…)

Le Motobécane Club de Francehttp://www.motobecane-club-de-france.org)qui édite son propre magazine « Obsession » est d’ailleurs incroyablement actif !

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A propos de clubs…

 

CLUBS : ON ENTRE DANS LA LEGENDE

On ne s’y attend pas et Toc !

Au détour d’une allée, voici deux clubs regroupant les propriétaires de Godier- Genoud, célèbre duo de pilotes qui ont commencé par semer la terreur en endurance, en 1974 et 1975 et leur victoire au Bol d’Or, avant de produire leurs propres modèles dans leur atelier de Viry prés de St Julien en Genevois, en Haute Savoie, sur bases Kawasaki.

On n’est même plus dans la légende, on est en plein culte !

(www.godier-genoud-passion.org) et www.2G2C.com )

Dans le genre cultissime, je pensais, la honte soit sur moi, que nos déesses à nous avaient vraiment disparu. 

J’ai nommé les Kawasaki trois cylindres (années 70 à 80) 500 et 750, moteurs deux temps, véritables fusées vite sacrifiées sur l’autel de l’antipollution et quelques autres interdits hélas incontournables.

Ici, vraie caverne aux trésors.

Non seulement il y en a pas mal, mais en super état. En revanche, le fantasme de nos jeunes années coûte un œil, les très belles coûtent 10 000 euros.

Kawasaki est d’ailleurs une marque très présente dans le vintage, il est vrai qu’à l’époque, le seul fait de prononcer son nom donnait le frisson… Sur une moto assez fantasmatique aussi, la Z1dite « Kawa 900 », un club d’une centaine de membres (www.club900z1.com) a monté un stand grouillant de monde. La nostalgie, ça marche fort…

Nostalgie ?

Je vous parle d’un temps etc…etc… mais celle-là, même les moins de 20 ans la connaissent. (Enfin, restons raisonnables, quelques uns la connaissent)  la grande prêtresse des années 70- 80, la Honda Four (on prononce Foure à la française, même si l’on est prof d’anglais…) « four » pour quatre cylindres, équipant les 350, 400, 500, 550 et 750, ces motos qui ont ratiboisé l’industrie européenne à partir de 1965.

Il ya en beaucoup, plutôt en bon état. Moins chères que les Kawa, une 750 Four de 1974 est vendue 5700 euros sur un stand, une autre restaurée à 8500 euros sur le stand Alliance Moto Cycle, qui importe beaucoup de motos vintage des USA, en particulier des Harley et des Four. (www.allinacemotocycle.com).

Et bien sûr des clubs. Rencontré les gens du CB750 Club, adorateurs d’une époque à travers ses objets cultes et de culte… (www.cb750club.net).

Impossible bien sûr de citer tous les clubs présents, même en se restreignant aux motos divinisées. Quand même, après une telle ventrée de japonaises aussi endiablées que diaboliques, il fallait faire un tour par la botte

Pas celle de Nevers, celle de Ducati, où en plus de la passion, on insiste très fort sur le côté club de copains (www.ducatiperformanceclub.fr) ou encore celle du Moto Guzzi Club de France, fondé en 1979 (32 ans !) par son Président, toujours sur la brèche, toujours au contact des fans de la marque. ([email protected])

Enfin, il existe aussi des clubs de clubs, à vocation multiple, sans adoration idolâtre d’une marque en particulier, juste l’envie du beau.

L’UCMAC, Union des Clubs autour de la Moto Ancienne et Classique, regroupe 23 clubs et plus de 2000 adhérents.

Dans un autre registre, le GAVAP, Groupement des amateurs de véhicules anciens de Picardie, organise entre autres le Tour de France des motos anciennes. www.gavap-moto.monsite.fr

Ce salon Moto Légende 2010, le treizième du nom, était particulièrement dédié aux motos anglaises. On entre ici dans une autre histoire, une autre légende. Car après la saga, il ya eu la Renaissance…

RULE BRITANNIA

Savez-vous qui est Monsieur Bonneville ? Celui que l’on surnomme ainsi est un garçon bien connu des lecteurs d’autonewsinfo.

Il s’appelle …François Chatriot, Champion de France des Rallyes à deux reprises et  vainqueur du Trophée Andros en 1995. 

Ah ! dit le lecteur motophobe, un « tarmo ! ». Ah dit le lecteur motophile, un « caisseux ! ».

Erreurs chers lecteurs si ce sont là vos réactions primaires.

Depuis longtemps, le regretté et génial Jacques Bonnecarrère, créateur de l’émission culte ‘’Auto Moto’’, l’a prouvé pendant plus de 20 ans, (1975-1996), l’amour des sports mécaniques est multiple, forcément multiple, comme celui de la belle mécanique ou du son de moteur qui flanque la chair de poule.

Chatriot est comme nous tous, simplement dingue de ce qui est beau, de ce qui avance un peu, de ce qui fait une musique aussi belle que du Mozart.

Sur son stand, une Bonneville de 1979 et une Daytona de 1972.
Mais que sont donc ces mots magiques ?

Les noms mythiques de deux motos de marque Triumph. (A l’époque, on disait « tronf », au masculin, Un Tronf).

La Bonneville ? Voici ce qu’en dit Wikipedia.

« La  Bonnie  est une des motos les plus célèbres de la production anglaise. Son histoire commence sur le désert de sel de Bonneville, dans l’Utah, le 6 septembre 1956. Ce jour-là, Johnny Allen atteint 342 km/h sur une machine utilisant un moteur de 650 cm³ provenant d’une Triumph Tiger 110. Bien que ce record n’ait pas été officiellement homologué, l’usine décide de rendre hommage à l’homme et à sa machine en présentant, en 1959, la T120 Bonneville (T120 parce que capable d’accrocher les 120 mph -soit environ 193 km/h-) »

Voilà comment naît une légende. Une vraie!

Bien entendu, peu à peu, après l’invasion japonaise qui commence au mitan des années 60, Triumph deviendra une formidable…défaite !  Un disaster.

Même chose pour cet autre objet d’adoration qu’a été la Norton Commando, arrivée plus tard sur le marché, cinq années de suite « Moto de l’année » chez les brits  et faisant un superbe plouf en 1977. www.classicmotos.com).

Histoire qui se répète tristement pour la BSA Rocket III. Et pour toute l’industrie anglaise, qui a été un moment synonyme d’industrie mondiale.

Ariel, Royal Enfield, AJS, Matchless, Velocette,  HRD Vincent, toutes ces marques prestigieuses ont vraiment dominé le monde.
Et puis, le noir.

La disparition… vers 1964, c’est une autre industrie anglaise qui va dominer le monde, un autre son, celui des Rolling Stones.
L’Angleterre peut donc garder la tête haute et dans la moto, seuls les collectionneurs s’accrochent. Et s’accrochent bien, mais de façon discrète.

Aujourd’hui encore, les allées du salon Moto Légende sont pleines de pièces de rechange et d’amateurs très éclairés. Il ya même des magasins spécialisés dans ce type de pièce de collection. (

Beaucoup plus récemment, l’industrie européenne (surtout italienne) relevant fièrement la tête, certains financiers tentent le retour des déesses anglaises.

Renaissance est un mot qui appartient au « quattrocento » italien, on parlera donc ici de « Rebirth »…

Années 2000 pour Triumph, plus récent (2008) pour la Commando. Et cela marche. Les chiffres de vente sont éloquents.

L’industrie anglaise est née une deuxième fois…
Parfois d’ailleurs, en suivant des itinéraires incroyables. Par l’Inde par exemple…

INDIA SONG

En 1955, la société Royal Enfield, qui construit entre autres la fameuse « Bullet », installe une usine en Inde.

La perle de l’Empire Britannique est indépendante depuis 1947, un changement qui s’est fait dans le sang, plus de 500 000 morts lors de la partition entre l’Inde et les deux Pakistan, dont l’oriental deviendra le Bangla Desh.

Entre Pakistan et Inde, l’état de guerre reste quasi permanent. On imagine donc que les budgets militaires sont considérables et en 1955, il s’agit d’équiper l’armée indienne en motos.

Un marché considérable !

Lorsque l’industrie moto anglaise coule à partir des années 60-70, en Inde, la production indienne continue ! ces motos, qui se caractérisent par leurs moteurs monocylindres (énormes sur les gros modèles) existent donc toujours.

Et dans les années 2000, même histoire que pour les autres marques cultes d’outre manche, un groupement financier décide de relever le nom en Europe, en proposant des moteurs modernes aux normes antipollution, en gardant les formes sublimes des modèles des années 50/60.

Royal Enfield réapparaît, à des prix assez imbattables bien sûr.

L’importateur français propose des modèles spéciaux, dont une « trial » qui est en fait un magnifique scrambler. Voilà une histoire digne de nos rêves…

COUPS DE CŒUR

Quand on visite un salon, on trouve toujours des stands qui vous sautent à la figure. Voici quelques une de nos trouvailles…


PAGES DE GLOIRE

Un magasin spécialisé dans les surplus militaires (la veste de pompier à trente euros !) c’est assez courant.

Quand la même enseigne propose des livres anciens à l’état neuf et que l’on y trouve des trésors, qu’il s’agisse de moto ou d’auto, là, en revanche, on tombe raide. Car il ya des larmes que l’on ne retient pas. www.tido.fr

MODE VINTAGE

Un fabricant anglais de casques vintage (Davida), certains non homologués (belles répliques du fameux Cromwell, alias « le crom », absolument pas aux normes aujourd’hui mais qui font fureur dans les rassemblements). 

Ce fabricant vend aussi des lunettes (goggles) à l’ancienne, en particulier un modèle appelé « Climax » qui va encore faire couler les larmes des plus de vingt ans, d’une élégance folle, et encore un lien entre auto et moto, ces lunettes devraient être sublimes pour les veinards d’entre vous qui possèdent des voitures décapotables.

Parce qu’une fois les cheveux dans le vent, le look des passagers devient une obligation. www.1001casques.com

ATELIERS DE MAÎTRES

Un bouquin magnifique, lancé à l’occasion du salon, dont le titre est « Veetess ». On y fait un hommage aux ateliers de mécanique moto, aux artistes, aux artisans, aux bricoleurs de génie, qui ont en commun l’amour de la belle mécanique.
L’auteur évoque « Cette mécanique noble, qui respire, qui a du cœur, qui tremble, qui vibre, qui pisse l’huile… ». Au-delà de photos exceptionnelles, cet ouvrage a en effet une odeur : celle de la passion.
www.veetess.com

LUSTRE

Je fais partie, et je l’assume, de ceux qui s’arrêtent au marché pour écouter les camelots. Il m’est même souvent arrivé de marcher, de repartir avec l’objet qui va révolutionner ma vie.
Dans la moto, il ya ainsi des produits miraculeux dont on rêve sans jamais les trouver. La combinaison vraiment étanche sous la pluie, le casque à visière VRAIMENT antibuée, avec sa version toujours fantasmée de la visière VRAIMENT inrayable, et puis ça prend l’eau, ça se voile, ça se raye…

Il ya chez les propriétaires de belles motos ou de belles autos  des accros à la carrosserie nickel. Sur chaque marché de France et de Navarre, on trouve ce genre de produit miraculeux qui fait briller, avale la crasse et même repeint les rayures

Sauf qu’ici, le démonstrateur vantait son produit sur des motos de collection dont les proprios étaient à côté. Un coffret, vendu 40 euros, contenant deux types de lingettes, une humide et une sèche, qui permettent de laver, de dégraisser, d’ôter les insectes et les traces de goudron, de nettoyer les optiques de phares, les chromes, la carrosserie, puis enfin de lustrer.
Devant moi, ça a marché et les collectionneurs trouvaient ça génial. J’écris donc sous leur contrôle. Le produit s’appelle Vulcanet.
www.vulcavite.com

PLAQUES

Comme il peut être assez encombrant et surtout exaspérant pour votre famille de garder votre moto dans votre appartement, si vous ne pouvez pas vous passer d’elle, faites la graver sur une plaque, en PVC, en Alu bombé, sous forme de magnet…

Il existe déjà des tas de modèles  en vente mais ce n’est pas VOTRE moto. Vous avez une bonne photo ? On grave VOTRE moto sur le support qui vous convient. J’ai pensé aussi que pour vos copains, à Noël, ça peut être un joli cadeau.
Faire graver leur moto ou leur bonheur, auto, piano, guitare, copine, etc…
www.cpfg-publicité.com


EASY RIDER

Dans le genre culte, difficile de faire mieux! Il s’agit de visiter les USA à moto, qui sera bien entendu une Harley. Ce peut être en individuel ou en groupe et dans ce cas, un pick up transporte vos bagages !

Les prix sont tout compris, avion, hôtel, prestations, à l’exception de la bouffe, dont on sait que ça ne coûte rien aux USA.

Les noms des parcours proposés font rêver. Route 66, Farwest, Indian Tribe, Buffalo, West Coast, et bien entendu Easy Rider, qui reprend l’itinéraire New Orleans-Los Angeles de Jack Nicholson, Dennis Hopper et Peter Fonda.

Lecteur, en lisant ces lignes, prends le temps d’aller écouter sur You Tube « Born to be wild » de Seppenwolf ; ça vaut largement l’invitation au voyage de Baudelaire. « Là, tout n’est qu’ordre et beauté… » www.greatescape.fr

 

BRICE CANYON DANS LE COLORADO

 

NOUVEAU VENU

On connaît les Coupes Moto Legende (prochaine édition les 28-29 mai 2011 à Dijon-Prenois), on connaît le Bol d’Or Classic, (le prochain aura lieu les 10-11 septembre sur le circuit de Nevers Magny-Cours, on sait que la FFM organise des Championnats de France de motos anciennes dans plusieurs catégories, on sait aussi, on l’a dit en début de reportage, que le Vintage marche fort.

Vu un tout petit stand et peut-être une très grande idée, on en reparlera, une course de motos anciennes se prépare au circuit Carole.

Iron Bikers aura lieu les 25 et 26 juin 2011. A suivre !

Voilà lecteur, un milliardième des trésors que présentait ce salon. Le public ne s’y est pas trompé.

20 000 visiteurs sont venus en pèlerinage (le même week-end que Bercy, fallait oser) et sont repartis avec un nouveau monde dans la tête.

Un peu ce qu’a du ressentir Colomb quand sa vigie a crié « Tierra ! »

Parce que c’est ça un nouveau monde. Ça existait bien avant et on ne le savait pas !

Jean Louis Bernardelli

 

 

 

Photos : Jean Yves Flecher – Geneviéve Jacq – Carole Lacarrière

Moto

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