GP MOTO DE MALAISIE A SEPANG A LORENZO LE MONDE, A ROSSI LA GLOIRE

DEUX MONSTRES SACRES: ROSSI-LORENZO

Sur la chaîne NT1, Laurent Corric, qui, on l’a déjà dit, ne mégote pas son enthousiasme, annonce très fort le départ en tête de Jorge Lorenzo, devant la Honda de Dovizioso.
Mais hurle Laurent, « Rossi est au fond du camion ! ».

En effet, Rossi a fait un départ catastrophique. Il est seulement onzième à la fin du premier tour !
Le spectateur ronchon et expert (cela va souvent ensemble) en déduit alors que le GP est plié, que le titre est joué, qu’on va juste voir de belles images parce que ce sport est incroyablement acrobatique et violent et que les commentateurs s’époumonent juste pour garder leurs téléspectateurs…

 

Et puis, on ouvre le rideau du théâtre à l’italienne. Et la pièce jouée n’est pas celle annoncée par les mauvais augures…

Pour décrocher le titre mondial de MotoGP dès le GP de Malaisie, Jorge Lorenzo devait seulement finir dans les neufs premiers.

Sachant qu’il a été sur le podium lors des douze premières courses de la saison (sept victoires, six pole) et que lorsqu’il s’est raté, il a fini  quatrième, il est très envisageable que le titre soit joué dès la ligne de départ.


Mais on peut aussi imaginer le jeune pilote espagnol mesurant la piste avec les bras (chuter en jargon moto). On peut aussi être fier comme un espagnol et vouloir finir en beauté, par exemple en décrochant une pole position.

C’est ce que fait Lorenzo !

Ce serait donc ce qui s’appelle finir en beauté. Et bien…non !

D’abord, Casey Stoner, vainqueur des deux GP précédents, a l’élégance de ne point aller gêner l’histoire en glissant sur le ventre dès le premier tour et l’autre pilote Ducati, Hayden, rate son départ et reste d’une discrétion digne d’un espion de haut vol.

On se battra donc  ce dimanche entre Honda et Yamaha. On rappelle juste qu’il n’y qu’une Honda officielle en course, celle de Dovizioso, l’espagnol  Pedrosa s’est cassé la clavicule au GP précédent et est donc absent.

Et donc, dans ce début de course, une Honda contre une Yamaha officielle, puisque Rossi, sur l’autre Yam officielle, est à des milliards de km derrière…

L’italien Dovizioso ne quitte pas Lorenzo d’un bout de pneu. On peut alors imaginer comment dans le stand Yamaha, on aimerait cesser de voir Lorenzo jouer les fiers à bras, puisque une neuvième pace suffirait mais voilà, comme chez tous les pilotes de très haut niveau, « assurer » est à peu près la seule chose que l’on ne sache pas faire.

UN « DOTTORE » QUI TUE TOUT LE MONDE…

On a parlé de la fierté espagnole, que l’on imagine l’envie de l’italien Rossi, neuf fois Champion du monde, de gagner devant Lorenzo le jour du sacre de l’espagnol.

Mais voilà, on l’a dit, Rossi est quasiment wagon de queue…mais pas longtemps. Au deuxième tour, il est déjà remonté …quatrième.

Les milliards de km de retard se sont transformés en millièmes de km… Et l’on se dit … « va tout d’même pas aller chercher les intouchables devant ! ».

Et bien… si !  Déchaîné « il dottore ».

Il tape dans tout, le moteur, dopé par Yamaha, les pneus, les freins, (Brembo tient des statistiques très précises sur les violences de freinage des uns et des autres. Numéro un, Rossi…) et il remonte.

Et il passe. Et il est devant !

A ne plus comprendre comment sa moto tient encore le parquet mais ça c’est le mystère des compétitions de moto, jamais élucidé d’ailleurs…  

Et Dovizioso, un peu gêné de s’être fait ramarrer par un mec, fut-il génial, parti du fond du trou, qui repasse Rossi, qui lui-même adore ça la castagne, qui passe donc une nouvelle fois devant, et cette fois met vraiment du gaz pour être quelques mètres devant, à l’abri d’une saute d’humeur des suivants, même si les « experts » pensent à ce moment qu’avec son épaule gauche douloureuse, Rossi ne tiendra pas jusqu’au bout.

Et bien… si !

LORENZO CHAMPION, ROSSI HEROS

Lorenzo (deuxième espagnol à obtenir ce titre après Alex Criville en 1999) finit troisième et devient Champion du monde.

Et troisième… loin !

Certes, c’est tout ce que son écurie lui demandait. Mais ce pilote tellement capable de choses extraordinaires durant la saison finit de façon assez peu héroïque.

On entend à la TV, la clameur de la foule, ce qui est rare, en sports mécaniques…

Et cette ferveur est pour Rossi. Bien sûr, Dovizioso et Rossi ont sur Lorenzo l’avantage de ne pas avoir vraiment d’enjeu, le seul pilote qui pouvait être menaçant pour le titre, et qui l’a fait d’ailleurs, était Pedrosa qui a regardé la course de Sepang  à … la TV !

Chez lui en Espagne

Mais voilà, nous, gens de moto, tenons ceci de nos ancêtres chevaliers : nous aimons le beau geste. Et celui de Rossi est magnifique.

La rage et l’orgueil, quand ils sont ajoutés à une forme de génie, ça réussit des trucs inexplicables et c’est le cas de Valentino Rossi.

Quelques mots pour quelques autres preux chevaliers du MotoGP :

Ben Spies, du Team français Tech3, s’est bagarré comme le duc de Luxembourg à la bataille de Crécy, avec plus de réussite puisque le pilote US voit la fin de la course et avec la quatrième place.

Guerre absolue, jusqu’au bout, avec tout le reste du Top 10, en particulier Simoncelli dont on voyait la moto gigoter comme un cheval de rodéo là où les motos d’usine passaient (parfois) comme sur des rails.

Un mot sur le Français De Puniet, parti de sa plus mauvaise place de l’année, et qui termine dixième, l’honneur est donc sauf.

MOTO2 : NOUVEAU CHAMPIONNAT, NOUVEAUX HEROS

2010 est donc la première année du Championnat Moto2, qui a remplacé l’ancienne catégorie 250.

On sait que cette discipline a été voulue pour minimiser les coûts de participation en GP, les Teams courent tous avec le même moteur, seule la partie cycle est prototype. Il ya cependant des constructeurs qui fournissent plusieurs écuries et le pilotage est donc ici une valeur essentielle, puisqu’il n’y a pas de motos d’usine, comme en MotoGP ou en 125.

Toni Elias finit quatrième, ce qui est suffisant pour en faire le premier Champion du monde du Moto2. L’épreuve a été gagnée par Roberto Rolfo.

Le Français Jules Cluzel, dont on rappelle qu’il a gagné le très prestigieux GP de Silverstone, est neuvième.

Dans une catégorie disputée façon « Le massacre de Fort Apache », c’est un résultat intéressant, faute d’être triomphal.

125 : TROIS HOMMES ET UN COUP FIN

 

Alors c’est simple, depuis le début de l’année, trois pilotes espagnols se font une guerre totale. Deux courent pour la marque Derbi, Marc Marques et Pol Espargaro, un pour Aprilia, Nicolas Perol.

Avec sa victoire à Sepang, Marques prend la tête du classement. Mais c’est du très juste, au général, Marquez a 247 points pour 244 à Terol. Espargaro est lui à 235 points.

Et il reste trois GP à courir, à commencer par la magnifique épreuve australienne de Philipp Island, le week-end prochain, puis encore le Portugal et Valence, en Espagne.

A propos d’Espagne…

PEDROSA-LORENZO:LES NOUVEAUX PRINCES

E VIVA ESPANA !

Petite remarque. Bien sûr, les Championnats ne sont pas tous terminés. Bien sûr, le Champion du monde des rallyes est français. (Merci d’exister Seb…).

Mais pour le reste, y compris si l’on sort des sports mécaniques… L’Espagne gagne beaucoup et partout !

Le mondial de foot, le tennis masculin (Nadal), les trois titres en GP de vitesse moto… On ne parlera pas dy cyclisme et de Contador ! Mais tout de même…

Rappelons aussi que dans le Championnat du monde de Formule 1, Fernando Alonso est presque le seul qui parvienne de temps en temps à abattre les intouchables Red Bull…

Pas à dire, par les temps qui courent, vive le temps d’Ibère…

Jean Louis Bernardelli
Photos : MotoGP   

 

Moto

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