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C’est ainsi que Saint Ex décrivait les pays qui défilaient sous ses ailes entre le Maroc et Saint Louis du Sénégal.
Les pilotes du rallye Oilybia n’ont peut-être pas eu le temps de lire « Terre des hommes » en route mais, même aux moyennes très élevées auxquelles ils ont roulé, ils ont eu le temps de découvrir la merveille.
On part de Zagora plein est, sur des pistes de montagne, puis on redescend vers le désert de sable.
Toute la magie du Maroc dans une seule spéciale, longue de 281 km.
Chicherit, Coma, Jacinto, voilà les héros et héroïnes du jour.
En auto, les cinq BMW officielles prennent les cinq premières places, l’ordre a juste (un peu) changé, c’est Chicherit qui remporte l’étape.
A moto, Coma (KTM), en rage d’avoir pris une pénalité de trente minutes la veille pour avoir raté un contrôle, est donc parti sixième et très énervé.
Un quadruple Champion du monde de rallye raid énervé, c’est un peu intouchable.
Première victoire d’étape pour Coma, qui a cette fois collé sept minutes dans la vue de Despres, ce qui, au niveau de ces garçons, est un gouffre mais qui se réduit à néant dès le premier pépin, chute importante, perte longue, casse mécanique.
En catégorie camion, la portugaise Jacinto a pris plus d’une heure à ses adversaires, autrement, madame est en train de plier la course. Sauf évènement imprévu qui ci, peut arriver sur chaque centimètre de course…
AUTO : C’EST LE BLIETZKRIEG !
En effet, en 1940, quand les blindés de Guderian déferlent à travers les Ardennes, sans résistance possible, c’est une sorte de « guerre éclair » qui ressemble un peu à ce que BMW fait sur ce rallye.
A quelques exceptions près cependant, d’abord, contrairement aux Panzers de Guderian, les BMW étaient attendues et surtout les pilotes sont infiniment plus sympathiques que les conducteurs de chars…
On sait que Peterhansel, recordman des victoires au Dakar, six fois à moto, trois fois en auto, a tout gagné depuis le premier jour de cet Oilybia Rallye.
En faisant même l’infirmier rapide (temps d’arrêt décompté de son chrono final) avec l’infortuné Frétigné dont les nouvelles sont aujourd’hui plus que rassurantes.
Aujourd’hui, « Peter » a laissé les deux premières places à ses coéquipiers Chicherit et Novitsky.
Ils lui reprennent respectivement une et deux minutes, autrement dit, « l’imbattable » pourra survivre à cette défaite…
Commentaire en effet très serein :
«Une étape très sympa. Avec la pluie de cette nuit, il était possible de suivre Guerlain sur la deuxième moitié de l’étape sans être dans sa poussière. Après deux étapes à un rythme élevé, nous allons lever un peu le pied et procéder à d’autres essais, car nous roulons avec notre voiture du prochain Dakar et il ne s’agit pas de l’endommager ou de la fatiguer inutilement… »
Derrière, »l’armada jaune » des buggies MD fait encore une belle journée, Blanchemain est sixieme et meilleur privé, Pélichet huitieme, Thomasse neuvieme.
Ce pilote a eu des soucis qui l’ont obligé à ralentir:
«Pas facile de rouler sous la pluie et dans la boue sans pare-brise. De plus sur les longues portions notre buggy Optimus manque un peu de puissance… »
Davoy est plus malheureux avec une quatorzieme place.
«Une crevaison au km 30, et ensuite nous avons roulé sur des œufs car nous n’avions plus de roues de réserve ».
A signaler quand même l’exploit du Russe Lepekhov, auteur de plusieurs tonneaux et qui finit juste … cinq minutes derrière Thomasse, qui est loin d’être un manche.
Des tonneaux par l’avant en plus, la voiture est très chiffon…
MOTOS : KTM IMBATTABLE ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la bataille fait rage et que les écarts sont assez minimes au bout.
Alors, en bout d’étape, il n’ y a que dix minutes d’écart entre les sept premiers pilotes, tous d’usines bien sûr, l’avantage de la moto sur l’auto étant qu’ici, plusieurs teams d’usine sont venus rôder les tétines sur ce rallye marocain. (Il s’agit des pneus à tétines, qu’allez vous imaginer bande de machos…)
Coma emporte le morceau.
Hier mardi aussi mais il a ensuite écopé de »trente minutes » de pénalité pour avoir raté un CP, un contrôle de passage.
Si l’on en reste au pilotage pur, (en somme hors taxe…), la nouvelle KTM 450 a prouvé hier dans le sable, où la puissance est essentielle, que la diminution de cylindrée n’a pas augmenté les chronos, et sur un parcours plus « enduriste », fait de pistes sinueuses, au moins en partie, qu’elle est agile comme une gazelle d’or.
Déclaration e Coma à l’arrivée :
«Je suis très déçu de la pénalité qu’on m’a infligé hier J’ai raté un waypoint pour seulement dix mètres. Mais bon, c’est normal, c’est le règlement. Aujourd’hui j’ai pu me concentrer sur le pilotage, puisque les traces étaient très visibles et que je partais en sixième position ».
Derrière, c’est aussi chamarré que le palio de Sienne.
D’abord les BMW de Gonçalves et Verhoeven. Ce qui est rassurant pour les patrons de la marque, qui commençaient à se trouver un peu seuls derrière les autres depuis lundi, premier jour du rallye.
Au fait, puisqu’il est dit que les non initiés sont les bienvenus dans nos rubriques, savez-vous ce que signifie le logo de BMW ?
Une hélice d’avion qui tourne sur fond d’azur.
Car le constructeur a d’abord donné dans l’aéronautique.
Viennent ensuite les Yamaha-France-Motul de Rodriguez (WRF 450) et Pain (YZF 450).
Despres place sa KTM en sixieme place, devant la Yamaha de Viladoms.
Explication de Cyril, un problème technique dans l’assistance à la navigation :
«Après cent mètres, mon répétiteur de cap est tombé en panne. De plus, avec la pluie, je ne voyais rien au travers de mes lunettes. J’ai donc laissé Helder Rodrigues ouvrir la piste aujourd’hui. Après la chaleur du premier jour, les dunes d’hier, on a eu de la boue aujourd’hui. C’est parfait pour tester notre nouvelle KTM 450 ».
Bref, bilan de la journée, c’est un peu comme les soirs d’élections à la TV :
Tout le monde est content, tout le monde a gagné.
CAMION : ELISABETH PREMIERE
Rien à voir avec la triste Reine d’Angleterre, seulement un prénom en commun et un chiffre dans l’histoire.
A vrai dire d’ailleurs, le prénom de notre héroïne portugaise qui pilote (fort joliment) son TGS Man s’écrit Elisabete.
Et Madame Jacinto a envoyé la concurrence sur une orbite d’oubli.
Enthousiaste la jeune femme :
«Ce fut encore une étape parfaite pour nous. Pas le moindre souci à signaler. J’ai un peu moins d’appréhension pour le retour dans les dunes demain, car cela s’est bien passé lors de l’étape d’hier… »
Sur une étape de 280 km, coller une heure dix au second (Gonzales) et près de deux heures au troisième (Kovacs, bris de boîte) c’est limite humiliant !
Et pourtant…
Elle est aussi 23ème au scratch général et treizième si l’on ne compte que les autos.
Elle nous rappelle, nous n’évoquons ici que la performance sportive, cet autre épouvantail du camion, le néerlandais De Rooy, qui avait comme fantasme de gagner le scratch d’une étape du Dakar et qui est passé tout près à plusieurs reprises.
Demain jeudi, on repart dans les dunes. On descendra donc vers M’Hamid, la porte du Sahara (194 km AR en liaison) puis deux boucles identiques dans l’Erg de sable, de 130 km chacune, avec neutralisation d’une demie heure entre les deux.
Les dunes sont énormes, il faudra les sauter, (car au ralenti, on pose la caisse de l’auto ou le sabot de la moto sur le sommet, et c’est TRES long pour s’en dépatouiller), en plus bien sûr elles bouchent l’horizon ce qui fait que pour repérer les contrôles de visu tintin !
Bien sûr il ya les GPS, mais ils commenceront à être efficaces à 400 mètres de contrôles de passage.
On appelle cela les WPM, (Way Points masqués). Entre les ensablements et les contrôles loupés, il va ya avoir de l’ambiance !
C’est l’étape la plus difficile du rallye. Parce qu’au deuxième tour, il ya les traces mais en haut des dunes, c’est tout écroulé et d’autant plus délicat à sauter.
Pour finir les boucles, on évoluera dans les méandres sablonneux d’un oued (une rivière en principe à sec) avec un sable mou que c’en est une horreur. Mais quand on aime…
Jean Louis Bernardelli
Photos: Alain Rossignol
Classement général à mi-rallye
Autos-Camions : 1, Peterhansel-Cottret, BMW. 2, Novitsky-Shulz, BMW. 3,Holowczy-Fortin, BMW. 4,Pelichet-Decré, Buggy MD. 5,Lachaume-Schurger, Bowler. 6,Sireyjol-Beguin, Bowler. 7,Davoy-Guehennec, Buggy Chevrolet. 8,Thomasse-Winocq, Buggy MD.
Le premier camion, Jacinto, est douzième au général.
Le premier T2, c’est à dire voiture de série, est l’équipage Kustnetsov-Tzhiltstov, sur Mitsubishi, et est 16ème au général.
Motos: 1, Despres, KTM. 2,Rodriguez, Yamaha. 3,Pain, Yamaha. 4, Coma, KTM. 5, Przygonski, KTM. 6, Vidaloms, Yamaha. 7, Verhoeven, BMW. 8, Gonçalves, BMW.
Le premier quad, Pascal Delesque, est treizième