24 HEURES DU MANS CAMIONS : DEMENTIEL !

LE DEPART DU CHAMPIONNAT EUROPEEN

Magique, il n’y a pas d’autre mot!

Les courses de camions, discipline relativement récente de la FIA, font monter la fièvre en quelques secondes parmi des spectateurs extrêmement nombreux.

En Europe c’est un énorme succès populaire. Deux éléments de preuve de ce dynamisme : Les camions ont été, à Smolensk, les premiers à organiser une compétition FIA de niveau international en Russie.

Joli succès mondial ! Par ailleurs, ces courses sont, en Europe, celles qui génèrent le plus grand nombre de spectateurs, derrière la F1.

Le colossal succès de l’épreuve du Mans, courue pour la première fois en 1981, n’est donc pas un hasard.

Le spectacle est tout simplement démentiel…

 

 


Samedi aux petites heures, les camions du championnat d’Europe ouvrent le bal.

Autres raisons du succès, les paddocks sont ouverts au public. Les animations sont permanentes et les courses, même si elles opposent des titans, se courent en paquets très serré. Ces compétitions, c’est du diamant !

 

Premier truc qui saute à l’œil, les camions de course sont des jouets. Sachant que les tracteurs routiers, ceux que vous croisez sur l’autoroute, sont hauts comme des immeubles de dix étages, les mêmes engins surbaissés pour la piste ont l’air minus.

Mais dès que les fauves, et les 1000 cv sont lâchés, on entre dans l’enfer de Dante. « Vous qui entrez, oubliez toute espérance… », c’est en effet totalement inhumain. Le système d’arrosage automatique des freins des camions, obligatoire si l’on veut les garder jusqu’à la fin des manches, enveloppe les camions de nuages de vapeur, donnant dans la lumière rasante du matin une sorte d’image de Paris-Dakar. La magie, en fait, est partout et tout le temps.

SATURDAY’ S DAY (AND NIGHT) FEAVER

Cette fois ci on ne rigole plus. Les séances de qualifs se succèdent, les trajectoires s’élargissent, on prend les « S » verts en dérive d’un bout à l’autre, arrivent les premiers têtes à queue, c’est impressionnant quand cinq tonnes dansent le tango !

Rappelons  juste que les nouvelles règles, tendant à minimiser les coûts, n’autorisent que des ponts arrière bloqués, d’où les courbes en dérive. Les boîtes de vitesses sont d’origine, (à la mode camions, c’est-à-dire que les petites vitesses sont doublées par un relais et deviennent les grandes vitesses.

On a donc au total huit rapports, quatre petits et quatre grands. La vitesse limite de 160 km/h est surveillée par GPS, enfin l’entrée d’air est bridée mais on sait depuis longtemps que ce genre de restriction excite les ingénieurs et bien entendu, les camions de course d’aujourd’hui vont encore plus vite que ceux d’hier !

Mais à ce prix, les grilles de départ sont fournies, le spectacle est là et les spectateurs sont enthousiastes.

Quatre types de course ont donc lieu. La Coupe de France camions, dont c’est la finale, le Championnat d’Europe des camions, dont c’est l’avant dernière course, alors que trois marques sont encore en lice pour le titre, Freightleiner, champion l’an dernier, Man et Renault Trucks, qui appartient au groupe Volvo.

Les Race Cars jouent aussi la finale de la série, les Legend Cars, petits bijoux de technologie sont venus en nombre.

TENUES (DE ROUTE) DE SOIREE

Avec toutes les séances d’essais libres, puis de qualifs pour toutes les disciplines venues courir au Mans, les premières courses arrivent assez tardivement  dans la journée.

Ce sont les Legend Cars qui ont commencé les hostilités. Petits bolides au look retro US des années 30, ultra légers, de l’ordre de 500 kg, nerveux en diable grâce aux 150 CV du moteur XJR 1300 (Yamaha), il reste quatre courses au calendrier du week-end pour décerner le titre 2010.

Avant ce premier départ, Olivier Binoteau est très en avance au classement général.  Et ce sont deux belges qui mènent la course de bout en bout, Guy Fastres et Claude Watteyne. Guy Fastres, qui recommencera, genre « same payer shoots again » en deuxième manche.

C’est juste après cette course qu’ont lieu les qualifs de la Coupe de France. Nous vous avons déjà raconté que cette Coupe se dispute entre père et fils, Noël Crozier joue son douzième titre national, son fils en serait, en cas de faute du père, à son deuxième titre. Jusqu’à présent, et ce depuis deux ans que le fiston s’est engagé dans les courses de camion, le père a toujours mené, y compris aux essais qualifs.

Et dans la précédente manche de cette Coupe de France, le fils a osé… battre le père en essais chronos de deux centièmes de seconde. Ici au Mans, en attendant la première manche, l’histoire se répète, le fils bat le père et partira donc en pole.

Le Championnat d’Europe prend ensuite son premier départ du week end. A peu près 20 000 CV sur une grille, c’est assez rare en sports mécaniques et le fait est que le seul mot qui me vienne à l’esprit dans la première chicane Dunlop est que c’est un spectacle assez couillu…

D’autant plus que le départ est donné lancé.

Quatre de front, cela fait beaucoup et il ya de la carrosserie qui vole. Mais la victime la plus inattendue de ces premiers mètres est le Renault Truck officiel de Markus Ostreich, parti pourtant en première ligne, casse moteur quasi immédiate. Un des deux Freightleiner officiels est également en difficulté tout de suite, fumée qui envahit la piste pendant deux tours, drapeau noir, exit.

En tête, le Man de Christopher Levett (photo, camion no 5) est vite seul. C’est d’ailleurs un podium entièrement Man à l’arrivée, avec Levett, Albacete et Hahn.

On trouve dans ce championnat un autre membre de la famille Janniec, le père et la fille sont engagés en Coupe de France et le fils, Anthony, en Championnat d’Europe.

Il tiendra pendant plusieurs tours une très jolie sixième place qu’il devra hélas abandonner, finissant huitième. Pour Renault Truck, qui n’a plus grand espoir de titre pilote mais qui était leader par équipes, l’arrêt rapide de l’un de ses deux camions n’est pas une bonne nouvelle.

RACE IN USA …

Puis ce sont les Race Cars qui prennent leur premier départ. Dans la catégorie Open, c’est-à-dire des pilotes confirmés mais au profil plus amateur que professionnel.

Etonnantes voitures, très américaines de conception, pas d’assistance électronique, 450 CV, tout est surdimensionné et costaud. Pneus énormes et glissades partout, voilà le programme.

Et il est vrai que se lance au bac à sable avec délices, c’est que les engins en question sont à plus de 230 km/h dans les deux parties rapides du Bugatti, la ligne droite des stands et la section du Chemin aux Bœufs.

Vainqueur, Romain Fournillier. A noter que le célèbre DJ Laurent Wolf (photo,voiture noire no 88) a un très beau coup de cerceau.

LE HEROS

C’est dans la deuxième manche du championnat d’Europe des camions que va se produire l’une des très belles bagarres du week-end.  Le français Anthony Janiec (Photo,No12) parvient, après deux tours de folie, à accrocher la deuxième place.

La foule, encore très nombreuse dans les tribunes se lève à chaque tour. Anthony a quand même derrière lui l’élite européenne du camion, il lâchera juste une place au leader du championnat, Antonio Albacete et terminera donc sur le podium.

Le jeune homme, visiblement très ému, trempé de Champagne, nous parle, sous le coup d’une énorme émotion.

« C’est la plus belle course de ma carrière. Je me suis senti bien tout de suite, j’ai pris le rythme de Hahn juste devant, je suis resté concentré tout du long. Un truc génial quand même c’est que quand tu roules avec les très bons, devant le paquet, on ne se frotte pas les portières et les trajectoires sont beaucoup plus saines. Je vais m’en souvenir ! »

Alors qu’il est encore sur le podium, nouvelle vedette réclamée par les médias, sa sœur, Jennifer, et son père, Jean Pierre, sont sur la grille de départ de la Coupe de France.

Le père et le fils Crozier aussi sont là, avec un titre possible pour le père s’il prend neuf points dans la manche.

DEUXIEME HEROS

Et, c’est la fameuse cruauté du sport, il part mal le père, alors que le fils Hervé est leader.
Mais on ne mène pas impunément un sport depuis des années sans avoir une capacité phénoménale de reconcentration.

Crozier  » senior » est donc dixième, ce qui n’est pas suffisant pour le titre. Pendant ce temps, son fils mène et prouve qu’il a vraiment appris de papa, il reste en tête jusqu’au bout.

Et pendant ce temps, papa, il fait le ménage derrière. Il lui faut neuf points, donc remonter au moins septième. C’est vite fait. Mais après le sacre, il ya le panache.

Alors, on en remet une petite couche, et on finit quatrième. Les 24 Heures du Mans 2010 ont leur héros. Ils sont tout de même 48 000 à le fêter !!!!

C’est pas RIN…

La parade de nuit peut commencer. Cent bikers sur des Harley et autres motos routières, des Trike, puis des camions anciens, puis des modernes, des rutilants, des bijoux, des diamants. Par centaines.

Même pas à Rio, tu vois ça…

Jean Louis Bernardelli

Photos: Serge Potier- Gilles Gustine

 

 

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