24 HEURES DU MANS CAMIONS CE WEEK END : NOËL CROZIER, LE HEROS DES 24 HEURES …CANON !

Il y a… un certain nombre d‘années, c’était en 1983, il y a déjà au départ des 24 heures camions du Mans, un équipage Crozier-Barrat.

A l’époque, les pilotes couraient en binômes sur un Renault R370. A partir de 1986, Noël Crozier vole de ses propres ailes.

Et ça continue jusqu’aujourd’hui où il est en tête de la Coupe de France, titre qu’il devra finaliser ce week-end au Mans.

Ce serait alors son… douzième titre national !

Au Mans, il a couru en 1983,1985, 1987 et chaque année depuis 1989. Autrement dit 25 fois. Selon la terminologie officielle, il va donc fêter ses ’’ Noces d’Argent ‘’ avec le circuit Bugatti.

Les seuls qui ne vont pas y être… à la noce, seront ses adversaires !

Bref, ce sera du lourd. Du vraiment lourd !

CROZIER L’EPOUVANTAIL


Noêl Crozier s’attarde un peu sur sa vie.

« Au total, je cours depuis 38 ans. J’ai commencé par l’automobile, le rallye et la course de côte, j’avais alors une Lola T 296 avec un moteur BMW de 250 CV qui envoyait  pas mal. Et puis, il y eut le camion, en 1983. Ma vie a changé. Je n’ai plus fait que ça depuis toutes ces années ».

Et il le fera en famille, son fils sera lui aussi pilote de ‘’gros cul’’ et son épouse, sur les courses, s’occupe de l’intendance et de la réception des invités.

Ils seront 250 ce week-end au Mans !

Il quitte Renault en 1991, et court alors pour la marque MAN, à laquelle il est resté fidèle depuis.

Avec un succès incroyable, Noël devient une sorte de Loeb ou de Schumacher des courses de camion, onze fois Champion de France ce sera peut être la douzième ce week-end– il sera aussi  Champion d’Europe en 2000, un palmarès historique.

Au bout de toutes ces années, le bilan est impressionnant. Parce qu’en plus de gagner des titres français et européens, Noël va remporter les courses internationales les plus importantes. Il accrochera même à son palmarès un titre de Champion d’Espagne en 2000.

Cette année, il arrive donc au Mans avec 45 points d’avance sur le second au classement général.

Le second ?

… Lequel n’est tout simplement autre que… son fils ! Hervé

Hervé qui a lui aussi été Champion de France, en 2004.

Il faut au père 9 points de plus pour décrocher le gros lot. Dans cette discipline, les 15 premiers marquent des points, les 5 premiers obtenant respectivement 15, 14, 13, 12, 10, etc…

Bref, si Noël termine la première des trois courses du week- end dans les cinq premiers, tout le reste sera du nanan !!!! Du rab, du bon bonus…

Pour lui, pour son public. Gagner au Mans, il connaît, il ne s’en lasse  pas, une vraie drogue.

Mais au fait, quel est le secret ? On ne gagne pas pendant plus de 20 ans dans toute l’Europe par hasard !

DES TONNES DE TALENT

« C’est le métier qui prime » dit Noël. La technique, je maîtrise bien, et je suis bon metteur au point. Un exemple, j’ai acheté deux camions il ya deux ans, on a gagné très vite avec mais en deux ans on en a fait des bêtes de course. Et aujourd’hui, on est au top ! ».

Il faut sûrement y ajouter un gros talent au volant, parce que l’on sait bien que la bonne machine ne fait pas le héros toute seule, contrairement à ce que croient les non-initiés des sports mécaniques.

Mais pour en arriver là, il ya quelques autres obstacles à franchir et à surmonter.

De taille les obstacles !

Le premier s’appelle Hervé, c’est son fils. Sur les photos c’est simple, le camion du père est gris argent celui du fils bleu et rouge. Et les bagarres en tête se passent souvent entre eux. Mais on n’entre pas ici dans la tragédie grecque. Au contraire.

« En course, c’est sûr, on ne se fait pas de cadeaux. Mais dans les pits, je lui donne des conseils. Cela fait cinq années qu’il court et il a maintenant tout pour réussir. Avant, je le battais tout le temps. Cette année, la Coupe de France est allée courir une manche à l’invitation des anglais à Thruxton, pour la première fois, il me met deux centièmes en qualif ! »

Bref, à l’instar de ce qui se passe en WRC entre les deux Seb, Loeb l’ancien archi-titré et … Ogier, le P’tit nouveau qui commence à lui chiper les victoires, la relève est prête !

LE NERF DE LA GUERRE, TOUJOURS !

 

Le deuxième obstacle à passer chaque année est évidemment le budget. Noël Crozier raconte.


«  Une saison en Coupe de France, c’est environ 90 000 euro. Bon, je cours depuis 38 ans, je commence à savoir chercher… STAR VI qui est une grosse maison de pièces auto, Profil Plus, spécialiste du pneu, Man France bien sûr, Haldeix qui est en pointe dans le domaine des freins, ces sociétés me permettent de boucler mes budgets. Ils sont tous dans le domaine du transport. Il y a aussi Demière, marque commerciale Champenoise qui vend un produit bien français, qui fait ‘’des bulles ‘’ mais si on utilise le nom générique du produit sur le camion, on prend un procès de la part du très puissant syndicat qui défend ce produit dans le monde entier… »

Pardonne nous, lecteur, de ne pas écrire le nom de ce produit très prestigieux en toutes lettres, autonewsinfo ne cache jamais rien mais ici, la tranquillité de Noël Crozier est en jeu, mais si tu cherches un peu, tu vas vite trouver…

En argot par exemple, on dit au moment de savourer ces bulles magiques  que l’on « fait péter une roteuse »…

DESTINATION EUROPE

L’envie de notre héros est de retourner en 2011.

Un budget de l’ordre de 140.000 euro à trouver, tout de même !

Noël Crozier se souvient d’une époque, pas si lointaine, où la catégorie ‘’ Super Truck ‘’ autorisait des puissances atteignant les… 1400 cv et plein de trucs déraisonnables comme le double turbo.

Cela dit, les règlements des courses de camions sont allés dans le bon sens. (On notera ici, phénomène exceptionnel, qu’un pratiquant d’un sport de haut niveau est content de son règlement sportif.)

Assez rare pour être signalé!

«Il faut quand même imaginer que ces engins pèsent plus de cinq tonnes. Alors, quand tu vois les dégâts que peut faire une voiture d’à peine mille kilos, tu imagines cinq fois plus lourd ! C’est un boulet de canon, rien ne l’arrête. Même des structures en acier sont coupées à ras comme de vulgaires brins de paille. Donc, on est revenu à des engins plus raisonnables et beaucoup moins dangereux pour le public en cas de sortie de piste. Aujourd’hui, on est autour de 1050 Cv avec un seul turbo et le spectacle est tout aussi impressionnant ».

On le croit sur parole, et c’est la raison du succès considérable de l’épreuve mancelle.

Rendez- vous au Bugatti, ce week-end !

Pour rêver comme lors des plus belles heures des 24 Heures du Mans autos

 

Car cette épreuve des 24 Heures du Mans camions, organisée par le très réputé magazine France Routes, n’a rien, absolument rien à envier, à la compétition automobile, côté spectacle !!!

Jean Louis Bernardelli
Photos : Bertrand Bravin

 

 

 

Camions

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